mardi 20 janvier 2009

LE NOUVEAU MATHIEU LINDON, EN ENFANCE, VU PAR TELERAMA !




Cent onze scènes vécues par un gamin en manque d'affection... qui ressemble à Mathieu Lindon.

Pas facile de raconter sans pathos, sans émotion convenue, des souvenirs, des séquences d'enfance. Cent onze exactement, et d'une systématique longueur : trois petites pages. « 111 », trois fois le chiffre « 1 »... Trois pages... Etrange trinité entre le père, la mère, le fils. Ou le fils, le frère, la soeur. Ou le fils, le grand-­père, la grand-mère. Ou... Il y a de la contrainte et du jeu, de la règle et de la jouissance dans l'écriture sensuelle et pudique, ouatée et ­sèche de Mathieu Lindon. On pourrait dire, par exemple, que sa manière de « feuilletoner » en brefs récits ses scènes enfantines capitales et futiles évoque les aventures du Petit Nicolas de Sempé et Goscinny. Il a dû les lire petit garçon ; il partage son obstination, son ingénuité et sa malice. Sauf que ce petit Nicolas-là est plutôt intello, parle une langue châtiée, n'a pas beaucoup d'amis. Il est d'une famille bourgeoise rive gauche –père brillant, élégante mère au foyer –, part en vacances dans la propriété de ses grands-­parents, s'y ennuie, reste très bien ­élevé. Et va tout jeune, ­déjà, chez la psy, qu'il fait tourner en bourrique avec esprit... Derrière le portrait éclaté du garçonnet désuet, ­avide de ­reconnaissance et ­d'affection, se devine tant de souffrances tues, tant de chagrins indicibles que les cent onze épisodes en deviennent presque tremblants de peines, zébrés de pauvres sourires et de regrets. ­Mathieu Lindon convoque ici magistralement les tourments et les ­folies de l'enfance. Comme s'il ne l'avait jamais quittée, comme s'il en connaissait encore par coeur les innocences et les perver­sités. Le lire est un retour en terres enfouies, en émotions, en inquié­tudes oubliées.

De livre en livre, le romancier part en quête de son propre passé, s'interroge sur l'amour, l'amitié, le temps. En enfance joue à merveille de la fiction et de l'autobiographie ; et si le « je » n'est pas de mise dans ce récit tout de rigueur, le « il » semble nourri d'aveux, les angoisses se dissimulent à peine sous l'image de bon élève. Ce n'est pas du Petit Nicolas, mais du jeune Marcel Proust du début de La Recherche du temps perdu qu'on est finalement le plus proche. Quel parcours...

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