jeudi 30 octobre 2008
BOUCHE A BOUCHE, DE LOUIS DUPONT, EN VOD SUR ARTE !
Thomas a un secret. Il a dix-sept ans et il est lycéen à Abbeville. Et ce secret, il pense ne pouvoir le transmettre à personne.
Fiction expérimentale, 15’- (Super 16 et Super-8)
Scénario de Louis Dupont avec la collaboration de Gilles Taurand.
La Luna Productions
"Abbeville, bombardée, ravagée, ma grand-mère m’en montrait les photos lorsque j’étais petit . Combien de fois, en voyant les images des bombardements de Dresde, les combats de rue à Grosny ou l’incroyable direct des assauts aériens sur Bagdad, j’ai repensé à la ville de mon enfance ! Il y a des ressemblances dans les horreurs de toutes les guerres même si elles ont des origines très différentes. J’ai alors imaginé quelques jours dans la vie de Thomas (Jean-Sébastien Haigneré), un jeune lycéen submergé et, handicapé socialement, par l'évidence de son désir. Dans sa famille, mais aussi avec ses copains de lycée ou au cours de secourisme, il pense être tenu au secret. Au-delà d'une simple toile de fond, les images de la collégiale d’Abbeville détruite et reconstruite servent d'écho lointain à son parcours psychologique. De son balcon, une vieille dame (Ginette Garçin) rencontrée au cimetière lui montre, comme une promesse, l’immense édifice reconstruit.
La présence de cette collégiale me semble constituer une approche cinématographique passionnante pour ce sujet : l'ancien et le moderne, la mémoire enfouie - mais révélée par les images ou par le partage d'un secret -, le passé et le présent, les souvenirs perdus de la vieille dame du cimetière, ses confidences d'une autre époque, autant d'effets d'opposition dans mon filmage, à la fois proche des visages, de leur opacité, de leur quête d'un lien impossible.
Bouche à Bouche est une œuvre de fiction, mais aussi une passerelle entre le narratif et le cinéma expérimental. En effet pour traduire le malaise du garçon, son sentiment d’être sali et son point de vue sur le monde, un important travail de recherche plastique a été nécessaire. Le formel passe avant le réel.
Le travail technique de l’image au montage est très complexe. Après un tournage en Super 16, des rushes ont été refilmés en Super8 , projetés sur micro écran et refilmés en numérique, puis le film gonflé en 35mm. Quelque fois, avant le kinéscopage en 35mm, les plans (comme par exemple le générique réalisé sur une vieille titreuse Super8) ont été à nouveau refilmés en super 8, reprojetés , et refilmés en numérique. La référence au cinéma argentique est présente à presque chaque image, rayures, poils, accidents chimiques, etc… La volonté d’imposer une image palpitante et marquée, face à la netteté et la « perfection » de l’image numérique. Tout cela pour aussi rendre un vibrant hommage à la pellicule argentique, souvent submergée maintenant par le tsunami du numérique.
J’ai donc parfois le sentiment de travailler comme l’alchimiste. J’utilise de la matière première noble : l'argentique, je "la chauffe dans un creuset", je mélange avec d’autres substances, superpose, colore, je provoque l'émulsion pour chercher une image subversive, loin des codes de la culture visuelle dominante.
Après être passé par ce processus de refilmage des images, interdisant par là même toute synchronisation directe avec les sons originaux, la partie « sound design » a été créé par Damien Salançon avec qui je collabore depuis de nombreux années. Ensemble nous avons intégré les dialogues aux textures sonores. Concernant la partie musicale, Damien a composé une musique au piano pour souligner la solitude du personnage principal. Elle a été intégrée à l’ensemble en profitant des larges espaces que laissait le montage image. Faisant appel à la sensibilité du spectateur, à travers les codes de l’expérimentation, il était nécessaire de retrouver cette démarche au niveau sonore.”
Louis DUPONT
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