mardi 19 mai 2009
ETALONS DE TROIE, RALF KONIG REVIENT !
Étalons de Troie (Trojanishe Hengste, 2006) est un retour aux collections d’histoires courtes, mais cette fois-ci, en couleurs. Les éditions Glénat se sont peut-être senties coupables de ne pas avoir proposé aux lecteurs français la couleur présente pour leurs homologues allemands dans certains albums antérieurs.
Tout au long de ces 60 pages grand format, König nous propose des allers et retours entre la Grèce antique (ou plutôt, sa version de celle-ci) et l’époque moderne, laissant entendre que finalement, les choses n’ont pas tellement changé entre temps. Serait-ce parce que König fait subir les derniers outrages à nos ancêtres bien gaulés?
Nous découvrons donc une bande d’homos grecs venus admirer des lutteurs hétéros aux jeux d’Olympie, qui pensent plus à se mettre sur la gueule qu’à utiliser leurs muscles pour des activités plus agréables, une hilarante page sur une discipline oubliée des mêmes jeux, la vraie personnalité de Narcisse, et surtout, un extrait de l’un des fameux romans “historiques” de Paul (oui, celui de Conrad), où un Grec se retrouve contre son gré coincé avec tout un tas de guerriers dans le Cheval de Troie la nuit avant l’invasion – heureusement pour lui, son amant sait comment réchauffer l’atmosphère.
Les autres histoires courtes se passent à notre époque, et couvrent le champ habituel des gags de König, avec cependant une tendance à ce que l’on pourrait presque qualifier d’accents moralisateurs: que ce soit avec la rencontre entre deux homos accros à la gonflette et aux piercings avec un de leurs anciens amis qui a laissé tomber tout cela, ou avec l’interview en pleine marche homo d’un militant très politisé que regarde de travers un participant qui pense plus à faire admirer son costume coloré (costume impressionnant par ailleurs), König se transformerait-il en sage – sarcastique, tout de même?
Deux contes tous mignons complètent agréablement cet ensemble: les Trois Ours et Boucle d’Or version pédé ne suit pas les prévisions du lecteur, et il suffit de quelques cases à la rencontre imprévue entre un homo de la quarantaine (un peu frustré, habitué des saunas) et un chérubin imbibé (qui, voulant se faire pardonner, lui offre de réaliser ses vœux) pour donner une certaine gravité à une gentille comédie.
Il y a bien longtemps que Ralf König ne se contente plus de seulement faire rire ses lecteurs. Cet album, qui peut paraître mineur, apporte en tout cas un équilibre très intéressant entre la pure farce et le traitement de thèmes plus dramatiques.
François Peneaud
Étalons de Troie, de Ralf König, Glénat, 64p., 12€.
yagg.com
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire