vendredi 31 juillet 2009
BIOGRAPHIE DE PAVEL MUNCH DE PASCAL MORIN...
Au fond, je vis une imposture. C’est le sentiment que j’ai toujours eu. Je ne suis pas Pavel Munch. Personne n’est celui qui prétend être. Tout le monde le sait, et tout le monde ferme le yeux."
Qui était vraiment Pavel Munch, ce sculpteur provocateur et médiatique, dont la disparition reste inexplicable ? En enquêtant sur sa vie, depuis son enfance solitaire jusqu’à la conquête du Tout-Paris, un écrivain espère lever les mystères d’un destin tissé de légendes. Dans ses oeuvres comme dans sa vie, Pavel Munch s’affranchissait de toute morale et pétrissait avec le même plaisir la terre et les corps des hommes. Mais, très vite, l’enquête prend des détours inattendus. Que cache donc le biographe ? Au fil d’une narration savamment tissée de vrais et faux miroirs, le lecteur est entraîné dans un jeu de piste fascinant.
Ne faites pas comme moi, ne cherchez pas dans votre dictionnaire le nom de Pavel Munch, c'est un personnage fictif, mais qui acquiert grâce à l'imagination de Pascal Morin, une vraie profondeur, une densité extraordinaire, avec des failles intenses, qui l'empechent d'accéder au nirvana !. Tres tôt dans sa vie, ce dernier est obsédé par la terre, et il la sculpte avec une sensualité et une détermination qui seront sa marque de fabrique. Il fera de la sculpture son métier ou plutôt SA VIE... Avec tout ce que cela suppose d'espoir, d'échecs, d'hésitations et de succès. Pavel Munch suivra sa route semée d'embuches et parviendra a une reconnaissance médiatique et à l'admiration de ses pairs...
Le second personnage qui est le narrateur, journaliste de seconde zone, apparait au fil du livre de manière très astucieuse, puisqu'au départ insignifiant, il va "vampiser" Pavel Munch, en devenant son biographe. Au delà, c'est une passion amoureuse et physique qui unit les deux hommes...
Apre, sinueux, incendiaire pour décrire l'art et la folie de Munch, le style de Pascal Morin s'adapte aux différents vecteurs de sa fiction et il façonne avec fougue une intrigue passionnante et desepérante par la cruauté de sa morale... Mais n'est-ce pas là la vie
Biographie de Pavel Munch, de Pascal Morin, aux Editions du Rouergue.
Hugues DEMEUSY
mercredi 29 juillet 2009
l'HOMMAGE DES INROCKS AU GRAND CHOREGRAPHE, MERCE CUNNINGHAM !
Merce Cunningham a grandi entre un père avocat d'une ville modeste, sa manière à lui de plaider toutes les causes, et une mère habituée à disparaître de la maison, des échappées belles qui ont forcèment marquées ce jeune rêveur. Il y aura les premiers pas -de claquette!- puis la Cornish School of Performing Arts de Seattle, la rencontre avec Martha Graham, prêtresse du ballet moderne, et le coup de foudre pour New York : Merce Cunningham dévore tout, enrichit son inspiration au même titre que son interprétation.
La révolution culturelle américaine de l'après guerre bouillonne, il s'en délecte. Fait feu de tout bois, interroge son corps et ses prolongements dans une société qui se remet en cause. Le danseur animal au saut prodigieux prend enfin son envol : Cunningham a fait une rencontre, celle du musicien John Cage. Ils formeront dès lors LE couple de l'avant-garde Outre Atlantique. 1944, premiers solos, 1953, première compagnie fondée au Black Mountain College, formidable espace de liberté. Cage en est le directeur musical, le peintre Robert Rauschenberg, le conseiller artistique.
Toujours ce goût des échanges, cette ouverture sur d'autres arts -et d'autres mondes. En 1959, Merce Cunningham ouvre sa propre école à New York que nombre de jeunes pousses de la danse française viendront, un jour ou l'autre, fréquenter. En 1964, la compagnie présente son premier Event à Vienne, au Musée d'Art Contemporain : encore une contribution majeure, la danse dans d'autres lieux, une dé-construction chorégraphique et alléatoire. La même année, une partie du public du Théâtre de l'Est Parisien reçoit la compagnie Cunningham... avec tomates et œufs. "Heureusement nous étions assez agiles pour les éviter" dira bien plus tard Merce Cunningham sans rancune.
Entre temps, la modernité de Cunningham a trouvé la consécration. Merce Cunningham ne croit pas qu'il était en avance sur son temps, il préfère penser que le public a été un peu pris de vitesse. Jolie mentalité ou politesse exquise. Depuis Merce Cunningham filait le parfait amour avec la France, se sentait comme chez lui au Théâtre de la Ville, une dizaine de rendez-vous et autant de créations, à Montpellier Danse -où il donne Ocean, un chef d'œuvre démesuré- ou à la biennale du Val de Marne que sa compagnie a honoré cette année encore.
Avec presque 200 pièces à son compteur, dont certaines au répertoire d'autres compagnies (le Ballet de l'Opéra de Lyon par exemple), Merce Cunningham a travaillé toutes les facettes de son talent : pourtant en créant à partir du logiciel informatique Lifeforms, il a su à nouveau démultiplier ses points de vue chorégraphiques. Biped (1999) création de Cunningham avec les artistes digitaux Shelly Eshkar, Paul Kaiser est une réussite majeure. Le chorégraphe a toujours travaillé avec des artistes contemporains. Une évidence pour lui. "Si j'étais né à l'époque de Bach j'aurais écrit mes pas sur sa musique " nous confia t-il un jour. Mais comme il était de la génération Cage, c'est avec ce dernier qu'il fera un bout de chemin. Sans oublier les peintres Rauschenberg ou Jasper Johns.
Autre constante chez Cunningham : le hasard, à l'image de sa pièce Rondo. "Jeter les dés a quelque chose de merveilleux qui fait appel à l'imaginaire. Un quart de seconde plus tard, les dés sont de nouveaux immobiles, l'esprit lui toujours en mouvement. Essayez vous-même!" résumait le chorégraphe. Ces dernières années Radiohead et Sigur Ros, deux groupes parmi les plus influents de la scène musicale internationale actuelle, avaient croisé la trajectoire de Merce Cunningham en signant les musiques de Split Sides (2003).
En avril dernier, Merce Cunningham dévoilait Nearly Ninety, sa dernière pièce. Nous y étions. Dans la Brooklyn Academy of Music comble 4 jours durant, on retrouvait l'intelligence du maître : trio à la grâce irréelle, travail sur l'équilibre, grande transversale sur le plateau. Outre ses interprètes, la pièce réunissait son fidèle musicien Takehisa Kosugi, John Paul Jones et les quatre fantastiques de Sonic Youth pour un live explosif qui fit trembler les murs. On devrait découvrir ce programme à Paris au Théâtre de la Ville/Festival d'automne en décembre prochain.
Il y a quelques semaines, Merce Cunningham révélait les dispositions qu'il avait prises pour gérer ses créations après sa mort. Deux ans de tournée d'adieu, un fond budgétaire pour couvrir les salaires de ses danseurs, une fondation pour remonter certaines chorégraphies. Et un final à New York avec des places à 10 dollars! C'est dans son sommeil que Mister C s'est éteint. Lui qui n'avait cessé un seul instant de glorifier le mouvement nous laisse un héritage chorégraphique sans égal. On avait pleuré à cette matinée de la BAM de New York, Le 19 avril dernier. De joie. Aujourd'hui, nos larmes ne sont que de tristesse. Merci Merce.
SYLVAIN NORGET POUR THE NAKED RABBIT PROJECT : TROP SEXY !
mardi 21 juillet 2009
vendredi 17 juillet 2009
L'ODE DES INROCKS AU FILM DE XAVIER DOLAN, J'AI TUE MA MERE...
L’histoire du cinéma ne manque pas de films à maman qui tentent sous des formes diverses de régler leur Œdipe. Il y a ceux qui fantasment, outre-tombe, sur l’image maternelle manquante (Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar), ceux qui chérissent sa présence (Le Souffle au cœur de Louis Malle), jusqu’à l’inceste (Ma mère de Christophe Honoré), et le désir de substitution totale (Psychose d’Alfred Hitchcock). Il fallait sans doute toute la fraîcheur et la provocation d’un cinéaste de 20 ans à peine pour oser désamorcer cette tension immémoriale par un titre conçu comme un effet d’annonce malicieusement prématuré et fallacieux. J’ai tué ma mère raconte la cohabitation difficile entre un adolescent de 17 ans, avide de liberté, de découvertes artistiques et de rencontres amoureuses, et de sa mère, peu à l’aise dans son rôle. Prises de tête bavardes autour du dîner rituel, muette irritation face aux tics du quotidien – rien, confie Xavier Dolan, présent à Cannes pour présenter son premier film sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, qu’il n’ait vécu ou ressenti au même âge : “J’ai écrit le scénario en trois jours, juste après avoir quitté l’école, rempli de griefs contre ma mère, le système éducatif. Ça a été un défouloir, une catharsis. Je l’ai écrit comme une lettre vindicative qu’on écrit à quelqu’un sans jamais lui envoyer.” Remisé dans un tiroir, puis ressorti des mois plus tard “puisqu’il fallait bien combler par l’écriture le néant auquel confronte l’arrêt des études”, le scénario d’origine va subir plusieurs transformations, mais c’est bien un effet de réel saisissant, fruit du premier élan d’écriture, qui caractérise le film.
Fondé sur un dispositif simple, J’ai tué ma mère avance à coups de longues séquences dialoguées (autour d’une table, dans une voiture), collant au plus près à une relation accidentée, tiraillée entre l’amour et la haine : “J’ai misé sur le côté hyperréaliste des détails irritants du quotidien, tout en tentant de démontrer la dichotomie des sentiments.” Le naturalisme au principe du film inclut une forme de répétition, qui se révèle ici être la clé du conflit mère-fils : sans début ni fin, indélimité, conçu comme une maladie du quotidien, un virus contracté au fil des petits déjeuners et des plateaux télé du soir. Xavier Dolan filme la violence de la relation jusqu’à l’épuisement, cherchant à en explorer toutes les formes possibles, les ramifications aussi complexes qu’indéfectibles Pour autant, le jeune Québécois se défend d’avoir voulu faire un documentaire à peine trafiqué sur sa propre vie : “Si j’avais voulu coller à la réalité, j’aurais caché des caméras dans les pots de fleurs et mis des micros dans les soutiens-gorge de ma mère.” Il revendique un profond désir de fiction, qui passe aussi par une cinéphilie “un peu claudicante”, mais dont J’ai tué ma mère se fait à plusieurs reprises le dépositaire. Il en va ainsi des plans ralentis sur la musique de Shigeru Umebayashi, clin d’œil à In the Mood for Love de Wong Kar-wai, comme des références plus inconscientes à la Nouvelle Vague. Telles des incrustations pop dans le manteau naturaliste, de courts plans en rafales d’objets et de peintures (procédé utilisé par Godard ou Resnais) ouvrent des séquences choisies : “C’est quelque chose de ludique, et en même temps ça permet de donner en un seul geste beaucoup d’informations sur un lieu, un personnage.” Ces surgissements très plastiques trouvent leur acmé dans une scène merveilleuse de dripping (art qui consiste à jeter aléatoirement de la peinture sur un mur) mettant en scène le héros et son amant – bientôt moins occupés à peindre qu’à faire l’amour.
Plaider coupable pour un meurtre à jamais différé, c’est la condition requise pour, du statut de fils, passer à celui d’artiste et d’amant. Condition aussi pour avoir été considéré au dernier Festival de Cannes comme un très jeune cinéaste, déjà l’un des plus prometteurs d’une nouvelle génération. Pour cela, Xavier Dolan a le temps. Enfin presque : “On n’a pas la vie devant soi. C’est une phrase pour procrastiner. Il faut faire les choses avec urgence, sans les escamoter. La phrase qui me guide, c’est celle de Valéry : “Le vent se lève, il faut tenter de vivre.”
Emily Barnett
jeudi 16 juillet 2009
WALTER PFEIFFER CHEZ BAUMET-SULTANA JUSQU'A FIN JUILLET !
mercredi 15 juillet 2009
LE ROI DE L'EVASION, DE GUIRAUDIE, VU PAR ARTE !
Armand Lacourtade (Ludovic Berthillot), 43 ans, vendeur de matériel agricole, ne supporte plus sa vie d’homosexuel célibataire. Quand il rencontre Curly (Hafsia Herzi), une adolescente qui n’a pas froid aux yeux, il vire de bord. Pourchassés par tous, ils bravent les dangers pour vivre cet amour interdit et finissent par créer un drôle de couple. Mais est-ce vraiment de ça dont avait rêvé Armand ?
Alain Guiraudie n’a pas renoncé au film de poursuite, un genre qu’il s’est approprié avec « Du soleil pour les gueux » (2000) et « Voici venu le temps » (2005). Célibataire homosexuel et fiché comme délinquant sexuel, autrement dit dragueur et cavaleur, Armand, le héros contrarié de son nouveau film, bat lui aussi la campagne au pas de course. Mais cette fois, il n’a pas le choix et il aimerait bien faire une pause. Pour Guiraudie aussi, il ne s’agit plus de se contenter de célébrer le gay aventurier et individualiste à Albi, la ville où le cinéaste réside et filme, mais de réfléchir à la situation et la reconduction d’une telle figure, d’en révéler les limites et de malmener un peu sa condescendance.
Cet effet de mise à plat permet seul le renouvellement. Beaucoup plus découpé et séquencé que ses films précédents, « Le Roi de l’évasion » révèle un auteur requinqué, prompt à aller regarder au-delà de son pré carré, jusqu’à tenter de filmer le corps féminin (celui de Hafsia Herzi, notoirement affolant depuis « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche, à qui on fait jouer ici une adolescente).
En chemin, Guiraudie n’a pas perdu de son insolence et il excelle à mettre en scène le personnage du « méchant », un commissaire nosfératuesque. Tour à tour omniscient, malveillant et sympathique, cet homme extrêmement changeant et nuancé force le spectateur à ne pas rester sur son quant-à-soi, comme il en advient d’Armand au cours de sa cavale.
Le Roi de l’évasion
d’Alain Guiraudie
(2009, France, 1h37)
Avec Ludovic Berthillot, Hafsia Herzi, Pierre Laur…
Une Coproduction Arte
Julien Welter
lundi 13 juillet 2009
dimanche 12 juillet 2009
NAN GOLDIN AUX RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES D'ARLES !
Nan Goldin a un physique: des boucles serrées rousses, un visage rond comme la pleine lune, un regard brun et à peine un sourire. Vedette des ses romans-photos, elle refuse de se faire photographier dans les rues d’Arles où se déroulent les rencontres photographiques.
A Arles, tout le monde reconnaît pourtant Nan Goldin puisqu’elle est le propre personnage de ses carnets intimes de clichés. Dans ces romans-photos, tout y passe: ses amants, ses lits d’amour défaits, ses bleus aux jambes, au cœur, ses coups sur le visages, le sang qui pisse quand l’amant l’a battue, ses amis, la débauche, les fins de nuit difficiles.
Tout s’accumule en centaines d’images. Un choc pour le spectateur qui en ressort avec des mots: douleur, souffrance, dépression. C'est trash, c’est sexe mais pas voyeur, pas impudique. La vie de Nan par Goldin.
Le directeur des Rencontres d’Arles, François Hebel, l’a découverte à New York, dans les fonds de Dowtown, elle projetait des dias. Un défilé d’images en musique comme un DJ de la photographie, en fond des chansons d’amour .C’était dans un bar enfumé, en 1987.
Elle arrive à Arles au théâtre antique et en plus court, refait cette expérience qui à l’époque n’existait pas. Personne n’avait encore l’idée d’un journal intime d’une telle force, d’une telle brutalité, d’une telle vérité.
Des centaines de clichés ajoutaient à l’impression d’entrer dans chaque minute de la vie d’une fille de la rue. Une photo seule en grand tirage est comme orpheline, il faut en voir jusqu’à plus soif pour être au plus près de cette balade sexuelle "The ballad of sexual Dependency" ou encore "Sœurs, saintes et sibylles" qui parle du suicide de sa sœur Barbara que l’on peut découvrir cette année à Arles.
"Plutôt que la création d’une réalité virtuelle, c’est la recherche de la réalité qui m’est essentielle. La réalité est déjà suffisamment mystérieuse. C’est l’exploration de ce mystère qui donne son intensité à cette démarche" dit -elle sans fard.
Nan Goldin a beaucoup à raconter. Elle a quitté la maison à 14 ans. La majorité des gens que l’on voit son morts aujourd’hui, de la drogue, du sida, des coups, de la vie extrême. Nan Goldin ne fait pas dans l’ego. Toutes ses photos nous parlent d’une époque, la nôtre, d’une communauté qui brûle sa vie, de la guerre entre hommes et femmes, de cette tendance qu’ont les femmes à se rendre objet de la violence des hommes, de la quête d’amour et de tendresse.
Nan Goldin met en histoire sa vie, c’est comme un film en photos projetées et la musique fait vibrer les clichés.
A Arles, cette année, ce sera fort ce 11 juillet, le groupe anglais Tiger Lillies jouera en direct, en regardant les photos défiler et en essayant de les suivre. Une performance déjà jouée à la Tate modern à Londres, un "must".
Ici, ce sera au milieu des vieilles pierres du Théâtre Antique. Le temple de la belle image va trembler sur ses bases car voir Nan Goldin et toutes ses expositions ainsi que ses invités, c’est accepter la rupture dans le politiquement correct. Ca parle à la vieille (mauvaise) morale puritaine et romano chrétienne enfuie dans chacun de nous, ça questionne, ça bouleverse. Bref, c’est une catharsis qui fera du bien à plus d’un.
(F.Baré)
A Arles, tout le monde reconnaît pourtant Nan Goldin puisqu’elle est le propre personnage de ses carnets intimes de clichés. Dans ces romans-photos, tout y passe: ses amants, ses lits d’amour défaits, ses bleus aux jambes, au cœur, ses coups sur le visages, le sang qui pisse quand l’amant l’a battue, ses amis, la débauche, les fins de nuit difficiles.
Tout s’accumule en centaines d’images. Un choc pour le spectateur qui en ressort avec des mots: douleur, souffrance, dépression. C'est trash, c’est sexe mais pas voyeur, pas impudique. La vie de Nan par Goldin.
Le directeur des Rencontres d’Arles, François Hebel, l’a découverte à New York, dans les fonds de Dowtown, elle projetait des dias. Un défilé d’images en musique comme un DJ de la photographie, en fond des chansons d’amour .C’était dans un bar enfumé, en 1987.
Elle arrive à Arles au théâtre antique et en plus court, refait cette expérience qui à l’époque n’existait pas. Personne n’avait encore l’idée d’un journal intime d’une telle force, d’une telle brutalité, d’une telle vérité.
Des centaines de clichés ajoutaient à l’impression d’entrer dans chaque minute de la vie d’une fille de la rue. Une photo seule en grand tirage est comme orpheline, il faut en voir jusqu’à plus soif pour être au plus près de cette balade sexuelle "The ballad of sexual Dependency" ou encore "Sœurs, saintes et sibylles" qui parle du suicide de sa sœur Barbara que l’on peut découvrir cette année à Arles.
"Plutôt que la création d’une réalité virtuelle, c’est la recherche de la réalité qui m’est essentielle. La réalité est déjà suffisamment mystérieuse. C’est l’exploration de ce mystère qui donne son intensité à cette démarche" dit -elle sans fard.
Nan Goldin a beaucoup à raconter. Elle a quitté la maison à 14 ans. La majorité des gens que l’on voit son morts aujourd’hui, de la drogue, du sida, des coups, de la vie extrême. Nan Goldin ne fait pas dans l’ego. Toutes ses photos nous parlent d’une époque, la nôtre, d’une communauté qui brûle sa vie, de la guerre entre hommes et femmes, de cette tendance qu’ont les femmes à se rendre objet de la violence des hommes, de la quête d’amour et de tendresse.
Nan Goldin met en histoire sa vie, c’est comme un film en photos projetées et la musique fait vibrer les clichés.
A Arles, cette année, ce sera fort ce 11 juillet, le groupe anglais Tiger Lillies jouera en direct, en regardant les photos défiler et en essayant de les suivre. Une performance déjà jouée à la Tate modern à Londres, un "must".
Ici, ce sera au milieu des vieilles pierres du Théâtre Antique. Le temple de la belle image va trembler sur ses bases car voir Nan Goldin et toutes ses expositions ainsi que ses invités, c’est accepter la rupture dans le politiquement correct. Ca parle à la vieille (mauvaise) morale puritaine et romano chrétienne enfuie dans chacun de nous, ça questionne, ça bouleverse. Bref, c’est une catharsis qui fera du bien à plus d’un.
(F.Baré)
vendredi 10 juillet 2009
jeudi 9 juillet 2009
LE ROI DE L'EVASION, D'ALAIN GUIRAUDIE, LE 15 JUIN SUR LES ECRANS !
Le Roi de l'évasion a été présenté à Cannes en 2009 dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs.
Désordre des désirs
Avec cette histoire d'amour peu banale, le réalisateur poursuit sa chasse aux conformismes. "Le film est contre l'idée que chacun est à sa place et doit y rester", souligne Guiraudie. "Donc contre l'ordre établi. On a déjà vu le personnage de l'hétérosexuel qui un jour se lâche et goûte à l'homosexualité... Je me suis demandé ce que ça donnerait si on faisait l'inverse. Et avec un écart d'âge conséquent entre les deux protagonistes. Du coup, on a affaire à deux héros atypiques : un homosexuel d'une quarantaine d'année, en crise, et une jeune fille passionnée qui lui court après. On est dans la situation extrême d'un couple qui vit un amour interdit (...) Sauf que le héros est largué et qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il veut, ce qui donne lieu à des situations très drôles dans son rapport au monde et à l'autre."
Ce que je suis... et ce que je poursuis
Alain Guiraudie précise ses intentions : "Le film est le fruit de mes réflexions et de celles de mon entourage autour de la crise de la quarantaine. Ce moment où l'on cherche un second souffle à sa vie. Mais où l'on se retrouve devant un cruel manque de possibles. C'est une période marquée par une grande perte de désir, de l'envie de l'autre qui, paradoxalement, se conjugue avec un grand retour de libido ! Le désir existentiel n'est plus là alors que le besoin sexuel revient en force. Et puis je voulais m'attarder sur le hiatus entre la vie fantasmée et la vie réellement vécue. Et donc faire un film qui se situerait entre rêve et réalité. Une question importante traverse le film : peut-on s'arracher à soi-même, dépasser ce que l'on est, ce que l'on a toujours été ? L'idée de changer de nature m'a traversé l'esprit tout au long de ma vie : fréquenter une jeune fille, avoir une vie de couple, comme tout le monde. Car on peut aussi se lasser d'une certaine forme de marginalité..."
Homos en campagne
Alain Guiraudie revient sur sa volonté de montrer des personnages d'homosexuels différents de ceux qu'on voit habituellement à l'écran : "La représentation de l'homosexuel au cinéma est souvent la même : il doit être jeune, bien foutu, coquet voire efféminé, au moins petit-bourgeois et urbain, en tout cas pas ouvrier, ni paysan. Dans mes films, j'admets que la proportion d'homosexuels est énorme par rapport à la réalité. Il n'empêche que ça drague à la campagne ! C'est un monde discret, un monde d'hommes qui aiment les hommes sans forcément se sentir appartenir à la communauté homosexuelle. Et cette drague en bord de route qui associe profs, paysans, étudiants ou VRP, jeunes ou vieux, est de plus en plus réprimée. La répression est douce mais réelle." Il ajoute : "Longtemps, j'ai considéré que l'homosexualité ne me déterminait pas en tant que cinéaste. J'ai montré une homosexualité qui ne posait aucun problème... Mais c'était une forme de déni. En fait, socialement, ça reste un problème. Même si Armand ne souffre pas vraiment de l'homophobie, son homosexualité lui pose problème..."
Le doux ronron des dourougnes...
Alain Guiraudie s'est toujours plu à glisser une part de merveilleux, de fantastique, dans ses films. C'est encore le cas cette fois, notamment à travers les mystérieuses "dourougnes"... Mais de quoi s'agit-il exactement ? Le cinéaste explique : "C'est une sorte de mandragore moderne possédant les vertus du viagra et de l'EPO, avec des effets désinhibants et aphrodisiaques... Bref, le dopant rêvé. On les trouve dans des endroits particuliers, au fond de la forêt. Elles sont cultivées comme un petit trésor par Robert un agriculteur du pays... Et il ne les cultive pas que pour le commerce mais aussi pour sa consommation personnelle et celle de ses amis."
div>
LE ROI DE L'ÉVASION DE ALAIN GUIRAUDIE
envoyé par LosangeWeb. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.
Désordre des désirs
Avec cette histoire d'amour peu banale, le réalisateur poursuit sa chasse aux conformismes. "Le film est contre l'idée que chacun est à sa place et doit y rester", souligne Guiraudie. "Donc contre l'ordre établi. On a déjà vu le personnage de l'hétérosexuel qui un jour se lâche et goûte à l'homosexualité... Je me suis demandé ce que ça donnerait si on faisait l'inverse. Et avec un écart d'âge conséquent entre les deux protagonistes. Du coup, on a affaire à deux héros atypiques : un homosexuel d'une quarantaine d'année, en crise, et une jeune fille passionnée qui lui court après. On est dans la situation extrême d'un couple qui vit un amour interdit (...) Sauf que le héros est largué et qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il veut, ce qui donne lieu à des situations très drôles dans son rapport au monde et à l'autre."
Ce que je suis... et ce que je poursuis
Alain Guiraudie précise ses intentions : "Le film est le fruit de mes réflexions et de celles de mon entourage autour de la crise de la quarantaine. Ce moment où l'on cherche un second souffle à sa vie. Mais où l'on se retrouve devant un cruel manque de possibles. C'est une période marquée par une grande perte de désir, de l'envie de l'autre qui, paradoxalement, se conjugue avec un grand retour de libido ! Le désir existentiel n'est plus là alors que le besoin sexuel revient en force. Et puis je voulais m'attarder sur le hiatus entre la vie fantasmée et la vie réellement vécue. Et donc faire un film qui se situerait entre rêve et réalité. Une question importante traverse le film : peut-on s'arracher à soi-même, dépasser ce que l'on est, ce que l'on a toujours été ? L'idée de changer de nature m'a traversé l'esprit tout au long de ma vie : fréquenter une jeune fille, avoir une vie de couple, comme tout le monde. Car on peut aussi se lasser d'une certaine forme de marginalité..."
Homos en campagne
Alain Guiraudie revient sur sa volonté de montrer des personnages d'homosexuels différents de ceux qu'on voit habituellement à l'écran : "La représentation de l'homosexuel au cinéma est souvent la même : il doit être jeune, bien foutu, coquet voire efféminé, au moins petit-bourgeois et urbain, en tout cas pas ouvrier, ni paysan. Dans mes films, j'admets que la proportion d'homosexuels est énorme par rapport à la réalité. Il n'empêche que ça drague à la campagne ! C'est un monde discret, un monde d'hommes qui aiment les hommes sans forcément se sentir appartenir à la communauté homosexuelle. Et cette drague en bord de route qui associe profs, paysans, étudiants ou VRP, jeunes ou vieux, est de plus en plus réprimée. La répression est douce mais réelle." Il ajoute : "Longtemps, j'ai considéré que l'homosexualité ne me déterminait pas en tant que cinéaste. J'ai montré une homosexualité qui ne posait aucun problème... Mais c'était une forme de déni. En fait, socialement, ça reste un problème. Même si Armand ne souffre pas vraiment de l'homophobie, son homosexualité lui pose problème..."
Le doux ronron des dourougnes...
Alain Guiraudie s'est toujours plu à glisser une part de merveilleux, de fantastique, dans ses films. C'est encore le cas cette fois, notamment à travers les mystérieuses "dourougnes"... Mais de quoi s'agit-il exactement ? Le cinéaste explique : "C'est une sorte de mandragore moderne possédant les vertus du viagra et de l'EPO, avec des effets désinhibants et aphrodisiaques... Bref, le dopant rêvé. On les trouve dans des endroits particuliers, au fond de la forêt. Elles sont cultivées comme un petit trésor par Robert un agriculteur du pays... Et il ne les cultive pas que pour le commerce mais aussi pour sa consommation personnelle et celle de ses amis."
div>
LE ROI DE L'ÉVASION DE ALAIN GUIRAUDIE
envoyé par LosangeWeb. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.
mardi 7 juillet 2009
J'AI TUE MA MERE, DE XAVIER DOLAN, MERCREDI SUR LES ECRANS !!
CANNES | Qualifié d'OVNI de la sélection par le programmeur de la Quinzaine des réalisateurs, le premier film de Xavier Dolan a connu un atterrissage parfait sur la Croisette, hier.
Chaudement applaudi lors de la présentation de presse matinale, J'ai tué ma mère et son auteur ont reçu une ovation de quelques minutes lors de la présentation officielle, à laquelle assistait toute l'équipe du film, en soirée.
Ému aux larmes, le jeune homme de 20 ans, qui a toujours rêvé de se retrouver à Cannes, a timidement salué le public avant de tomber dans les bras d'Anne Dorval.
«C'est le plus beau jour de ma vie», a-t-il dit au Journal, quelques minutes après la fin du film.
«Nous avons assisté à la naissance d'un grand cinéaste québécois», a confié son amie Karine Vanasse, qui s'est glissée dans la salle pour revoir le film, en cours de projection.
Lors de la projection à laquelle a assisté le Journal, en matinée, le public a semblé goûter tout particulièrement l'humour doux-amer du plus jeune cinéaste en ville. Les rires étaient nombreux, même si l'accent québécois et les dialogues quelquefois cacophoniques pouvaient compliquer la vie des cinéphiles français.
Mais les sous-titres n'étaient cependant pas nécessaires pour qu'ils apprécient cette scène où le personnage d'Anne Dorval engueule sans aucune retenue le directeur d'un pensionnat où elle a envoyé étudier son fils. Les spectateurs ont spontanément applaudi à la fin de la scène.
«Je n'étais pas à la projection du matin. Carole Mondello, la productrice, me l'a dit et j'étais tellement nerveuse que je me suis mise à pleurer», a confié une Anne Dorval émue de cette marque d'appréciation du public cannois.
À 20 ans seulement, Dolan fait preuve d'une remarquable maturité. En dépit de la dureté des sentiments évoqués, J'ai tué ma mère réussit autant à faire rire qu'à émouvoir.
J'ai tué ma mère, c'est l'histoire d'un adolescent (Xavier Dolan) marginal, homosexuel, qui n'en peut plus de sa mère, qu'il juge «kitsch», manipulatrice. Il la traite avec condescendance, lui parle rudement et ne se gêne pas pour remettre en question ses goûts vestimentaires et sa décoration. Il trouve un peu de réconfort auprès d'une enseignante (Suzanne Clément) et de son petit ami (François Arnaud), dont il envie la relation avec sa mère.
Mais malgré la haine qu'il prétend vouer à sa génitrice, Hubert se trouve incapable de ne pas l'aimer. Même si celle-ci et son père, qu'il ne voit pratiquement jamais, jugent à-propos, devant ses faibles résultats scolaires, de l'expédier dans un pensionnat.
Décrocheur au cégep après deux mois d'études parce qu'il se sentait dans un carcan dans le système scolaire québécois, nous a-t-il expliqué, le fils de Manuel Tadros a de toute évidence bien accompli ses devoirs cinématographiques. Son film renferme de nombreuses références à des cinéastes de renom sans pour autant qu'on puisse crier à la copie.
En conférence de presse, un Français lui a même demandé s'il se voyait «comme une sorte d'Arthur Rimbaud des temps modernes».
«J'ai fait quelques clins d'oeil», a-t-il dit, avouant avoir filmé certaines scènes à la Van Sant, Haneke ou Truffaut.
Même la crise d'Anne Dorval lui a été inspirée par une de ses idoles.
«Celle-là, c'est un clin d'oeil à Julianne Moore quand elle pète sa coche dans une pharmacie dans Magnolia. J'avais trouvé ça formidable.»
L'amour d'une mère
Même si son aspect autobiographique pourrait la choquer, Xavier Dolan est d'avis que sa mère va apprécier le film.
«Je pense qu'elle va l'aimer», a prédit le jeune réalisateur, hier, sans cacher que l'histoire du film a été en partie inspirée de sa propre adolescence.
«Paradoxalement, a-t-il pris soin de préciser, le scénario nous a rapprochés. J'espère qu'elle va voir autant le message haineux que le message amoureux. Je vais m'arranger pour qu'elle le voit dans une intimité propice, avant la première à Montréal.»
Pour le film, Dolan ne voyait personne d'autre que Anne Dorval pour jouer le rôle de sa mère. C'est d'ailleurs elle, la première, qui a lu son scénario écrit il y a quatre ans.
«C'est très flatteur d'avoir été choisie par quelqu'un d'aussi brillant, intelligent et articulé. À l'époque, il m'avait présenté une nouvelle qui s'appelait Le matricide. Je me disais que c'était pas possible qu'un jeune de 16 ans puisse écrire avec une telle lucidité.»
Le principal intéressé a déjà un autre projet en branle, Laurence any ways, un film qui raconte l'histoire d'un transsexuel et qu'il souhaite tourner «le plus rapidement possible.»
«J'ai une rencontre avec un distributeur important pour une coproduction avec la France.»
D'ici là, J'ai tué ma mère prendra l'affiche au Québec au début du mois de juin.
lundi 6 juillet 2009
Inscription à :
Articles (Atom)