vendredi 6 novembre 2009

FEUILLETON : L'INTERVIEW DE CHRISTOPHE HONORE PAR TELERAMA (1)


L'adolescence en Bretagne, les premières envies de cinéma, le romantisme, le deuil, le cinéma français, la frénésie, les livres à venir… Après James Gray, c'est Christophe Honoré, le réalisateur de “Non ma fille tu n’iras pas danser” et des “Chansons d'amour” qui nous a reçu pour se confier dans les grandes longueurs. Résultat, un très riche entretien-fleuve, comme on n’en publie que trop rarement. Attention, parfois, ça décape ! Première partie aujourd'hui, la suite mercredi prochain.
2009 s’est révélée une année particulièrement riche pour Christophe Honoré. Son nouveau long-métrage, Non ma fille tu n’iras pas danser, lui a offert son plus beau succès public à la fin de l’été (doublé d’un enthousiasme critique quasi unanime). Et à Avignon, sa mise en scène d’Angelo, tyran de Padoue, de Victor Hugo, a été un tube du festival (1). Quelques semaines après la retombée de cette effervescence, le cinéaste travaille sur un livre pour enfants, un roman en forme de saga et une comédie romantique « à la Billy Wilder » en compagnie d'Adam Thirlwell, l’écrivain anglais de Politique. Entre deux coups de feu, il nous reçoit longuement (et en plusieurs étapes) dans son appartement du Paris des Chansons d’amour. Entretiens de 10 heures du matin qui font la navette entre la littérature, le cinéma et la vie.


“Les Chansons d'amour”

Quelques semaines après la sortie de Non ma fille tu n’iras pas danser et la mise en scène d’Angelo, tyran de Padoue, de Victor Hugo, dans la cour d’honneur du festival d’Avignon, vous êtes déjà ailleurs. Vous venez de terminer un livre pour enfants. Pourquoi revenir à ce registre qui fut celui de vos débuts?
Depuis La Belle Personne en 2008, tout s’est enchaîné très vite. J’avais décidé qu’après la sortie de mon dernier film, je ferai un break pour mener à bien des projets que j’avais laissés de côté. J’ai continué à écrire des livres pour enfants assez régulièrement. Bizarrement, c’est un domaine où l’on peut vraiment se laisser aller, être novateur et créatif…

Quand je suis arrivé à Paris, j’ai commencé par publier un roman pour enfants, Tout contre Léo. Il a connu un certain succès, mais j’étais intéressé par le projet d’une vraie littérature pour les enfants et il n’était étudié, en classe, que sur le versant sociologique, parce qu’il permettait de parler du sida aux gamins de 10-11 ans. J’abordais des sujets assez intimes, comme Geneviève Brisac ou Christophe Donner qui avaient ouvert la voie. Mes livres avaient une certaine renommée, mais je me faisais taper dessus par des associations familiales. Il y avait des pétitions pour que Tout contre Léo soit interdit dans certains CDI. C’est un combat qui aurait pu m'intéresser, mais le cinéma est arrivé… Je suis quand même attaché à cette littérature. J’ai publié, l'an dernier, avec Gwen Le Gac, un album pour les petits qui faisait un peu peur, Le terrible six heures du soir. Et je termine un livre qui reprend le concept de Laurence Pernoud (J’élève mon enfant) pour le détourner sous la forme d’un manuel de puériculture, incisif et assez méchant, où un père de famille explique aux petites filles comment élever leur poupée.

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