lundi 6 avril 2009

LE TAG ENTRE AU MUSEE !



En 1971, le New York Times relate l’histoire d’un jeune coursier de 17 ans qui couvre les murs et le métro de Manhattan du graffiti “Taki 183” (son nom et le numéro de sa rue). Très vite, les rames sont envahies d’autres inscriptions : Tracy 168, Stay High 149, etc. De simples tags, ces inscriptions deviennent alors signatures puis lettrages géants symptomatiques d’une soif de reconnaissance à laquelle se greffe une intention esthétique dont se sont fait l’écho des milliers d’artistes. Près de quarante ans plus tard, le Grand Palais accueille 300 oeuvres des plus “grands” du TAG (Tag and Graf), créées pour l’événement et rassemblées par l’architecte Alain-Dominique Gallizia. Depuis le 27 mars et jusqu’au 26 avril, c’est donc la fête au street art au Grand Palais.
Des tags dans un monument historique, une hérésie ? Pas du tout, explique Yves Saint-Geours, président de l’institution, dans un avant-propos saisissant : le Grand Palais est “depuis ses origines en 1900 le temple de l’avant-garde. De surcroît, tout au long du vingtième siècle, la nef s’est faite vitrine de l’innovation grâce à ses salons devenus mythiques : Salon de l’auto, de l’aviation, des “arts” ménagers !” On repassera pour donner une crédibilité du mouvement.
Venus du monde entier, les 150 graffeurs – parmi lesquels les légendes vivantes newyorkaises (Taki 183, Jonone, Crash, Blade) mais aussi des artistes plus récents de la scène mondiale (Nunca) se sont astreints à taguer dans l’atelier mis à leur disposition pour trois jours à Boulogne-Billancourt.
Pourtant, et c’est une évidence, du mur à la toile, il y a le passage de la rue aux murs immaculés des galeries. L’exercice de style, aussi intéressant soit-il, est loin de faire oublier qu’autrefois exécutées dans la clandestinité et sous la menace de la répression, les oeuvres des grands noms du genre sont désormais devenues ornementations inoffensives destinées à la “haute société”.
Les récentes ventes aux enchères – où les oeuvres de Jonone, par exemple, ont atteint des sommets – en sont la preuve. L’intérêt des autres institutions pour le genre aussi. Début juillet, la Fondation Cartier organisera une grande exposition entre rétrospective et présentation de travaux contemporaine. Une dizaine de graffeurs et de street artistes créant in situ oeuvres sur toiles et installations, à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. A suivre.
Le TAG au Grand Palais, jusqu’au 26 avril

www.tagaugrandpalais.com

les inrocks

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