lundi 30 mars 2009
LE PERCHISTE ROMAIN MESNIL COURT NU DANS PARIS !
J' avais sauté cet hiver avec une tenue ornée d'un point d'interrogation.
Je viens de l'enlever pour présenter le 31 Mars un nouveau projet de partenariat sportif pour les entreprises et les particuliers.
Dans cette démarche, j'en profiterai pour aider deux associations caritatives que je soutiens depuis plusieurs années:
Un Maillot pour la vie qui aide les enfants malade dans les hôpitaux,
et l'ARTC, l'Association pour la Recherche contre les Tumeurs du Cerveaux.
Je me suis donc bien amusé à courir dans les rues de Paris...sans point d'interrogation.
Merci à KICIprod poour la réalissation et à Joinvile le Pont et l'ACPJ pour la disposition des infrastructures et l'aide materielle
Romain
PS:Je viens d'entendre sur France 2 que j'avais refusé l'offre de mon equipementier. Cette information est fausse. Une proposition orale m'a été faite au mois d'octobre dernier, il m'a été laissé un temps de reflexion, puis elle a été retirée par l'equipementier 15 jours plus tard. Probablement pour des raisons budgetaires et strategiques. C'est la crise ma pauv' dame.
extrait du blog de Romain Mesnil www.romain-mesnil.com
Merci à notre vice-champion du monde en saut à la perche, pour cette initiative très originale et pour ce film magnifique qui nous l'espérons, permettra de sensibiliser de nombreux sponsors...aux performances de Romain !
dimanche 29 mars 2009
samedi 28 mars 2009
JAMES FRANCO FOR GUCCI !
Et oui, James fait de la pub, mais ne lui en voulait pas, c'est pour pouvoir choisir des films de qualité. Et puis, avec la gueule qu'il a !
vendredi 27 mars 2009
JAMES FRANCO JOUE ALAN GISBERG !
Le beau James apparaît métamorphosé dans le rôle de Ginsberg, le grand poète gay de la Beat Generation.
L'image est parue dans le magazine OK! daté du 6 avril. C'est la première fois que l'on peut apercevoir le beau gosse, qui avait déjà marqué les esprits dans le rôle du grand amour d'Harvey Milk, cette fois dans le rôle du grand poète gay Allen Ginsberg (photo, à gauche). Et la métamorphose semble réussie !
Le film Howl, dont la sortie est prévue pour 2010, est centré sur une période précise de la vie du poète de la Beat Generation, ami de Jack Kerouac et William Burroughs: l'écriture du fameux poème Howl, long cri de rage de la part des marginaux américains dans les années 50, et le procès en «obscénité» qui a suivi sa publication. Outre James Franco dans le rôle du poète, le casting inclut le mignon Paul Rudd (L'objet de mon affection, Friends) ainsi que Mary-Louise Parker (Weeds). Le film est écrit et réalisé par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, les auteurs des documentaires Paragraphe 175 et The Celluloid Closet.
On se souvient que James Franco avait déclaré sans complexes ne pas être inquiet sur le fait d'enchaîner, juste après Milk, un autre rôle gay. «Allen Ginsberg est l'un de mes héros et ce film est important pour moi, alors ce que l'on peut dire à mon sujet, je m'en fiche ! Moi, j'adore ce personnage !»
PHOTO OK!.
tetu.com
jeudi 26 mars 2009
RETROSPECTIVE TECHINE A LA CINEMATHEQUE
A l'occasion de la sortie en salles de son dernier film, La Fille du RER, la Cinémathèque française rend hommage à André Téchiné, grand réalisateur français qui n'a pas toujours fait l'unanimité.
Jean-Michel Frodon, dans son texte de présentation du cycle, espère que la rétrospective que consacre la Cinémathèque à Téchiné rendra sa juste place aux Soeurs Brontë (illus), considéré comme un des chefs d'oeuvre du réalisateur aujourd'hui, mais violemment rejeté par la critique au moment de sa sortie en 1979. Ce fossé entre le réalisateur et la critique fut récurrent dans sa carrière. D'oeuvres en chefs d'oeuvre, et de projets inaboutis en consécration, André Téchiné aura tout de même creusé un sillon bien à part dans l'histoire du cinéma français et peut être considéré comme un des plus grands cinéastes hexagonaux.
La Cinémathèque française lui consacre donc une rétrospective au cours de laquelle tous ses films seront présentés, de Pauline s'en va (1975) à La Fille du RER (2009) en passant par Hôtel des Amériques, sa première collaboration avec Catherine Deneuve, J'embrasse pas, Les roseaux sauvages, Loin, Les Égarés etc.
Rétrospective André Téchiné, du 18 mars au 12 avril à la Cinémathèque française.
Plus d'infos sur le site.
WARHOL SUPERSTAR !
Le père du pop art voulait être un produit. A l'occasion de deux expositions, retour sur une icône et un système où puisent sans fin les artistes, tous domaines confondus.
New York, cathédrale Saint Patrick, 1er avril 1987 : une cérémonie funèbre célèbre la mémoire d’Andy Warhol, 58 ans, décédé dix jours plus tôt au New York Hospital des suites d’une banale opération chirurgicale. “There’s a funeral tomorrow at St. Patrick’s”, chante Lou Reed dans Dime Store Mystery, titre où l’on retrouve l’ambiance sonore du premier Velvet Underground. Pour la circonstance, pour “ce jour où la Factory mourut”, tout le gotha de l’art, de la pop culture et de la jet-set se donna un ultime et spectral rendez-vous : Paloma Picasso, le banquier Claus von Bülow, les artistes Roy Lichtenstein, David Hockney, Keith Haring, Yoko Ono, qui fit un discours, Diane von Furstenberg, ou encore Debbie Harry, Calvin Klein, Raquel Welch, Bianca Jagger, Liza Minnelli… le tout retransmis sur la chaîne de télévision Andy Warhol’s Fifteen Minutes.
A dire vrai, la guest-list des people warholiens s’allonge encore d’une myriade de noms encore plus improbables si l’on songe, du chah d’Iran à Caroline de Monaco, du patron de Fiat Giovanni Agnelli, à l’ancien Président Jimmy Carter, à tous ces gens “rich & famous” qui se sont fait fluoriser le portrait à la Factory – pas celle aux murs argentés des années 60, quand Warhol, entouré de ses Superstars névrosé(e)s, est aussi le producteur du Velvet Underground, mais la deuxième Factory, celle des années 80, véritable entreprise où sont débitées les sérigraphies à 25000 dollars pièce : “Après l’art, il y a le business art. Au début, j’étais un artiste publicitaire, et à la fin je voudrais être un artiste d’affaires.”
A l’évidence, ce parterre de célébrités n’est pas seulement signe de notoriété, il révèle surtout ce qu’était devenu Warhol à la fin de sa vie : pas seulement un artiste et cinéaste, d’ailleurs lâché par les avant-gardes conceptuelles qui dénoncent sa dérive médiatique, mais aussi une icône, un people, un style de vie, un système et une philosophie aussi plate qu’un écran télé. Warhol devient même dans ces années un média à lui tout seul : fondateur du magazine Interview, créateur d’une chaîne de télévision sur le câble, Warhol joue son propre personnage dans un épisode de La croisière s’amuse, entre comme mannequin à l’agence Ford et se transforme en argument publicitaire : pour les cassettes TDK, pour la vodka Absolut, les lunettes Eyeworks, pour Sony, Coca-Cola, Chanel, la compagnie d’aviation Braniff, la Coccinelle Volkswagen ou les voitures Daimler-Benz, elles aussi fluorisées.
Décrié de son vivant pour cette logique commerciale, taxé de cynisme ou de superficialité, Andy Warhol fait en revanche plus que l’unanimité aujourd’hui et on le retrouve mis à toutes les sauces de l’industrie culturelle. Rares sont les artistes capables d’infuser à ce point les mentalités, et dont on repère à la fois l’oeuvre, la figure et l’influence à tous les étages de la société : invoqué par le monde de la télévision comme un génial animateur de plateau et un précurseur de la télé-réalité, prophète du “quart d’heure de célébrité” offert à tout un chacun, plagié par des milliers d’internautes qui peuvent créer leur propre portrait fluo grâce au logiciel The Warholiser, et célébré par toute la communauté artistique contemporaine pour avoir su élargir les frontières de l’art au-delà de l’imaginable. Ainsi la figure de Warhol se propage-t-elle désormais aussi bien dans les sculptures pop et acides de Jeff Koons, artiste auquel on fait d’ailleurs les mêmes reproches qu’à Warhol, qu’au générique des émissions de Thierry Ardisson ou derrière le masque du vrai-faux écrivain J. T. Leroy.
D’autres ne cessent de voir en lui le révélateur morbide de l’Amérique et d’une société du spectacle dont il a pu révéler le glamour et la vacuité, l’ombre et le brillant, à l’image de sa série de toiles Shadows où le noir se mêle à la poussière de diamant. Repris par tous, et en tous sens, offert à toutes les interprétations et les réappropriations, le sphinx du pop art est aujourd’hui une icône et un spectre, le miroir énigmatique, glacé et glaçant, de notre époque : “J’aimerais avoir une tombe sans rien dessus. Pas d’épitaphe. Pas de nom. J’aimerais en fait qu’on écrive dessus : produit.” De grande distribution.
Warhol TV, jusqu’au 3 mai à La Maison rouge, 10, boulevard de la Bastille, Paris XIIe, www.lamaisonrouge.org
Le Grand Monde d’Andy Warhol, du 18 mars au 13 juillet aux galeries nationales du Grand Palais, Paris VIIIe, www.legrandmondedandywarhol.com
les inrocks
mercredi 25 mars 2009
L'HOMME DE SA VIE CE SOIR, SUR CINE CINEMA EMOTIONS !
Après le très beau Se souvenir de belles choses, on attendait avec impatience le nouveau long-métrage de Zabou Breitman. Ce drame raconte la rencontre entre deux voisins: Bernard Campan, hétéro dans le doute, et Charles Berling qui affiche avec amusement son homosexualité. Passe alors entre les deux hommes des sentiments plus ou moins cachés. Refoulement, désir charnel, repères perdus… Le film fait la part belle à la psychologie, mais se perd dans un esthétisme presque trop poussé et des dialogues très léchés. Cet amour en devient du coup superficiel. «Qui trop embrasse, mal étreint», dit l'expression populaire. C'est exactement comme cela que l'on pourrait aborder ce film. Plein de bonnes intentions, mais un résultat final aussi curieux que bancal…
L’Homme de sa vie, Mercredi 25 mars, à 20h40, sur Ciné Cinéma Émotion. Avec Bernard Campan, Léa Drucker, Charles Berling… Durée: 1h54.
tetu.com
L’Homme de sa vie, Mercredi 25 mars, à 20h40, sur Ciné Cinéma Émotion. Avec Bernard Campan, Léa Drucker, Charles Berling… Durée: 1h54.
tetu.com
MAGNIFIQUE EXTRAIT DES TEMOINS, DE TECHINE !
Alors voilà, un très beau film de mon point de vue toute en finesse et avec de grands acteurs, je pense évidemment à Sami Bouajila et à Johan Libéreau qui crève littérallement l'écran l'un par son charisme et sa force de caractère, son jeu d'acteurs et son spectre et puis l'autre par sa spontanéité et sa joie de vivre, c'est impressionnant.
C'est un film sur un sujet des plus graves mais la lumière est là, avec Johan libéreau, c'est la gràce personnifiée qui avance vers nous.
Des personnages inquiets, complexes, Sarah alias Emmanuelle Béart n'arrive pas à être une mère, elle ne sait pas comment faire, ne s'est pas préparer à cet évènnement qui la met dans tous ces états; elle vit avec Mehdi (Sami Bouajila) flic aux moeurs et père en mode de confirmation... Adrien (Michel Blanc), un ami de Sarah débarque avec l'amour de sa vie, le jeune Manu (Johan Libéreau) dans les calanques de Marseille et là tous dansent et la vie est belle, le soleil et les vagues sont au rendez-vous puis tout bascule dans une passion dévorante à Paris entre Mehdi et Manu au détriment d'Adrien.
Des scènes tout à fait splendide, le frère et la soeur (Julie Depardieu) dans l'eau, reflet d'une vie qui s'étale, jeu des regards, plan fixe et sensibilité extrême, à Paris c'est la danse de Sandra une prostituée sur une chanson de Rita Mitsouko qui vous laisse pantois... une très jolie bande son que vous pourrez consultez tranquillement à l'occasion d'ailleurs sauf peut être un air à la Philip Glass dont on se lasse un peu à force... Et puis également ce regard sur les homosexuels et leur manière d'être, d'évoluer dans ce monde et cette difficulté de se trouver un peu aussi, de ce rapport physique et de ces lieux de rencontre qui semble être un peu la seule solution, cela a sûrement du un peu changer on est en 2007, les moeurs aussi évoluent...
On est en 1984, le spectre d'Orwell est loin mais un autre spectre s'appellant AIDS ou plus encore SIDA (syndrome de l'immunodéficience acquise) apparaît jetant l'opprobre sur les cas qui se multiplient de jour en jour et pour lesquels il n'y a aucune solution, la mort est là qui les attends rapidement.
C'est la guerre, c'est l'hiver et l'annonce du mal, le combat qui s'ensuit met tout s'en dessus dessous, Mehdi flippe carrément, sarah ne sait plus très bien où est-ce qu'elle en est et puis Julie, la soeur effacée qui se consacre entièrement à son métier ne comprend pas ce qui arrive où ne veut pas; la lente dégradation de Manu et sa mort permettra à chacun de revenir à soi.
Le retour de l'été, c'est la vie qui reprend le dessus, hymne à la vie et à la beauté des jours et des sentiments qui ne s'effacent pas, qui restent et pedurent par delà les personnes et le temps. C'est un très beau film tout en douceur que nous livre André Téchiné sur un sujet qui est loin d'être simple et qui malheureusement aujourd'hui frappe encore bon nombre... il faudra que je revois les nuits fauve et les roseaux sauvages...
blogculturel
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lundi 23 mars 2009
HARVEY MILK : LE LIVRE !
A l’heure où la Californie rejette violemment l’idée du mariage homosexuel, le nom d’Harvey Milk ressurgit avec autant de force. Sur grand écran, c’est sous les traits de Sean Penn que nous découvrons les dernières années de la vie d’un homme, reconnu pour son combat acharné contre la discrimination homosexuelle aux Etats-Unis. Et, dans nos librairies, c’est sous la plume de Randy Shilt que sort pour la première fois la traduction d’un best seller, Harvey Milk, sa vie, son époque, vaste entreprise biographique sur celui que l’on appelait autrefois le maire de Castro Street.
Randy Shilt, dont la résonance avec le parcours Milk est peut-être une des raisons pour laquelle l’on sent immédiatement toute l’admiration sous le style, s’attache à fouiller la vie privée et publique d’un homme hors du commun avec un souci de vérité certain. Exerçant pendant près de treize à San Francisco, Randy Shilt est un des premiers journalistes homosexuels a avoir décroché un poste prestigieux au San Francisco Chronicles. Dans ce livre, l’auteur se lance dans une investigation à la loupe, avec plus de 140 témoignages, dont le plus important reste celui de Scott Smith, l’amant qui a partagé les dernières années de la vie de Milk.
Si Gus Van Sant s’est concentré sur l’apothéose du parcours politique et le destin tragique de Milk, la biographie de Shilt permet de saisir l’homme dans l’ensemble de son parcours, des origines de sa lutte engagée à la figure légendaire posthume qu’il a incarné pendant les années 80. Subdivisé en quatre parties, et se refermant sur le testament de l’homme politique, l’ouvrage ratisse intelligemment la vie de Milk en explorant les souterrains de la culture gay dans l’effervescence politique de San Francisco. Du jeune homme persécuté de Long Island honteux de son homosexualité au hippie de Castro Street assumant sa différence, en passant par l’homme médiatisé et révolté, on découvre les multiples visages de Milk pour fusionner vers une seule et même figure : celle du martyr légendaire et emblématique de la tolérance qui a perdurée jusqu'à aujourd’hui.
" Harvey Milk : Sa vie, son époque " de Randy Shilts - 445 pages - Editeur : M6 editions - Disponible le 4 mars 2009 - 18 euros
BOWIE RACONTE WARHOL !
“J’ai été invité à la Factory. Nous sommes entrés dans l’ascenceur, avons monté les étages et quand les portes se sont ouvertes, nous nous sommes retrouvés face à un mur de briques. Nous avons cogné contre le mur, mais ils refusaient de croire que c’était bien nous. Nous sommes donc redescendus, puis remontés, jusqu’à ce qu’ils finissent par nous ouvrir le mur.A l’intérieur, tout le monde se regardait avec des yeux écarquillés. C’était juste après qu’on lui avait tiré dessus.
J’ai donc rencontré un homme qui était un mort vivant. Le teint jaune, avec une perruque qui n’allait pas, et des petites lunettes. J’ai tendu ma main, mais il a retiré la sienne et j’ai pensé : “A l’évidence, ce type n’aime pas la chair, c’est un reptile.” Il a sorti un appareil photo et a pris une photo de moi. J’ai essayé de parler de la pluie et du beau temps, mais ça ne fonctionnait pas du tout. C’est là qu’il a vu mes chaussures jaune et doré, et il m’a dit : “J’adore ces pompes, dis-moi où tu les as dénichées ?” Il s’est lancé dans un long monologue sur le design des chaussures, ça a complètement brisé la glace. Mes chaussures jaunes ont brisé la glace avec Warhol !
J’adorais son travail, il était déjà très important, c’est même devenu une obligation de l’aimer aujourd’hui. Mais Warhol, lui, voulait être un cliché, il voulait être vendu dans les supérettes et qu’on parle de lui avec une certaine désinvolture. J’ai entendu dire qu’il voulait faire de vrais films maintenant, ce qui est triste, car les films qu’il faisait représentaient ce qui devrait arriver. J’ai quitté la Factory en sachant aussi peu de choses sur lui qu’en arrivant.”
(Bowie a raconté cette rencontre dans le magazine Rolling Stone, en 1974. Des images existent sur YouTube. )
source : les Inrocks
SONIA RYKIEL EXPOSEE AUX ARTS DECORATIFS !
Du 20 novembre au 19 avril Musée des Arts Décoratifs Paris
Le musée des Arts Décoratifs propose une rétrospective très complète de l'oeuvre Sonia Rykiel. Le travail de cette créatrice d'exception sera mis à l'honneur, le temps d'une exposition itinérante
dimanche 22 mars 2009
NICOLAS ET LA PRINCESSE DE CLEVES !
A force de se moquer d'elle, Nicolas Sarkozy en a fait un signe de ralliement contre lui. La princesse de Clèves, première opposante de France?
C'est une liaison ancienne, entamée sur les bancs du lycée, et qu'il ne parvient pas à oublier. L'aurait-elle fait trop souffrir? La princesse de Clèves n'appartient plus seulement à Mme de La Fayette; elle forme désormais avec Nicolas Sarkozy un couple aussi inattendu qu'emblématique. Le président y est pour beaucoup, qui n'a que son nom à la bouche. Pendant la campagne, il la moquait presque autant que son adversaire socialiste. Comme ce 23 février 2006, à Lyon, devant des militants UMP: "L'autre jour, je m'amusais [...] à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle!"
Son obsession ne le quittera pas après son arrivée à l'Elysée. Le chef de l'Etat l'évoque à nouveau, le 4 avril 2008, lors d'un discours sur la modernisation des politiques publiques et la réforme de l'Etat, en défendant "la possibilité pour quelqu'un d'assumer sa promotion professionnelle sans [...] réciter par coeur La Princesse de Clèves". Lors d'une rencontre organisée par la Ligue de l'enseignement, en juillet 2008, il trouve encore le moyen d'y faire référence. Il lui arrive même d'en parler sans prononcer son nom, dans une allusion limpide, comme dans cette interview à 20 Minutes, en 2007: "Le contribuable n'a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si, au bout, il y a 1 000 étudiants pour deux postes [...]. Le plaisir de la connaissance est formidable, mais l'Etat doit se préoccuper d'abord de la réussite professionnelle des jeunes."
La princesse de Clèves est devenue le symbole de la résistance à la rentabilité.
A la longue, La Princesse revisitée par le président blesse le coeur des lettrés. Ils organisent la riposte, du réalisateur Christophe Honoré, qui affirme avoir tourné son dernier long-métrage, La Belle Personne, afin "d'apporter un démenti en forme de film", aux enseignants, prompts dorénavant à organiser des lectures publiques de l'oeuvre dans les rues de Paris, d'Avignon et de Montpellier. "Nous croyons que sans la complexité, la réflexion et la culture la démocratie est morte", explique Sophie Rabau, maître de conférences à Paris III, organisatrice de la représentation parisienne. "On veut nous obliger à ne nous intéresser qu'à des choses rentables, qui amélioreront la compétitivité française, s'agace Christine, chercheuse à l'Institut national d'études démographiques. Mais ce n'est pas comme cela qu'on fait évoluer une société! L'université, c'est aussi le lieu de la beauté et pas forcément de la performance, de la pensée et pas toujours de la rentabilité..."
La Princesse de Clèves n'est plus aujourd'hui le premier roman moderne de la littérature française. C'est devenu à la fois un symbole -l'inutile a-t-il encore le droit à l'existence?- et une attaque contre la personne même du président, caricaturé en être inculte. "Nicolas Sarkozy a seulement voulu souligner le fossé entre les programmes des concours et la réalité quotidienne des gens, explique l'un de ses conseillers. Ceux qui le critiquent manquent-ils à ce point d'humour pour prendre cette histoire au premier degré?" L'Elysée n'a toutefois pas pris l'affaire complètement à la légère. Quelques touches de culture, d'une visite d'exposition à une soirée à la Comédie-Française, sont venues distraire l'agenda présidentiel. Plus que jamais, la princesse de Clèves aura montré à quel point elle pouvait être précieuse...
lexpress.fr
samedi 21 mars 2009
PETE DOHERTY EN ETAT DE GRACE POUR LES INROCKS !
Quittant ses Babyshambles, Pete(r) Doherty délaisse enfin le brouillon et signe un album solo touchant.
Créé le 20 mars 2009- par Johanna Seban3 Commentaire(s) Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
Il faut bien dire la vérité : on avait beau continuer à être fasciné par le personnage, on avait fini par ignorer la voix de ceux qui promettaient, à chaque nouveau projet de Peter Doherty (car on dit désormais Peter), la belle surprise artistique, la renaissance musicale après la lose dans les prisons et les tabloïds. Car si les concerts annulés, les prestations ratées, les frasques et les scandales n’ont cessé d’alimenter la colère des détracteurs de l’Anglais, les mauvais albums de Babyshambles avaient aussi fini par décourager les nostalgiques des Libertines. Et il eût été trop facile de défendre le Londonien en déplorant son exposition médiatique : depuis sa séparation avec Carl Barat, lui qui voulait n’être aimé que pour sa musique composait hélas rarement de la musique aimable. Quelle ne fut pas notre appréhension, aussi, quand on nous présenta son premier album solo comme celui de la résurrection tant attendue, du retour aux sources salutaire. Et pourtant.
S’il on ne dégainera ici ni l’award du plus beau come-back ni le César d’honneur, il faut bien reconnaître à ce Grace/Wastelands de vraies qualités : c’est l’album le plus abouti, le plus touchant qu’ait dévoilé Doherty depuis le second des Libertines. Deux collaborations y sont certainement pour beaucoup : le producteur Stephen Street (The Smiths, Blur…) aux manettes d’abord, qui a réussi à transformer ce qui ressemble souvent à des ébauches de morceaux en de véritables folk-songs, puis son complice de longue date Graham Coxon (Blur), venu prêter son jeu de guitare.
Heureuse conséquence de ce copinage, les morceaux de Grace/Wastelands sont plutôt bien construits, savamment arrangés et évoquent parfois quelques vieilles pépites de l’âge d’or de la britpop (A Little Death Around The Eye aurait pu figurer sur Different Class de Pulp) ou les touchantes ballades des Libertines (le titre d’ouverture Arcadie). Autre bonne surprise, le single Last of The English Roses, dont le rythme chaloupé et le mélodica semblent tout droit échappés d’une face B de Damon Albarn ou de ses Gorillaz. Malgré quelques carences à déplorer (Salome ou le très mal chanté New Love Grows on Tree), l’ensemble dépasse les espérances et porte plutôt bien son nom (Grâce/Terrain vague) – pour une fois que le coquin préfère la première au second.
vendredi 20 mars 2009
WENDY DELORME : INSURRECTION....
La sex-performeuse et écrivaine Wendy Delorme vient de sortir son deuxième livre «Insurrections! en territoire sexuel» au Diable Vauvert.
Insurrections en territoire sexuel, tel est le mot d’ordre de Wendy Delorme, qui définit son nouveau livre comme un « texte d’intervention en sexopolitique et pornolittérature », abordant «des thèmes connexes comme l’amour, la famille, la révolution sexuelle, la liberté, la haine, l’amitié, avec en commun un “point de vue situé”, un regard particulier sur le monde, qui s’exprime dans un geste de révolte et de désir».
Pas encore trentenaire, cette militante queer a fait ses armes chez les Panthères roses, groupe transpédégouine. La doctorante en communication affirme ainsi son féminisme : «Ne jamais être désolée ou me sentir coupable d’être ce que je suis. Être pleine de contradictions et fière de ces contradictions, être blonde et jouer le jeu de la féminité mais pas pour faire plaisir aux messieurs.» De Colette à Virginie Despentes, cette dévoreuse de livres n’a eu de cesse de «chercher des mots de femmes qui disent la force et la joie de vivre, l’obscène, l’horreur, la beauté d’être dans ce monde en étant une monstresse, hypersexuée, fière, insoumise.» Admiratrice de Roland Barthes et de ses Fragments d’un discours amoureux, elle revendique la création d’«un bébé hybride, mélange de littérature, de sexe et de politique». Le tout dans un style parfois cru, car Wendy aime «appeler une chatte une chatte» et préfère l’explicite à l’érotique. Également «performeuse burlesque», elle participera à Queer X Show, road-movie de sa complice Émilie Jouvet. «Le concept, c’est Thelma et Louise, sauf qu’on est sept filles, on fait un spectacle, et ça se solde par des orgasmes !» (voir notre article sur le Queer X Show). Une tournée européenne est prévue cet été : à vos agendas !
Insurrections ! en territoire sexuel, de Wendy Delorme, Au Diable Vauvert, 14 euros.
Photo Émilie Jouvet
tetu.com
WARHOL AU GRAND PALAIS !
Le grand monde d’Andy Warhol
18 mars - 13 juil. 2009
Paris. Grand Palais
"Le grand monde d’Andy Warhol" rassemble des portraits de stars du cinéma et de la musique, d'artistes, de collectionneurs et de marchands d’art, d’hommes politiques, de couturiers, de personnalités de la jet-set. Connus ou moins connus, tous y gagnent un peu de cette aura que procure le génie de Warhol.
En 1962, Andy Warhol peint les portraits de Marilyn Monroe, Liz Taylor, réinterprète La Joconde et Elvis Presley. De 1967 à 1987, il réalise, sur commande et selon un procédé qui se systématise, les portraits de dizaines de personnalités diverses, célèbres ou inconnues, remettant ainsi à l’honneur le genre du Portrait, en y appliquant de nouveaux codes. Dans ce miroir, tout ce grand et petit monde se regarde, fasciné.
Aux côtés de stars du cinéma et de la musique, on trouve des portraits d’artistes, de collectionneurs et de marchands d’art, d’hommes politiques, de couturiers, de personnalités de la Jet-set. Connus ou moins connus, tous y gagnent un peu de cette aura que procure le génie de Warhol. Avec cette série, Warhol dresse le tableau d’une société tout entière, et met en place une nouvelle forme de production artistique, sérielle, presque industrielle.
Warhol réalise ses portraits à la « Factory », son atelier à New York. Au début des années soixante-dix, il met au point un processus systématique : maquillage et prise de vue de ses modèles au Polaroïd Big Shot, sélection des clichés, peinture et transposition sérigraphique.
Deux cent cinquante œuvres - parmi le millier de portraits peints depuis le début des années soixante - sont présentées aux côtés de grands thèmes qui permettent d’ouvrir l’exposition sur une vision rétrospective. Avec l’ambition de restituer l’effet du principe de répétition que Warhol avait à l’esprit en réalisant son œuvre, la Rmn présente pour la première fois cet ensemble considérable de tableaux qui constitue une archive sans précédent dans l’histoire de la peinture et de la photographie.
« All my portraits have to be the same size, so they’ll all fit together and make one big painting called Portraits of society. That’s a good idea, isn’t it ? Maybe the Metropolitan Museum would want it someday. »
« Tous mes portraits doivent avoir le même format pour qu’ils tiennent tous ensemble et finissent par former un seul grand tableau intitulé Portrait de la société. Bonne idée, non ? Peut-être que le Metropolitan Museum voudra l’acquérir un jour ».
LE FILM WELCOME S'INVITE A L'ASSEMBLEE NATIONALE !
Pour appuyer une proposition de loi, les députés PS ont organisé à l’Assemblée nationale une projection de Welcome, le film-polémique de Philippe Lioret .
La polémique suscitée par Welcome fait son lit dans l'actualité. Hier, les députés PS ont projeté le film à l’Assemblée nationale… Un prélude à une proposition de loi qu’ils défendront le 30 avril, visant à supprimer le "délit de solidarité" avec les immigrés clandestins.
La projection a eu lieu en présence du réalisateur Philippe Lioret et de la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Celle-ci a déclaré "croire beaucoup à la force des images pour accélérer la prise de conscience". Les élus UMP étaient donc conviés, mais seul Etienne Pinte a répondu à l'appel - en janvier, il avait déjà adressé une lettre ouverte à Brice Hortefeux (à l’époque ministre de l’Immigration), pour lui demander d’intervenir sur la condition des sans-papiers à Calais.
Sorti la semaine dernière dans les salles, Welcome y remporte un très vif succès. Avec quelque 275 000 billets vendus en huit jours sur un peu plus de 200 copies, il se classe juste derrière l'indéstructible premier qu'est Gran Torino de Clint Eastwood, et s'adjuge la meilleure moyenne spectateurs/copies de la semaine. Le film raconte l’histoire de Bilal, un jeune réfugié kurde qui tente de passer le Channel, et d’un maître nageur qui cherche à l’aider (interprété par Vincent Lindon). Depuis quelques semaines, le film est prétexte à des joutes médiatiques, avec Philippe Lioret et Vincent Lindon d’un côté, le ministre de l’Immigration Eric Besson de l’autre.
les inrockuptibles
jeudi 19 mars 2009
EVENEMENR CE SOIR SUR TPS STAR !
Événement: TPS diffuse, jeudi 19 mars, l'adaptation cinématographique de «Courir avec des ciseaux», le fameux roman autobiographique d'Augusten Burroughs.
La rareté de la semaine. Tiré du célèbre roman autobiographique d'Augusten Burroughs, ce film n'est jamais sorti en France faute de distributeur croyant à son potentiel. Et ce, malgré la notoriété du livre et un casting de haut vol: Gwyneth Paltrow, Annette Benning (épatante en mère barrée), Joseph Fiennes et Jill Clayburgh.
Le pitch: dans l’Amérique des années 70, le jeune Augusten est loin d’être équilibré. Entre sa mère, poétesse psychotique, et son père prof alcoolique, il va bientôt être confié au Docteur Finch, un psychiatre excentrique aux méthodes peu orthodoxes. Si dans ce film produit par Brad Pitt et Jennifer Aniston, le scénario (signé Ryan Murphy, le créateur de Nip-Tuck) élude un peu l'homosexualité du héros; cette adaptation de Courir avec des ciseaux n’en demeure pas moins détonante et poignante. On y découvre surtout l'excellent Joseph Cross (photo), parfait en jeune Augusten Burroughs perturbé.
Courir avec des ciseaux, le jeudi 19 mars, à 20 h 40, sur TPS Star.
LA BANDE ANNONCE DU NOUVEAU PEDRO ALMODOVAR !
Trois ans après Volver, Pedro Almodóvar retrouve son actrice fétiche : Penélope Cruz tient le haut de l'affiche de son prochain film, Les Etreintes Brisées. A découvrir dans une captivante bande-annonce.
Créé le 18 mars 2009- par Clémentine DelignièresAjouter un commentaire Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
L’attrayant teaser révélé il y a un mois n’était qu’un extrait de la bande-annonce des Etreintes brisées d’Almodóvar, enfin visible sur Internet (et ci-dessous). De magnifiques images dominée par une inquiétante atmosphère dramatique et par l’omniprésence d’une certaine Penélope Cruz.
Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, le synopsis officiel - plutôt alambiqué - annonce : "Dans l'obscurité, un homme (Lluís Homar) écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture, dans lequel il n'a pas seulement perdu la vue mais où est morte Lena (Penélope Cruz), la femme de sa vie. Cet homme a deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu'il dirige. Après l'accident, Mateo Blanco devient son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus diriger de films, il préfère survivre avec l'idée que Mateo Blanco est mort avec Lena, la femme qu'il aimait, dans l'accident."
Y’aurait-il une part d’autobiographie, dans cette histoire de réalisateur hanté par Penélope Cruz ? Jeudi dernier, Almodóvar a déclaré : "C’est un film romantique, avec des histoires d’amour entremêlées. Mais, sous-jacent, il y a aussi mon amour du cinéma"... Le tout sera à découvrir lors de la sortie en mai des Etreintes brisées, ou lors de son probable passage à Cannes.
les inrocks
mercredi 18 mars 2009
ENTRETIEN AVEC PETE DOHERTY !
Tout en menant son rôle d'entertainer public, c'est seul que Pete Doherty continue sa carrière musicale. Celui que l'on a qualifié d'artiste majeur pour son travail au sein de ses diverses formations se confronte sur Grace/Wastelands à son écriture, parfois anodine et peu convaincante.
A force de lire ses stupéfiantes aventures dans la presse, on en était arrivé à se demander si Pete Doherty saurait un jour retrouver la concentration et la rigueur nécessaires à l’écriture de vraies chansons. Ses Babyshambles et lui ont eu leurs bons moments ("Fuck Forever", "Albion"…) mais auront surtout permis de mettre en évidence la différence qu’il peut y avoir entre une bonne idée de chanson (quelques accords gratouillés au coin du feu ou de la pipe à krach, un refrain qui déchire) et une bonne chanson tout court. La pop est un art qui repose autant sur la créativité que sur le respect de codes que Doherty ne prenait plus la peine de respecter depuis un bail.
Sister I’m A Poet
A cette question du "peut-il encore ?", Grace/Wastelands répond clairement : oui. Avec Graham Coxon, l’ex et re-Blur, à la guitare, une partie de ses Babyshambles en backing band et Stephen Street, le discret et mythique producteur au serrage de vis pop, Doherty réussit à tenir sa musique en mains. Les 12 titres de son premier album solo "sérieux" (la preuve il a rendu son "r" à son prénom) sont ce qu’il a fait de plus abouti en matière d’écriture depuis le second album des Libertines : des titres relativement brefs, structurés et qui ne s’évanouissent pas à chaque fois dans des improvisations terminales fumeuses, des textes homogènes et qui ne finissent pas dans le brouillard. Si cette discipline (presque) retrouvée est en soi une bonne nouvelle pour Doherty, le résultat n’est néanmoins pas très convaincant.
Composé pour moitié de titres acoustiques et pour moitié de titres orchestrés, Grace/ Wastelands est un album un rien neurasthénique, qui manque de couleur et de variété. Le registre de chant de Doherty est certes charmant mais trop limité pour ne pas ressembler sur 12 titres à une morne plaine. On peut craquer sur son phrasé de poète urbain et romantique, pour ses textes et ses références littéraires trop appuyées (Baudelaire, Lewis Carroll, Oscar Wilde), et trouver plaisir à sa fragilité apparente, mais Doherty module peu et assez mal, ce qui peut entraîner assez vite un rejet épidermique de tout ce qu’il tente ici. "New Love Grows On Tree" qui est l’une des chansons les plus solides de l’album est neutralisée par un chant à plat et à la limite du je-m’en-foutisme, malgré les efforts considérables de Street pour le mettre au premier plan.
This Charming Man
Doherty évolue ici en permanence dans le rôle de chanteur (junk)boy-scout qu’il affectionne et dans lequel il excelle. A poil sur le joli "Arcadie", qui évoque le folk désolé de Jackson C. Franck sur fond de décadence de l’Angleterre, en rythme sur le single "Last of English Roses" (au propos emprunté à Morrissey) ou sans Amy Winehouse (portée pâle) sur l’ambitieux duo Blitz chanté seul "1939 Returning", Doherty soigne la fibre national-nostalgique, fait le folkeux et se donne des airs Vieille Angleterre. Il y a un charme indéniable dans ces compositions pour qui a biberonné de la pop anglaise ces vingt dernières années. Le propos de l’ancien Libs tire les bonnes ficelles : Old England, guitare, cœur brisé et temps qui passe, le cocktail est savoureux, craquant si l’on considère le personnage mais tout de même un brin désuet. "A Little Death Around The Eyes" fait penser aux Auteurs qui, dans ce genre précis, ont fait beaucoup mieux, il y a bien longtemps. "Salome" est une variation fainéante mais assez amusante sur le thème de, tandis que "Through the Looking Glass" affiche d’évidentes limites dans sa dernière minute psychépop. "Sweet By and By" est une chanson cabaret qui témoigne d’une belle liberté d’inspiration et sûrement de l’audace du presque trentenaire, mais ne contribue pas à donner de la consistance à un ensemble finalement assez anodin. "Palace of Bone" manque d’une colonne vertébrale et ressemble à du Dylan sans boussole. "Sheepskin Tearway" en duo avec Dot Allison est une vraie réussite et lance un final plutôt meilleur que le reste avec notamment le joli "Broken Love Song" et le gracieux "Lady, Dont Fall Backwards", adressé, semble-t-il, à qui on sait.
Grace/Wastelands est un album sympathique, délicieux, touchant et aussi léger qu’une bulle d’air mais est trop anecdotique pour faire de Doherty l’artiste décisif et incontournable que d’aucuns ont vu en lui. Il faudra vraisemblablement attendre le 3ème album des Libertines (Doherty et Barat parlent de plus en plus d’une reformation) pour crier au génie ou…faire son mea culpa.
fluctuat.net
mardi 17 mars 2009
LE CINEMA QUEER DES ANNEES 90 !
Années 90 : le cinéma de la marge trouve son inspiration du côté des minorités sexuelles. Les films gays et lesbiens explosent, inventifs et revendicatifs. Histoire d’un genre, à l’occasion de la sortie en DVD des premiers films de Gregg Araki.
Créé le 14 mars 2009- par Service CinémaAjouter un commentaire Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
Les années 80 furent celles de la structuration d’un cinéma américain alternatif à celui des majors : réseaux de salles spécialisées, naissance d’un festival de films indies (Sundance) et bien sûr apparition d’une génération de cinéastes et d’un ensemble de films représentant cet idéal d’un cinéma produit dans les marges (de l’industrie) et parlant des marges (de la société).
Jarmusch à ses débuts a pu incarner ce premier âge d’or d’un cinéma américain indépendant. Mais au tournant des années 90, une autre conception de la marge est identifiée et trouve son porte-voix : celle des minorités sexuelles. Sont alors réalisés Poison de Todd Haynes (1991), My Own Private Idaho de Gus Van Sant (1991), Edward II de Derek Jarman (1991), Young Soul Rebels d’Isaac Julien (1991), No Skin off My Ass de Bruce LaBruce (1991), The Living End (1992), Totally F***ed up (1993) de Gregg Araki, Swoon de Tom Kalin (1992)... A quoi il allait falloir ajouter plus tard les films lesbiens de Rose Troche ou ceux de John Greyson comme Zero Patience (1993) ou le magnifique Lilies (1996).
Cette très impressionnante efflorescence de films faits par des réalisateurs ouvertement gays, et dont les oeuvres parlaient à voix haute et fière, ne pouvait qu’attirer l’attention de la critique éclairée. En 1992, B. Ruby Rich, critique de cinéma et par ailleurs militante féministe et lesbienne, proposait dans Sight & Sound (les Cahiers du cinéma anglais) de regrouper tout ce beau monde sous le doux nom de “New Queer Cinema”. C’est précisément cette étiquette qu’exhume BQHL, l’éditeur DVD qui sort ce mois-ci les deux premiers films de Gregg Araki (The Living End et Totally F***ed up) et Swoon de Tom Kalin.
Il n’est pas exactement aisé de dire de quoi le New Queer Cinema est la version rénovée. Soit d’un cinéma plus classiquement commercial, narratif et homo réalisé dans les années 80, disons My Beautiful Laundrette (Stephen Frears, 1985), Parting Glances (Bill Sherwood, 1986), ou Maurice (James Ivory, 1987) – films qui marquaient à leur façon un net progrès dans la visibilité gay. Soit d’un cinéma plus ancien, mais déjà totalement queer, c’est-à-dire totalement acquis, même sans le savoir, à l’idée que les identités sexuelles sont des constructions sociales autant que fantasmatiques et qu’il fallait que les formes narratives soient à la hauteur expérimentale de ces jeux de rôles (“performances” en anglais) sexuels.
Dans le monde anglo-saxon, en effet, la pénétration des homosexuels dans la fiction cinématographique s’est faite selon un double mouvement. Par le centre, d’une part, et la lente introduction de personnages de plus en plus clairement homosexuels dans les scénarios classiques : d’abord anormaux, et donc voués au malheur et à la mort, quand ils n’étaient pas porteurs d’effroyables menaces (la gouvernante butch du Rebecca d’Hitchcock, en 1940 ; le tueur effeminé du Laura de Preminger, en 1944…), ces personnages gays ou lesbiens ont peu à peu acquis le droit à la pitié puis au bonheur ou au moins à la reconnaissance de leurs affects. Par la marge de l’industrie, d’autre part, quand, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des cinéastes underground ont décidé que le code Hays (code de moralisation du cinéma hollywoodien qui interdisait alors la représentation et même l’évocation de l’homosexualité) ne s’appliquait pas à eux. Fireworks de Kenneth Anger, en 1947 – une histoire de marins, de pissotières et d’éjaculations –, peut passer pour la naissance du Queer (et en l’occurrence du cuir) Cinema. Gregory Markopoulos ou Andy Warhol, entre autres, marchèrent ensuite sur les traces d’Anger.
De ce point de vue, le New Queer Cinema est à l’intersection de la marge et du centre. La plupart des cinéastes New Queer ne rejettent pas l’idée que le cinéma est aussi une réalité économique et qu’il faut s’intégrer a minima dans le système. Ils trouvent refuge, assez logiquement, dans les structures alors florissantes du cinéma indépendant US. Ont été réellement déterminants dans le développement du New Queer des festivals comme le tout jeune Sundance, qui attribue son grand Prix du jury en 1991 à Poison, l’adaptation de Jean Genet par Todd Haynes, en même temps que le développement d’un circuit de festivals gays et lesbiens, ou des productrices acharnées comme Christine Vachon. A elle seule, mais parfois aidée de Tom Kalin, Vachon a produit tout Todd Haynes ; mais aussi Hedwig and the Angry Inch (2001) du réalisateur John Cameron Mitchell (Shortbus, 2006), Boys Don’t Cry (1999), des films de Rose Troche, I Shot Andy Warhol (1996) et on en passe.
Mais d’autre part, les cinéastes du New Queer sont aussi des sortes de marginaux qui veulent hurler contre la société hétéronormative. Dans The Living End (1992), comme dans Totally F***ed up (1993), les personnages de Gregg Araki sont d’accord pour écrire sur les murs ou les T-shirts “I blame society”. De quoi blâment-ils la société ? De beaucoup de choses et, entre autres, de l’épidémie de sida. Car le sida eut sa part, et non négligeable, dans la cristallisation du New Queer Cinema.
Poison (1991) et Safe (1995, avec Julianne Moore) de Todd Haynes forment comme un diptyque antagoniste : la contamination généralisée dans un cas, la stérilisation du monde dans l’autre. Zero Patience de John Greyson (1993) est une comédie musicale sur la vie du pauvre steward québécois qui fut vaguement accusé d’avoir disséminé le virus de par le monde. Les adolescents furieux de Totally F***ed up n’y vont d’ailleurs pas par quatre chemins : ils dénoncent le sida comme “un génocide sponsorisé par le gouvernement” qui traîne à prendre des mesures car l’épidémie concerne surtout drogués et pédés. De même qu’ils outent allégrement (et peut-être un peu vite) Tom Cruise, traité de Rock Hudson des 90’s.
Narrativement, les films d’Araki sont aussi marqués par le sida. Pas seulement parce que les deux héros de The Living End sont séropositifs et donc en sursis et qu’ils s’autorisent à peu près tout et carrément n’importe quoi, l’amour fou par exemple ; ou que les adolescents de Totally F***ed up flippent à la moindre grippe ; mais parce que ce sont des films qui se refusent à penser au futur. Les cartons noirs qui cassent sans cesse le récit ou les intertitres désespérés (“Le monde estil vraiment aussi triste qu’il en a l’air ?”) qui le scandent sont un signe formel du nihilisme qui fait alors le quotidien d’Araki.
Dans le genre désespéré, The Living End (un renversement ironique de dead end, “impasse” en français) a bizarrement beaucoup moins bien vieilli que Totally F***ed up. Surdécadré, sur-colorié, sur-excentrique, surtout, The Living End s’abandonne un peu trop souvent à la prouesse gratuite, là où Totally F***ed up, dans sa modestie revendiquée de home movie/homo movie, réussit à serrer de bien plus près, avec sa caméra qui traîne souvent près du sol, le désespoir avachi et terriblement émouvant de ses personnages, qui n’ont pas grand-chose à faire que d’attendre le prince charmant et de regarder la bouffe pourrir. Assez logiquement, c’est seulement vers le milieu de Totally F***ed up qu’un carton annonce : “Narrative starts here” (“L’histoire commence ici” – avant, ils glandaient vraiment trop). Et on sait déjà que ça ne va pas bien finir puisque le film s’ouvre par un article sur le suicide des jeunes homos.
En même temps qu’ils hurlent contre la domination hétéro, les cinéastes New Queer pensent aussi à la renverser. C’est le point central de la définition militante de B. Ruby Rich. Ni la position de la caméra, ni les formes du récit, ni le corps des acteurs/actrices ne sont sexuellement et idéologiquement neutres. Il ne faut pas les reprendre tels quels du cinéma hétéronormatif pour raconter des histoires homos avec. Ce serait de l’imitation vaine, pas de la libération. Il faut inventer un discours filmique autonome, intrinsèquement gay, d’où le fait que beaucoup des films New Queer refusent la transparence narrative et lorgnent vers les expérimentations formelles, les transgressions des normes esthétiques.
Cette remise en cause de la norme, cette déstabilisation des catégories, la philosophe Judith Butler (une des têtes pensantes du mouvement queer) la voit par exemple à l’oeuvre dans le corps de la transgenre de Boys Don’t Cry (Kimberly Peirce, 1999) : “Dirons-nous que Teena Brandon/Brandon Teena avait des relations sexuelles straight avec sa petite amie ? Ou s’agissait-il de rapports lesbiens ? Mon sentiment est que leur sexualité met cette distinction en crise (…). D’une certaine façon, l’anatomie de Brandon est mise hors jeu (du moins certaines de ses parties), mais pourtant un corps est mis en jeu. Nous avons la poitrine bandée, le vagin qui n’est pas accessible, le godemiché qui entre et qui est, pourrionsnous dire, une sorte d’extension fantasmatique du corps – tout cela semble former une sexualité très masculine, très straight ; mais sont aussi en jeu les lèvres, les bras, les cuisses et de nombreuses autres parties du corps. Il serait bien difficile pour nous de répondre à la question de savoir s’il s’agit de sexe gay ou straight.” (extrait de Humain, inhumain – Le Travail critique des normes de Judith Butler, Amsterdam, 2005)
C’est cette même déstabilisation qu’opère savamment Swoon de Tom Kalin. L’histoire s’inspire de l’affaire Loeb-Leopold : dans les années 20, deux jeunes amants gays assassinèrent, pour le plaisir, un autre garçon. Le même meurtre gratuit avait déjà inspiré La Corde d’Hitchcock (1948). La thèse de Kalin est que l’assassinat ne fut justement pas gratuit, mais qu’il était lié à la difficile négociation des rapports de pouvoir au sein du couple. Puisque deux hommes ne disposent pas de la traditionnelle division sexuelle des rôles pour répartir institutionnellement le pouvoir en leur sein, ils doivent se débrouiller par leurs propres moyens.
La chose intéressante, dans Swoon, est que Nathan Leopold Jr., de loin le plus maniéré des deux, est aussi “the agressor” au sein du couple, pour reprendre les termes des policiers qui les interrogent, c’est-à-dire l’actif. Richard Loeb, bon gars, hétéro d’apparence, supporte de n’être “l’agressé” que s’il prouve en même temps par ses actes (vol, incendie et donc meurtre) qu’il est quand même un vrai dur. Swoon est au fond à l’exacte image de Nathan Leopold Jr. : le film cache sous un raffinement d’esthète trompeur et un brin folle – noir et blanc, choeurs de travelos élégantissimes, désordre temporel, oiseaux qui s’envolent poétiquement – une conscience aiguë et ravageuse de la violence qu’il faut parfois faire aux autres pour se libérer soi.
Stéphane Bouquet des Inrocks
DVD Collection New Queer Cinéma : The Living End et Totally F***ed up de Gregg Araki, et Swoon de Tom Kalin (BQHL Editions)
Source : Les inrockuptibles
LES ETREINTES BRISEES, LE PROCHAIN ALMODOVAR !
Le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar a présenté, vendredi 13 mars à Madrid, son 17e film, Los abrazos rotos (Les Étreintes brisées) qui met en scène une Penélope Cruz en femme fatale malmenée par la vie. «C'est une déclaration personnelle, ma déclaration d'amour au cinéma», a expliqué à Madrid le plus connu des cinéastes espagnols, lors de la présentation du film qui sortira le 18 mars en Espagne et en mai dans le reste de l'Europe.
Ce film, le plus coûteux jamais réalisé par Pedro Almodóvar (douze millions d'euros), raconte une histoire d'amour «brisée» entre un réalisateur (interprété par l'Espagnol Lluis Homar) et une actrice débutante Lena (Penélope Cruz), amante d'un homme mûr richissime (José Luis Gomez) devenu ultra-possessif.
Il y a dans ce film «plusieurs histoires d'amour croisées, mais aussi une histoire d'amour sous-jacente, mon histoire d'amour avec le cinéma», a expliqué Almodóvar devant une salle remplie de plusieurs centaines de journalistes espagnols et étrangers venues pour la présentation.
Le cinéaste, 57 ans, fait référence dans Les Étreintes brisées aux films d'autres réalisateurs comme Voyage en Italie, un film de Roberto Rossellini de 1954 qui surgit comme le miroir inversé de l'histoire mis en scène par Almodóvar. Mais il fait aussi allusion à ses propres films, en particulier à Femmes au bord de la crise de nerf (1988) dont on peut voir une sorte de double déformé dans le film que le réalisateur joué par Lluis Homar tourne avec Lena et que finance son vieil amant jaloux. «Mes films représentent mon patrimoine économique, émotionnel et artistique (...), je peux me permettre de m'en servir sans demander la permission», a-t-il expliqué.
Fraîchement couronnée d'un oscar à Hollywood pour le meilleur second rôle féminin pour Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen, Penélope Cruz a souligné que ce rôle de pure composition «n'avait pas été facile» à interpréter. «C'est un personnage très différent de ce que je suis comme femme et de tous les rôles que j'ai joués avant (...), un personnage de survivant que j'imagine toujours avec un nuage noir au-dessus de la tête», a expliqué l'actrice espagnole.
Têtu.com avec AFP.
En 1962, Andy Warhol peint les portraits de Marilyn Monroe, de sa rivale Liz Taylor, réinterprète La Joconde et Elvis Presley. À partir de 1967 et jusqu’à sa mort en 1987, il réalise, sur commande et selon un procédé qui se systématise, les portraits de dizaines de personnalités diverses, célèbres ou inconnues, remettant ainsi à l’honneur un genre négligé le Portrait, en y appliquant de nouveaux codes. Dans ce miroir, tout ce grand et petit monde se regarde, fasciné.
Aux côtés de stars du cinéma et de la musique, on trouve des portraits d’artistes, de collectionneurs et de marchands, d’hommes politiques, de couturiers, de personnalités de la Jet-set. Connus ou moins connus, tous y gagnent un peu de cette aura que procure le génie de Warhol. Avec cette série, Warhol dresse le tableau d’une société tout entière, et met en place une nouvelle forme de production artistique, sérielle, presque industrielle.
Warhol réalise ses portraits à la « Factory », son atelier à New York. Au début des années soixante-dix, il met au point un processus systématique : maquillage et prise de vue de ses modèles au Polaroïd Big Shot, sélection des clichés, peinture et transposition sérigraphique.
Deux cent cinquante œuvres - parmi le millier de portraits peints depuis le début des années soixante - sont présentées aux côtés de grands thèmes qui permettent d’ouvrir l’exposition sur une vision rétrospective. Avec l’ambition de restituer l’effet du principe de répétition que Warhol avait à l’esprit en réalisant son œuvre, la Rmn présente pour la première fois cet ensemble considérable de tableaux qui constitue une archive sans précédent dans l’histoire de la peinture et de la photographie.
« All my portraits have to be the same size, so they’ll all fit together and make one big painting called Portraits of society. That’s a good idea, isn’t it ? Maybe the Metropolitan Museum would want it someday. »
« Tous mes portraits doivent avoir le même format pour qu’ils tiennent tous ensemble et finissent par former un seul grand tableau intitulé Portrait de la société. Bonne idée, non ? Peut-être que le Metropolitan Museum voudra l’acquérir un jour ».
lundi 16 mars 2009
GILLES JACOB : CITIZEN CANNES !
Les Mémoires inattendues de l'homme le plus secret de la planète cinéma :
Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes.
Son image est indissociable de la « montée des marches » qui fait tant rêver, chaque année sur la Croisette, dans la deuxième quinzaine de mai : depuis 1977, Gilles Jacob est l'âme du festival de Cannes. Il en a fait le premier festival du monde, devenant l'un des hommes les plus courtisés de la planète cinéma, et aussi sa cheville ouvrière. Mais il en est aussi l'un des plus secrets : la publication de ses Mémoires est donc un événement. Né en cinéphilie à l'âge de dix-huit ans pour ne plus jamais en sortir, ce grand amoureux du Septième art dit joliment qu'il a eu « deux vies : la biologique et la cinématographique, qui se sont toujours nourries l'une de l'autre telles deux sœurs jumelles ». Des souvenirs d'une enfance très marquée par la Deuxième Guerre mondiale (d'origine juive, il l'a vécue en partie caché dans un séminaire) au portrait sur le vif des plus grandes stars, de ses rencontres avec les monstres sacrés dans les coulisses de l'extraordinaire « foire aux vanités » qu'est le Festival de Cannes, son autobiographie est à l'image de cette « double vie » revendiquée : d'une rare élégance de style et de pensée, riche de scènes d'anthologie (la rencontre avec Pialat, les obsèques de Fellini, le tremblement de terre avec Clint Eastwood...) et servie par un générique éblouissant (Sharon Stone, Roman Polanski, Stanley Kubrick, Roberto Rossellini, Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Orson Welles, Alfred Hitchcock, Jack Nicholson, Woody Allen...).
Biographie
Après une khâgne au lycée Louis-le-Grand, Gilles Jacob fonde la revue de cinéma, Raccords, puis reprend à Courbevoie l'entreprise familiale d'instruments de pesage qu'il dirigera jusqu'en 1975. Parallèlement, il est critique de cinéma pour Cinéma 64, Les Nouvelles littéraires, L'Express, et coproducteur et animateur du Masque et la Plume (cinéma) avec François-Régis Bastide. En 1976, il est appelé par le Festival de Cannes : d'abord délégué général adjoint, il est nommé délégué général en 1978, développe Cannes sur la scène internationale en fondant la Caméra d'or, Un certain regard, la Cinéfondation et les Leçons de cinéma, puis est élu président du Festival, fonction qu'il occupe depuis juillet 2000. Auteur d'un essai, Le cinéma moderne et d'un roman, Un jour, une mouette (Grasset, 1964), il a publié Les Visiteurs de Cannes (1992) et édité (avec Claude de Givray) la correspondance de François Truffaut (1988). En tant que réalisateur, il s'est spécialisé dans le documentaire de fiction et a produit Chacun son cinéma, film du 60ème anniversaire du festival réalisé par trente-cinq réalisateurs internationaux.
http://www.festival-cannes.com/fr.html
THE LIVING END, DE GREG ARAKI, BIENTOT EN DVD !
Sorti en salles en 1992, The living end fait partie de ces films du réalisateur Gregg Araki (connu pour "The doom generation","Nowhere," "Mysterious Skin" et plus récemment "Smiley Face") qui demeurent introuvables. Bonne nouvelle pour les fans du cinéaste : un DVD de "The living end" devrait être édité très prochainement et à cette occasion le film était projeté au dernier festival de films gays et lesbiens de Paris. L’occasion de se replonger en plein dans les années SIDA entre road movie et cinéma underground.
L’histoire est celle de Jon, un critique de cinéma qui voit sa vie s’effondrer en apprenant qu’il a le VIH. Seul, célibataire, il n’a qu’une bonne copine sur qui compter mais cela ne semble pas lui remonter le moral. Et voilà qu’il prend en stop Luke. Un mec paumé, prostitué, et lui aussi séropositif. Les garçons sont deux opposés. Jon est quelqu’un de sérieux, droit, qui aime garder le contrôle. Luke est un mec destroy, imprévisible, qui passe son temps à picoler et à se fourrer dans des situations impossibles. Ainsi, quand Jon le rencontre, il est en pleine cavale pour avoir tiré et tué des mecs qui l’avaient agressé. Si Jon a toutes les raisons du monde de fuir et de ne plus jamais revoir ce garçon à problèmes, il va pourtant peu à peu se laisser prendre dans ses filets et en tomber amoureux…
Une histoire d’amour gay et rock’n roll, souvent farfelue mais aussi très touchante : voilà comment l’on pourrait résumer "The living end" de Gregg Araki. On y retrouve l’univers 90’s et un peu fauché du cinéaste comme ce fut le cas dans "Doom Generation" et "Nowhere" mais sauf que cette fois le côté «cool underground s’efface au profit de l’intensité d’une histoire d’amour singulière. Pour information, "The living end" a précédé les autres films cités et fut le premier film reconnu du réalisateur à sortir en France. Un film qui reste dans les esprits déjà car il évoque avec subtilité le thème du SIDA en plein début des années 90 mais aussi parce que nous sommes là devant une histoire d’amour, une passion borderline qui semble pouvoir éclater à tout moment. Quand l’on n’attend plus rien de la vie, que peut-on attendre de l’amour ? Le personnage de Luke préfère prendre le problème «à la cool» en se considérant comme totalement libre. Condamné à mourir, il se dit qu’il n’a plus rien à perdre et que tout est permis. Jon, lui, n’a pas la même vision des choses et même s’il se laisse entrainer dans de multiples péripéties avec son nouveau compagnon, il ne peut s’empêcher de réfléchir et garder les pieds sur terre. Au final, il ressort de "The living end "une étrange liberté, celle d’aimer et vivre sans condition, sans règles. D’affronter le danger sans dramatiser. Une course à la mort et à l’amour, à la fois tendre et sauvage.
par Jonathan de "Voisin Blogueur"
Sortie DVD de The Living End et de Totally F***ed Up de Gregg Araki
dimanche 15 mars 2009
ANDY ET LA TV !
INTERVIEW - Judith Benhamou-Huet, commissaire de l'exposition «Warhol TV», à la Maison rouge, à Paris, commente les prestations télé de celui que l'on connaît davantage pour ses peintures...
Andy Warhol, «ce n'est pas un peintre ou un cinéaste, c'est un filmeur», disait Marcel Duchamp. C’est par cette phrase que s’ouvre l’exposition «Warhol TV», à la Maison rouge, à Paris. Une expo où il ne s’agit pas de voir - ou revoir - les boîtes de soupe Campbell’s ou une toile d’Elizabeth Taylor, mais de visionner des émissions de télé conçues par l’artiste pop dans les années 80. Des émissions que n’ont vu qu’une poignée de téléspectateurs, car elles ne passaient que sur le câble new yorkais. Warhol avait monté une émission, «Fifteen Minutes», diffusée chaque semaine sur MTV, et même créé une boîte de productions appelée Andy Warhol T.V., avec un studio et cinq personnes qui y travaillaient. Interview de Judith Benhamou-Huet, commissaire de l’exposition.
Quelles obsessions d’Andy Warhol transparaissent dans ses émissions télé?
Il est amoureux du beau. Sa manière de filmer Debbie Harry (la chanteuse de Blondie, ndlr) le montre. Il fait un gros plan sur sa bouche ultra sensuelle, sur ses yeux, sur sa peau laiteuse. Et lorsqu’il filme un défilé de mode, il montre des mannequins masculins au paroxysme de la beauté. Warhol est aussi fasciné par la télé, qu’il voit comme un vecteur de célébrité, une autre de ses obsessions. En 1985, il apparaît d’ailleurs dans une pub pour Coca-Cola au milieu de personnalités de la télé. Imaginez un peu: c’est comme si Picasso posait dans une pub, entouré de petites vedettes! Autre fascination de Warhol: son goût pour le travestissement et tous ces gens qui savent modifier leurs apparences. Pour la télé, il filme ainsi une leçon complète de maquillage pour les femmes.
Que voulait faire Andy Warhol avec la télé?
Il cherche à mettre en boîte son époque. Et se passionne pour le talent des autres. Il a notamment interviewé Steven Spielberg, Paloma Picasso, qui parle de son père, ou encore Marc Jacobs, qui n’était, à l’époque, évidemment pas aussi installé qu’aujourd’hui. Il consacre même une émission entière à David Hockney, un peintre de Californie qui était pourtant son concurrent direct. Quoi de mieux que la télé pour montrer des gens? Mais Warhol est mort en 1987, avant d’avoir pu aller jusqu’au bout de ses expériences télévisuelles.
A quoi ressemble la téléréalité d’Andy Warhol?
Il laisse la caméra filmer, et ça prend. Comme cette séquence, dans une chambre d’hôtel, où il est aux côtés de Bianca Jagger et Steven Spielberg. Spielberg finit par raconter que son père lui avait dit d’avaler un transistor (le composant électronique, pas le poste de radio, ndlr) quand il était enfant.
samedi 14 mars 2009
INSURRECTIONS EN TERRITOIRE SEXUEL !
Avec une élégance consommée dans l'art de provoquer, des fictions d'une verve, d'une force et d'une fraîcheur entraînantes, qui tracent les contours d'un manifeste sexuel et politique, Wendy Delorme, écrivaine et performeuse, fait ici oeuvre de chair avec les mots, travaille le corps et le langage avec amour, humour et rage. Après son premier roman, Quatrième Génération (Grasset), Insurrections! est son deuxième livre. Bienvenue en territoire de littérature d'intervention.
« A ta naissance les docteurs ont dit « c'est une fille » et tu es tombée tellement d'accord avec cette sentence que tu n'as cessé d'en rajouter depuis. Tu t'es éprise et condamnée au rang des moindres et des impies. La mère, la sainte et la putain tu les incarnes toutes et tu portes leur croix, tu te ferais volontiers crucifier d'ailleurs pour qu'elles te passent toutes sur le corps.»
Wendy Delorme est aussi l’auteur de Quatrième Génération est un roman, un récit, un manifeste, paru aux Editions Grasset le 2 Novembre 2007.
"Dans la famille toutes les femmes sont folles, de génération en génération. Lisa et moi on a respectivement hérité de maman les tendances suicidaires et la nymphomanie. Mais c'est pas génétique, c'est à cause des mensonges qu'on nous raconte depuis qu'on est toutes petites."
Quatre générations de femmes, une "folie" familiale qui se décline au féminin pluriel racontée du point de vue d'une jeune narratrice lucide et ironique.
Marion aime les femmes mais pas seulement, c'est plus compliqué que ça, le sexe et le genre. Au fil de ses aventures sentimentales et sexuelles, on découvre peu à peu des identités et des politiques qui interrogent les catégories masculin/féminin. Aux quatre générations de femmes de ce récit correspondent quatre générations de féminisme, dont la narratrice a hérité idéologiquement, tentant de se débrouiller au mieux des continuations et contradictions d'un même vaste mouvement politique.
Raconter l'enfance, la politique féministe et le sexe de façon décomplexée, c'est ce qu'entreprend la narratrice en voyageant de Paris à San Francisco, dans ce texte qui tient du roman, du manifeste, de la chronique d'un univers alternatif et de Mémoires.
Editions du Diable Vauvert
vendredi 13 mars 2009
L'EXPO DAVID LA CHAPELLE A LA MONNAIE DE PARIS VUE PAR PARISART.COM !
David LaChapelle
06 févr. - 31 mai 2009
Paris. Monnaie de Paris
Les œuvres de David LaChapelle sont construites selon des angles les plus variés, des teintes saturées, en accumulant des strates de signes et de signifiants qui rendent ses images polysémiques, énigmatiques et, en fin de compte, anachroniques.
C’est donc à la Monnaie de Paris, lieu étatique s’il en est, mais en même temps commercial (qui achète et vend des monnaies métalliques courantes, des pièces de collection, des médailles et décorations, des fontes d’art, des bijoux et autres Rolex), dont une partie des espaces a été privatisée, concédée, louée, le temps que nous revienne la belle saison, à des organisations. événementiels ou à des «producteurs» artistiques (Lin’Art, Alphaomega Art, Fred Torres Collaborations), que se tient la première rétrospective française du célèbre photographe et réalisateur américain — on a réuni pour cette occasion en or environ 200 œuvres. Rétrospective qui est, d’ores et déjà, un incontestable succès en terme d’audience.
Après des études d’art en Caroline du nord, une vie new-yorkaise où il a travaillé comme serveur au Studio 54, boîte disco qui accueillait la bohème, l’underground, le monde de l’art, de la mode et du show-business, les starlettes et les stars, les marginaux et la Jet Set, de la fin des années 70 jusqu’au début des années 80, David LaChapelle rencontra Andy Warhol qui publia en 1982 ses premiers nus photographiques dans son magazine Interview. Un autre date-clé de l’artiste semble avoir été le soutien inconditionnel de l’éditeur encyclopédiste et mécène, au sens florentin du terme, Benedikt Taschen qui, à partir de 1996, décida de publier tout son œuvre.
La rétrospective parisienne donne une idée précise de l’évolution formelle et thématique de David LaChapelle. On peut y repérer une première période à base d’illustrations destinées à des magazines de mode (Interview, Details, Vanity Fair, The Face, Vogue, Rolling Stone) qui sont, il faut bien l’avouer, passe-partout — ni vraiment dérangeantes ni audacieuses du point de vue artistique.
Suit une série de portraits, disons «people», relativement pervers, avec une recherche de mise en scène sortant de l’ordinaire. On dit «relativement», parce que, contrairement à d’autres, à commencer par Andy Warhol, Kenneth Anger, Robert Mapplethorpe, Helmut Newton, Pierre et Gilles, etc., il nous semble que David LaChapelle n’est jamais scabreux, morbide, sordide, ambigu. Il va droit au but, exprime ce qu’il a en tête clairement, simplement, avec des lumières crues (naturelles ou artificielles), les angles les plus variés, des teintes saturées, en accumulant des strates de signes et de signifiants qui rendent ses images polysémiques, énigmatiques et, en fin de compte, anachroniques.
Témoin de son temps, des excès en tous genres de la fine fleur et de la faune new-yorkaises, attiré par le dandysme des jeunes Noirs ou Latinos du milieu du hip-hop avec lesquels il a toujours été en empathie (voir le rappeur Kanye West transfiguré en Christ portant une couronne d’épines, et les inconnus de toutes origines sociales ou ethniques, de toutes tendance sexuelles), il lègue une empreinte des années 90 dont lui sauront gré, plus tard, les sociologues, les historiens et les ethnologues, ainsi qu’une trace dont la valeur est encore inestimable du passage de la photographie analogique à l’art numérique.
Les V.I.P. (Pamela Anderson, Paris Hilton, Britney Spears, Marilyn Manson, Hillary Clinton, Leonardo DiCaprio, Naomi Campbell, David Bowie, Tupac Shakur, Elton John, Jeff Koons, Tori Amos, Jude Law, Gael Garcia Bernal, Alicia Keys, Bjork, Cher, Elizabeth Taylor, Uma Thurman, Muhammad Ali, David Beckham, Madonna, Eminem, sans oublier sa muse, Amanda Lepore) sont ses icônes avant de devenir les figures imposées des tabloïds du monde entier.
L’importance du Surréalisme dans son travail associatif, dans sa recherche d’insolite (ses paysages sont tout aussi fantastiques, oniriques ou «métaphysiques» que ceux d’un Giorgio de Chirico auquel la Ville de Paris rend hommage en ce moment) et dans ses mises en scène est tel qu’il est à l’origine de trouvailles (trouvailles ou retrouvailles, la redite ou la citation étant la règle du jeu avec les «clichés») comme le prouve la magnifique salle consacrée aux Eveils, avec ces dormeurs debout, ces modèles, qui n’ont rien de tops, en lévitation, le regard hagard, surpris dans le sommeil profond par l’appareil indiscret (mais non voyeuriste) du photographe.
La relecture d’épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testaments a inspiré les scénographies qui ont succédé, lesquelles sont entrecoupées, naturellement, par des travaux alimentaires. Le récit du Déluge de la Genèse pastiche Michel-Ange, le photographe rapprochant, consciemment ou non, son nom de celui de la Sixtine. Ce thème est par ailleurs associé à celui du cyclone Katrina — voir les photos de mannequins sur leur 31 posant devant des cabanes en bois saccagées qui font songer à l’attitude impassible de Buster Keaton devant la tempête de Steamboat Bill Jr, 1928.
Par Nicolas Villodre
jeudi 12 mars 2009
WELCOME LE FILM DONT ON PARLE !
Pour impressionner et reconquérir sa femme, Simon, maître-nageur à la piscine de Calais, prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage. Voilà pour l’histoire.
Mais le film montre également les difficultés au quotidien des associations d’aides aux sans-papiers et le harcèlement de la police envers les bénévoles et citoyens qui aident les migrants.
La toile de fond est politique, l’aide aux étrangers en situation irrégulière, mais le film n’est pas un film à thèse. Il s’agit de deux histoires d’amour. Deux hommes dont le destin les pousse à “relever les yeux” selon les termes de Vincent Lindon.
Mais le dernier film de Philippe Lioret, Welcome, qui sort aujourd’hui en salles, est aussi au cœur d’une polémique. Car le film pointe notamment du doigt la loi qui interdit toute aide aux personnes en situation irrégulière en racontant l’histoire d’un maitre nageur de Calais, incarné par Vincent Lindon, arrêté par la police après avoir pris sous son aile un jeune kurde clandestin .
Ceci n’est pas du goût du ministre de l’immigration, Eric Besson, qui affirme que cette loi n’est appliquée qu’aux passeurs et qui par ailleurs attaque le cinéaste pour avoir assimilé les clandestins aux juifs sous l’occupation...
Et ce matin, invité sur Canal+, Eric Besson a demandé au réalisateur de retirer ses propos sur les Juifs et les migrants. Tout le monde a le droit de déraper, mais dans ce cas, il faut le dire clairement : je retire mes propos ... Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique
La sortie du film est très attendue à Calais où depuis la fermeture du centre de Sangatte en 2002 de nombreuses associations aident les migrants au quotidien, notamment en leur distribuant des repas chauds et des vêtements . Dans le film de Philippe Lioret, l’action des bénévoles Calaisiens est mise en lumière, certaines scènes illustrent aussi les relations parfois tendues entre les militants et la police … sur place ce n’est pas que de la fiction, pour les associations Calaisiennes le film décrit la réalité.
Voilà comment un film qui selon son réalisareur se veut apolique se retrouve au coeur de la politique...
mercredi 11 mars 2009
LES VERSETS DE WIKRAM SETH ENFIN TRADUITS EN FRANCAIS !
Voyageur cosmopolite et polyglotte, Vikram Seth est né en 1952 à Calcutta. Après des études d'économie en Grande-Bretagne, il a vécu en Chine et aux États-Unis. Il partage aujourd'hui sa vie entre New Delhi et Salisbury, au sud de l'Angleterre.
Son premier roman date de 1983, année où il publie From Heaven Lake ( Le Lac du ciel, éd. Grasset, 1996), journal de voyage de la Chine au Tibet. Mais la reconnaissance et le succès internationaux lui viennent en 1993 avec A Suitable Boy ( Un garçon convenable, éd. Grasset, 1995), énorme roman en partie autobiographique, comme toute son oeuvre. En 1999, paraît An Equal Music ( Quatuor, éd. Grasset, 2000), roman d'amour à la première personne au sein d'un quatuor à cordes.
NVoici les premiers versets de The Golden Gate, paru en 1986 aux États-Unis (San Francisco oblige), puis en Grande-Bretagne et en Inde. The Golden Gate est en partie autobiographique. Vikram Seth y traite « de la vie, des amours et des séparations, mais surtout de l'amour des chats », dit-il, dans la métropole californienne. Mais la grande originalité du livre est qu'il est écrit en vers, quelque six cents sonnets ! Une forme très contraignante que l'écrivain confesse avoir « volée » au Pouchkine d' Eugène Onéguine . Claro a relevé le défi de traduire ce tour de force littéraire, adaptant en toute liberté les sonnets d'origine à la métrique et à l'alexandrin français. Une « belle infidèle » qui enchante Vikram Seth, et paraîtra chez Grasset en 2008. On pourra lire, en attendant, le nouveau roman de Vikram Seth, centré autour des personnages de son oncle et de sa tante, Two Lives (Deux vies), qui paraît ce mois-ci aux éditions Albin Michel
"Afin que ce début soit vif et non pesant
Salut, ô Muse. Il était une fois, lecteur,
Un homme vivant dans les années mil neuf cent
Quatre-vingt, du nom de John, et qui avait l'heur
De réussir en tout, bien qu'il ne fût âgé
Que de vingt-six printemps, solitaire et loué ;
Un soir, alors qu'il traversait Golden Gate Park,
Un frisbee rouge qui décrivait un mauvais arc
Manqua le raccourcir. De là cette question :
" Si je viens à mourir, qui donc me pleurera ?
Qui sera triste, allons, et qui se réjouira ?
Y aura-t-il quelqu'un ? " Cette interrogation
Etant trop déprimante, il préféra passer
A des cogitations un peu moins compassées.
1.2
Se concentrant sur les circuits électroniques,
Il sentit son esprit aussitôt s'apaiser.
Mieux valait oublier les affres pathétiques
Qui font le lit de la sentimentalité.
Il pensait portes, passerelles, connexions,
A la mémoire morte, et vive, et fixe, aux ponts,
Aux mégaoctets ainsi qu'aux nanosecondes,
Aux petits bits et aux grands bus... quand soudain grondent,
Dans le ciel hérissé de pins, des escadrons
D'oiseaux qui par leur vol et leurs croassements
L'extraient de sa méditation. Bizarrement,
Il sent alors une immense lame de fond
Qui l'entraîne aussitôt au fond d'un noir abîme
Où son âme esseulée n'est plus qu'un grain infime.
1.3
John présente bien. Il met des tenues correctes.
Il s'exprime à voix basse et son esprit est sain.
Sa passion du travail est vaguement suspecte.
Un badge avec son nom est pendu à dessein
Autour de son col blanc tel un collier votif.
Il est très bien payé, ménage ses actifs,
N'oublie jamais le terme et court tous les matins,
Ne fume pas de cigarettes ni de joints,
Ou alors rarement, ne va jamais prier
Ni jamais ne s'enivre inconsidérément,
Jardine et lit, de tout, du Bede et du Mann.
(Un substitut, selon certains, à la pensée.)
Ses amis le jugent hiératique et distant.
(Son patron, toutefois, l'apprécie fortement.)
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