samedi 27 décembre 2008

LARS STEPHAN IN PREF, MAGAZINE BEAU ET INTELLIGENT



Iam more a visual person than a great talker, therefore check out my flickr site to get a better idea of who I am. A little bio right here: I moved to NY two years ago after studying film in college. My first job in NY was to work as an assistant to an eyewear designer favored by the likes of Madonna and Jake Gyllenhaal. From there I did the odd job here and there, worked in a gallery and as Naomi Campbells personal assistant(uh.. yeah that one, and NO she didn't hit me) After that roller coaster I ventured into one of my passions, photography and became a photo assistant to a NY based sports photographer. I gave it to follow my calling to hollywood where a friend of mine, after years and years of struggle recently sold a script which went BIG. So I found myself working in the camera department of an oscar winning cinematographer. What next? This year is going about to get my photography portfolio together and getting it out there, pursuing my painting and ... whatever is going to come my way! Any suggestions? ---------- update one year later ---------- Within the last year I started working in a New York restaurant, saved money, bought a good camera and started shooting, spend two months in Argentina and mostly Chile working for a local fashion photographer (Simon Pais) in Santiago. This year I am relocating to Berlin, Germany after spending two months in Israel. Look me up on facebook (Lars Stephan), since I am not updating my myspace anymore.

ROMAIN POLI, COMEDIEN


Romain se découvre une passion pour le théâtre dès l’enfance. Il commence sa formation en intégrant la formation de Pénélope Reminel où il travaille sur la découverte du corps et de la voix ainsi que l’improvisation. Il rejoint plus tard l’école d’acteurs Paris Forum où il élargit sa palette d’émotions selon la méthode Stanislavski. Il prend également des cours particuliers suivant la méthode Blanche Salant afin de parfaire son phrasé, travailler sa respiration, s’approprier un rôle et intérioriser.

Ses expériences en tant que comédien sont uniquement théâtrales. En 2003, il foule les planches du théâtre Georges Brassens après avoir été choisi pour incarner « Le Petit Prince » d’après l’oeuvre de Saint-Exupéry. Ce premier pas lui donne le goût des grands textes qu’il va perpétuellement jouer.

Ainsi, en 2005, on le voit à l’affiche des « Séquestrés d’Altona » de Jean-Paul Sartre au Théâtre du Marais. Il joue dans « Feu la mère de Madame » de Feydeau et « Les précieuses ridicules » de Molière durant toute la saison 2005/2006.

En 2006, il joue dans « Lettre d’une inconnue » de Stefan Zweig; « Les mouches » de Sartre et enfin « Les fausses confidences » de Marivaux au théâtre de Montrouge et au théâtre du Nord-Ouest.

Il poursuit depuis une belle carrière avec des projets où sa grâce et sa fragilité s'expriment de manière exponentielle !!

vendredi 26 décembre 2008

CYRILLE THOUVENIN DANS LEX TALIONIS

PRENEZ L'AVION, DE DENIS LACHAUD


L'avion vient de tomber. Lindsay a été éjectée. Quelques instants plus tard, un homme sort de la carlingue éventrée, qui l'aide à s'éloigner de l'insoutenable, à marcher vers un secours improbable en ces lieux. Ils ne sont plus que deux. Ils ne parlent pas la même langue. Ce livre explore la singularité du lien issu de la peur. Mais le récit de cette étrange dépendance est à l'image de Lindsay, un personnage aussi exubérant que passionné, aussi fragile que déterminé à se libérer des images et des drames. Car à la tragédie, Lindsay préfère la comédie.
Denis Lachaud réussit avec Prenez l'avion à mettre en relation deux êtres que rien ne destinait à se rencontrer, si ce n'est le hasard, ou le destin, en l'occurrence un terrible accident d'avion dont les deux seuls survivants sont nos deux héros, un comédien anglais et un français, Emmanuel, quarantenaire désabusé, désanchanté, dont le parcours chaotique ne donne rien de bon. Ils vont partager cette renaissance qui s'accompagne cependant pour Lindsay, de la difficulté de continuer à vivre après avoir flirté avec l'abominable. Mais le fait de survivre à un accident qui ne laisse que très peu de chance de survie, donne assurément un nouveau sens à cette nouvelle vie et Lindsay va déployer une formidable énergie pour retrouver son sauveur, qui lui, a tout oublier, et pour s'installer lentement dans sa vie.
Lindsay partage un appétit féroce de vivre et un optimisme à toute épreuve, alors qu'Emmanuel est en peine, doute de son avenir et écrit des poèmes sur son blog tout en rencontrant des inconnus grâce à des sites virtuels.
Lachaud possède un savoir incontestable sur le phénomène de la survie à un accident et sur les sentiments, les névroses et les difficultés qui s'abattent sur les survivants. Ce savoir procède t-il d'une documentation approfondie, ou d'une expérience vécue ? En tout état de cause, Lachaud analyse avec perinence ce phénomène et en fait le cadre idéal d'une rencontre atypique et totalement improbable. Rempli d'humanisme et de bienveillance (mais évitant les pièges des bons sentiments mielleux), ce Prenez l'avion est une belle réussite !
Denis Lachaud est né à Paris en 1964. Après des études de langues étrangères et un séjour en Allemagne, il crée la compagnie Téatralda en 1990. Il a écrit quatre pièces avant "J'apprends l'allemand" paru chez Actes Sud en août 1998 et très bien accueilli par le public et la critique. Denis Lachaud est comédien, auteur et metteur en scène.

jeudi 25 décembre 2008

ENTRE VOS MURS UNE PIECE ESSENTIELLE DE SAMUEL GANES



Noël, c'est l'occasion de penser à celles et ceux qui sont rejetés parce que différents. Samuel Ganes a eu l'intelligence d'écrire ce texte mis en scène par lui-même, qui met en lumière la déportation des éternels damnés de la terre. Une pièce qui devrait bientôt remonter sur scène à Paris. Ouvrez l'oeil !

ORATORIO UN FILM DE STEPHANE MARTI, AVEC SAMUEL GANES, ROMAIN POLI ET THOMAS LAGREVE



Stephane Marti made experimental cinema the place of invention of a filmic practice baroque and blazing. Major scenario writer of one of the most important tendencies of the French experimental cinema of the Seventies close relation of the corporal art: “The School of the body”, where turbid identities and ritual records of imaginary homoérotique, engraved by the superone were mélèrent which combined visual splendour with artistic and against-cultural independence. Enthusiastic defender of this medium, Stephan Marti conceives, since, a operatic esthetics of the intimacy, whose telluric declines mannerists and forces, golds and crimsons, forge the quantified coordinates of its “small theatres of the body”. He explores there “the colours of the pallet of the male body: the sculptural body, the disguised body, the body androgyne, the ravaged body, the crowned body, the prohibited body, the body pleasure, the body object, the body softness, the released body, the purified body”.

SONIA RYKIEL FETEE AUX ARTS DECORATIFS JUSQU'EN AVRIL !



Les Arts Décoratifs consacrent à Sonia Rykiel sa première grande exposition à Paris dans le cadre du 40e anniversaire de la maison. « Sonia Rykiel, Exhibition » invite le visiteur à aller à la rencontre de la créatrice à travers un parcours thématique où 220 silhouettes, de 1968 à nos jours, se mêlent aux photographies de mode et aux vidéos de défilés qui ont façonné l’image de la créatrice, pionnière de la mode contemporaine.

Rykiel... Six lettres qui claquent comme un slogan écrit en caractères strassés. Celui d’une histoire d’amour avec les femmes entamée dans le tourbillon d’un printemps peu ordinaire, pour ne plus jamais s’arrêter. Celle qui, dès 1962, imaginait pour la boutique Laura des vêtements en tricot en déroulant le fil de ses envies va faire du pull-over une signature, la sienne. L’empreinte d’un style terriblement Parisien, terriblement Saint-Germain-des-Prés dont elle devient plus qu’une ambassadrice, une incarnation. En abolissant les diktats du total-look pour une garde-robe adaptée à la personnalité de chacune, elle crée un style unique reconnaissable dans le monde entier et dont les mots clés sont le noir, les rayures, la dentelle, les strass et les messages écrits sur les pulls. Designer et écrivain, Officier de la Légion d’Honneur, Officier des Arts et Lettres, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Sonia Rykiel a décoré de nombreux hôtels et écrit neuf livres, dont le premier Et je la voudrais nue paraît en 1976. En 1998, la Bibliothèque Nationale de France accueille une grande rétrospective célébrant ses 30 ans de mode. Si elle s’inspire de ses contemporains, elle est l’inspiratrice de nombreuses personnalités du monde de l’art, des lettres et du cinéma, d’Andy Warhol à Robert Altman qui lui fait jouer son propre rôle dans Prêt-à-porter en 1993. C’est en 1975 que Nathalie Rykiel, la fille de Sonia Rykiel, entre dans l’univers de la marque comme mannequin, puis en s’investissant dans la mise en scène des défilés. Elle crée la première collection SONIA RYKIEL ENFANT en 1983, lors de sa première grossesse. Nathalie incarne la marque en 2000 en devenant sous l’objectif de Tyen, le visage de la campagne de publicité du parfum RYKIEL Rose.
Le groupe SONIA RYKIEL propose un univers complet comportant plusieurs lignes de prêt-à-porter féminin, une ligne de prêt-à porter masculin, une ligne pour enfants et une ligne de chaussures et d’accessoires. Seul groupe français de mode et de luxe, familial, totalement indépendant et en développement, sa présidence et sa direction artistique sont entièrement assurés par Nathalie Rykiel avec la complicité de plus de 420 collaborateurs, dont Gabrielle Greiss, nommée en décembre 2007 directrice de la création de la ligne SONIA RYKIEL.

Le 31 janvier 2008, à l’occasion de son quarantième anniversaire, la Maison a rouvert dans un nouveau concept architectural, sa plus grande boutique au monde (550 m2), au sein de son immeuble historique abritant le siège social, 175 boulevard Saint-Germain.

mercredi 24 décembre 2008

NICOLAS PAGES : I LOVE NEW-YORK !


On savait que Nicolas Pages vivait aux Etats-Unis, du côté de Los Angeles. On connaissait son itinéraire nonchalant entre art contemporain et littérature, entre sa vieille Suisse natale et le nouveau continent En janvier, nous découvrirons dans Ilove New-York les aventures du petit Nicolas dans la Grosse Pomme, entre drogue, sexe et... Nicolas est un noble vagabond qui allie le calme hiératique helvétique à la soif démesurée de nouvelles expériences...
Nicolas Pages est né à Lausanne en 1970. Architecte de formation, artiste conceptuel exposé et primé (Grand Prix des Beaux-Arts de la Confédération Helvétique en 1998). Son premier roman, Je mange un œuf, rappelle par son rythme mécanique, par sa construction minimaliste le strict agencement des compositions techno. Nicolas Pages, artiste protéiforme, tant atplasticien qu’écrivain, y décline à la première personne le quotidien de quelque trois mois passés entre Lausanne, Londres et Mykonos. Après ce livre, Nicolas Pages part pour New York. Engagé par la photographe Nan Goldin, il cogère le studio de l’artiste américaine, le stock de photos, gère les relations avec les musées et les s-galeries. L’occasion de revenir à l’art contemporain et de se lancer dans un reportage photo très personnel avec pour modèle son ami zurichois Steffen. Un travail mal perçu par le milieu artistique. Les maisons d’édition, elles, courtisent le Lausannois, qui, peu après son retour en Suisse, s’isole un mois durant dans une cellule de l’abbaye d’Einsiedeln. Le temps d’écrire Les choses communes. Un hommage à Georges Perec? Son livre, intitulé Les choses communes, égrène une suite effrénée de souvenirs récités à la première personne, comme une lente incantation lancée par un écrivain de trente ans au millénaire qui s’achève. Un ouvrage à la fois intimiste et générationnel, impudique, parfois maladroit, ouvert et généreux, interpellant le lecteur dans son exploration erratique du passé. Loin de New York, il navigue désormais entre Genève et Zurich.

AUJOURD'HUI : LE LIBE DES SOLUTIONS


En kiosque aujourd'hui, le «Libé des solutions», fruit d’une collaboration entre les rédactions de «Libération» et de Reporters d'Espoirs, présente des actions innovantes en réponse à la crise financière, l’accès au logement, la santé...

Le 29 décembre 2007, la première édition du « Libé des solutions » consacre un article à Jacques Gasc. Cet homme exceptionnel plante, grâce à un ingénieux système de gaine qui conduit la racine jusqu'à la couche de terre fertile, des arbres fruitiers dans le Sahel. Il plante des arbres qui... restent vivants et font vivre des gens. Jacques Gasc, avec son système aussi performant que peu coûteux, en a déjà fait pousser plus d'un demi million ! Suite à la publication de cet article, Jacques Gasc reçoit de multiples demandes d'interventions en provenance de nombreux pays : Algérie, Madagascar, etc.

L’Agence d’informations Reporters d’Espoirs développe une approche nouvelle de l’actualité. Elle propose une information fondée sur le résultat et la solution, convaincue que les médias peuvent être de précieux instruments de construction sociale. Le rapprochement avec une rédaction spécialisée dans le traitement d'événements chauds, souvent durs, pour le « Libé des solutions », dessine une proposition forte à l'adresse de la presse et des médias. Celle que ces entreprises et leurs produits, valorisant les initiatives et les expériences, puissent -aussi- devenir les activateurs des voies de résolution des problèmes. Partout, des femmes et des hommes tentent d’orienter le monde vers une direction évolutive : plus de justesse, plus d’équité, plus de conscience de toute évidence, plus de solidarité, plus de convivialité…

Une grande part du monde ne va pas bien ? C’est vrai et n’en faisons pas silence. Ne mollissons ni de la plume, ni du micro, ni du clavier, ni de la caméra pour dénoncer, expliquer ce qui ne va pas. Mais il est également vrai qu’une autre partie du monde œuvre au meilleur, modestement et avec force. Un futur émerge, dans le combat d’une époque, dans celui de l’Homme contre lui-même. Une information de construction contribue à l'installer.

dimanche 21 décembre 2008

JEREMIE ELKAIM CHEZ LUI !



Ah Jéremie, découvert il y a quelques années dans le très beau film de Sébastien Lifsitch "Presque rien", il a ensuite joué dans des télefilms, dans Sexy Boys, un Américan Pie à la française, où jouait aussi Julien Baumgartner, qu'il a retrouvé dans "A cause d'un garçon". J'ai fait le voyage pour Lisbonne avec sa compagne, sa petite fille et lui, l'ai croisé plusieurs fois à Paris, et il a accepté de lire au pied levé un texte de David Wojnarovitch lors d'une performance organisée par un collectif dont j'étais.C'est un garçon solaire, joyeux, drôle, qu'on aimerait avoir pour ami. Bon, je vous invite chez lui ! Merci Rue 89 !

samedi 20 décembre 2008

ALEX BEAUPAIN : DES CHANSONS D'AMOUR AU CAFE DE LA DANSE... ON T'AIME !







Collaborateur de longue date de Christophe Honoré, il a écrit les BO de 17 fois Cécile Cassard, de Dans Paris, et toutes les chansons d'amour du film éponyme. Son dernier album 33 Tours est excellent. On y retrouve Ludivine Sanier et Clothilde Hesme dans Comme la pluie, le deuxième titre de l'album. Chansons d'amour radicales et mostalgiques comme on aime !

LA BISEXUALITE, TOUT UN ART !







pour le bel artiste Damien.

vendredi 19 décembre 2008

MAKING-OF DE ORA BY FRANCOIS ROUSSEAU



Que d'énergie, que de talent, pour réaliser cet immensse et magnifique projet dont le photographe François Rousseau a le secret. Tahiti et ses habitants deviennent les héros de ces tableaux merveilleux,image d'un paradis certe utopique, mais auquel on veut croire. François Rousseau est l'un des seuls artistes-photographes contemporains à deployer autant de moyens et d'imagination pour réaliser des chef-d'oeuvre dont on saluera la générosité.
www.francoisrousseau.com

jeudi 18 décembre 2008

JEREMY KOST : THE POLAROID ARTIST !



Jeremy Kost is known on the New York circuit as "the Polaroid artist." While the digital wave continues to gather force in contemporary art, Kost creates art with his tried and true Polaroid cameras. Because famous persons, including Paris Hilton and Lindsey Lohan, embrace his creative methods, Kost has direct access to their relaxed environments. The artist exposes the reality of celebrities and the fashion and art elite in compelling, unstaged Polaroid photographs. Influenced by Andy Warhol, he also finds inspiration in underground scenes of the East Village and the Lower East Side. The artist responds spontaneously and directly to whatever this eclectic, gritty world presents him. Instead of relying on lighting, make-up, or styling, he seizes upon the integrity of the moment. Whether his shots convey the energy of a hedonistic smile, or the honest look of true exhaustion, Kost's art reveals the character of his subjects with uncompromising immediacy.

lundi 8 décembre 2008

LE MEILLEUR DE JACQUES DEMY POUR UNE NUIT FOLLE AU NOUVEAU LATINA !



A l'occasion de la sortie de l’intégralité des films de Jacques Demy pour la première fois réunis dans un coffret de 12 dvd, le Nouveau Latina inaugure ses nuits de cinéma avec le meilleur de ses films.

Vous pourrez retrouver l’univers enchanté de ce réalisateur unique avec, entre autres, ses plus belles comédies musicales dont la Palme d'or "Les Parapluies de Cherbourg" et une pléiade d'actrices : Catherine Deneuve, François Dorléac, mais aussi Delphine Seyrig, Micheline Presle, Anouk Aimée, Jeanne Moreau...

Salle 1 :
LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT (120 mn - couleurs, 1966 - copie restaurée en scope)
PEAU D’ANE (89 mn en couleurs, 1970 - 35 mm - panoramique)
LES PARAPLUIES DE CHERBOURG (91 mn - couleurs, 1964 - 35 mm-panoramique)

Salle 2 :
LOLA (85 minutes - noir et blanc, 1960 - 35 mm - scope)
LA BAIE DES ANGES (89 minutes - noir et blanc - 1962 - 35 mm - scope)
MODEL SHOP (92 minutes - couleurs - 1968 - VO en anglais)

Cinéma Le nouveau Latina
www.lelatina.com

20, rue du Temple 75004 Paris. Métro Rambuteau ou Hotel de Ville.

La nuit (3 films et 1 petit dej.) 15 euros/12 euros en prévente jusqu’au jeudi inclus.

dimanche 7 décembre 2008

LET'S GET LOST


Visage pâle de la West Coast, voix de velours, voix de fumeur, Chet Baker a défrayé la scène jazz des années 1950. Avec son album 'Let's Get Lost', il devient l'un des plus brillants représentants du cool jazz, cette musique douce et nonchalante née en Californie, en marge de la frénésie be-bop new-yorkaise. Mais 'Let's Get Lost', c'est aussi cet incroyable film réalisé il y a vingt ans par le photographe et cinéaste Bruce Weber et tombé depuis dans l'oubli. Aujourd'hui restauré, il n'a rien perdu de sa force poétique et de son esthétique délicate. Grâce à un N&B d'une très grande intensité, Weber offre un portrait à la beauté ciselée. Aux confidences faussement innocentes du trompettiste, le réalisateur mêle les témoignages des musiciens, des amis et, surtout, des femmes qui ont croisé sa route. Dissimulé derrière une timidité crédule, Chet Baker se révèle en menteur récidiviste. Pris à témoin, le spectateur écoute les révélations sincères et authentiques, parfois acerbes, de ses ex-femmes et de ses enfants. Chacun à leur tour, ils avouent leurs regrets et leurs ressentiments, sans pouvoir pour autant se soustraire au manque causé par sa disparition, un jour de mai 1988. Une dimension humaine équivoque brillamment illustrée par des photos de William Claxton, sur lesquelles vient se poser la voix caressante de Baker. Mais aussi par des séquences musicales rarement diffusées, comme cet épisode cannois, où le trompettiste apostrophe un parterre de festivaliers blasphémateurs, incapables de respecter sa musique. On découvre enfin un Chet Baker jouant les acteurs dans des films de série B italiens. Romantique, musicien intuitif à la force subtile, ce géant du jazz apparaît également comme un parfait roublard, addict et dépressif. Sorte de carnet de voyage sur pellicule, 'Let's Get Lost' tisse un portrait sans concession d'un Chet Baker fragile et tourmenté. Insaisissable, presque irréel.
Let's get lost sort en DVD.

jeudi 4 décembre 2008

MACADAM COWBOY SUR LES ECRANS LE 17 DECEMBRE


Joe Buck, blond et beau gosse, quitte sa petite bourgade du Texas pour monter à New York, où il espère se faire entretenir par des femmes riches. Mais la dureté de la ville lui fait rapidement perdre ses illusions. Seul, sans un sou, il fait la connaissance de Rico « Ratso » (Rital) Rizzo, un petit Italien chétif, boiteux et tuberculeux. Parce que ce dernier a l’air encore plus seul que lui, Joe accepte de partager son appartement miteux. À l’opposé l’un de l’autre, ils partagent pourtant la même misère dans les bas-fonds new-yorkais, s’accrochant au même rêve : partir vivre sous le soleil de Floride…
Une amitié masculine inoubliable campée par un duo d’acteurs exceptionnel.
Description sans fard de la jungle urbaine et des bas fonds new-yorkais, l’une des
rares oeuvres sur la prostitution masculine, Macadam Cowboy est un film
incontournable sur la fin du rêve américain.
Classé X aux États-Unis, décision rarissime pour un film nonpornographique,
Macadam Cowboy fut le premier titre ainsi estampillé à recevoir l’Oscar® du meilleur film (il reçut aussi les Oscars® du meilleur réalisateur et du meilleur scénario).
Une preuve que le côté noir, choquant et désespérant de cette chronique de deux paumés dans les bas-fonds new-yorkais est largement rattrapé par la chaleur et la beauté d’une histoire d’amitié résolument désintéressée, entre deux laissés-pour compte réunis par le seul fruit du hasard. La dureté des épreuves que traversent les deux comparses fait de Macadam Cowboy une peinture en négatif de l’American dream, mais sans le côté sordide de ce chef-d’oeuvre presque jumeau qu’est
le Flesh de Paul Morrissey.
Outre la fabuleuse musique de John Barry, la chanson Everybody’s Talkin’ interprétée par Harry Nilsson, et la mythique veste en daim à franges du héros, le film a également imposé les talents de Jon Voight, inconnu à l’époque, de Dustin Hoffman, qui venait de triompher dans Le Lauréat, et de John Schlesinger, grâce auquel Julie Christie venait de recevoir l’Oscarpour Darling, et qui dirigerait à nouveau Hoffman une dizaine d’années plus tard dans unautre moment d’anthologie : Marathon Man.

mardi 2 décembre 2008

JE VEUX VOIR !


Mais la plus libérée (et à voir) des femmes cette semaine est Catherine Deneuve dans le rôle de Catherine Deneuve dans l’intrigant Je veux voir de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Les premiers plans font un peu peur : Deneuve face à une fenêtre surplombant Beyrouth, se retournant pour asséner "je veux voir" (le Sud-Liban et les stigmates de la guerre) comme dans un mauvais caprice humanitaire-chic façon Angelina veut voir ce qui n’est pas Jolie. Et puis non, le film s’ingénie ensuite à détourner intelligemment le programme initial dans un joli brouillage réel-fiction, un road-movie inquiet entre docu miné et geste expérimental, où la star ne verra pas forcément ce qu’elle voulait voir – sauf des traces, des allusions, le sillage des avions de chasse, une mer rougie, non par le sang mais par les briques qui y sont rejetées. Et c’est tant mieux.

HURRICANE : GRACE JONES REVIENT !




Grace Jones revient ! On y croit à peine et pourtant on se demande comment elle a pu rester aussi longtemps absente tout en donnant l'impression de ne jamais l'avoir réellement été. A la fois totalement actuelle et virtuellement intemporelle, pas de doute, la diva fut, est et restera, un vivant symbole du paradoxe artistique. Comme toute sa carrière. Entre objet d'art contemporain et fantasme incarné, homme et femme, punk et funk, new wave et disco, la Mendoza (son véritable nom de famille) n'a eu de cesse, au fil des années, d'incarner l'ambiguïté. Une ambiguïté assumée et d'ailleurs parfaitement dans l'air du temps. A ce sujet, son talent pour l'incongru, l'étrange et l'inattendu ne fut jamais aussi évident que sur cet Hurricane bien nommé qui balaie tout sur son passage.

Soutenue par une tripotée d'invités de marque, parmi lesquels Tricky, Brian Eno, le batteur de Fela, Tony Allen ou encore Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, Hurricane remet les choses à leur place, en effet. A l'écoute de ce nouvel album, on finit par se demander quelle époque de l'histoire de la musique de ces trente dernières années, ne doit pas son tribut à Grace Jones ? Du trip-hop de Massive Attack à l'electroclash et au punk funk du début des années 2000, toutes ou presque paraissent empruntes de la sensualité racée de l'extraordinaire animal. Qu'il s'agisse de l'époque disco (Portfolio en 1976) à la synth pop (Warm Leatherette en 1980, où elle reprend The Normal mais aussi Jacques Higelin), en passant par la new wave (Nightclubbing, 81) ou le dub teinté de punk (Living My Life en 1982), Grace Jones semble avoir déposé sa patte sur tout ce qui fait le son contemporain. De fait, la Jamaïcaine de Spanish Town n'a cessé de faire le grand écart entre culture pop mainstream et underground. Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement pour celle qu'Andy Warhol adulait comme une icône "pop moderne".

"I'm an hurricane", clame la diva sur son dernier album éponyme et on veut bien le croire, écrasé que nous sommes par les secousses brutales du ragga electro puissant de "This Is" (qui rappel "My Jamaican Guy" période Compass Point, en mieux !) ou par le sombre "William's Blood" (feat Tricky et magnifiquement mis en image par Chris Cunningham). Atmosphérique, lyrique aussi, sans tomber dans les travers que cultiva parfois la belle à la fin des années 80, Hurricane est indéniablement un excellent album en plus d'être une belle surprise. "Well Well Well", "Devil in My Life" ou le tubesque "Corporate Cannibal", s'inscrivent durablement dans l'inconscient de l'auditeur qui reviendra souvent (et parfois à son grand étonnement) vers ce disque fervent. Vingt ans plus tard, à presque 60 ans et après plus de 40 ans de carrière, Grace Jones reste Grace Jones sans jamais céder un pousse de terrain à la hype. Normal, elle est unique.

samedi 29 novembre 2008

NES EN 68 : LA FRESQUE SUR 40 ANS DE NOS VIES, PAR LES GRANDS DUCASTEL ET MARTINEAU !


1968. Catherine, Yves et Hervé ont vingt ans, sont étudiants à Paris et s’aiment. La révolte du mois de mai bouleverse leur existence. Gagnés par l’utopie communautaire, ils partent avec quelques amis s’installer dans une ferme abandonnée du Lot. L’exigence de liberté et la recherche de l’accomplissement individuel les conduisent à faire des choix qui finissent par les séparer. 1989. Les enfants de Catherine et Yves entrent dans l’âge adulte et affrontent un monde qui a profondément changé : entre la fin du communisme et l’explosion de l’épidémie de sida, l’héritage militant de la génération précédente doit être revisité.
Réaliser une fresque sur 4O ans de lutte, d’espoir et d’amour, en presque 3 heures, c’est le pari réussi (avec quelques réserves), par le nouveau film du duo Ducastel et Martineau. C’est en entendant, en mai 2007, le discours de campagne de Nicolas Sarkozy sur les méfaits de mai 68, que le duo de réalisateurs a été convaincu de la nécessité de ce film qui retrace 40 ans d’un formidable espoir, qui a débouché sur une grande désillusion, caractérisée par le retour de la droite au pouvoir (après la parenthèse de la présidence Mittérand) en France et l’arrivée de l’épidémie du sida. La première partie est consacrée à la génération 68 : Catherine, Yves et Hervé participent activement aux évènements de mai. Ils décident de partir créer une communauté dans le Lot, avec d’autres volontaires. Ils investissent une ferme abandonnée, qu’ils retapent, sous les regards curieux ou réprobateurs des voisins. La vie en communauté s’installe, ponctuée par les premières difficultés, les jalousies et les rancoeurs. Catherine a deux enfants avec Yves, une fille qui rapidement va se rebeller contre l’anticonformisme de sa mère et un garçon, Boris. Mai 1981 : François Mitterrand est élu Président de la République Française. Boris est gay est vit une histoire avec le fils des voisins proches de la communauté. Le sida arrive... Tout va très vite, trop vite dans le film. Pour le reste, les acteurs sont excellents et parfaitement crédibles (mention spéciale à Laetitia Casta qui est juste, sobre et émouvante). La photo est magnifique, les décors et le stylisme très réussis (la mode hippie-chic est à l’honneur). Ducastel et Martineau ont réussi à inscrire le parcours singulier de personnages attachants, dont les vies sont intimement mêlées aux grands évènements de 40 ans de notre histoire. et qui deviennent du coup universels !Film engagé, militant, profondemment vivant et désanchanté (ce qui n’est pas incompatible !), Nés en 68 a malheureusement souffert d’une sortie trop discrète en... mai 2008, sans aucune promo et est resté une semaine à l’affiche à Paris. On peut soupçonné que ce chef d’oeuvre n’est pas du goût de Sarko... y aurait-il il eut manipulation ? Je n’engage que moi ! Mais je suis très en colère contre cette censure qui ne dit pas son nom ! Il a été diffusé à l’automne sur Arte, et reviens enfin en DVD, mais sans aucun bonus. On aurait pourtant aimé connaître les dessous du tournage, le travail epoustouflant qui a été réalisé pour reconstituer les années 70 et 80, un making-off s’imposait et le couple de réalisateurs avit certainement beaucoup à dire sur les raisons du tournage de ce film. TF1 Vidéo a été très chiche, mais faut-il s’attendre à autre chose de leur part ! Cette fresque magnifique et bouleversante se suffit à elle même, c’est sans doute le parti-pris de l’éditeiur... En tout cas, elle nous faire réflechir sur le sens de nos vie et de l’histoire !


Un interview des réalisateurs à propos de leur rencontre, rien à voir avec le film !

jeudi 27 novembre 2008

JULIEN BAUMGARTNER DANS LE PLAISIR DE CHANTER





Dans le casting du nouveau film d'Ilan Duran Cohen, on retrouve avec plaisir le sensible et tourmenté Julien Baumgarner, qui avait joué dans les Amants du Flore, du même réalisateur, tourné pour la télévision, qui explorait d'une très belle manière la relation singulière qui unissait Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Dans le Plaisir de chanter, il joue un escort-boy futile, égocentrique et narcissique, autour duquel se cristallisent les désirs de beaucoup de monde... Il est faible, lâche, mais tellement enjoleur et sexy (il faut dire qu'il est nu la plupart du temps ) ! Il réussit diaboliquement à créer un personnage détestable mais dont on ne demande qu'à comprendre les failles...

C'est l'occasion de revenir sur le talent de ce treentenaire, acteur surprenant et atypique qui est aussi photographe/plasticien. Un garçon authentique qui prend son temps et n'accepte pas à priori les concessions.
Julien Baumgartner a fait ses débuts dans ce qui était sensé être le American Pie français : Sexy Boys. On l'a ensuite vu dans Chat Bleu, Chat Noir, Comme Une Image et A Cause D'Un Garçon.
Extrait de Sexy Boys



Court-métrage



A cause d'un garçon, le télefilm qui a révélé Julien au grand-public, qui traite de l'éducation sentimentale d'un jeune ado.
Julien Baumgartner incarne avec une grâce extraordinaire ce garçon timide, au seuil de sa vie adulte. Il a encore un sourire d’enfant quand commence l’épreuve de vérité qu’il doit affronter.Puis peu à peu son sourire se fait méfiant, ses yeux se creusent, son sourire se fait méfiant. La souffrance de Vincent est mise à nu, avec cette angoisse propre à l’adolescence, mais ici particulièrement cuisante : "Qu’est ce que je vais faire de ma vie ?"

mercredi 26 novembre 2008

APRES LA CONFUSION DES GENRES, LE PLAISIR DE CHANTER, LE NOUVEAU ILAN DURAN COHEN !

Par le choix d'une "comédie anti-romantique", Ilan Duran Cohen souhaitait aborder le thème de jeunes adultes à la recherche de leur innocence perdue. "Dans mon film, des personnages épuisés par l'isolement urbain se croisent dans un même lieu, là où l'innocence est obligatoire, un lieu d'apprentissage symbolisé par le cours de chant lyrique, confie le réalisateur. Par la recherche de la voix juste [...]

A la base, Ilan Duran Cohen souhaitait faire un film musical intitulé Happy Meal. Les premières versions du scénario se déroulaient dans le milieu de la variété. "Mais j'ai préféré le lyrique, qui donnait au film une dimension beaucoup plus... lyrique et filmique, moins terre-à-terre, plus éloignée de la télé, confie le réalisateur. Le chant aussi parce que je suis quelqu'un à qui on a toujours dit qu'il chantait faux - à cet égard, Muriel est vraiment mon alter ego dans le film. Comme les comédiens, j'ai pris des cours de chant avec Evelyne Kirschenbaum qui joue aussi la professeur de chant, et on a réécrit le scénario avec l'acquis de cette expérience. Apprendre à chanter est fascinant, surtout quand on n'est pas à l'aise avec sa voix. La travailler, voir ce qu'il en sort... C'est très difficile d'utiliser sa voix correctement, de chanter juste. Tout le corps est engagé, ça ne pardonne pas. Le chant lyrique est un art et un sport. C'est un combat pour la justesse qui doit paraître toujours facile et aérienne. Les chanteurs travaillent la note des heures et des heures pour arriver à bien placer leur voix. Il n'y a pas de mensonge possible avec la voix."

lundi 24 novembre 2008

JOHN MALKOVICH AIME LE MEXIQUE !



John Malkovich devrait réaliser un second long métrage après Dancer Upstairs en 2002. Il s’agirait d’un documentaire qui expliciterait la situation critique des enfants mexicains qui traversent clandestinement la frontière tex-mex pour se rendre aux Etats-Unis. Le documentaire s’intitulerait Triple Crossing et tendrait, selon Malkovich, à humaniser la question de l’immigration clandestine. Le film sera produit par Canana Films, une compagnie qui appartient aux acteurs mexicains Diego Luna et Gael Garcia Bernal. John Malkovich est actuellement à Mexico où il monte une pièce de théâtre intitulée Burn After Reading dans laquelle il met notamment en scène son futur producteur Diego Luna (Y Tu Mama Tambien).

On retrouvera l’acteur à l’affiche en ce moment dans L’Echange, le 10 décembre dans Burn After Reading des frères Cohen et le 14 janvier dans un film français Et après. L’actualité de Malkovich est extrêmement chargée car en plus de ces apparitions, il devrait figurer à l’avenir aux côtés de Tom Hanks dans The Great Buck Howard, en professeur de poésie dans Disgrace, dans un prochain film de Raoul Ruiz intitulé Love and Virtue et dans The Mutant Chronicles, un film de science fiction.


Alexandre Muhr
21 novembre 2008
Les Inrocks

samedi 22 novembre 2008

FLESH AVEC JOE DALLESANDRO LE 27 HOVEMBRE SUR CINECINEMA CLUB

En 1968, à New York, Paul Morrissey tournait Flesh, en 12 heures, pour 2400 dollars, sous l'égide d'Andy Warhol. Avec un acteur qui allait devenir une icône gay absolue: Joe Dallesandro. Quarante ans plus tard, le réalisateur (devenu limite réac à force de renier l'importance de la liberté sexuelle des sixties) revient sur la genèse du film dans Paul Morrissey, in the Flesh, un documentaire signé Karim Zériahen, à 20h45, sur Cinécinéma Club. À noter que Flesh est diffusé le jeudi 27 novembre, à 22h25, sur la même chaîne. Voici la bande-annonce originale du film:



vendredi 21 novembre 2008

DAMIEN GUILLAUME EXPOSE A PHOTO COLLECTION, LE OFF DU MOIS DE LA PHOTO
















Jusqu'au 23 novembre à la Galerie du Centre Iris, 238 rue St Martin dans le 3ème.
Né le 21 juin 1978, à Besançon, il vit et travaille à Paris. Photographe professionnel depuis quelques années, il a contribué à la création de la revue L'atelier de Photographie Magazine et prépare actuellement un livre sur Istanbul. Il est l’auteur des photographies du livre « Besançon, Nature intime du temps » co-signé avec Nedim Gürsel et à également réalisées les photographies du livre « La Turquie Biblique » à paraître courant 2009 aux éditions Empreinte,.(http://www.editions-empreinte.com)
La série Mythes décisifs, qu'il expose à l'occasion de Photo Collection, est une alchimie de l'intimité de ses modèles et de la sienne. Les tirages sont exceptionnellement beaux et expriment la douceur et la bienveillance, qui sont certainement les attributs du photographe !

jeudi 20 novembre 2008

L'INTEGRALE JACQUES DEMY : TOUTE LA MAGIE D'UN CINEASTE EXCEPTIONNEL !




Jacques Demy, scénariste réalisateur, est une personnalité incontournable du cinéma français. Son premier long métrage Lola, en 1961, scelle une rencontre déterminante avec le compositeur Michel Legrand, qui restera dès lors lié à la filmographie de Demy.
C’est avec Les Parapluies de Cherbourg en 1963 (Prix Louis-Delluc, Palme d’Or au Festival de Cannes et sélectionné aux Oscars) et avec Les Demoiselles de Rochefort en 1966 qu’il rencontre un succès international.
Jacques Demy a tourné avec Anouk Aimée, Richard Berry,Danielle Darrieux, Danièle Delorme, Catherine Deneuve, Donovan, Françoise Dorléac, Françoise Fabian, John Hurt, Francis Huster, Gene Kelly, Gary Lockwood, Claude Mann, Jean Marais, Marcello Mastroianni, Marc Michel, Yves Montand, Jeanne Moreau, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Marie-France Pisier, Dominique Sanda, Delphine Seyrig, Jean-François Stévenin, Jean-Louis Trintignant…
Ciné-Tamaris Vidéo, qui depuis plusieurs années met en valeur son catalogue des films d’Agnès VARDA et de Jacques DEMY, et ARTE VIDEO , éditeur de cinéma patrimonial (Louis Malle, Jacques Rivette, Alain Resnais, Robert Bresson...) se sont associés pour rendre un bel hommage à ce cinéaste qui, de Lola à Trois Places pour le 26 a marqué plusieurs générations.
Les longs métrages mais également l’ensemble de ses courts métrages de Jacques Demy sont enfin disponibles dans des copies pour la plupart restaurées.


AU PROGRAMME DE L'intégrale JACQUES DEMY


Les courts métrages :
Le sabotier du Val de Loire
Le bel indifférent
Ars
La luxure

Les long métrages :
Lola
La baie des anges
Les parapluies de Cherbourg
Les demoiselles de Rochefort
Model shop
Peau d’Ane
The Pied Piper
L’évènement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune
Lady Oscar
La naissance du jour
Une chambre en ville
Parking
Trois places pour le 26

Coffret 12 DVD, 1 CD audio + un livret de photos

mardi 18 novembre 2008

LE FRERE PREFERE, DE TIERY BOURQUIN


A vingt-trois ans, fils modèle, il porte en lui une fêlure. Au point de rupture, il retrouve son jeune frère à Paris.
Ce seront sept jours uniques, une bulle hors du temps, arrachée au quotidien et à la morale. Entre les nuits passées dans la chambre miteuse de l’hôtel et les promenades dans la capitale, sublimées par la photographie, ce séjour est le théâtre de leurs rapprochements incestueux.

Thiery Bourquin nous livre ici un premier roman dérangeant, difficile, exigeant de lui-même autant que de son lecteur. Le sujet, l’amour incestueux d’un frère aîné pour son cadet, est périlleux tant le tabou est fort, ancré irrémédiablement.
Le risque aurait été de s’en détourner, effarouché, révolté, choqué. Et pourtant, il ressort de ce livre une émotion particulière, une grande force. Les mots transcendent ce qui mis à plat aurait pu paraître trivial ou malsain et nous éloignent résolument du sordide pour toucher le plus profond de l’âme et de ses tourments, ses déchirements, ses espoirs, ses bonheurs suivis de désespoirs. La liberté de l’écrivain ne se monnaye pas, elle est une, entière, redoutable.
Le bien et le mal, tels que nous l’entendons, n’ont rien à faire là-dedans.
J’ai été touchée par ce texte, souvent lyrique et poétique, parfois cru et dérangeant, sans concession envers qui que ce soit. Les mots se pressent sous la plume de Tiery Bourquin, donnent parfois l’impression de tourner en rond, blessés, hurlant leur rage, pour revenir apaisés, sûrs de leur fait, du but à atteindre, l’art et rien d’autre sous l’égide des maudits, Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, et le reste n’a finalement que peu d’importance. Et puis, Tiery Bourquin écrit sur Paris avec des mots très singuliers, qui renouvellent totalement le genre. Au final, un livre résolument atypique, qu'on aime ou qu'on rejette ! Moi, j'ai adoré !

Extraits :
« Ecrire puis partir : ce serait l’idéal, ou du moins courageux. Un écrivain c’est quelqu’un qui pense son temps à partir et le passe à retarder l’heure du départ. (…).
De là, l’exigence de rester un enfant, dans sa vie comme en littérature, car l’enfant ne craint pas d’être déshabillé. »

« Je ne sais pas si en marchant je planais au-delà de l’espace et du temps, dans un second Paris au-dessus du premier, ou si au contraire tout était plus souterrain. J’avais en tous les cas le sentiment d’entrer pour la première fois dans Paris, dans un Paris historique et de légende.
(…)
Les murs des maisons semblaient avoir été blanchis et recouverts de plâtre, et la lumière des réverbères s’être affaiblie et changée en la flamme d’un flambeau de cire ou d’une lanterne portés dans l’obscurité. Les rues rétrécissaient, leurs trottoirs avaient disparu, et l’on ne rencontrait plus aucun piéton sur le pavé. J’entendais le grincement d’enseignes, alors que je cherchais en vain le nom des rues, pour me situer. Les habitations ne portaient pas de numéro. Des statues de plâtre ou de bois nous regardaient passer du fond de leur niche et guidaient les pas de l’être mystérieux que je suivais, au cœur d’un domaine en apparence paisible et sans danger, et qui semblait contenir Paris tout entier. »

Editions Héloïse d’Ormesson, parution le 2 octobre 2008

Au sujet de l’auteur :
Tiery Bourquin est né en 1973 dans l'Est de la France. Après des études de philosophie, de nombreux voyages l'ont amené à la photographie. Sa première exposition s'est tenue au début de l'année 2008 à la galerie Pierre-Alain Challier, dans le même temps que paraissait aux éditions Cercle d'Art un porte-folio ("Tiery B."). Son travail s'oriente maintenant vers la vidéo.
Source, Gilles Paris.

dimanche 16 novembre 2008

RUE DE LA PEAU, DE NEIL BARTLET


Monsieur F. travaille dans une entreprise de fourrures, à Londres. Nous sommes en 1967. C’est un homme paisible, ordonné, maniaque... on pourrait dire ordinaire. Sa vie est un long fleuve tranquille, que rien ne saurait perturber... jusqu’à ce qu’un cauchemar récurrent vienne secouer sa vie ronronnante et l’oblige à adopter de nouveaux comportements...
Neil Bartlet excelle dans ce récit de la vie terriblement solitaire et routinière d’un quinquagénaire morne et sans histoire. Monsieur F. est désespérément seul, mais sans avoir conscience de cet état. Il s’est enfermé dans cette routine, par fatalité suppose t-on. Il a acquis une grande maîtrise dans son métier : la coupe et l’assemblage de fourrures et est respecté pour ses compétences. Sa vie professionnelle occupe la majeure partie de sa vie, pour ne pas dire la totalité. Il n’existe à priori que par et pour son métier. Notons que l’auteur décrit avec précision une activité traditionnelle, et ce quartier industrieux proche de la City, qui a depuis disparu C’est ce monde qui va disparaître qui sert de décor à l’intrigue, le monde suranné des ateliers de couture avec ses troupes de jeunes ouvrières "gardées" par une hiérarchie paternaliste.

Tout bascule dans la vie de Monsieur F. et par rebond dans son monde douillet et sécurisant, quand celui-ci est bouleversé par un cauchemar qui va se reproduire toutes les nuits : M. F. rentre chez lui et découvre dans son cabinet de toilette le cadavre d’un jeune homme brun, totalement nu, pendu par les pieds. L’existence de M. F. se fissure., car le cauchemar revient de façon de plus en plus précise si bien qu’il pénètre sa réalité et qu’il parvient à pénétrer dans ce rêve ... à la limite de la folie. Un malheur (ou un miracle) n’arrivant jamais seul, débarque dans l’atelier de fourrures le jeune neveu du patron, qui devient l’apprenti de M. F. Tout d’abord ignoré par le taciturne M. F., le jeune homme, à force de manigances, réussit à l’apprivoiser... jusqu’à ce que le paisible M. F. constate que le jeune homme ressemble étrangement à .... Fidèle à son inspiration déjà expérimentée avec talent dans ses deux précédents romans, proche de l’univers d’Oscar Wilde, Bartlett fait aussi référence au conte La Belle et la Bête, qui a été lu pendant son enfance par un père qui a oublié de terminer l’histoire.... à M. F. de l’inventer !

Neil Bartlet se révèle comme un orfèvre du détail, des choses anodines de l’intimité, et de la folie qui s’empare progressivement d’un homme très effacé, qui devient un monstre !

Extrait : "En réalité, cette image de solitaire, Monsieur F. l’avait toujours eu. Enfant, l’explication avait été des plus évidentes et les voisines aimaient à revenir sans cesse sur le fait qu’il n’était pas aussi exubérant que ses frères. Bien-sûr, vous savez, ce petit n’a jamais connu sa mère..."

ADRIEN JOLIVET : BIEN PLUS QUE LE FILS DE SON PERE !





Adrien Jolivet retrouve dans La grande grande entreprise, son père qui l'avait dirigé précédemment dans Zim and co.. "C'est toujours un immense plaisir de travailler avec son père, confie l'acteur. C'est comme prendre des vacances entre amis. En même temps, faut bosser, il ne vous passe rien. ça a été moins stressant que sur Zim and co.. D'abord, parce qu'on avait déjà tourné ensemble. Et puis après Zim, j'ai tourné avec d'autres réalisateurs, je me sentais plus à l'aise. Enfin, ici, je n'avais pas le rôle principal, j'étais donc plus tranquille. En revanche, je me suis retrouvé en compagnie de gens qui ont beaucoup tourné, et avec de grands cinéastes. Essayer d'être à la hauteur du film et de ces acteurs-là m'a pas mal angoissé."
Adrien Jolivet a baigné dans le cinéma. Petit-fils de Arlette Thomas, fils du réalisateur Pierre Jolivet, et neveu de l'acteur Marc Jolivet, Adrien a grandit sur les plateaux. Il commence sa carrière en 2004 par un court-métrage Bébé Requin de Pascal-alex Vincent. Il fait ses premiers pas sur le grand écran la même année dans deux longs-métrage : La Première Fois Que J'Ai Eu 20 Ans de Lorraine Lévy puis Zim And Co. de Pierre Jolivet, où il sera également compositeur.
ll faut attendre trois ans pour le retrouver dans le film de Micha Wald Voleurs De Chevaux. L'année d'après, il retrouve son père dans La Très Très Grande Entreprise. Un film familial puisqu'il joue avec sa grand-mère.
En 2009, Adrien est à l'affiche de L'Armée Du Crime de Robert Guédiguian.

vendredi 14 novembre 2008

mercredi 12 novembre 2008

SEVENTIES, LE CHOC DE LA PHOTO AMERICAINE, JUSQU'AU 25 JANVIER A LA BNF !


La Bibliothèque nationale de France met en lumière plus de trois cents
photographies en noir et blanc des années 70, travaux de quelque trente
auteurs américains. « La BnF ne possède pas moins de trois mille tirages
d’époque, fruits d’acquisitions et de donations généreuses, rassemblés
grâce aux liens noués depuis près de quarante ans avec les auteurs. Une
riche collection qui nous permet aujourd’hui de rendre hommage à cette
génération de photographes américains, artisans de la rupture qui mirent
leur talent au service d’une esthétique inventive et subversive », déclare
Bruno Racine, président de la BnF.
En 1971, la Bibliothèque Nationale consacrait une exposition au travail
de jeunes Américains alors peu connus. Leurs photographies rompaient
avec la conception du médium qui prévalait en Europe, où régnait la
photographie humaniste. Diane Arbus, Lee Friedlander, Garry Winogrand,
entre autres engageaient chacun à leur manière une évolution singulière
et audacieuse. Ils interrogeaient sans a priori les multiples possibilités du
médium photographique. Loin du pictorialisme, à distance du pur document,
ils ne marquaient pas pour autant la rupture avec la riche tradition établie par
Walker Evans, Harry Callahan ou Aaron Siskind, dont ils avaient parfois reçu
l’enseignement.



Le portrait, autour de vingt photographies de Diane Arbus, le paysage saisi à
travers les objectifs si différents de Paul Caponigro, Lee Friedlander ou Joe
Deal, les expérimentations narratives de Duane Michals ou Les Krims font
écho dans l’exposition à la street photography de Garry Winogrand, William
Klein, Bruce Gilden, aux vies marginales des modèles de Larry Clark, à la vision
décalée du rêve américain de Bill Owens, aux recherches graphiques raffinées
de Ralph Gibson.
L’ensemble offre la part belle à la tradition très anglo-saxonne de l’onirisme
et du fantastique interprétée par Ralph Eugene Meatyard, Arthur Tress ou
Joel Peter Witkin. Cette exposition entend mettre en évidence l’audace et la
vigueur des formes, montrer la confondante liberté qui, à cette époque, balaya
les stéréotypes et exerce encore son emprise sur la conception post-moderne
de la photographie. Il n’est que de songer au nombre de photographes qui,
de par le monde, admirent et se réclament de Diane Arbus, à ceux qui ont
regardé et appliqué les partis pris de William Klein, qui cherchent la vérité dans
la prise de vue urgente de Garry Winogrand ou de Bruce Gilden, ou dans les
recherches plastiques de Joel Peter Witkin...
Exposition dans le cadre du Mois de la Photo.

samedi 8 novembre 2008

LE PETIT PRINCE DE LA RUE !








Keith Haring a cinquante ans cette année ! Toujours proche de nous, bien vivant avec ses petits bonshommes que l'on trouve sur plein d'objet de notre vie courante, cet artiste n'est pourtant pas reconnu aux Etats Unis, où l'on remet en cause sa frénésie créatrice et ses modes de production sur de multiples supports. 'L' art est destiné à tous ', affirmait Keith Haring pour expliquer la signification des silhouettes stylisées qui étaient sa marque de fabrique et qu'il dissémina, au cours de sa fulgurante carrière, des couloirs du métro new-yorkais au Mur de Berlin en passant par les plus prestigieuses galeries. Artiste majeur du XXe siècle inspiré par le pop art, la BD et l'art graffiti,



Haring a révolutionné le monde de l'art entre 1980 et 1990 en le démocratisant. Cela explique certainement sa popularité aujourd'hui encore, 18 ans après sa mort du sida. Le documentaire franco-italien réalisé par Christina Clause, qui a été présenté hier après-midi au Rex, dans le cadre du Festival du Film Gay et Lesbien da Paris, est composé de très nombreux entretiens (avec sa famille, ses amis ou des stars comme Yoko Ono, David LaChapelle, Madonna ou Junior Vasquez) mais aussi d'images d'archives où l'on voit Haring au travail, ce documentaire extrêmement exhaustif, est un complément indispensable pour tous ceux qui se sont déplacés à Lyon cette année pour y découvrir la grande rétrospective qui lui a été consacrée. La Fondation créée par Haring lui-même, a beaucoup aidé à sa réalisation.

vendredi 7 novembre 2008

ET LE PRIX DE FLORE 2008 EST ....TRISTAN GARCIA !

Je vous avez parlé dans un article précédant du livre de ce normalien toulousain qui ne m'a guère emballé ! En tout état de cause, il vient d'obtenir le prix de Flore. C'est l'occasion de (re)faire connaissance avec ce jeune homme singulier et... ambitieux !




jeudi 6 novembre 2008

PRIX MEDICIS DU ROMAN ETRANGER : UN GARCON PARFAIT !


Ernest travaille dans le restaurant d’un palace à Giessbach, en Suisse. C’est un garçon parfait, aussi strict dans le travail que dans la vie. Mais cette dignité imperturbable cache la blessure jamais guérie de la violente passion qu’il a vouée à Jacob, un garçon parfait comme lui, Jacob qui l’a abandonné pour suivre en Amérique Julius Klinger, le grand écrivain allemand. Cela se passait en 1933, avant la deuxième guerre mondiale.

Ce beau roman qui n'est pas sans rappeler par le thème et l'écriture Stephan Zweig, nous entraîne sur deux époques : en 1960 et en 1935 environ, période trouble, qui trahit l’anxiété de la tempête qui va survenir. Dans un décor de rêve - un palace au milieu des montagnes suisses - se retrouve la Haute Bourgeoisie internationale pour un repos bien mérité ! Là, entre luxe et volupté, vit aussi dans l’ombre toute une armée de serviteurs, cuisiniers, femmes de chambre... qui se fondent dans le décor, même si, de temps en temps, ces deux mondes étrangers se rencontrent brièvement... C’est ici que travaille Ernest, un jeune homme un peu servile, profondément honnête, qui fait son travail consciencieusement. Jusqu’à ce que débarque Jacob, garçon sublime de son âge, mais plus tortueux. Sûr de son charme, Jacob fait succomber Ernest et parvient rapidement à être le favori des serveurs. Ils vivent une passion physique quand ils ne travaillent pas, jusqu’à ce que Jacob séduise Julius Klinger, un célèbre écrivain qui séjourne à l’hôtel avec femme et enfants. L’écrivain va engager Jacob comme secrétaire particulier et l’emmener loin d’Ernest, à New-York. 30 ans après, la blessure n’est pas cicatrisée pour Ernest, qui retrouve l’écrivain... Sulzer rend palpable la peur obscure qui hante ces salons trop rassurants et tisse avec subtilité les fils des drames intimes et ceux de la tragédie historique. Il faudra la fin de la guerre et le retour d’exil de Klinger pour que s’affrontent deux mémoires dans l’ultime combat d’une rivalité amoureuse. C’est ce qui prête au roman une tension dramatique qui va crescendo et tient jusqu’au bout le lecteur en haleine. L’anbiance générale du livre et la cruauté de la passion vécue par le personnage principal peuvent faire penser également au cultissimme Mort à Venise, de Thomas Mann.


Extrait :
Peu après que Klinger eut quitté la pièce, Ernest s’en alla à son tour, en disant peut-être, j’ai besoin d’air car il lui fallait réellement de l’air, mais il ne s’en souvenait pas. Quant à Jacob, il avait gardé le silence , il n’essaya pas de trouver des mots pour expliquer son comportement, celui-ci s’expliquait de lui-même.

mercredi 5 novembre 2008

MON VOYAGE EN HIVER, DE VINCENT DIEUTRE A 16H AU LATINA !



Une buée légère qui monte de la neige tassée en bordure des routes voile d’une mélancolie très douce les paysages du film de Vincent Dieutre Mon voyage en hiver. C’est à retrouver, dans ce brouillard des souvenirs, celui qu’il fut que s’attache le cinéaste dans ce film à la première personne, journal d’un voyage mais aussi roman d’éducation puisque le narrateur (et " filmeur ") quadragénaire est accompagné de son filleul, adolescent à qui il voudrait apprendre le monde. Ainsi se croisent, sur les mêmes routes, deux regards : l’homme cherche l’Allemagne qui enchanta sa jeunesse, musique, littérature, forêts et intérieurs chauds, et les Allemands qu’il y aima, le garçon apprend à mieux connaître celui qu’il accompagne.

Les amants que Vincent Dieutre retrouve ont vieilli, leurs corps sont marqués, le désir éteint, mais ils se retrouvent dans ce qu’ils avaient autrefois partagé, l’amour, la musique, la poésie, la conversation ou un repas préparé pour celui qu’on attend. Toute la beauté du film est là, dans la pudeur avec laquelle celui qui a entrepris cette remontée dans le temps de sa jeunesse se met à nu, lui pour qui, aussi, la jeunesse est passée. Pudeur jusque dans la rencontre avec un prostitué dans une chambre minable : après l’étreinte des corps que la caméra n’a pas montrée mais dont on aura eu l’écho sonore, le narrateur demande à son compagnon d’un moment de lire une page qu’il lui tend, d’un poème. Refus : pour le prix, pour l’argent, on peut avoir, bien sûr, les gestes de l’amour, mais quant au partage d’un poème, d’une émotion autre que mécanique, il n’en est pas question.

De ces rencontres, l’adolescent est bien sûr absent. Tout dans le film dit que l’homme manifestement l’aime trop, d’un amour de père, pour qu’on puisse un instant croire que ce voyage puisse avoir pour but son initiation sexuelle. Simplement il voudrait que le garçon le voie comme il est : homosexuel et respectueux des autres, et aimant la musique, la vie. La musique et la poésie en effet portent le film, d’étape en étape, de rencontre en rencontre, lieder de Schubert essentiellement, du Roi de Thulé, sur un poème de Goethe, aux Voyages d’hiver, et cela se termine pour les deux grands enfants, le quadragénaire et l’adolescent, à Euskirchen, avec les musiciens qui ont, de leurs interventions, ponctué, structuré le film. Ils jouent Gute Nacht (bonne nuit), de Schubert, et le narrateur peut s’endormir, Itvan, son filleul, écoute la musique.

On peut trouver plus " forts " d’autres films de Vincent Dieutre, plus à l’écoute directe des bruits du monde, comme Bonne Nouvelle, moment de la vie d’un quartier qui s’éveille autour de la station de métro qui donna son titre au film, fragiles romans s’esquissant en trois rencontres, ou Bologna Centrale où, autour de la gare de la métropole italienne, se tissent les souvenirs amoureux de l’auteur et tout un pan de l’histoire italienne de ces dernières années. Il reste que Mon voyage en hiver est un peu un film limite pour ce cinéaste de l’intime, chroniqueur attentif de sa vie, une tentative risquée, cette histoire de passage de relais d’un quadragénaire homosexuel à un adolescent pouvant facilement tomber dans le scabreux. Il n’en est rien, pour cette pudeur dans le dévoilement qu’on a dite, mais aussi, sans doute, parce que le cinéaste est d’abord un " gourmand de vie " et qu’il sait superbement le dire.

Après Bologna Centrale, il avait noté : " On écrit, on filme en vidéo, on va voir de la danse, du théâtre, on écoute de la musique. Il est devenu impossible, je pense, de parler exclusivement ’’depuis le cinéma’’, ’’depuis la littérature’’, etc. Notre époque a ceci de passionnant qu’elle est faite de citations, de recyclages, d’allers-retours ou d’interpénétrations des disciplines. " Il n’aurait su mieux le dire que par la musique grave de ce film confidence.

Mon voyage d’hiver, de Vincent Dieutre, France, 1 h 43.

vendredi 31 octobre 2008

LE PALACE RENAIT DES CENDRES DE LA FETE !




En redevenant un théâtre, le nouveau Palace qui rouvre ses portes le 5 novembre, tourne la page des "Années Palace", folle parenthèse des années 80 où le lieu a été la plus célèbre discothèque d'Europe et une sorte de temple de la culture gay parisienne.

De 1978 à 1985, période la plus faste étudiée aujourd'hui comme un phénomène sociologique, Le Palace, conçu par Fabrice Emaer, figure des nuits parisiennes, a été le quartier général des branchés, intellectuels, bourgeois et artistes underground, dans un brassage savant de toutes les classes sociales, tranches d’âge et sexualités, le tout sur la déferlante disco et au début de la reconnaissance de la culture gay.

"Dans le pays de Giscard, mélanger des riches et des pauvres, des blancs et des noirs, des hétéros et des pédés était tout simplement révolutionnaire", exlique le journaliste gay et co-fondateur d'Act Up Didier Lestrade.

Grace Jones inaugure la discothèque Le Palace en mars 1978. Les Village People, Gloria Gaynor, les Bee Gees et Donna Summer et bien d'autres se succèderont sur la scène.

Parmi les habitués, le philosophe Roland Barthes, Jack Lang, Mick Jagger, Andy Warhol, Paloma Picasso, Andrée Putmann, l'ancien ministre de la culture de VGE Michel Guy, mais aussi les couturiers Kenzo Tagada et Karl Lagerfeld qui y organisent des fêtes grand siècle avec invités poudrés arrivant en gondoles à porteur sur le boulevard Montmartre. Le journaliste Alain Pacadis a raconté les folles nuits du Palace dans les colonnes de Libération.

Dans les sous-sols de la discothèque, Fabrice Emaer avait créé un restaurant, Le Privilège, à l'accès plus réservé. Avant ou pendant la fête, la légende veut qu'on y refit aussi le monde, à la veille de l'élection de François Mitterrand.

Après la disparition de Fabrice Emaer en 1983, le Palace plongera inexorablement vers son déclin, malgré quelques tentatives pour relancer le lieu avec Régine ou les Guetta aux commandes.

Aujourd'hui, le Palace redevient un théâtre sous la houlette de Hazis Vardar, le nouveau propriétaire, associé à un couple d'entrepreneurs belges qui ont décidé d'en faire un lieu dédié à l'humour et aux spectacles comiques.
C'est Valérie Lemercier qui inaugure le nouveau Palace avec un spectacle inédit qui devrait permettre à nombre de spectateurs gay de revenir sur les lieux de leur jeunesse.

Source : E-llico.com


LES SOUVENIRS DU SITE INCONTOURNABLE PARIS70.FREE.FR, DEDIE AU PARIS DES ANNES 70/80 !


En 1977, c'est la vague disco et le succès des grandes boîtes comme le Studio 54 à New York ou la Main Bleue à Montreuil. Fabrice cherche alors un endroit plus grand. C'est Michel Guy, ministre de la culture du 1er gouvernement de Giscard et qui lança le festival d'automne qui lui donna l'idée d'acheter le Palace, théâtre du Faubourg Montmartre alors presque à l'abandon. Après d'importants travaux réalisés en un temps record, c'est l'ouverture le 1er mars 1978, avec un show de Grace Jones. Les serveurs sont habillés en rouge et or par Thierry Mugler. Fabrice voulait en faire un lieu ouvert à tous, différent de la rue Sainte Anne, tout en en gardant l'esprit : ce fut une réussite complète. En plus d'être la discothèque la plus courue du moment, élevée au rang de phénomène sociologique, ce fut aussi un endroit où furent données de nombreuses fêtes (Kenzo, Karl Lagerfeld), et aussi une salle de concerts, organisés par Paul Alessandrini puis par Assaad Debs et Rosebu
n juillet 79, ce fut l'ouverture du Palace de Cabourg. J'y allais avec Diane. Fabrice avait vu les choses en grand : il avait réservé un train entier pour ses invités, ainsi qu'un car ! Une vision inoubliable fut l'arrivée sur le quai de Roland Barthes, plus professoral que jamais avec son cartable à la main et entouré d'une nuée de jeunes minets ! La nuit d'ouverture me laissa un goût bizarre : j'ai eu l'impression d'être dans un rassemblement de zombies. Peut-être était-ce la poudre blanche qui encombrait les narines d'une grande partie des invités ? Il paraît qu'au petit matin, un père de famille local est venu chercher sa progéniture sur la plage transformée en lieu de débauche ! Le lendemain, quelques happy few dont Diane, Babsy et moi, passèrent la journée au Club 13 de Claude Lelouch près de Deauville. Etaient également là, à part l'équipe du Palace, Helmut Berger, ivre mort, avec Clio Goldsmith, et dans l'après-midi Serge G. et Jane B. Le Palace de Cabourg ne connut pas le succès attendu.
En 1980, Fabrice ouvrit le Privilège, sous le Palace, plus élitiste.
La première partie de l'histoire s'est terminée le 14 juin 1983 avec l'enterrement de Fabrice, mort non pas du sida comme beaucoup l'ont cru mais d'un cancer du rein.




A lire : 'LES ANNEES PALACE' de Daniel Garcia (Flammarion)


LE PALACE : REMEMBER de Jean Rouzaud et Guy Marineau

DIDIER LESTRADE PARLE DU PHENOMENE "PALACE", DANS LE MAGAZINE TETU !

De tous les clubs qui ont marqué la scène nocturne parisienne, le Palace est sûrement le plus important, par sa taille et par l’écho qu’il a su avoir dans la société toute entière. Poussé par la vague disco, l’émancipation des gays et les derniers jours d’insouciance avant le sida, le club phare de la rue du faubourg montmartre fut le temple des années 80. Nostalgie d’un monde chic, choc & débridé.


Pour comprendre le phénomène Palace, il faut rappeler que Fabrice Emaer, son propriétaire, n’en était pas à son premier établissement. Le Club Sept, à la fin des années soixante-dix, était au centre du quartier gay de l’époque, proche du Palais-Royal. Situé rue Sainte-Anne, entre le Colony (un club qui s’adressait à un public jeune) et le Pimm’s (l’ancêtre des after hours, plus ancré dans le milieu clone et cuir), le Sept rayonnait sur un coin de Paris riche de petits saunas un peu glauques et de tapins sur l’avenue de l’Opéra. Le club possédait un restaurant au rez-de-chaussée et une minuscule piste au sous-sol. La décoration était simple mais brillante : des murs en miroirs et un plafond recouvert de néons multicolores qui flashaient au rythme de la musique. Car ce qui rendait le Sept si particulier, c’était la qualité de sa musique. Si le Colony se spécialisait dans la new wave, le Sept était déjà l’épicentre de la disco, avec le DJ Guy Cuevas aux platines. Ce n’était donc pas vraiment un club de drague, plutôt un rendez-vous «jet set», où on laissait entrer les jeunes qui voulaient danser ou côtoyer des gens célèbres. Pourtant, pour y pénétrer, l’épreuve du physionomiste était rude. Certains soirs, il était facile d’entrer (c’était gratuit), mais le lendemain, on pouvait se faire refuser l’accès. Il était alors superflu de plaider le fait que, la veille, on était déjà là : le cerbère ne revenait jamais sur sa décision.

En 1977, Fabrice Emaer décide d’acheter le Palace, un vieux théâtre classé (tous les grands noms de la chanson française de l’après-guerre s’y étaient produits), qui était devenu, au fil des ans, un vieux cinéma de quartier un peu insalubre. La rue du faubourg Montmartre, à l’époque, ressemblait assez à ce qu’elle est aujourd’hui : un quartier mal famé, voire dangereux, à peine sauvé par le célèbre restaurant Chartier, en face. Mais Emaer, soutenu par des gens haut placés, décroche l’endroit et commence les travaux. Le secret est bien gardé et jusqu’à son inauguration, très peu d’informations filtrent. C’est qu’il y a beaucoup à faire. Le Palace n’a pas été entretenu et, pour remplir son office de méga-club, il faut tout refaire. Heureusement, la structure de l’établissement est conservée, car elle est classée. Les fresques sont restaurées. L’ensemble de l’établissement, avec son grand balcon, qui devient sa signature, ressemblera à un immense théâtre dont on aurait fait disparaître les sièges.



Dès lors, ce qui rend le Palace spectaculaire, c’est la notion d’expérience. On n’a tout simplement jamais vu un club comme celui-là. Seuls les privilégiés qui allaient à New York pouvaient avoir une idée de ce que représentait le Studio 54. Dans les années soixante-dix, les rumeurs étaient le seul moyen de savoir ce qui se passait de l’autre côté de l’Atlantique : on murmurait avec excitation que Bianca Jagger s’était promenée sur un cheval blanc ou que Richard Gere avait passé la nuit avec Andy Warhol. Paris se devait de posséder un temple de la nuit pour faire «ricochet» avec la scène new-yorkaise. Pour certains magazines comme Interview, il n’y avait alors que deux villes qui pouvaient prétendre être au centre du monde : New York et Paris.

C’est pourquoi tout avait été pensé à la démesure du Palace. Le club s’ouvrait sur un long couloir qui descendait en pente douce vers un foyer, lequel dirigeait les clubbers vers la salle principale. Il y avait là un bar, des tables, des fauteuils et une grande piste de danse, face à la scène. Au premier étage, un deuxième bar donnait accès au troisième étage (avec un troisième bar) et des loges le long du balcon. Dès le début, la particularité du Palace était d’offrir plusieurs zones réservées pour les invités, ce qui influençait les déplacements des clients, et la circulation générale.

Mais la véritable attraction, avant même le public, c’était la mise en scène. Avec les années soixante-dix, le business des clubs avait explosé en France. N’importe quelle petite ville avait sa boîte de disco. Mais on n’avait jamais vu une telle explosion de lumières et d’effets. Le Palace ne comptait pas un mais trois lasers, ce qui en faisait une attraction en soi pour les foules. Les éclairages étaient si importants que les gens, parfois, s’arrêtaient de danser pour admirer ce qui se passait. Au plafond, à dix mètres au-dessus du sol, se trouvait une boule de néons qui descendait deux à trois fois dans la nuit au-dessus de la piste de danse, quand on voulait créer un sentiment de fête et d’explosion, alimenté par le lâcher de ballons ou de confettis. Les néons clignotaient de manière désordonnée et les gens levaient les bras pour essayer de se rapprocher de la lumière. Il y avait aussi les fumigènes (version dry ice tapissante), qui envahissaient la piste et avalaient littéralement les danseurs. Sur de grands écrans apparaissaient des photos de gens de tous les jours, préparation ultime pour l’arrivée d’un immense miroir qui remplissait tout l’espace de la scène. Le club semblait devenir alors doublement plus grand, tout en réfléchissant de nouvelles lumières. Et surtout, il y avait les sculptures sur la scène. Trois ou quatre fois par nuit, le grand rideau s’ouvrait et dévoilait un spectacle de ruines éclairées ou une immense statue de quatre mètres (une divinité égyptienne avec les bras tendus) qui avançait toute seule vers le devant de la scène. Un autre jour, c’était une imposante statue de sirène qui avait été construite par le décorateur de Fellini. Personne n’arrivait à comprendre comment de tels décors pouvaient tenir dans les coulisses. Tout ceci entretenait le mythe que l’envers du club était aussi important et immense que ce qu’on pouvait voir en payant son ticket d’entrée. Le club était donc une machine, une industrie. La nuit, au Palace, était une longue succession de tableaux lumineux, qui devaient capter l’attention des clubbers en même temps que ceux-ci s’amusaient.

Le deuxième élément qui fit le succès du Palace fut bien sûr la musique. Le Club Sept n’avait été qu’une répétition, en plus petit, de ce qui était à venir. Dès la soirée d’ouverture, le Palace fut le reflet de l’avènement de la disco avec une Grace Jones entourée de fumigènes et de lumières roses, chantant La Vie en rose sur une Harley Davidson rose. C’était le temple d’une musique nouvelle, quelque chose de foudroyant qui avait pris le monde entier par surprise. En 1978, Paris et Londres étaient encore en pleine période post-punk, mais c’est le Palace qui renversa complètement la situation en donnant ses lettres de noblesse à une musique au départ dénigrée. La grande majorité des tubes étaient des invitations à la danse. Get Up And Boogie de Freddy James, Let’s Start The Dance de Bohannon, Everybody Get Dancing des Bombers, Dance ! Disco Heat de Sylvester exhortaient les gens à danser parce que le fait de pénétrer dans une foule bougeant sur un dance floor était alors très intimidant. Face au côté asocial du punk, la disco était un courant musical qui encourageait la mixité, la sociabilité, l’excès et le sexe. Il n’y avait tout simplement pas la moindre place pour la tristesse ou la retenue. Guy Cuevas avait suivi Emaer au Palace et sa sélection était toujours la même : flamboyante. Pour la première fois, des gens dansaient tout le temps, qui ne quittaient la piste de danse que pour un rapide détour aux toilettes et au bar. La musique était si sensationnelle qu’elle donnait l’impression que le Palace était un tremplin au-dessus de l’Atlantique : on savait que Let’s All Chant de Michael Zaeger Band était un tube en France comme aux États-Unis. Tout d’un coup, la danse est devenue une façon de vivre. Surtout, la musique était le reflet de la vie de ceux qui l’écoutaient : Paris By Night de Patrick Juvet, album produit par Jean-Michel Jarre, était la chronique d’une vie obsédée par le besoin de s’amuser. Amanda Lear, à travers le morceau Fashion Pack décrivait le circuit : «In Paris, you’ve got to be seen at Maxim’s / Le Palace, Le Sept and then go to Régine.» Même Kraftwerk, avec son hit Les Mannequins, institutionnalisait l’art du clubbing : «Nous entrons dans un club / Et commençons à danser / Nous sommes les mannequins.» Dans I Love The Nightlife d’Alicia Bridges, la nuit était célébrée comme s’il était devenu secondaire, voire honteux, de dormir «comme tout le monde». La disco était devenue un phénomène musical tellement populaire qu’il réunissait l’ensemble de la société, tout en consacrant la libération homosexuelle. Parce que Emaer était ouvertement gay, la fusion entre la musique et le business que représentait “l’entreprise Palace” faisait que pour la première fois, les homosexuels pouvaient se dire : «Cet endroit nous appartient.» Ce n’est pas pour rien si, un an après, commençait l’aventure Gai Pied.

Le troisième élément clef du Palace, c’est le plus connu : le mélange. Fabrice Emaer a eu une idée de génie en pariant que ce qui avait été fait avec le Studio 54 pourrait être appliqué en France. Dans le pays de Giscard, mélanger des riches et des pauvres, des blancs et des noirs, des hétéros et des pédés était tout simplement révolutionnaire. À l’entrée, Edwige, Paquita Paquin – toutes deux égéries du mouvement punk en France – ou Jenny Bel’Air, décrétaient qui entrait ou non. Comme au Studio 54, la foule se massait devant la porte, les gens criaient et attiraient l’attention des physionomistes les bras en l’air, en criant : «Moi ! Moi !», parfois pendant une heure ou deux. Certains croyaient bien faire en montrant une liasse de billets, mais pour Edwige ou Paquita, c’était loin d’être un détail déterminant. N’importe qui pouvait entrer si un effort avait été fait sur le look ou sur l’attitude.

C’est pourquoi aucun club d’aujourd’hui ne pourrait prétendre ressembler au Palace, parce que ce qui se fait aujourd’hui, Emaer le faisait déjà il y a vingt ans. La musique, les lumières, la foule, tout devenait renversant. Tout le monde s’amusait. Le champagne coulait à flots. Il suffisait d’aller au bar, de demander à un vieux monsieur riche et il vous offrait des verres. Il y avait des michetons (comme on les appelait alors) partout. On s’amusait tellement qu’on oubliait de draguer. L’idée était de rentrer chez soi en Rolls, accompagné par un vieux monsieur de Neuilly qui avait trop bu et de raconter les potins le lendemain. Au marché de la rue de Buci, à Saint-Germain-des-Prés, la journaliste de Libération Hélène Hazerra rentrait d’une fête du Palace à Cabourg et faisait sentir ses aisselles parce qu’elle n’avait pas eu le temps de prendre une douche. Pascale Borel, plus tard dans le groupe Mikado, chantait sur le trottoir des chansons de Marilyn Monroe avec un pick-up accroché à la fenêtre de son studio, qui donnait sur la rue Saint-André-des-Arts. Tous les samedis après-midi, sur le boulevard Saint-Germain, des couples de pédés cuirs torse nu se promenaient en se tenant en laisse. Le café Mabillon était LA terrasse clone de Paris, à une époque où il y avait deux quartiers gays, le Palais-Royal et Saint-Germain-des-Prés.

Quelques souvenirs personnels. Je me rappelle qu’en 1978, nous habitions tous dans un squatt pédé rue Dutot, dans le 14e arrondissement. Tous les gens qui ont fondé ensuite Gai Pied vivaient là. Nous étions fauchés mais nous économisions chaque sou afin d’entrer le samedi soir au Palace pour passer la nuit près du sound system. Un jour, nous n’avions pas d’argent et, pour attirer l’attention de Fabrice Emaer, nous avons pris des draps et nous nous sommes déguisés en fantômes, avec des trous dans le tissu pour faire des yeux. Emaer a ri : «Votre déguisement est vraiment ridicule mais ça ira pour cette fois». Nous étions assez fiers d’être entrés au Palace avec des vieux draps sur lesquels ils y avait sûrement des taches de sperme. Notre jeu était assez drôle : l’idée était de se rembourser obligatoirement le prix d’entrée en volant quelqu’un. Les gens étaient tellement joyeux, tellement insouciants, qu’ils laissaient leur sac à main ou leur porte-monnaie sur leur fauteuil. Il suffisait simplement de les prendre. Personne ne surveillait. Nous étions une nouvelle catégorie de racailles radicales. Avec ses deux mille personnes, le Palace ressemblait à ce qu’il était vraiment : un théâtre, où, pendant un ou deux ans, tous les rôles ont été renversés. Les riches se faisaient dépouiller en riant, les jeunes devenaient des stars (toute la bande de Krootchey, Pierre et Gilles, Paquita Paquin, Edwige, Philippe Gautier, etc.), les clodos faisaient la revue mondaine (Pacadis), les punks devenaient disco (nous), les barmen devenaient tout-puissants, avec des combinaisons blanches semblaient «designées» par Thierry Mugler. Le journal Façade était le reflet du club, un média nouveau où n’importe qui pouvait devenir une célébrité parce qu’il ou elle avait une tenue fantastique. Parfois, un bon sens de la répartie ou une façon de danser particulière suffisait pour devenir quelqu’un. Dans une société pas encore très riche (c’était, après tout, la fin des années soixante-dix), le Palace était une porte dorée vers un futur qui serait aussi brillant que les minijupes à sequins des filles. La haute couture côtoyait les costumes faits avec des sacs-poubelles, les travelos dansaient avec les clones moustachus, les jeunes post-modernes regardaient passer avec dédain et amusement les bourgeois en costume trois-pièces. La drogue était rare – ou nous étions tout simplement trop pauvres pour y accéder – et se résumait à la cocaïne pour les chanceux et au Fringanor pour les autres. Krootchey avait dix-sept ans à l’époque et s’habillait en Victor Mature, avec spencer et fume-cigarette. Alors DJ aux Bains-Douches, il se souvient des shows préparés au Palace : «Un jour, Fabrice est venu me voir en me disant : “Bébé d’amour, la semaine prochaine, c’est mon anniversaire, vous devez faire une fête.” On était tous habillés en smoking blanc et on se serrait sur un chariot élévateur, sur lequel on était censés ressembler à des cigarettes Gitanes pendant qu’on chantait “Smoke Gets In Your Eyes”. On répétait tous les shows et on se prenait très au sérieux. Je me rappelle aussi d’une fête où on a fait un spectacle inspiré de l’enlèvement des Sabines. Pierre et Gilles étaient habillés en centurions, et ils ont dû se mettre à deux pour soulever Paquita. Ou alors la fête pour Loulou de la Falaise, où j’étais habillé en Chat botté. Pendant toutes ces années, j’ai offert des verres à des centaines de personnes, et personne n’est venu me reprocher de n’avoir jamais rien payais.»

Très vite, le Palace a attiré tellement de monde que l’agenda des fêtes est devenu ingérable. Il y avait des projections privées de cinéma ou des concerts (le premier passage de Prince n’a pourtant attiré que deux cents personnes). Avec l’arrivée massive des hétéros, la programmation musicale a aussi changé. Le ska avait alors beaucoup de succès et chaque samedi, One Step Beyond de Madness introduisait un «passage ska». Alors tous les gays quittaient la piste de danse en maugréant. En 1982, Fabrice Emaer est l’une des premières victimes du sida en France. Avant de décéder, il décrète que le mercredi soir sera une nuit réservée au gays. Pierre et Gilles dessinent la carte de membre qui permettra à tous les gays d’entrer gratuitement au Palace. C’est le premier pas vers la création du Tea Dance, tous les dimanches après-midi, qui va devenir l’événement gay le plus important des années quatre-vingt.
Portrait publié dans le Têtu n°32 - Mars 99
Texte : Didier Lestrade

© Têtu Magazine, 1999 -