En début de semaine, le conseil de Paris a voté à l'unanimité un voeu visant à l'ouverture d'un débat sur l'arrêté de la ministre de la Santé qui maintient l'exclusion des homosexuels masculins des dons de sang.
SOS homophobie salue cette résolution consécutive à la position de la ministre de la Santé, mais doute de l'utilité d'un débat qui a déjà eu lieu.
En effet, un groupe de travail a déjà été réuni au ministère de la santé en 2006* alors que les données scientifiques à l'époque étaient les mêmes qu'aujourd'hui. Le ministre s'était alors prononcé pour ouvrir la possibilité aux homosexuels de donner leur sang.
Pour justifier son changement de position, la ministre a précisé les conditions auxquelles les gays pourraient donner leur sang : prévalence égale entre homosexuels et hétérosexuels. SOS homophobie est révoltée par ces propos puisque cela signifierait qu'il faudrait, soit le décès des nombreux gays séropositifs, soit la nouvelle contamination de nombreux hétérosexuels.
Cette condition est absurde : autant dire clairement que les homosexuels ne pourront jamais donner leur sang. Cela serait plus honnête.
En fait, c'est bien, comme le rappelle Act Up Paris, du taux de nouvelles contaminations dont il faut tenir compte puisqu'il indique bien les comportements actuels des deux groupes vis à vis du VIH et de sa prévention. Et il montre clairement que le taux de contamination est plus important chez les hétérosexuels que chez les gays. Mais ce constat scientifique impliquerait alors, par le même principe de précaution, d'interdire de don les hétérosexuels...
* En mai 2006, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, avait conduit une série de réunions avec des associations LGBT et de lutte contre le VIH, la Halde, l’Établissement Français du Sang et la Direction Générale de la Santé. Au terme de ces entretiens, Xavier Bertrand, avait annoncé le 7 juillet 2006 mettre fin à cette discrimination : il le confirmait dans des entretiens avec Têtu et Le Monde (10 juillet) : « La contre-indication permanente actuelle visant "les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes" ne me semblait pas satisfaisante, car elle stigmatisait de facto une population et non des pratiques. Elle va donc disparaître », « J'entends que l'on ne parle plus à l'avenir de "populations à risque" mais bien de "pratiques sexuelles à risque" », précisait le ministre toujours dans Le Monde. Dans le questionnaire médical que tout candidat au don doit remplir, la question « Avez-vous eu des rapports homosexuels? » devait donc être changée en « Avez-vous eu des pratiques sexuelles à risque ? ». Comme la levée de l'exclusion des homosexuel-le-s tardait à venir, SOS homophobie avait, en septembre 2007, demandé audience au cabinet de Roselyne Bachelot, pour connaître le point de vue de la nouvelle ministre de la Santé. Le 27 novembre 2007, la ministre annonçait à la presse sa décision d'ouvrir le don de sang aux homosexuels. Sur France Info, elle qualifiait cette mesure de "démarche discriminatoire qui n'est pas tolérable" et ajoutait que cette suspension interviendrait "d'ici quelques jours".
Communiqué de presse de SOS HOMOPHOBIE.
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