vendredi 6 mars 2009
GUS VAN SANT PARLE DE HARVEY MILK
Premier politicien américain à afficher ouvertement son homosexualité, Harvey Milk a milité en faveur de l’égalité des droits des gays jusqu’à son assassinat, en 1978. De la honte à la fierté, de New York à San Francisco, son parcours nous est raconté par Gus Van Sant et son jeune scénariste, Lance Black, à l’origine d’un biopic admirable.
Gus, avec Harvey Milk, vous revenez à une forme de cinéma plus classique. Pourquoi ?
GUS VAN SANT : J’ai fait récemment beaucoup de longs métrages dont les scénarios, scènes ou dialogues se répondent. Dans Harvey Milk, je raconte une histoire sur un mode moins contemplatif que dans mes derniers films. Au stade du montage, la structure du récit a commencé à devenir plus traditionnelle, du fait du rythme rapide de la narration.
En quoi l’histoire d’amour entre Harvey Milk et Scott Smith, joué par James Franco, était-elle déterminante pour la structure du film ?LANCE BLACK : Cette histoire est la plus substantielle que Milk ait vécue. Tout le film s’articule autour d’elle, jusqu’au flash back final. Le film se base sur des faits réels. Milk a vraiment sacrifié sa relation pour son combat.
Considérez-vous que Milk a gagné la lutte pour l’égalité des droits des homosexuels ?
GVS : Milk, le premier, a donné une tribune à un mouvement qui s’est développé pendant dix ans. Il a permis à beaucoup de gays de sortir du placard, d’être entendus, même si les évènements à San Francisco n’ont jamais eu de répercussions à un niveau national.
LB : La lutte continue, mais elle est en sourdine depuis que Milk est mort. Les progrès sont lents aux États-Unis. Après l’adoption de la proposition 8 en novembre 2008 [modification de la Constitution de l’État de Californie, qui n’autorise désormais le mariage qu’aux personnes de sexe opposé, ndlr], la communauté se mobilise de nouveau. Harvey a montré la voie. Je vis en Californie, où les mots « gay » et « mariage » ne sont jamais prononcés ensemble. Donc, d’une certaine manière, nous avons perdu. Je rêve d’une loi fédérale qui reconnaisse l’égalité de nos droits.
La scène où Dan White, l’assassin de Milk, s’apprête à accomplir son geste meurtrier évoque Elephant, jusque dans le traitement du son. Êtes-vous d’accord ?
GVS : Josh Brolin, qui joue White, nous a donné des suggestions pour filmer cette scène. Il est vrai qu’on voit son personnage emprunter des couloirs, avant d’aller descendre Milk. Mais je n’ai pas fait référence de manière consciente à Elephant. Ce climax est lyrique et nous voulions que chaque plan le soit d’une certaine façon.
MK2/Trois couleurs
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