mardi 7 juillet 2009

J'AI TUE MA MERE, DE XAVIER DOLAN, MERCREDI SUR LES ECRANS !!


CANNES | Qualifié d'OVNI de la sélection par le programmeur de la Quinzaine des réalisateurs, le premier film de Xavier Dolan a connu un atterrissage parfait sur la Croisette, hier.
Chaudement applaudi lors de la présentation de presse matinale, J'ai tué ma mère et son auteur ont reçu une ovation de quelques minutes lors de la présentation officielle, à laquelle assistait toute l'équipe du film, en soirée.
Ému aux larmes, le jeune homme de 20 ans, qui a toujours rêvé de se retrouver à Cannes, a timidement salué le public avant de tomber dans les bras d'Anne Dorval.
«C'est le plus beau jour de ma vie», a-t-il dit au Journal, quelques minutes après la fin du film.
«Nous avons assisté à la naissance d'un grand cinéaste québécois», a confié son amie Karine Vanasse, qui s'est glissée dans la salle pour revoir le film, en cours de projection.
Lors de la projection à laquelle a assisté le Journal, en matinée, le public a semblé goûter tout particulièrement l'humour doux-amer du plus jeune cinéaste en ville. Les rires étaient nombreux, même si l'accent québécois et les dialogues quelquefois cacophoniques pouvaient compliquer la vie des cinéphiles français.
Mais les sous-titres n'étaient cependant pas nécessaires pour qu'ils apprécient cette scène où le personnage d'Anne Dorval engueule sans aucune retenue le directeur d'un pensionnat où elle a envoyé étudier son fils. Les spectateurs ont spontanément applaudi à la fin de la scène.
«Je n'étais pas à la projection du matin. Carole Mondello, la productrice, me l'a dit et j'étais tellement nerveuse que je me suis mise à pleurer», a confié une Anne Dorval émue de cette marque d'appréciation du public cannois.
À 20 ans seulement, Dolan fait preuve d'une remarquable maturité. En dépit de la dureté des sentiments évoqués, J'ai tué ma mère réussit autant à faire rire qu'à émouvoir.
J'ai tué ma mère, c'est l'histoire d'un adolescent (Xavier Dolan) marginal, homosexuel, qui n'en peut plus de sa mère, qu'il juge «kitsch», manipulatrice. Il la traite avec condescendance, lui parle rudement et ne se gêne pas pour remettre en question ses goûts vestimentaires et sa décoration. Il trouve un peu de réconfort auprès d'une enseignante (Suzanne Clément) et de son petit ami (François Arnaud), dont il envie la relation avec sa mère.
Mais malgré la haine qu'il prétend vouer à sa génitrice, Hubert se trouve incapable de ne pas l'aimer. Même si celle-ci et son père, qu'il ne voit pratiquement jamais, jugent à-propos, devant ses faibles résultats scolaires, de l'expédier dans un pensionnat.
Décrocheur au cégep après deux mois d'études parce qu'il se sentait dans un carcan dans le système scolaire québécois, nous a-t-il expliqué, le fils de Manuel Tadros a de toute évidence bien accompli ses devoirs cinématographiques. Son film renferme de nombreuses références à des cinéastes de renom sans pour autant qu'on puisse crier à la copie.
En conférence de presse, un Français lui a même demandé s'il se voyait «comme une sorte d'Arthur Rimbaud des temps modernes».
«J'ai fait quelques clins d'oeil», a-t-il dit, avouant avoir filmé certaines scènes à la Van Sant, Haneke ou Truffaut.
Même la crise d'Anne Dorval lui a été inspirée par une de ses idoles.
«Celle-là, c'est un clin d'oeil à Julianne Moore quand elle pète sa coche dans une pharmacie dans Magnolia. J'avais trouvé ça formidable.»

L'amour d'une mère
Même si son aspect autobiographique pourrait la choquer, Xavier Dolan est d'avis que sa mère va apprécier le film.
«Je pense qu'elle va l'aimer», a prédit le jeune réalisateur, hier, sans cacher que l'histoire du film a été en partie inspirée de sa propre adolescence.
«Paradoxalement, a-t-il pris soin de préciser, le scénario nous a rapprochés. J'espère qu'elle va voir autant le message haineux que le message amoureux. Je vais m'arranger pour qu'elle le voit dans une intimité propice, avant la première à Montréal.»
Pour le film, Dolan ne voyait personne d'autre que Anne Dorval pour jouer le rôle de sa mère. C'est d'ailleurs elle, la première, qui a lu son scénario écrit il y a quatre ans.
«C'est très flatteur d'avoir été choisie par quelqu'un d'aussi brillant, intelligent et articulé. À l'époque, il m'avait présenté une nouvelle qui s'appelait Le matricide. Je me disais que c'était pas possible qu'un jeune de 16 ans puisse écrire avec une telle lucidité.»

Le principal intéressé a déjà un autre projet en branle, Laurence any ways, un film qui raconte l'histoire d'un transsexuel et qu'il souhaite tourner «le plus rapidement possible.»
«J'ai une rencontre avec un distributeur important pour une coproduction avec la France.»

D'ici là, J'ai tué ma mère prendra l'affiche au Québec au début du mois de juin.

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