mardi 10 novembre 2009

Jacno, mon frère choisi, par Jean-Charles de Castelbajac !


C’est en 79 sur ma vieille télé que j’ai découvert le jeune dandy Rimbaldien qui allait devenir mon frère choisi. Le clip d’Assayas le montrait dans un studio glacé au sommet d’une tour à La Défense, face à son synthétiseur Korg MS 10. Je fus captivé ! Le son qu’il produisait était une totale rupture au punk, résolument moderne et surtout très personnel, la construction de Rectangle en faisait un hymne à la joie, novoïde, abyssal et éternel. Le nom énigmatique de Jacno rentra dans ma vie.
Quelques semaines plus tard, j’ai dessiné pour lui et Elli des tenues de scènes rétro-futuristes et me suis retrouvé dans les coulisses d’un Olympia brûlant. Dès ce jour, nous ne nous sommes plus jamais quittés. Nous trouvions toujours un moyen de collaborer ensemble. Notre amitié s’est cimenté en peu de temps. J’assistais, privilégié, à la construction d’une œuvre majeure, comme Castiglione assista à celle de Raphael. Les mélodies de Denis étaient chargées de parcelles d’éternité, elles n’ont pas d’autre âge que les sentiments qu’elles révèlent en nous. Chacun de nous a des notes de Jacno blotties au creux de son cœur, ou de son subconscient, il est un compositeur essentiel, qui nous quitte trop vite, au moment où l’époque lui ressemblait enfin, lui le père spirituel de toute une génération de groupes électro.
Cet été lorsqu’il a entendu la reprise de Je t’aime tant par Indochine, Denis était heureux, il travaillait sur son prochain album, qui s’annonce lumineux… Jacno laisse une immense famille élective orpheline, ceux qui au delà des a prioris et des pressions font le choix d’aimer et de défendre la créativité, l’exigence, l’intégrité et l’unicité.

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