mercredi 15 juillet 2009
LE ROI DE L'EVASION, DE GUIRAUDIE, VU PAR ARTE !
Armand Lacourtade (Ludovic Berthillot), 43 ans, vendeur de matériel agricole, ne supporte plus sa vie d’homosexuel célibataire. Quand il rencontre Curly (Hafsia Herzi), une adolescente qui n’a pas froid aux yeux, il vire de bord. Pourchassés par tous, ils bravent les dangers pour vivre cet amour interdit et finissent par créer un drôle de couple. Mais est-ce vraiment de ça dont avait rêvé Armand ?
Alain Guiraudie n’a pas renoncé au film de poursuite, un genre qu’il s’est approprié avec « Du soleil pour les gueux » (2000) et « Voici venu le temps » (2005). Célibataire homosexuel et fiché comme délinquant sexuel, autrement dit dragueur et cavaleur, Armand, le héros contrarié de son nouveau film, bat lui aussi la campagne au pas de course. Mais cette fois, il n’a pas le choix et il aimerait bien faire une pause. Pour Guiraudie aussi, il ne s’agit plus de se contenter de célébrer le gay aventurier et individualiste à Albi, la ville où le cinéaste réside et filme, mais de réfléchir à la situation et la reconduction d’une telle figure, d’en révéler les limites et de malmener un peu sa condescendance.
Cet effet de mise à plat permet seul le renouvellement. Beaucoup plus découpé et séquencé que ses films précédents, « Le Roi de l’évasion » révèle un auteur requinqué, prompt à aller regarder au-delà de son pré carré, jusqu’à tenter de filmer le corps féminin (celui de Hafsia Herzi, notoirement affolant depuis « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche, à qui on fait jouer ici une adolescente).
En chemin, Guiraudie n’a pas perdu de son insolence et il excelle à mettre en scène le personnage du « méchant », un commissaire nosfératuesque. Tour à tour omniscient, malveillant et sympathique, cet homme extrêmement changeant et nuancé force le spectateur à ne pas rester sur son quant-à-soi, comme il en advient d’Armand au cours de sa cavale.
Le Roi de l’évasion
d’Alain Guiraudie
(2009, France, 1h37)
Avec Ludovic Berthillot, Hafsia Herzi, Pierre Laur…
Une Coproduction Arte
Julien Welter
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