dimanche 15 mars 2009

ANDY ET LA TV !


INTERVIEW - Judith Benhamou-Huet, commissaire de l'exposition «Warhol TV», à la Maison rouge, à Paris, commente les prestations télé de celui que l'on connaît davantage pour ses peintures...

Andy Warhol, «ce n'est pas un peintre ou un cinéaste, c'est un filmeur», disait Marcel Duchamp. C’est par cette phrase que s’ouvre l’exposition «Warhol TV», à la Maison rouge, à Paris. Une expo où il ne s’agit pas de voir - ou revoir - les boîtes de soupe Campbell’s ou une toile d’Elizabeth Taylor, mais de visionner des émissions de télé conçues par l’artiste pop dans les années 80. Des émissions que n’ont vu qu’une poignée de téléspectateurs, car elles ne passaient que sur le câble new yorkais. Warhol avait monté une émission, «Fifteen Minutes», diffusée chaque semaine sur MTV, et même créé une boîte de productions appelée Andy Warhol T.V., avec un studio et cinq personnes qui y travaillaient. Interview de Judith Benhamou-Huet, commissaire de l’exposition.

Quelles obsessions d’Andy Warhol transparaissent dans ses émissions télé?
Il est amoureux du beau. Sa manière de filmer Debbie Harry (la chanteuse de Blondie, ndlr) le montre. Il fait un gros plan sur sa bouche ultra sensuelle, sur ses yeux, sur sa peau laiteuse. Et lorsqu’il filme un défilé de mode, il montre des mannequins masculins au paroxysme de la beauté. Warhol est aussi fasciné par la télé, qu’il voit comme un vecteur de célébrité, une autre de ses obsessions. En 1985, il apparaît d’ailleurs dans une pub pour Coca-Cola au milieu de personnalités de la télé. Imaginez un peu: c’est comme si Picasso posait dans une pub, entouré de petites vedettes! Autre fascination de Warhol: son goût pour le travestissement et tous ces gens qui savent modifier leurs apparences. Pour la télé, il filme ainsi une leçon complète de maquillage pour les femmes.

Que voulait faire Andy Warhol avec la télé?
Il cherche à mettre en boîte son époque. Et se passionne pour le talent des autres. Il a notamment interviewé Steven Spielberg, Paloma Picasso, qui parle de son père, ou encore Marc Jacobs, qui n’était, à l’époque, évidemment pas aussi installé qu’aujourd’hui. Il consacre même une émission entière à David Hockney, un peintre de Californie qui était pourtant son concurrent direct. Quoi de mieux que la télé pour montrer des gens? Mais Warhol est mort en 1987, avant d’avoir pu aller jusqu’au bout de ses expériences télévisuelles.

A quoi ressemble la téléréalité d’Andy Warhol?
Il laisse la caméra filmer, et ça prend. Comme cette séquence, dans une chambre d’hôtel, où il est aux côtés de Bianca Jagger et Steven Spielberg. Spielberg finit par raconter que son père lui avait dit d’avaler un transistor (le composant électronique, pas le poste de radio, ndlr) quand il était enfant.


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