dimanche 16 août 2009
COCORICO ! PASCAL GREGORY DANS "LA FRANCE !"
Le 21 novembre sort un film au titre laconique : 'La France'. Malgré quelques défauts, il épouse un parti pris esthétique pour le moins original, qui mérite quelques explications. Roulement de tambour...
Contrairement à son titre, 'La France' n'est pas un film d'histoire, ni un documentaire géographique. C'est encore moins une oeuvre telle qu'on a l'habitude de voir en France. L'audacieux Serge Bozon, fan des sixties, réalise un film qui brasse autant de sujets qu'il montre de paysages. Car cette 'France' atypique, portée par un Pascal Greggory fragile et désincarné, pourrait bien être un road-movie atemporel, une fuite dans le temps portée par la musique et le mythe de l'Atlantide. Réalisateur et acteur font le point sur le plus anglo-saxon des films français.
'La France' est un projet très original…
Serge Bozon : Quand j'ai lu le scénario, j'ai eu envie de croiser le film de guerre itinérant et le film romanesque. On suit des unités mobiles qui traversent le paysage au lieu de se dérouler sur le front. Ca ressemble finalement plus au film d'aventure, au western. Je voulais aussi y mettre un intrus, en l'occurrence une femme, Camille, pour qu'elle introduise l'amour dans le film de guerre.
Et comment est venue l'idée de mêler des chansons au récit ?
SB : Dans les films de guerre, il y a toujours des gens qui chantent. Ce qui est particulier dans 'La France', c'est que ce ne sont pas des chansons d'époque, elles sont inspirées par les chansons anglo-saxonnes des années 1960. C'est un style de musique que j'adore, j'ai d'ailleurs réalisé 'Mods' sur le sujet il y a quelques années. Pour 'La France', j'espérais que ça colle avec l'histoire. Mais c'est purement intuitif. L'argument plus "raisonné" de ces chansons, c'est que le point de départ du film est beaucoup plus anglo-saxon que français (l'itinérance est un récurrent des films de Walsh ou de Ford) ; du coup, il me semblait que ça irait. L'important c'était surtout que les instruments ne soient pas électriques mais de récupération, aux sonorités très particulières, comme c'était effectivement le cas pendant la guerre. Ca donne ainsi une impression atemporelle, indatable. Plein de gens ont cru que je m'étais inspiré de la musique anglaise du XVIIe, d'autres m'ont parlé de la Renaissance… Il s'agit tout simplement de pop, ça paraît évident quand on connaît ce genre de musique !
A l'écran, Pascal Greggory est éblouissant. Vous avez immédiatement pensé à lui ?
SB : Je voulais que le personnage principal soit à la fois olympien - élégant, même un peu mondain - et fatigué, renonçant : il laisse un peu filer les choses, y compris lui-même. Pascal incarne cela, c'est pourquoi je lui ai proposé le rôle.
Pascal Greggory : Quant à moi, ç'a été une rencontre très intéressante. J'aime travailler avec des jeunes réalisateurs, et là je n'ai pas été déçu. Il m'a envoyé le scénario, j'ai regardé 'Mods', qui m'a beaucoup plu. Et j'ai aimé la manière dont Serge m'a parlé du film, de cette aventure collective d'acteurs et de personnages. J'ai donc très vite accepté.
Et comment s'est passée votre collaboration avec Sylvie Testud ?
PG : On avait déjà travaillé ensemble, ça s'est toujours très bien passé. Sylvie est très différente de l'image qu'elle peut donner à travers ses personnages, elle est toujours gaie et très drôle.
Vous êtes les deux seuls personnages à ne pas chanter…
PG : On est des voyeurs, des spectateurs. Surtout mon personnage, qui est désincarné, presque absent. C'est une absence due à la responsabilité qu'il a envers ses hommes, au but qu'il s'est fixé de les mener hors du combat. Du coup, il laisse faire les autres, il les laisse chanter.
C'est un véritable rôle de composition ?
PG : Je ne sais pas. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'on développe des émotions qu'on ne connaît pas au départ ? On ne peut pas composer de cette manière, sinon on serait proche de la folie. J'ai compris à la lecture qui était le personnage, sa façon de vivre, de penser. Il s'est servi de sa sensibilité plus que de son pouvoir de soldat. Son émotion a pris le pas sur la guerre et sur la force. J'ai travaillé tout ça, en me servant de mon vécu ; je n'ai pas "composé" avec des sentiments qui me sont inconnus. Je pense que tous les acteurs agissent de cette manière.
'La France' aborde beaucoup de thèmes : la guerre, le rêve, les promesses d'un avenir meilleur, l'amour… Quel est l'idée centrale du film ?
PG : Ce n'est pas un film de guerre, c'est un film sur l'errance, sur la recherche de ce qu'on est, de ce qu'on devient face à l'adversité. Mais c'est aussi un film d'amour. Et c'est enfin un film sur le pouvoir, sur ceux qui l'ont. Ce qui est triste à la fin, c'est qu'ils meurent, ils ne s'en sortent pas.
SB : Personnellement, je n'en ai aucune idée ! Lors d'une interview, Jean Douchet, un critique que j'adore, m'a dit que l'unité centrale dans le film était le jeu entre deux attitudes : celle de Sylvie Testud dont le but est de retrouver son mari et celle du bataillon qui, derrière le faux but de rejoindre le front, s'enfuie. C'est le croisement de ces deux attitudes qui articule le film.
A la fin, lorsque les chemins de Camille et du lieutenant se séparent, vous faites dire à Pascal : "Tu as choisi la mort"…
SB : Oui… Mais je regrette cette fin, j'aurais dû faire quelque chose de moins… sentencieux, mystérieux. C'est un peu pompeux, j'aurais dû faire plus simple. Dès qu'ils se rencontrent, Pascal a cette impression qu'elle veut mourir ; depuis le début il se trompe sur son compte. Camille ne renonce jamais, elle veut au contraire vivre et être heureuse.
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