mercredi 4 mars 2009

LA FREQUENTATION DES SALLES DE CINEMA RESISTE A LA CRISE !


Face à la crise, le cinéma résiste
La fréquentation des salles obscures augmente remarquablement. Selon certains spécialistes, c'est pour oublier la crise que les gens se rendraient en masse au cinéma, comme en 1929 ou durant la Seconde guerre mondiale.
Créé le 03 mars 2009- par Clémentine DelignièresAjouter un commentaire Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
La fréquentation des salles de cinéma, en France, n’en finit plus d’augmenter et les premières estimations de 2009 sont excellentes. Selon le Centre National de la Cinématographie (CNC), 15 millions d’entrées ont été enregistrées en janvier : une hausse non négligeable de 3,8 % par rapport à la même période l'an dernier.
Une bonne nouvelle, due notamment aux succès de Twilight, Les Noces rebelles, De l'autre côté du lit et Slumdog Millionaire ? Pas seulement. La tendance est à la sortie ciné : sur ces 12 derniers mois, la fréquentation s’est accrue de 7,1 %. Toutefois, on peut penser que ce chiffre, infléchi par la vague Bienvenue chez les Ch'tis, donne une vision en trompe-l'oeil de l'état de santé de l'industrie - suscitant par exemple une vertigineuse hausse de la part de marché du cinéma français...
Mais ce "phénomène" ne se limite pas à la France et à l'effet Dany Boon. Selon l’Observatoire européen de l'audiovisuel, la fréquentation en Europe, en 2008, a progressé de 0,3%. Ce n’est certes pas énorme, mais bien mieux que la baisse de 2, 2 % en 2007... La hausse impressionne particulièrement en Turquie (23,6 %), en Slovaquie (18,2 %), en Russie (16,2 %), en Bulgarie (12,1 %), en Norvège (9,7 %), au Danemark (8,9 %), en Finlande (7,4 %)...
On peut établir un constat similaire à l'échelle mondiale : le même phénomène étant à l'oeuvre en Inde, au Japon ou aux Etats-Unis. Au pays d'Obama, les recettes ont augmenté de 26 % depuis le 1er janvier. L’historienne du cinéma Jeanine Basinger a expliqué à CNN que "les gens se sont toujours tourné vers le cinéma face à des temps difficiles. C’est une bonne forme de divertissement pendant une récession parce que l’on reste assis et – triste ou heureux – on oublie où l’on est, on entre dans le film". Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les comédies ne sont pas forcément les productions les plus prisées : "Pendant la crise de 1929 et la Seconde guerre mondiale, les films s’intéressaient aux événements de l’actualité et avaient du succès auprès des spectateurs".
Interrogé par le Figaro, Emmanuel Ethis (président de l'université d'Avignon et sociologue du cinéma et des publics) confirme ce parallèle entre crise et cinéma : "En temps de crise, le public a besoin de se rassurer en retrouvant les autres au sein d'un collectif fort, toutes origines sociales confondues. Le cinéma est le loisir qui permet le plus facilement de le faire. On va au cinéma pour s'interroger sur nos destins collectifs. Le public est d'autant plus rassuré que les histoires diffusées sur le grand écran sont souvent dramatisées". Ethis rappelle également que ce phénomène avait été observé et analysé dès 1933, en pleine Grande Dépression, par le philosophe allemand Siegfried Kracauer.
Alors, certains optimistes voient déjà une année record pour Hollywood. La meilleure de tous les temps en termes de dollars récoltés… et peut-être en termes artistiques : selon Jeanine Basinger, "à chaque fois qu’il y a du stress financer, les gens deviennent plus créatifs".


les inrocks

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