dimanche 4 janvier 2009

TOUT CONTRE LEO, DE CHISTOPHE HONORE


Tout contre Léo, un téléfilm de Christophe Honoré (jamais diffusé)
Marcel est un enfant de 11 ans. Un soir, il entend un secret : son frère Léo a contracté le virus du sida. Marcel est le plus jeune d’une fratrie de quatre, ils ont toujours été proches, heureux, complices. Ce drame soudain vient jeter une ombre au sein de cette famille unie.
Les parents ont imposé ce secret pour protéger Marcel, pour se protéger eux aussi, faire comme si tout était normal. Mais il n’en est rien, la tension est palpable, et Marcel se rebelle contre le non-dit, il ne veut pas être écarté de son frère même dans le drame.

C’est l’histoire d’un enfant, Marcel, qui allait faire la bise à ses parents avant de se coucher, mais il s’arrête dans les escaliers et entend un secret. Ce secret on a pu le découvrir dans TOUT CONTRE LÉO, livre pour la jeunesse écrit par Christophe Honoré et édité par « L’Ecole des Loisirs », puis M6, pour sa collection « Carnet d’Ado » a demandé à l’écrivain de mettre en image son roman. Les enfants ont pu lire le livre, mais les téléspectateurs français n’ont pas encore eu le loisir de voir ce très beau téléfilm - qui a pourtant été adoubé par tous les festivals où il est passé, et qui est aujourd’hui sorti en DVD dans de nombreux pays (USA, Allemagne, Espagne …) - à cause d’une scène jugée trop osée entre deux hommes, que le réalisateur a refusé de couper à la demande de M6.
« C’est très énervant de voir que l’homosexualité à la télévision passe s’il n’y a pas d’homosexualité. Dès qu’on veut parler du désir, du corps, et de cette sensualité un peu différente, les gens se crispent et pensent – comme M6 – que c’est susceptible de choquer les gens. »
Christophe Honoré

Pourtant ce téléfilm n’a rien de polémique. Il relate l’histoire de Léo, 20 ans, il est beau, il a trois frères, il est gay, ses parents l’aiment. Mais Léo apprend qu’il est séropo, et comme c’est grave on ne dit rien à son plus jeune frère, Marcel (11 ans) pour le protéger. On ne sait pas qu’il a tout entendu, et devant ce non-dit, Marcel se rebelle contre l’attitude des adultes. Ce film âpre et émouvant traite de la place de la maladie au sein d’une famille unie, une famille qui doit se préparer à l’inacceptable, faire face à la violence de la mort qui semble si injuste lorsqu’elle touche un jeune de 20 ans. Le sujet est abordé avec justesse. Il évoque les maladresses, les émotions, les élans du cœur autant que la douleur, avec un humour et un style désinvolte toujours pudique.
TOUT CONTRE LÉO touche au cœur car ni démagogique, ni mélodramatique, cette histoire demeure avant tout profondément humaine. Christophe Honoré dit ne pas avoir d’imagination et que tout lui vient de sa vie, de la vie des gens qui l’entourent, ainsi que de l’observation. Cette vérité du quotidien, la finesse du regard porté sur cette famille donnent une grande force au film, elle met à nu le spectateur qui ne peut que se laisser porter par l’émotion.

Peut-être aussi que la beauté du film réside dans le fait qu’il ait été écrit pour quelqu’un, et que dans ce cas il n’y a pas de faux semblants possibles. « J’avais cette histoire, je voulais dire à quelqu’un qui était en train de mourir de cette maladie-là que je n’arrivais pas à l’aider, et cette personne-là je voulais lui dire ça, que j’étais là. »
Une des gageures de TOUT CONTRE LÉO est le portrait que Christophe Honoré donne de Marcel, le plus jeune frère, il y excelle particulièrement à décrire le monde d’un enfant tel qu’il est réellement, un univers débarrassé des poncifs habituels, un enfant avec ses interrogations, son parler vrai et sa franchise qui se heurte au monde des adultes. Il est des drames que les enfants ne peuvent ni ne veulent ignorer. Marcel ne veut pas être séparé de son frère par un mensonge, même si c’est pour son bien. Ce film est la première réalisation de Christophe Honoré, avant «17 FOIS CÉCILE CASSARD», et déjà on trouve tout le talent de mise en scène qu’on lui connaît. Une réalisation inventive mais sobre qui réussit par une suite de tableaux de la vie quotidienne à rendre captivant ce sujet délicat. Christophe Honoré n’a pas peur des silences, ni des temps morts. Il ne cherche pas à dire l’indicible, il le montre. L’image en demi-teinte, comme une bougie qui vacille, parle d’elle même, à cela une économie des dialogues afin de se concentrer sur une contemplation poétique, étrange et sombre qui touche par instants au sublime.

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