samedi 7 novembre 2009

Le cinéma vu par Gai-Pied, à partir du 13 novembre au Centre LGBT à Paris !


Parmi les thématiques fortes du festival à venir, il y a la célébration de certains anniversaires marquants de notre histoire collective : les événements de Stonewall (1969), la création du magazine Gai Pied (1979) et la naissance d’Act Up-Paris en 1989 ! A travers ces trois dates emblématiques, se dessinent trois décennies capitales pour l’expression et la visibilité homosexuelle : c’est l’histoire du militantisme gay et lesbien qui est racontée et que nous allons décliner entre films, débats et expo !
Outre une programmation qui va décoiffer (la sexualité gay dans les années d’après Stonewall, le militantisme queer en Europe aujourd’hui, l’action et l’image d’Act Up…), nous préparons une manifestation autour de l’histoire de Gai Pied, le grand magazine homo des années 80. Une histoire vue sous l’angle cinéma bien sûr…
Voilà donc votre serviteur chargé, pour son plus grand bonheur, d’éplucher la collection du célèbre magazine, mis à notre disposition par l’équipe de la bibliothèque du Centre LGBT de Paris.
Que d’émotions ! Que de souvenirs ! Gai Pied a jalonné une partie de ma vie (comme celle de beaucoup d’entre nous). En avril 79 (j’avais 22 ans), le premier numéro est imprimé sur du papier journal, avec un logo alambiqué et une typo improbable, qui va très vite évoluer, surtout quand le journal — mensuel au début de sa parution — devient un hebdo sous le nom de… Gai Pied Hebdo.
Je retrouve les grands événements qui sont inscrits dans notre histoire collective : l’élection de François Mitterrand en 81, la naissance des radios libres, l’arrivée du sida, la chute du Mur de Berlin
Roger Peyrefitte, Renaud Camus, Jean-Paul Aron, Michel Foucault, Hervé Guibert, Guy Gilles, Geneviève Pastre, Fréderic Mitterrand sont parmi les personnalités homos invitées à s’exprimer par le Gai Pied. Mais on trouve également des politiques, des acteurs de la société, hétéros qui, à ma grande surprise, avaient déjà l’audace de parler dans le journal. D’immenses signatures, tel Jean-Paul Sartre, qui signe un article sur Pasolini ! Ou encore des chroniques de Jean-Luc Hennig, Guy Hocquenghem ou Alain Pacadis ! Pour le côté plus « glamour », c’est l’avalanche de couvertures illustrées par des minets, des musclés, des tatoués, des loubards, des uniformes… Kitchissimes… mais c’est l’évolution de l’imaginaire érotique gay qui se déroule sous mes yeux, et au-delà, du corps masculin et de son apparence. D’autant plus que les photos de mecs en érection sont légion… Notre presse gay actuelle est bien frileuse ! Et puis il y a les petites annonces et le fameux « rézo » qui ont fait la réputation sulfureuse de Gai Pied (c’est vrai qu’elles sont gratinées mais il n’y avait pas d’internet pour les rencontres à l’époque), et les « réclames » pour les restaus, les bars, les saunas, les night-cubs aujourd’hui oubliés (connaissez-vous la Mendigote, le Daytona, Yanko… ?).
Je ressors de cette « immersion » dans une aventure de quatorze ans (Gai Pied est mort en 1993) les doigts tachés d’encre d’imprimerie et de poussière, mais avec la tête illuminée par tous ces mots et ces images à foison d’un temps pas si lointain, fier en tout cas d’avoir vécu ces années-là et d’en retrouver les traces, intactes, dans Gai Pied !
Ce que donnera ce retour en arrière pendant les Chéries-Chéris ? Une expo sur le cinéma vu par Gai Pied au Centre LGBT.
tout le programme sur www.ffglp.net
Centre LGBT Paris Ile de France
63 rue Beaubourg
75004 Paris
Hugues DEMEUSY

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