mardi 4 août 2009

COMMENT LE GOUVERNEMENT GONFLE LES CHIFFRES DE FREQUENTATION D'UNE EXPOSITION... PAR LES INROCKS.COM

Le ministère de la Culture vient de gonfler les chiffres de fréquentation de l'exposition La Force de l’art, une dérive statistique qui paraît inquiétante.
Le 02 août 2009- par Claire Moulène1 Commentaire(s) Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
Le 3 juin 2009, quelques jours après la fermeture de la triennale La Force de l’art, le ministère de la Culture a diffusé un communiqué de presse dans lequel il se félicite du nombre d’entrées (107000 visiteurs) et “se réjouit que cet événement ait donné une image dynamique de la scène artistique”. Seul problème, ce bilan ne correspond en rien à la réalité.
Car il faut le dire, La Force de l’art, cette année, a été un échec à bien des égards. A commencer donc par les chiffres de fréquentation puisque, au-delà du calcul manipulateur du ministère qui comptabilise les entrées des événements annexes dans des institutions comme le Palais de la découverte, l’église Saint-Eustache ou le musée Grévin, on constate pour le simple Grand Palais (où se trouvait la manifestation principale) une division par deux du nombre d’entrées par rapport à la première édition.
Les explications sont multiples : soulignons d’abord la faiblesse de la proposition artistique des trois commissaires d’expo qui, plutôt que de formuler un discours critique ou narratif sur le paysage français, se planquent derrière la scénographie de l’architecte Philippe Rahm. L’autre erreur sans doute, c’est de ne pas avoir tenu compte du calendrier international : pourquoi ne pas avoir prolongé l’événement jusqu’à l’ouverture de la Biennale de Venise, ce qui aurait permis d’attirer dans la capitale des journalistes venus du monde entier ? Pas étonnant alors, que la Tate Triennal à Londres et l’exposition Younger Than Jesus au New Museum à New York suscitent une ferveur que jamais leur équivalent français ne parvient à amorcer.
Reste que cette question centrale de l’Audimat est largement problématique. Comme le notait un conservateur du Centre Pompidou au sujet de l’exposition Kandinsky qui accueille chaque jour 8000 visiteurs, il faut se réjouir de cet excellent chiffre et s’inquiéter qu’il ne s’impose comme un seuil minimum de fréquentation. Or l’art contemporain n’atteint que rarement les records de Kandinsky ou Picasso et les Maîtres, et ses 783 352 visiteurs recensés).
Si l’on peut regretter la maladresse du ministère de la Culture et plus largement l’insuffisance de cette deuxième Force de l’art, ne tombons cependant pas dans le diktat des chiffres. Ce serait prendre le risque de voir des institutions culturelles de plus en plus frileuses écarter de leur programmation des manifestations pointues dont le critère d’appréciation ne relèverait pas d’un simple calcul mathématique.

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