mercredi 29 avril 2009
C.R.A.Z.Y., CE SOIR SUR TPS STAR !
Zachary Beaulieu vient au monde dans les années 60 au Québec. Aimé par ses parents, un père gentil mais bourru et une mère protectrice, un peu écrasé par ses frères, cet enfant — puis adolescent — pas comme les autres va chercher à entrer dans «la norme» en dépit de ses désirs les plus profonds. Il se sent différent, mais dans le but de plaire à son père et d’être simplement comme les autres, Zachary va longtemps nier ce qu’il est…
Sur fond de musique 70’s mythique (Pink Floyd, David Bowie…), cette comédie au charme irrésistible fût un succès phénomènal au Québec, avant de devenir culte en France. Car même s’il s’agit d’un énième film sur l’adolescence, portant sur un sujet déjà-vu (l’homosexualité du fils, mal acceptée par son père), le réalisateur Jean Marc Vallée filme ses personnages avec une tendresse, une énergie et une sensibilité rare. Le film a révélé en France le charismatique Marc-André Grondin (ci-dessus), qui a décroché cette année le César de la révélation masculine pour son rôle dans Le Premier Jour du Reste de ta Vie réalisé par Rémi Bezançon.
C.R.A.Z.Y, jeudi 30 avril, à 20h40, sur TPS Star.
tetu.com
jeudi 23 avril 2009
RIVER PHOENIX EN CINQ FILMS !
Disparu il y a quinze ans à la suite d'une overdose, la comète teen River Phoenix revient sur les écrans cette semaine grâce à la reprise d'un beau film méconnu de Sidney Lumet. L'occasion de se reparcourir en accéléré le fil de sa filmographie fulgurante, de Joe Dante à Gus Van Sant via Indiana Jones.
Après quelques apparitions à la télévision, River – ado âgé de 15 ans - se lance dans le cinéma. L’aîné de la famille Phoenix, des bohèmes hippies qui plutôt que d'envoyer leurs enfants à l'école les poussent à entamer des carrières artistiques, ouvre la voie à son frère Joaquin ainsi qu’à ses sœurs Rain, Liberty et Summer (qu’on découvrira ensuite tous à l’écran)... Dans Explorers, River campe – plutôt bien – un petit génie à lunettes qui part avec deux copains à la rencontre des aliens. Le tout dirigé par le réalisateur de Piranhas et Gremlins, qui surfe (sans succès) sur la vague E.T et livre tout à la fois un beau récit d'enfances et un grand film théorique sur les images et la représentation. Et non, non, c'est vaguement kitsch mais ça n'a pas si mal vieilli.
1987
Stand by Me de Rob Reiner
Après Explorers, le vedettariat s’offre à River grâce au succès public et critique de Stand by Me, une chronique de l'enfance adaptée d'un roman de Stephen King. Il parcourt la campagne avec quatre amis à la recherche du corps d’un des leurs, mystérieusement disparu… River Phoenix devient l’acteur symbole de toute une génération d’Américains, dont il campe alors avec naturel et mieux que personne l'adolescence en perte d’innocence et de repères.
1988
A bout de course de Sidney Lumet
Mis en scène par Sidney Lumet (Serpico, Un après-midi de chien) dans ce beau film de cavale, River campe ici avec une grâce teen inouïe le rôle de Danny, fils en rébellion qui réclame avec force sa révolution adulte - et à travers le personnage, on sent l'acteur pris dans une aspiration semblable. Son naturel et la finesse de sa composition lui valent une nomination tant aux Golden Globes qu'aux oscars.
1989
Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg
Trois ans après The Mosquito Coast où River incarnait déjà le fils d’Harris(un père inventeur et idéaliste), les deux acteurs se croisent à nouveau pour la grosse production de Steven Spielberg. A l'écran en jeune Indy le temps de quelques scènes seulement, il égalerait – presque – la présence de l’ancien, malgré sa beauté fragile, et s'affirme quelques années avant l'énorme succès des Experts (où il fera face à Robert Redford) en star montante à l'intérieur même du cinéma américain le plus populaire.
1995
My Own Private Idaho de Gus Van Sant
Son plus beau personnage, River le rencontre dans ce sommet de la première carrière de Gus van Sant. A l'évanescence du jeune homme, le cinéaste de Portland trouve un rôle idéal, celui d'un tapin narcoleptique, sublimé par la qualité d'absence de River et sa force improvisé - on dit qu'il réinventa à lui seul la magnifique scène du feu de camp où il déclame son amour au personnage de Keanu Reeves, depuis consacrée pièce mythologique du jeune cinéma indépendendant des nineties émergentes. Le film impose River en ange balbutiant de la génération grunge, mais demeurera le dernier sommet de sa fulgurante carrière. Deux ans plus tard, il meurt d'une overdose de speedball dans les bras de son frère Joaquin sur un trottoir de Los Angeles, face au Viper Room.
Les Inrocks
CHET BAKER FOR EVER !
Si vous aimez la voix de velours et le son mélodieux de la trompette de cet artiste hors du commun, rendez-vous www.chetbakertribute.com pour tout savoir
mardi 21 avril 2009
CANNES 2009 : LES PREMIERES RUMEURS...
Cannes 2009 : indiscrétions, rumeurs et racontars
Dans quelques jours, on saura tout de la programmation 2009 du plus prestigieux festival de cinéma au monde. En attendant les premières annonces jeudi, nous vous disons tout des spéculations et semi-certitudes qui agitent la profession : de Lars von Trier à Tarantino, d’Almodovar à Hong Sang-soo, de Resnais à Cantona, qui montera les marches ?
On imagine sans mal que la concoction de la Sélection officielle 2009 se révèle sans doute un odieux casse-tête pour Thierry Frémaux. Comme de coutume, la liste des prétendants est interminable, mais parmi ceux-là figurent cette année pas moins d’une dizaine de cinéastes déjà repartis de Cannes une Palme sous le bras, et plus encore d’habitués des palmarès. Ainsi, plus que jamais les invitations pour la Compétition seront rares et chères pour peu que des places réservées y attendent les œuvres les plus récentes de Quentin Tarantino (le film de guerre Inglorious Basterds avec Brad Pitt, Mike Myers, Mélanie Laurent et Léa Seydoux), de Lars von Trier (l’horrifique Antichrist avec Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe), des frères Coen (la comédie noire A Serious Man), de Pedro Almodovar (Les Etreintes brisées avec Penelope Cruz), de Ken Loach (la comédie footballistique Looking for Eric, avec Cantona himself), ou encore Michael Haneke de retour en Allemagne avec un film sur l’émergence du nazisme (Le Ruban blanc avec Ulrich Tukur)… Outre ceux-là, on s’attend à découvrir, en compète ou non loin, les nouveaux Jane Campion (Bright Star, biopic du portrait John Keats), Alain Resnais (entouré d’André Dussolier, Sabine Azéma et Emmanuelle Devos dans la comédie dramatique Les Herbes folles), Jim Jarmush (The Limits of Control, à l’épatant casting francophile : Bill Murray, Jean-François Stévenin, Isaach de Bankolé, Alex Descas, Tilda Swinton…), Bruno Dumont (le drame mystique Hadewijch), Tsai Ming-liang (et son film hommage à la Nouvelle Vague avec Laetitia Casta et Mathieu Amalric, Visages), Steven Soderbergh (le thriller The Informant avec Matt Damon), Hirokazu Kore-eda (qui quatre ans, après Nobody Knows, reviendrait avec l’histoire d’une poupée gonflable qui prend soudainement vie, Air Doll)… En revanche, l’accueil tiède des derniers Hong Sang-soo passés par Cannes fait dire à certains que, malgré son récent et superbe regain de forme (Woman on the beach), c’est du côté d’une sélection parallèle que l’on pourrait découvrir son You Don’t Even Know, annoncé comme un retour aux sources de son cinéma après son exil parisien. Et il est désormais certain que l’on ne croisera pas à Cannes la barbe de Francis Ford Coppola et son tres attendu film argentin Tetro, dont le cinéaste deux fois palmé (pour Conversation secrète et Apocalypse Now) a préféré réserver la primeur au plus familial festival de Seattle. Du côté des vieilles gloires, on évoque en revanche la possibilité d’un passage cannois d’un nouveau et mystérieux long-métrage de Jean-Luc Godard, le premier depuis Notre musique il y a cinq ans, intitulé Socialisme.
les inrocks
lundi 20 avril 2009
EVENEMENT AUTOUR DE PASOLINI, DES LE 22 AVRIL AU LATINA !
Pasolini parcourt l’Afrique noire, entre 1968 et 1970 et prend des notes, avec
sa caméra… Le mouvement du voyage précède ici la préparation probable d’un Mlmqu’il aimerait faire, mais qui ne trouvera jamais de producteur : une transposition de
l’Orestie (la trilogie tragique d’Eschyle) dans l’Afrique des indépendances. De
retour en Italie, ilmontre ses premiers rushs à un groupe d’étudiants africains de l'université de Rome et Mlme le débat qu’il a avec eux sur les conséquences de l’arrivée de la démocratie dans l’Afrique des années 60. Il enregistre également, avec GatoBarbieri, au mythique « Folkstudio » une improvisation musicale libre sur
des dialogues de l’Orestie. Sous forme de plans qu’il commente lui-même, Pasolini pense à haute voix, et nous entraîne clandestinement de la description réaliste à l’évocation poétique de la démocratie moderne.
Fragments d’une oeuvre hybride à jamais suspendue, cet essai à la
mystérieuse composition rend visible l’étendue de la recherche intellectuelle
et esthétique d’un cinéaste poète et insatiable critiqueLaboratoire artistique de recherches, la compagnie UN EXCURSUS
(conventionnée par la Région Ile de France) propose ici, en écho à lprojection de ce documentaire, un montage de propositions philosophiques et cinématographiques autour du regard de Pasolini sur l’Orestie d’Eschyle. Ces traversées, conçues comme un prolongement des chemins de pensées de Pasolini sur cetteoeuvre antique fondatrice, sont nées des échanges entre artistes et universitaires autour des thématiques
abordées par Pasolini : relations entre théâtre antique et politique, entre
monde archaïque et monde moderne, entre mythes et réalités…
démocratie d’hier et systèmes démocratiques d’aujourd’hi.
Manifestations au Cinéma Le Nouveau Latina
autour du filmde Pier Paolo Pasolini
CARNET DE NOTES POUR UNE ORESTIE AFRICAINE
(Appunti per un’Orestiade africana)
Italie - Documentaire – Noir & Blanc – 65mn – 1972
dimanche 19 avril 2009
THE NAKED RABBIT PROJECT BY SYLVAIN NORGET !
Le photographe bordelais tres talentueux Sylvain Norget a eu la bonne idée de rassembler tous les visuels de son projet sur un blog http://tnrp.blogspot.com/ Rappelons que Sylvain souffrait de la peur panique des lapins, ces gentils petites bêtes aux longues oreilles. Un jour, il trouva un masque de lapin et décida de se mettre en scène avec ce masque dans une série. La thérapie était en marche et de sublimes photos naquirent !
www.butportraiture.com
samedi 18 avril 2009
DES NOUVELLES DU MAGNIFIQUE LOUIS GARREL !
Louis est vraiment très occupé en ce moment... tournage et pouponnage.
On le verra à Avignon aussi, en juillet...je vous en dirai plus prochainement...
Sinon, deux nouvelles photos sur la page d'accueil...et la boutique a été refaite...
les photos sont signées Laurent Koffel. http://www.laurentkoffel.com
vendredi 17 avril 2009
CONFUSION DES GENRES A AIX EN PROVENCE !
Le cinéma gay et lesbien est à l'honneur à Aix-en-Provence pour les 8ème année consécutive avec le festival "Confusion des genres".
Du 8 au 21 avril, la Confusion des genres propose une sélection de 10 films gay et lesbien.
Cette année, outre les nouveautés du cinéma LGBT proposé par le Mazarin, l'accent est mis sur 4 films cultes qui ont marqué l'histoire du cinéma gay : Macadam cowboy, Cruising - la chasse, Les prédateurs et Torch song trilogy.
Le chouchou de la sélection 2009 est le très beau "Donne-moi la main". Son réalisateur sera présent avec une surprise...
Les filles seront dignement représentées par "Je te mangerais" qui explore avec finesse le désir féminin.
Et puis, les déjantés "Rois du patin" amuseront les spectateurs pour une séance unique à ne pas rater.
Tout comme l'avant-première de "Patrik 1,5" sur l'homoparentalité, sujet ô combien d'actualité.
Plus d'infos :
www.lescinemasaixois.com/fichevent.php?id_evenement=
ABDELLAH TAIA PARLE DE SON HOMOSEXUALITE A SA MERE !
Quelque chose bouge dans la société marocaine. C'est que veut croire cet écrivain qui révèle son homosexualité dans une lettre ouverte à sa famille, pour le magazine «Tel Quel». Mais les carcans demeurent. État des lieux.
«C'est la première fois que je vous écris. Une lettre pour vous tous. Pour toi, ma mère M'Barka. Pour vous mes sœurs, mes six sœurs. Et pour vous mes deux frères. Je vous écris par mon cœur et ma peau ces lignes qui sortent enfin de moi et qui me viennent aujourd'hui dans l'urgence.» Voici comment le jeune écrivain marocain Abdellah Taïa (L'Armée du salut, Une mélancolie arabe, en photo ci-contre) commence sa tribune, intitulée «L'homosexualité expliquée à ma mère», qu'il a publiée début avril dans Tel Quel, un magazine marocain progressiste.
Particulièrement émouvante, cette lettre publique joue la carte de la franchise: «Au-delà de mon homosexualité, que je revendique et assume, je sais que ce qui vous surprend, vous fait peur, c'est que je vous échappe: je suis le même, toujours maigre, toujours cet éternel visage d'enfant; je ne suis plus le même. Vous ne me reconnaissez plus et vous vous dites: "Mais d'où lui viennent ces idées bizarres? D'où lui vient cette audace? On ne l'a pas éduqué comme ça... Non seulement il parle publiquement de sexualité, non, non, cela ne lui suffit pas, il parle d'homosexualité, de politique, de liberté… Pour qui se prend-il?» À la lecture de ces mots, on ne peut s'empêcher de penser à la longue lettre que l'écrivain et militant français Guy Hocquenghem avait publiée dans Le Nouvel Observateur du 10 janvier 1972. Il y annonçait publiquement qu'il était gay. Il fut ainsi le premier homosexuel à faire dans la presse française son coming out… C'était il y a 37 ans.
«Quelque chose a commencé à bouger dans ce pays…»
Aujourd'hui, le Maroc semble bouger sur la question. C'est en tout cas la conviction d'Abdellah: «Je ne suis pas le seul au Maroc, ma mère. Quelque chose a commencé dans ce pays. Une réelle rupture par rapport aux générations précédentes, qui soit ont abdiqué, soit ont été récupérées. Nous, c'est le 21e siècle.» Mais si la société marocaine bouge, c'est encore loin d'être le cas du côté des institutions du pays: «On essaie de nous intimider. De nous ramener à un soi-disant ordre moral, nous faire revenir à nos soi-disant valeurs fondamentales. Lesquelles d'abord? Et qui décide que c'est de ces valeurs-là que le Marocain d'aujourd'hui a besoin?», se demande le jeune écrivain.
«Des voix s'élèvent à travers des médias»
En effet, en mars dernier, les dignitaires religieux avaient protesté contre l'homosexualité. Et le ministère de l'Intérieur avait également expliqué publiquement qu'il comptait protéger «les valeurs morales de la société marocaine». Le communiqué officiel précisait également: «Il a été constaté ces derniers temps que des voix s'élèvent, à travers des médias, pour tenter de faire l'apologie de certains comportements ignobles, qui constituent une provocation pour l'opinion publique nationale.» Car, au Maroc, l'article 489 du Code pénal condamne de six mois à trois ans de prison, et à une amende, toute personne ayant commis un acte homosexuel!
En fait, à travers ces réactions officielles, les autorités entendaient donc bien condamner la multiplication récente d'articles dans la presse prônant une plus grande tolérance à l'égard de l'homosexualité au Maroc. Notamment le magazine Maroc Hebdo International qui avait consacré, début mars, un dossier entier à la question des droits homosexuels intitulé «Faut-il légaliser les homos?», et en avait profité pour interviewer longuement Samir Bergachi (en couverture du magazine, ci-dessous), coordinateur général de l'association Kifkif de défense des droits des homosexuels.
«Au Maroc, nous sommes loin du pacs français ou du mariage gay belge»
«Nous sentons qu'il y a un climat propice en ce moment au Maroc pour le débat sur l'homosexualité, les droits des minorités sexuelles et les droits de l'Homme en général, analysait alors le jeune militant, Nous voulons aussi profiter de la montée au créneau des homosexuels dans d'autres pays arabo-musulmans, comme l'Algérie (association Amal), la Tunisie, l'Égypte et même l'Iran, pour faire avancer la cause des minorités sexuelles au Maroc et lancer un message historique pour leur droit à une existence libre.»
Samir Bergachi restait pourtant prudent: «Le combat des minorités sexuelles en est encore à ses balbutiements au Maroc, reconnaissait-il, Pour le moment, ce que nous voulons, c'est dépénaliser l'homosexualité. Et sensibiliser la société à la souffrance et à la discrimination dont pâtissent les homosexuels au Maroc. (...) Nous sommes loin du pacs français ou du mariage gay belge. Mais le Maroc est en pleine transition démocratique, et nous voulons en profiter pour lancer un message politique sur la nécessaire amélioration de la condition homosexuelle dans notre pays. C'est pour cela qu'à Kifkif, nous demeurons optimistes, malgré tout.» Et prudents…
tetu.com
mercredi 15 avril 2009
PATRICE CHEREAU BIENTOT EN SALLE !
Tout ce que je sais, tout ce que j'ai appris, c'est très peu de spectacles de théâtre et énormément de films. J'ai choisi le théâtre parce qu'il était à portée de main" confia en 1995 Patrice Chéreau aux Inrockuptibles. Fils cadet d'un peintre, cet adolescent introverti hante la Cinémathèque où il découvre Orson Welles et l'expressionnisme allemand, deux influences majeures. En 1964, il monte au lycée Louis Le Grand son premier spectacle, L'Intervention de Hugo, et suit des études de lettres classiques et d'allemand, avant de devenir animateur de troupe à Sartrouville (de 1966 à 1969), Villeurbanne (auprès de Planchon de 1971 à 1977), et au Piccolo Teatro de Milan (auprès de Strehler).
Patrice Chéreau s'essaie au cinéma en 1975 en signant un polar stylisé, La Chair de l'orchidée, adaptation d'un roman de James Hadley Chase avec Charlotte Rampling mais aussi Simone Signoret, l'héroïne de Judith Therpauve, son deuxième opus qui, lui, s'inscrit dans une veine très réaliste. Plus personnel, son film suivant, L'Homme blessé, révèle Jean-Hugues Anglade, dans le rôle délicat d'un jeune homosexuel tourmenté, et vaut au cinéaste et à son complice Hervé Guibert le César du Meilleur scénario en 1984. Devenu deux ans plus tôt directeur du Théâtre des Amandiers de Nanterre, le metteur en scène fait tourner dans Hotel de France (1987), variation autour de Platonov, les élèves de cette école, qui ont pour nom Vincent Perez ou Valeria Bruni-Tedeschi. A l'occasion, lui-même joue la comédie, incarnant Napoléon pour Chahine, Desmoulins pour Wajda ou encore Jean Moulin pour Berri.
Figure majeure du théâtre français, Chéreau devra toutefois attendre les années 90 pour parvenir à s'imposer comme cinéaste. En 1994, sa relecture sombre et sanglante de La Reine Margot remporte à Cannes le Prix du jury et un Prix d'interprétation pour Virna Lisi. Ancré dans la France d'aujourd'hui, le fiévreux Ceux qui m'aiment prendront le train (2000) témoigne encore de son talent de directeur d'acteurs et lui vaut un César du Meilleur réalisateur. Mais après plusieurs films de troupe, Chéreau, toujours inspiré par la littérature, opte pour des oeuvres à deux personnages : Intimité (2001), d'après Hanif Kureishi, récit cru d'une passion sexuelle, tourné à Londres, en anglais, et couvert de récompenses (Ours d'Or et prix d'interprétation féminine à Berlin, prix Louis-Delluc), puis Son frère, nouvelle exploration des liens familiaux, avec Bruno Todeschini (Ours d'argent à Berlin en 2003) et le drame conjugal Gabrielle, un film d'époque adapté de Conrad, qui marque sa rencontre avec Isabelle Huppert, et sa première sélection à Venise, en 2005.
Allo ciné
Son prochain film, Obsessions, mettra en scène un rio amoureux, interprété par Charlotte Gainsbourg, Romain Duris et Jean-Hugues Anglade. Il sera peut-être en compétition à Cannes !
Et pour le plaisir, une archive télévisée du Festival de Cannes où l'Homme blessé était en compétition !
mardi 14 avril 2009
LES NOUVEAUX INTELLOS PRECAIRES EXPLIQUES PAR ANNE ET MARTINE RAMBACH !
Anne et Marine Rambach mettent à jour leur portrait des chercheurs, profs, journalistes… sous-payés et surexploités. Entretien.
2001 : Anne et Marine Rambach publient le plaidoyer « Les Intellos précaires » (Fayard). Et donnent une existence concrète à un OVNI social : cette masse de pigistes, auteurs, nègres, salariés en contrat à durée déterminée, en contrat emploi-solidarité, chercheurs indépendants, professeurs vacataires, infirmières sans hôpital fixe.
Un mutant sous-payé, qui doit survivre et cumuler plusieurs emplois. Comme tous les précaires, il échappe à toutes les classifications. Comme les Rambach, éditrices bénévoles, auteurs de livres et dorénavant scénaristes télé.
2008 : c'est chez Stock qu'est publié la deuxième manche. « Les Nouveaux Intellos précaires » est écrit de façon aussi enlevée que le premier. Et passe en revue l'évolution du travail dans les secteurs de la presse, de l'édition, de la recherche, de l'Education et de la culture.
Pour un constat accablant : la précarité de cette « nébuleuse de travailleurs de l'intellect qui partagent un certain sort dans le monde du travail contemporain » s'est aggravée. Et les syndicats et les partis de gauche ne se sont toujours pas vraiment emparés du sujet.
« Excessivement libéraux, excessivement marginaux »
L'intello précaire, c'est la victoire du libéralisme, le rêve du Medef. Mais c'est aussi une des plus belles preuves de la survie de l'individu devant la barbarie libérale : « Excessivement libéraux pour les analystes de gauche car ils se livrent à une concurrence sauvage dans un environnement largement déréglé, excessivement marginaux pour les analystes de droite qui voient en eux d'abord des opposants à la sacro-sainte culture d'entreprise. »
L'intello précaire est une excroissance du système en même temps qu'un antidote. Saviez-vous que 50% des RMIstes parisiens exerçaient une activité artistique ou intellectuelle ? C'est une des infos en or du livre, dont les plus grands mérites sont d'être précis, clairs et pour autant ne pas céder à la pleurnicherie. (Voir la vidéo)
L'intello précaire est un travailleur hard-discount. Il est auteur, éditeur en free-lance, journaliste pigiste, correcteur, nègre, photographe, enseignant non-titulaire, doctorant surdiplômé partant exercer à l'étranger. Souvent, il cumule plusieurs de ces « statuts ».
Il ne connaît pas les RTT, les remboursements de frais, les congés payés, les tickets resto, ni les arrêts-maladie, et ne les connaîtra plus jamais. Obligé d'avoir plusieurs activités en même temps, il est harassé par le travail mais ne gagne pas plus.
Il travaille pour garder du travail. Il a parfois des fréquentations mondaines, un sérieux prestige, une force d'abattage remarquable, et un style de vie apparenté bobo.
L'intello précaire est passionné, dopé à la survie. Il croit en la connaissance par le style, le goût, le courage et le distinction. Quand un intello précaire rentre seul d'un dîner en ville, il ne dort pas : il travaille.
« Sacrifier tout, ou au moins beaucoup de leur passion, au métier qu'ils aiment, c'est le choix de nombreux intellos précaires », écrivent Anne et Marine Rambach :
« La liberté obligée devient liberté “choisie”. Si le choix n'en est que relativement un, il enseigne une nouvelle manière de voir le travail, l'entreprise, l'institution, l'argent, le statut."
Parmi les secteurs concernés, la presse. Pour les journalistes, les critères d'obtention de la carte –la majorité des revenus doivent être issus de la presse paritaire, celle qu'on trouve en kiosque et en ligne- excluent ceux qui sont obligés d'avoir une autre activité pour vivre.
De très nombreux pigistes doivent en effet recourir à d'autres métiers pour compléter leurs revenus : romanciers, correcteurs ou lecteurs dans l'édition, avoir recours à une activité au noir, travailler dans l'évènementiel, ou bien nègres littéraires.
Des activités qu'ils ont obtenu en étant repérés… par leur travail journalistique ! C'est, dois-je dire ici, mon propre cas depuis des années.
Le revers de la médaille : ce genre de journaliste doit travailler vite et bien. Mais les enquêtes, les sujets approfondis, une approche sereine du temps de préparation, la lecture d'un livre par jour en moyenne (dans mon propre cas), sont inconciliables avec ce « vite et bien ».
Qui convient mieux à un sprinter du 100 mètres qu'à un travailleur du cerveau. Un journaliste doit suivre le feu de l'actualité, mais le sérieux de son travail repose aussi sur la distance qu'il établit, dans son papier, entre l'actualité et la vérité, le réel et le compte-rendu du réel. Pour un pigiste, le compte ne sera jamais rendu. A lui de faire qu'il soit bon.
Ce qu'un journaliste précaire apprend sur lui-même : une nouvelle approche des notions de travail, de sérénité, de vie privée, d'espace-temps, de santé, l'importance du sport.
Le pigiste subit de plein fouet la contradiction de la crise du secteur : vu la multiplication des pigistes, il a plus de chances d'avoir des sujets à réaliser, sans participer autant qu'avant -faute de temps, car il doit travailler pour plusieurs publications- à la vie rédactionnelle et interne de ses journaux.
Une partie du livre est consacré à la mutation de la presse, aux nouveaux sites d'informations (nous y sommes évoqués, ainsi que Bakchich et Mediapart).
Si elles accueillent avec joie la révolution de la presse que sont ces nouveaux organes, Anne et Marine Rambach se rendent bien compte que, pour le moment, nous ne pouvons couvrir tous les champs de l'information, et sommes pour le moment un « contrepoint au flux dominant », entre l'actualité et la marge de l'actualité.
Elles pointent également le coût social considérable de la gratuité revendiquée sur le web, et le fait qu'il n'y a d'autres moyens pour le moment que d'avoir recours aux statuts vulnérables et au bénévolat. (Voir la vidéo)
Un même mouvement inquiétant semble en marche partout : la baisse quasi constante du prix du travail dans les secteurs intellectuels et culturels. Une démonétisation qui s'apparente à un vrai choix de société. Tout comme une tendance croissante à l'externalisation.
Dans l'édition notamment, chez les femmes en particulier. Même le Syndicat national de l'édition (SNE) ne peut fournir les chiffres des « travailleurs externes » de l'édition : correcteurs, éditeurs en free-lance.
Cas d'école, détaillé dans le livre : le groupe espagnol Planeta, repreneur du français Editis en 2008 (ce qui a généré plusieurs conflits chez Plon, Robert Laffont, etc) qui, en optant pour le « travail à domicile » comprime les charges et s'offrent une main-d'œuvre discount.
Une pression qui se répercute sur les autres salariés. Et sur les éditions où le groupe n'avait qu'une participation : c'est le cas des éditions du Panama, qui durent fermer cet hiver.
Anne et Marine Rambach étudient également ce que des évènements récents (grève des scénaristes américains en 2007, réforme des lycées et de l'université) provoque sur la précarisation de ceux qui y travaillent.
Au final, pour les auteurs, l'identité du plus brutal employeur de précaires en France est claire : l'Etat. Par exemple, aucune entreprise ne peut légalement faire travailler une personne durant seize ans sans lui proposer un CDI. Sauf l'Etat.
► Les Nouveaux Intellos précaires d'Anne et Marine Rambach - éd. Stock - 450p. - 22.50€
rue89.com
LE CALENDRIER DES DIEUX DU STADE 2010 !
C'est un photographe célèbre pour ses photos de célébrités mâles et sexy qui a été choisi pour mettre à nu les Apollons du Stade français.
Ô, joie! Le calendrier 2010 des Dieux du Stade est sur les rails. Le shooting a même déjà commencé, hier, tandis qu'une autre session de shooting est prévue à la fin du mois.
Si l'on ne connaît pas encore les noms des rugbymen (et leurs invités) qui s'y mettront une nouvelle fois à nu, on connaît le nom de leur photographe. Il s'agit du californien Tony Duran, comme l'indique un communiqué du Stade français, le club à l'origine de cette magnifique -et nouvelle- tradition.
Et on ne peut que se réjouir que Tony Duran ait été sélectionné. Comme en atteste son site officiel, l'homme a du talent pour sublimer les stars masculines comme Brad Pitt, Ashton Kutcher, Ben Affleck ou Tom Cruise. Il a même réussi à faire poser le sexy Chris Evans torse nu (photos), au cours d'une célèbre série photo en 2004 pour le magazine Flaunt. Des photos tellement sexy que son attachée de presse lui a fait jurer de ne plus jamais recommencer!
Photos: Tony Duran.net.
tetu.com
samedi 11 avril 2009
mercredi 8 avril 2009
CHERI, DE STEPHEN FREARS !
Adaptation du roman éponyme de Colette, Chéri scelle les retrouvailles de Stephen Frears et de son égérie Michelle Pfeiffer. Dans le Paris d’une Belle Époque finissante, les amours contrariées d’une courtisane d’âge mûr et d’un jeune homme bouleversent.
On les appelait les « grandes horizontales ». Jusqu’au XXème siècle, les courtisanes ont amassé des fortunes colossales. Recherchées par les grands de ce monde, ces femmes influentes vivaient en marge de la société. Moderne et affranchie, la belle Léa de Lonval a fait fructifier son patrimoine, loin des tourments de l’amour. Mais quand une consoeur la charge de l’éducation sentimentale de Chéri, son jeune fils, les plans de Léa basculent. Après six ans d’une relation complice, les amants doivent se séparer, à l’occasion du mariage de Chéri. Ils prennent alors conscience de la force de leurs sentiments. Chéri aurait pu s’intituler Les Liaisons dangereuses, le chefd’oeuvre de Frears dont il est le pendant mélancolique. Avec Christopher Hampton, de nouveau au scénario, et Michelle Pfeiffer, inoubliable Mme de Tourvel défaite par la passion, Chéri dessine la carte de l’amour quand il n’est pas tendre. Malgré son académisme, la forme élégante et subtile du film parvient à saisir la cruauté du temps qui passe. Chéri raconte autant l’histoire d’une courtisane qui vieillit que celle d’une actrice quadragénaire au miroir. Quand leurs charmes respectifs se fanent, leur carrière s’achève. Dans cet exercice risqué de mise à nu, Michelle Pfeiffer émeut. Prêtant sa beauté patinée à la caméra, elle habite son personnage de femme blessée mais digne. Face à elle, le jeune Chéri, interprété par Rupert Friend, lui renvoie sa jeunesse arrogante. Tout le film fonctionne sur ce système de reflets, jusqu’au plan final où Léa, face au miroir, regarde le spectateur droit dans les yeux. Frears nous rend témoins de son drame intime. Comme dans Les Liaisons dangereuses, où une Merteuil tombée en disgrâce révélait son visage sans fard. Frears ne passionne jamais autant que lorsqu’il fait du dévoilement des apparences le sujet de ses films.
_S.M.
On les appelait les « grandes horizontales ». Jusqu’au XXème siècle, les courtisanes ont amassé des fortunes colossales. Recherchées par les grands de ce monde, ces femmes influentes vivaient en marge de la société. Moderne et affranchie, la belle Léa de Lonval a fait fructifier son patrimoine, loin des tourments de l’amour. Mais quand une consoeur la charge de l’éducation sentimentale de Chéri, son jeune fils, les plans de Léa basculent. Après six ans d’une relation complice, les amants doivent se séparer, à l’occasion du mariage de Chéri. Ils prennent alors conscience de la force de leurs sentiments. Chéri aurait pu s’intituler Les Liaisons dangereuses, le chefd’oeuvre de Frears dont il est le pendant mélancolique. Avec Christopher Hampton, de nouveau au scénario, et Michelle Pfeiffer, inoubliable Mme de Tourvel défaite par la passion, Chéri dessine la carte de l’amour quand il n’est pas tendre. Malgré son académisme, la forme élégante et subtile du film parvient à saisir la cruauté du temps qui passe. Chéri raconte autant l’histoire d’une courtisane qui vieillit que celle d’une actrice quadragénaire au miroir. Quand leurs charmes respectifs se fanent, leur carrière s’achève. Dans cet exercice risqué de mise à nu, Michelle Pfeiffer émeut. Prêtant sa beauté patinée à la caméra, elle habite son personnage de femme blessée mais digne. Face à elle, le jeune Chéri, interprété par Rupert Friend, lui renvoie sa jeunesse arrogante. Tout le film fonctionne sur ce système de reflets, jusqu’au plan final où Léa, face au miroir, regarde le spectateur droit dans les yeux. Frears nous rend témoins de son drame intime. Comme dans Les Liaisons dangereuses, où une Merteuil tombée en disgrâce révélait son visage sans fard. Frears ne passionne jamais autant que lorsqu’il fait du dévoilement des apparences le sujet de ses films.
_S.M.
ENTRETIEN AVEC VIKRAM SETH, L'AUTEUR DE GOLDEN GATE !
Auteur à succès en Inde et dans le monde, comparé à Salman Rushdie, Vikram Seth était surtout connu en France pour son roman Un garçon convenable. C'est seulement aujourd'hui, plus de vingt après sa sortie, que son premier roman en vers, Golden gate, nous arrive dans une traduction de Claro. L'occasion de rencontrer l'écrivain et de l'interroger sur son récit californien.
Vous avez publié Golden gate en anglais il y a plus de vingt ans. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à écrire une histoire en vers ? Et quel regard portez-vous sur ce premier roman aujourd'hui ?
Je travaillais au Département "Economie" de Stanford, et je venais de passer deux ans en Chine pour une thèse sur la démographie et l'économie prenant pour sujet plusieurs villages voisins de Nanjing. Quand je suis revenu à Stanford, j'ai dû passer des mois à rentrer les données recueillies dans l'ordinateur principal. Je travaillais principalement la nuit, quand la machine était libre. Après quoi je rentrais chez moi à vélo, accompagné par des ratons-laveurs. Un matin, les yeux rougis, seul, épuisé par le travail, je me suis retrouvé je ne sais trop comment dans la libraire du coin. Il doit bien y avoir autre chose dans la vie que le traitement de données, me disais-je. C'est alors que j'ai remarqué, sur une étagère du rayon poésie, deux traductions d'un livre que je n'avais jamais lu : Eugène Onéguine, de Pouchkine. Les deux versions s'en tenaient à la forme stricte de la stance. J'étais intrigué. J'ai commencé à les comparer stance par stance mais au bout d'un moment, l'une a pris le dessus sur l'autre, et m'a tellement captivée que je suis resté des heures à la lire. Parfois, l'histoire était drôle. A d'autres moments, elle était tragique. Je l'ai dévorée.
J'avais déjà écrit un peu de poésie auparavant mais jamais je n'avais pensé à écrire un roman. Après la lecture de Pouchkine, il devint évident que je ne pouvais pas ne pas en écrire un - et si possible un roman se passant dans la ville près de laquelle je vivais. Donc, je me suis mis au travail et je n'ai pas terminé ma thèse.
Pourquoi avoir utilisé spécifiquement des sonnets de Pouchkine ?
Le sonnet de Pouchkine possède quatorze tétramètre iambiques, rythmés avec complexité, et usant avec subtilité des rimes masculines et féminines. C'est une forme merveilleuse, à la fois familière et flexible, capable d'intensifier aussi bien l'humour que la tristesse. Dans la poésie anglaise, le tétramètre n'est pas aussi commun que le pentamètre. Mais il m'a semblé qu'il conférait une certaine vivacité à la narration. De la même façon, l'usage stricte des rimes féminines est rare dans la prosodie britannique. J'ai trouvé, moi, qu'il offrait une certaine légèreté au vers, et permettait d'éviter la monotonie rythmique.
Comment pensez-vous que Golden Gate devrait être lu ? A voix haute ? Comme un texte en prose ? A un rythme spécifique ?
Eh bien, je ne veux rien imposer : je pense qu'il devrait être lu de la façon qui vous est agréable. A voix haute, c'est bien, surtout au lit, si vous et votre moitié lisez une stance chacun votre tour. Pour ma part, quand je donne des lectures publiques, je le lis de façon naturelle, en tenant compte de la versification, mais sans insister sur les rimes (elles n'ont pas besoin de ça).
On a dit que Pouchkine lisait sa poésie de façon déclamatoire, voire incantatoire, mais je ne suis pas sûr que ce genre de chose marcherait aujourd'hui.
Pourquoi avoir choisi San Francisco comme cadre ? Simplement parce que vous y viviez ?
J'ai vécu à Stanford - à une heure de San Francisco. Et j'ai aimé cette ville dès le premier regard. Je m'y rendais aussi souvent que possible. C'est un très bel endroit, avec ses collines aux pentes raides et ses parcs immenses. Il y a de l'eau - océan, baie, détroit - des trois côtés. Sur un plan ethnique, la mixité est importante : Blancs, Noirs, Hispaniques, Chinois, Japonais, etc.
J'adorais l'atmosphère, l'aisance avec laquelle les gays comme les hétéros s'étaient appropriés l'endroit, même dans les années 80. Je n'ai pas choisi de connaître San Francisco. Il se trouve seulement que c'était près de Stanford. Et je n'ai pas choisi non plus d'écrire sur cette ville en particulier : c'est elle qui m'a choisi.
Un certain pessimisme imprègne votre histoire. Correspond-il à votre vision de la vie ?
Pessimisme ? Oui et non. Le thème sous-jacent, je dirais, c'est l'amour de la vie. Peu de personnes ici-bas peuvent tenir indéfiniment la tragédie à distance. Le roman correspond-il à ma vision de l'existence ? Plutôt pas. En tant qu'auteur cependant, je me suis rendu compte que je ne pouvais ni déterminer ni changer les décisions et les destinées de mes personnages, même lorsque j'en ressentais l'envie.
Vous lisez le français. Comment jugez-vous le travail de votre traducteur, Claro ?
Mon français n'est pas très bon ; je ne peux donc émettre de jugement avisé sur le travail de Claro en termes de nuances ou de flair. Mais tous les membres de de mon entourage qui lisent votre langue et à qui j'ai montré ne serait-ce qu'une stance de sa traduction ont déclaré sans exception qu'elle était superbe. Traduire de la poésie requiert de l'inspiration et de l'imagination, pas uniquement des compétences linguistiques ; c'est une forme de recréation. Claro est le co-créateur de la version française de Golden Gate et, s'il y avait une justice, son nom aurait dû apparaître sur la couverture aux côtés du mien.
Propos recueillis par Fabrice Colin
flucuat.net
TREIZE CINEASTES, PRODUCTEURS ET ACTEURS CONTRE LA LOI CREATION ET INTERNET !
Treize réalisateurs, producteurs et acteurs français parmi lesquels Catherine Deneuve, Christophe Honoré ou Louis Garrel dénoncent la loi Création et Internet, qu’ils jugent « liberticide et démagogique ».
Après la quarantaine de cinéastes qui ont publiquement affirmé leur soutien à la loi Création et Internet, ce sont aujourd’hui les opposants qui s’expriment. Catherine Deneuve, Christophe Honoré, Louis Garrel, Chiara Mastroianni, Chantal Akerman, Jean-Pierre Limosin, Zina Modiano, Gaël Morel, Victoria Abril, Yann Gonzales, Clotilde Hesme, Agathe Berman et Paulo Branco signent aujourd’hui une « lettre ouverte aux spectateurs citoyens » dans Libération. Ils y dénoncent la loi Création et Internet et le dispositif Hadopi.
Une loi selon eux « fondée sur la présomption de culpabilité », qui instaure « un mécanisme de sanction à la constitutionnalité douteuse et au fonctionnement fumeux ». « Techniquement inapplicable », elle autorise une suspension extensible des connexions Internet, qui ne se substitue pas aux poursuites pénales et civiles déjà encourues : la porte ouverte à l’application d’une double peine. Les auteurs sont sensibilisés aux problèmes que pose Internet, comme la dégradation et la dévalorisation des œuvres ou le non-respect des droits d’auteur. Mais jugent que la loi passe à côté des enjeux réels, ils regrettent un « rendez-vous manqué », qui ne propose aucune nouvelle forme de rétributions et « ignore les intérêts du cinéma d’auteur ».
Face à cette crainte d’Internet, les treize cinéastes, acteurs et producteurs appellent une réaction créative et positive. La « révolution numérique » ouvre selon eux un nouveau monde qui permettra de surmonter bien des obstacles « techniques, matériels ou économiques » rencontrés jusqu’ici par le cinéma, et offre un accès non discriminatoire aux œuvres. Deux dispositifs sont évoqués comme moyens envisageables d’accompagner ces changements : la licence globale et « le développement d’une plateforme unifiée de téléchargement des œuvres à prix accessibles et sans DRM ». Ils appellent finalement « tous les amoureux du cinéma et des libertés » à demander l’abandon du dispositif Hadopi « tant qu’il est encore temps », pour se diriger vers un système « plus juste, équilibré et prenant en compte les intérêts de tous ».
Antoine Cappelle
les inrocks
mardi 7 avril 2009
JAMES FRANCO DANS SON INTIMITE... TOUT DANS LE BON GOUT !
lundi 6 avril 2009
LE TAG ENTRE AU MUSEE !
En 1971, le New York Times relate l’histoire d’un jeune coursier de 17 ans qui couvre les murs et le métro de Manhattan du graffiti “Taki 183” (son nom et le numéro de sa rue). Très vite, les rames sont envahies d’autres inscriptions : Tracy 168, Stay High 149, etc. De simples tags, ces inscriptions deviennent alors signatures puis lettrages géants symptomatiques d’une soif de reconnaissance à laquelle se greffe une intention esthétique dont se sont fait l’écho des milliers d’artistes. Près de quarante ans plus tard, le Grand Palais accueille 300 oeuvres des plus “grands” du TAG (Tag and Graf), créées pour l’événement et rassemblées par l’architecte Alain-Dominique Gallizia. Depuis le 27 mars et jusqu’au 26 avril, c’est donc la fête au street art au Grand Palais.
Des tags dans un monument historique, une hérésie ? Pas du tout, explique Yves Saint-Geours, président de l’institution, dans un avant-propos saisissant : le Grand Palais est “depuis ses origines en 1900 le temple de l’avant-garde. De surcroît, tout au long du vingtième siècle, la nef s’est faite vitrine de l’innovation grâce à ses salons devenus mythiques : Salon de l’auto, de l’aviation, des “arts” ménagers !” On repassera pour donner une crédibilité du mouvement.
Venus du monde entier, les 150 graffeurs – parmi lesquels les légendes vivantes newyorkaises (Taki 183, Jonone, Crash, Blade) mais aussi des artistes plus récents de la scène mondiale (Nunca) se sont astreints à taguer dans l’atelier mis à leur disposition pour trois jours à Boulogne-Billancourt.
Pourtant, et c’est une évidence, du mur à la toile, il y a le passage de la rue aux murs immaculés des galeries. L’exercice de style, aussi intéressant soit-il, est loin de faire oublier qu’autrefois exécutées dans la clandestinité et sous la menace de la répression, les oeuvres des grands noms du genre sont désormais devenues ornementations inoffensives destinées à la “haute société”.
Les récentes ventes aux enchères – où les oeuvres de Jonone, par exemple, ont atteint des sommets – en sont la preuve. L’intérêt des autres institutions pour le genre aussi. Début juillet, la Fondation Cartier organisera une grande exposition entre rétrospective et présentation de travaux contemporaine. Une dizaine de graffeurs et de street artistes créant in situ oeuvres sur toiles et installations, à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. A suivre.
Le TAG au Grand Palais, jusqu’au 26 avril
www.tagaugrandpalais.com
les inrocks
BIENTOT EN DVD, LA COMEDIE D'ESPIONNAGE D'ILAN DURAN COHEN !
On l'attend de pied ferme. Pour pouvoir mater l'excellent Julien Baumgartner qui joue nu avec un plaisir indéniable, mais aussi pour le scénario déjanté, pour la performance de la glamoureuse Jeanne Balibar, et pour Ilan Duran Cohen, cineaste sigulier qui signe son troisième lon-metrage avec fracas !
Pyaramide
samedi 4 avril 2009
EDIE SEDQWIICK, EGERIE DE LA FACTORY !
Fine comme l’aiguille d’une seringue, excentrique et belle comme ses amis de la Factory, Edie Sedgwick, égérie de Warhol et figure des nuits new-yorkaises, a marqué les sixties de ses débordements. Une vie brûlée par la drogue, le fric, le sexe et les électrochocs. Jusqu’à sa mort, à 28 ans. A découvrir dans une impressionnante biographie.
Femme fatale du Velvet Underground, c’est elle. Just Like a Woman de Bob Dylan, c’est elle encore. Héroïne pop, Edie Sedgwick a traversé les sixties gavée d’amphétamines, inspiré Warhol, marqué la Factory et tout simplement son temps en météorite anorexique, morte d’une surdose de barbituriques à 28 ans, en 1971. Celle qui a rencontré le king albinos de New York en 1965 devient vite sa “superstar”, égérie de ses films (Vinyl, Kitchen, Beauty # 2…) vite initiée aux drogues douces et dures comme tous ceux qui pénètrent à cette époque à la Factory.
Elle se coupe les cheveux, les teint en platine argenté, comme Andy, porte comme lui des brassières de marin sur sa maigreur de fille qui ne veut pas grandir, et se retrouve bien souvent tard dans la nuit en tête à tête avec lui à discuter gentiment autour d’un hamburger pendant qu’autour d’eux les autres partouzent allègrement. Edie et Andy seront inséparables pendant un an, déclenchant des émeutes partout où ils passeront, comme deux frères jumeaux glam. Magiques. Comme en témoigne Truman Capote : “Si Andy avait pu être une femme, il aurait voulu être Edie : voilà pourquoi il s’identifia à elle, tel Pygmalion. (…) En somme, il aurait aimé être n’importe qui, excepté Andy Warhol.”
Entreprise en 1972, un an après la mort d’Edie Sedgwick, l’impressionnante biographie (rééditée ces jours-ci) que lui consacre Jean Stein, rédactrice à The Paris Review, Esquire, Grand Street…, a nécessité dix ans de travail pour rencontrer 250 protagonistes de la vie d’Edie comme de l’époque, puis monter avec l’aide de George Plimpton ces fragments d’interviews à la manière d’un cut up – et on y croise tout le monde, Gerard Malanga, Allen Ginsberg, Paul America, Paul Morrissey, Gore Vidal, Diana Vreeland, Leo Castelli, Jasper Johns, Ondine, Viva, Roy Lichtenstein, Norman Mailer et bien sûr Warhol.
Ce qui est génial, c’est que l’icône pop y est partout et nulle part, absente de sa propre bio et seulement restituée en morceaux par les mots des autres, tel un contenant vide seulement rempli par la projection de tous ceux qui l’auront croisée. Fille-fantôme, fillefantasme. Star pop par excellence, c’est-àdire concept warholien vivant : une artiste sans oeuvre, qui n’était star que de sa propre vie, actrice d’ellemême, rejouant jusqu’à l’écoeurement son propre rôle d’égérie excentrique et glamour.
Car Edie Sedgwick, c’est d’abord un style : elle mise tout sur ses jambes, qu’elle a fait remodeler en institut, et traverse la décennie en collants noirs opaques, qu’elle ne porte qu’avec un mini T-shirt et des talons aiguilles, des capes en zibeline ou en plumes d’autruche, et des capelines géantes. Patti Smith, pas encore musicienne, l’avait aperçue sur une photo dans Vogue, et alors encore au fin fond du New Jersey, elle se souvient de l’impact de cette image : “J’ai été tellement frappée que j’ai vraiment eu le sentiment d’avoir découvert quelque chose, et quelque chose qui pour moi était tout… Parfaitement branchée, Edie irradiait l’intelligence et l’énergie.”
Et plus loin, alors qu’elle la croisera dans une boîte avec Warhol et sa clique : “Ils étaient tous ultra maigres, tout en angles, en coudes, en genoux et en boucles d’oreille. Il n’était alors même pas question pour moi de vouloir être des leurs. J’étais simplement heureuse qu’ils existent, et heureuse de pouvoir les voir.”
Pourtant, le portrait que dessine d’Edie le livre de Jean Stein est moins celui d’une superstar warholienne que celui d’une héroïne fitzgeraldienne, la dernière peutêtre, fonçant comme un bolide dans le mur d’une tragédie américaine. Sa vie commence comme un drame de Douglas Sirk, de Vincente Minnelli ou d’Elia Kazan, dans une grande famille américaine de Santa Barbara, en Californie, richissime grâce au pétrole et qui ne lésine pas sur le bourbon. Le malheur des huit enfants Sedgwick, c’est d’avoir un père sublime et tyrannique, qui embrasse d’autres femmes sous les yeux de la sienne, effacée. Jeune fille, Edie va perdre à cause de ce père deux de ses frères : Minty, qui se pend à 26 ans en HP, après avoir été violemment rejeté par son père parce qu’il est homosexuel ; et Bobby, suicidaire, qui se tue en moto. Edie, ado, est devenue anorexique, se faisant vomir après chaque repas. “Quand elle était soûle, elle commençait à en parler de façon très directe, comme si l’admiration qu’elle lui portait (à son père – ndlr) lui faisait violence, à elle-même, une violence qui tenait un peu du viol qu’elle ressentait peut-être sur le plan psychologique.” Après ces drames, débarquée à New York à 20 ans, elle est prête pour se perdre.
Elle claque des sommes folles, invite ses amis à dîner au Ritz, se paie un manteau en léopard et ne se déplace qu’en limousine avec chauffeur – et toute sa vie, les parasites, de plus en plus nombreux, lui piqueront son fric. Au faîte de sa gloire, quand des producteurs d’Hollywood s’intéressent à elle, elle les envoie au diable parce qu’elle les trouve “trop cons” et préfère traîner avec ses copains à Manhattan. Elle se lève tard, se gave d’amphètes, dépense des milliers de dollars en make-up et passe des heures à se farder les yeux, se rend à la Factory, se fait piquer, sort toute la nuit… Et le livre de Jean Stein prend peu à peu des allures d’enfer selon Jérôme Bosch : des séances de piquouzes chez le très louche Dr Mercer à la baise sauvage pendant des heures sous acide avec n’importe qui, en passant par des orgies qui durent plusieurs jours, c’est toute une époque que saisit et restitue comme en live, et jusqu’à l’effroi, ce livre édifiant.
Deux fois, Edie Sedgwick, trop stone, mettra le feu à son appartement (notamment celui qu’elle occupe au Chelsea Hotel), et les séjours en HP, jusqu’aux dizaines de séances d’électrochocs, vont se multiplier dans un tourbillon de plus en plus frénétique. Elle essaie un temps d’être mannequin pour Vogue, mais l’institution de la mode US ne veut pas s’associer à l’image d’une camée.
Entre-temps, Edie et Andy ont rompu – il ira même, par cruauté, jusqu’à remplacer certaines de ses scènes dans The Chelsea Girls par celles tournées avec Nico. C’est vrai qu’elle l’a plaqué pour s’enfuir avec Bob Dylan, qui promettait de la faire tourner avec lui, jusqu’au moment où Warhol, pure cruauté aussi, lui apprend que Dylan s’est marié avec une autre en secret quelques mois auparavant.
De ce portrait d’Edie Sedgwick, Andy Warhol ne sort pas grandi, et c’est le poète Gregory Corso qui en parle le mieux : “J’ai fini par dire à Warhol ce que je pensais de la façon dont il s’était comporté avec Edie. On était au Max’s Kansas City, lui assis tout seul, et moi avec Allen Ginsberg. Et je lui ai sorti : “Tu pompes les gens, tu comprends. Tu prends ces gamines, tu en fais des superstars, et puis tu passes à autre chose et tu les laisses tomber… littéralement, comme ça.”
A force de tomber, la gamine est retournée en Californie, vivant moitié en clinique, gavée de médicaments et continuant à s’y piquer, moitié avec une communauté de Hells Angels. Elle finit par épouser le seul homme qui lui résiste, un certain Michael Post, de huit ans son cadet, qui a décidé de la sauver. Trop tard : six mois après leur mariage, il la retrouve morte au petit matin dans leur lit. Andy Warhol, apprenant la mort de sa superstar au téléphone, ne sourcillera pas.
Edie de Jean Stein (Christian Bourgois éditeur), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sylvie Durastanti, préface de Norman Mailer, 452 pages, 20 €
les inrocks
TOUJOURS EN SALLE...
Harvey Milk, de Gus van Sant, avec Sean Penn, James Franco, Diego Luna ... le film connait un succès en salle bien mérité. Film pédagogique, il montre à travers le combat d'un personnage emblématique et pourtant inconnu de beaucoup d'entre nous, la difficile émancipation des gays et des lesbiennes, dans un San Francisco seventies parfaitement reconstitué.
jeudi 2 avril 2009
IL Y A TRENTE ANS, NAISSAIT GAI PIED !
En 1979, le premier journal d'information destiné aux homosexuels sort en kiosques. En quelques années, il va devenir l'emblème de la communauté gay. Rétrospective.
À la fin des années 70, la société française est profondément conservatrice. L'homosexualité est un délit, les gays sont considérés comme des malades qu'il faut soigner et le parcours politique d'un Harvey Milk semble impensable. Pour défendre la cause des homosexuels, Jean le Bitoux et Gérard Vappereau décident de créer leur propre média. Gai Pied sort en avril 1979, sur le modèle du quotidien Libération, alors d'extrême gauche. Il est distribué dans les kiosques par les circuits officiels. «Pour une fois, on était comme tout le monde car on avait notre organe d'expression. Gai Pied était à l'image de notre vie réelle et non pas de notre vie fantasmée», souligne Luc Marcelot, 55 ans, lecteur de la première heure.
À l'intérieur, on trouve des interviews d'hommes politiques, des critiques littéraires et des photos d'hommes nus. Les petites annonces de rencontre, très importantes pour les gays en régions, souvent isolés, financent une grande partie du journal. Pour le premier numéro, le philosophe Michel Foucault propose un article sur le suicide. Il est suivi par les écrivains Jean-Paul Aron et Jean-Paul Sartre. «Le soutien de tous ces intellectuels nous a permis d'éviter la censure politique et d'acquérir une légitimité», rappelle Jean le Bitoux, l'un des fondateurs. Fin 1979, les ventes de Gai Pied atteignent 15 000 exemplaires.Un outil de visibilité pour la communauté gay
En 1982, l'homosexualité est dépénalisée. C'est l'année où le journal de la rue Sedaine change de formule. Il devient hebdomadaire et se concentre sur des sujets tendance, au détriment d'un engagement militant. La publicité prend davantage de place. Fermement opposés à ce tournant commercial, Jean le Bitoux et une trentaine de journalistes démissionnent. D'autres crises et scissions suivront. Pendant ce temps, le titre trouve un nouveau public. Les ventes culminent à 30.000 exemplaires en 1983. Pour Jean-Luc Hennig, collaborateur du journal dans les années 80, Gai Pied trouve alors sa place car il apporte une visibilité à la communauté gay. «C'était un espace de liberté pour une parole collective. Le magazine a aidé de nombreux homosexuels à sortir de leur honte et de leur anonymat».
L'arrivée du Sida marque une étape dans l'histoire de l'hebdomadaire. Dans un premier temps, Gai Pied Hebdo évite d'en parler, estimant qu'il s'agit d'une campagne de diabolisation. Mais devant la progression de l'épidémie, le journal se lance dans la prévention. En 1985, un préservatif est inséré dans un numéro pour défendre le safe sex. À partir de cette date, une partie du lectorat s'en détourne. Au début des années 90, le tirage est réduit à 9.000 exemplaires. Une dernière formule avec une ligne éditoriale plus militante ne permet pas de faire revenir les lecteurs. Les recettes du minitel gay, 3615 GPH, ne suffisent pas à compenser les pertes. En 1992, le journal disparaît. C'est la fin des années Gai Pied. Une période clé dans l'histoire de l'émancipation des homosexuels français.
Florianne Finet
sur tetu.com, conseultez les premiers numéris de Gai-pied !
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