dimanche 12 juillet 2009

NAN GOLDIN AUX RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES D'ARLES !

Nan Goldin a un physique: des boucles serrées rousses, un visage rond comme la pleine lune, un regard brun et à peine un sourire. Vedette des ses romans-photos, elle refuse de se faire photographier dans les rues d’Arles où se déroulent les rencontres photographiques.
A Arles, tout le monde reconnaît pourtant Nan Goldin puisqu’elle est le propre personnage de ses carnets intimes de clichés. Dans ces romans-photos, tout y passe: ses amants, ses lits d’amour défaits, ses bleus aux jambes, au cœur, ses coups sur le visages, le sang qui pisse quand l’amant l’a battue, ses amis, la débauche, les fins de nuit difficiles.
Tout s’accumule en centaines d’images. Un choc pour le spectateur qui en ressort avec des mots: douleur, souffrance, dépression. C'est trash, c’est sexe mais pas voyeur, pas impudique. La vie de Nan par Goldin.
Le directeur des Rencontres d’Arles, François Hebel, l’a découverte à New York, dans les fonds de Dowtown, elle projetait des dias. Un défilé d’images en musique comme un DJ de la photographie, en fond des chansons d’amour .C’était dans un bar enfumé, en 1987.
Elle arrive à Arles au théâtre antique et en plus court, refait cette expérience qui à l’époque n’existait pas. Personne n’avait encore l’idée d’un journal intime d’une telle force, d’une telle brutalité, d’une telle vérité.
Des centaines de clichés ajoutaient à l’impression d’entrer dans chaque minute de la vie d’une fille de la rue. Une photo seule en grand tirage est comme orpheline, il faut en voir jusqu’à plus soif pour être au plus près de cette balade sexuelle "The ballad of sexual Dependency" ou encore "Sœurs, saintes et sibylles" qui parle du suicide de sa sœur Barbara que l’on peut découvrir cette année à Arles.
"Plutôt que la création d’une réalité virtuelle, c’est la recherche de la réalité qui m’est essentielle. La réalité est déjà suffisamment mystérieuse. C’est l’exploration de ce mystère qui donne son intensité à cette démarche" dit -elle sans fard.
Nan Goldin a beaucoup à raconter. Elle a quitté la maison à 14 ans. La majorité des gens que l’on voit son morts aujourd’hui, de la drogue, du sida, des coups, de la vie extrême. Nan Goldin ne fait pas dans l’ego. Toutes ses photos nous parlent d’une époque, la nôtre, d’une communauté qui brûle sa vie, de la guerre entre hommes et femmes, de cette tendance qu’ont les femmes à se rendre objet de la violence des hommes, de la quête d’amour et de tendresse.
Nan Goldin met en histoire sa vie, c’est comme un film en photos projetées et la musique fait vibrer les clichés.
A Arles, cette année, ce sera fort ce 11 juillet, le groupe anglais Tiger Lillies jouera en direct, en regardant les photos défiler et en essayant de les suivre. Une performance déjà jouée à la Tate modern à Londres, un "must".
Ici, ce sera au milieu des vieilles pierres du Théâtre Antique. Le temple de la belle image va trembler sur ses bases car voir Nan Goldin et toutes ses expositions ainsi que ses invités, c’est accepter la rupture dans le politiquement correct. Ca parle à la vieille (mauvaise) morale puritaine et romano chrétienne enfuie dans chacun de nous, ça questionne, ça bouleverse. Bref, c’est une catharsis qui fera du bien à plus d’un.

(F.Baré)



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