mercredi 13 mai 2009
UN FILM CHINOIS "GAY" A CANNES !
Pour tourner «Nuits d'ivresse printanière», présenté en compétition officielle au festival de Cannes, le réalisateur Lou Ye a dû braver l'interdiction de tournage dont il est l'objet en Chine. Le film pourrait même ne pas y être présenté.
Selon son dossier de presse, Nuits d'ivresse printanière, le dernier film du réalisateur chinois Lou Ye (photo ci-contre), évoque «une exaltante folie des sens, un mal dangereux qui soumet les coeurs et égare les esprits» lorsque Luo Haitao, un jeune chinois de Nankin, est chargé d'espionner la relation passionnée qu'un homme marié à une femme entretient avec un autre homme. «La situation lui échappe, note encore le dossier, car Luo Haitao et Li Jing, sa petite amie, sont aspirés dans cette relation, submergés par le tourbillon des nuits d'ivresse printanière.»
Mais, au-delà d'un synopsis qui promet un film empreint de sensualité, d'ailleurs sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes qui démarre aujourd'hui, la réalité du making of a été beaucoup plus sombre. Pour tourner son film, le réalisateur Lou Ye a en effet dû braver l'interdiction de tournage pendant cinq dont il est l'objet dans son pays depuis 2006, pour avoir présenté sans autorisation son précédent film, Palais d'été, sur les manifestations étudiantes de Tiananmen en 1989.
Aucun problème au cours du tournage...
Avec Nuits d'ivresse printanière, tourné discrètement en deux mois dans la ville de Nankin avec une petite caméra et les trois acteurs impliqués dans le trio amoureux, Lou Ye a pris un risque supplémentaire en choisissant pour thème l'homosexualité, un sujet encore largement tabou en Chine.
Chen Sicheng, l'un des acteurs du film, pense que le film sera interdit en Chine. Il reconnaît également que lui-même pourrait avoir des ennuis. Mais, dit-il, le tournage, au printemps 2008 en Chine, s'est pourtant passé sans problèmes, sans aucune interférence des autorités.
Selon Chen, travailler pour Lou, un réalisateur respecté malgré ses ennuis avec les autorités, vaut tous les risques. «C'est un pionnier et il a le courage d'aller à contre-courant", explique l'acteur de 31 ans à l'AFP.
Financé par des investisseurs français et hongkongais
Dès ses débuts, Lou Ye, aujourd'hui âgé de 44 ans, a connu la controverse. Son premier film, en 1993, avait été interdit pendant deux ans. Après Suzhou River en 2000, une histoire d'amour tragique, il n'avait pas pu travailler pendant deux ans. Seul moment de répit en 2003 avec Purple Butterfly (2003), dans lequel jouait la célèbre actrice Zhang Ziyi.
«La censure en Chine doit changer, pour le moins il faudrait se débarrasser de cette disposition permettant l'interdiction de tournage», juge Nai An, fidèle productrice de Lou Ye et persuadée que des cinéastes comme lui permettront de faire évoluer la situation. «L'industrie du film est de plus en plus commerciale, mais personne ne veut changer cela ou expérimenter», poursuit-elle.
Nuits d'ivresse printanière, troisième film de Lou Ye à concourir à Cannes pour la Palme d'or a été financé par des investisseurs français et hongkongais. Et il sera présenté en France comme une oeuvre franco-hongkongaise. Il ne dispose pas encore d'une date de sortie en France.
Avec AFP. Photos: DR.
tetu.com
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