vendredi 26 février 2010

Fabien Lemaire, grand photographe...




Jonathan Rhys Myers !

Interview de Tom Ford sur les Inrocks.com !


Le film est l’adaptation d’une nouvelle de Christopher Isherwood. Qu’est-ce qui vous a touché dans ce texte ?
J’ai découvert ce livre à 20 ans. J’ai tout de suite adoré l’histoire, et particulièrement le personnage de George, dont le livre est en fait le monologue intérieur. Peu après l’avoir lu, j’ai rencontré Isherwood et suis devenu obsédé de son œuvre. Il y a cinq ans, alors que je quittais Gucci et Saint Laurent, l’envie de réaliser un film s’est imposée à moi. J’avais plusieurs idées, posé des options sur certains livres, mais aucun ne correspondait vraiment au film que je voulais faire. Et étrangement, le personnage de George est revenu me hanter. Je traversais moi-même une crise semblable à celle de George. Je ne savais pas ce que je deviendrais, ce que j’avais à dire, j’étais perdu. Le sujet de la nouvelle m’a alors bouleversé : l’histoire d’un homme qui vit dans le passé. La beauté du monde qui lui apparaît progressivement comme une sorte d’épiphanie, au travers des petits riens qu’une journée peut offrir. J’ai donc adapté cette nouvelle en y ajoutant l’élément du suicide. Quel meilleur moyen en effet d’apprécier une journée quand on sait que c’est la dernière ?
L’une des thématiques du film est celle du deuil. Est-ce un sujet qui vous est cher ?
Rien ne dure, que ce soit notre vie, les choses, notre visage (rires)... Ayant grandi au début des années 1980, j’ai vu bon nombre de mes très bons amis mourir du sida. Le deuil fait partie intégrante de ma vie. Il est ici abordé par le personnage de George, qui ne se remet pas de la mort de son compagnon, mais aussi par celui qu’interprète Julianne Moore, qui voit sa beauté se faner peu à peu et doit faire le deuil de la femme magnifique qu’elle a été.
A Single Man cite Alfred Hitchcock ou Wong Kar-wai. Quelles sont vos références cinématographiques ?
Alfred Hitchcock est sans conteste l’un de mes réali­sateurs préférés, comme Stanley Kubrick, Michelangelo Antonioni, George Cukor ou Vittorio De Sica. Aujourd’hui, des cinéastes comme Julian Schnabel ou Mel Gibson me fascinent. J’ai trouvé Apocalypto époustouflant et déplore qu’il soit si sous-estimé.
La campagne promotionnelle du film aux Etats-Unis a été très critiquée, accusée notamment d’être ambiguë sur le caractère homosexuel de cette histoire d’amour. Cela vous a-t-il agacé ?
Enormément. Vous savez, la culture américaine reste encore incroyablement puritaine. Nous avons été forcés de supprimer le baiser entre hommes de la bande-annonce car il est considéré aux Etats-Unis comme “pornographique”. L’affiche du film, également ambiguë, semblait sous-entendre une histoire d’amour entre Julianne Moore et Colin Firth. C’était en fait un coup marketing, qui induisait que ce film montrerait deux stars au meilleur de leur art. Heureusement, ici, la campagne est beaucoup plus lisible : vous appelez un chat un chat et il n’y a aucun doute sur ce que raconte cette histoire.
La mode vous enthousiasme-t-elle autant qu’avant ?
Le matérialisme pour moi n’est pas une mauvaise chose, nous sommes tous des êtres matériels, “living in a material world” ! J’aborde aujourd’hui la mode – notamment dans la préparation de ma collection pour femmes – de manière totalement différente. Je n’étais pas frustré lorsque je travaillais chez Gucci, mais il me semblait que j’avais atteint les limites de mon discours. Cela dit, la mode me passionne toujours autant. Je reste émerveillé des collections de Nicolas Ghesquière pour Balenciaga ou Jean Paul Gaultier. Il aurait fait un bien meilleur travail que moi chez Saint Laurent !

Kerry, shooting a Miami !

jeudi 25 février 2010

L'arbre et la forêt de Ducastel et Martineau !


Réalisateurs : Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Acteurs : Guy Marchand, Françoise Fabian, Sabrina Seyvecou, Yannick Renier, François Négret, Catherine Mouchet, Sandrine Dumas, Pierre-Loup Rajot
Long-métrage
Genres : Fiction
Sous-genres : Comédie dramatique
Langue de tournage : Français
Nationalité : 100% français (France)
Sortie en France : 03/03/10
Durée : 1h 37mn
Etat d'avancement : Sortie à venir
Site officiel : www.advitamdistribution.com
Production déléguée : Les Films du lendemain , Maïa Films
Distribution France : Ad Vitam
Exportation/Ventes internationales : Films Distribution

SynopsisFrédérick fait pousser des arbres et, depuis près de soixante ans, cultive un secret. Autour de lui,
seuls sa femme et son fils aîné savent la vérité sur son histoire. La mort de ce fils, avec qui il
entretenait des rapports conflictuels, le conduit à révéler enfin à ses proches ce qu’il n’avait jamais pu dire.


Sélections festivals> Festival international du film de Berlin (Berlinale) - 2010 :

- Panorama

Extrait de Single man de Tom Ford !

dimanche 21 février 2010

A single man, by Tom Ford !


Son premier film, A Single Man, est à la fois une surprise et un indéniable succès. Il a su adapter avec sensibilité et élégance l'œuvre méconnue de Christopher Isherwood (l'auteur de Goodbye To Berlin, qui a donné la comédie musicale et le film culte Cabaret). A l'écran, Colin Firth incarne George, un prof de littérature désespéré par la mort de son compagnon. Un rôle superbe qui lui vaut aujourd'hui une nomination aux Oscars. Rencontre avec ce cinéaste très singulier avant la sortie de A Single Man, le 24 février.
Pourquoi avoir choisi de faire vos débuts au cinéma avec l'adaptation de A Single Man, qui n'est pas la plus connue des œuvres de Christopher Isherwood?
Tom Ford: Cette histoire me parlait depuis longtemps. J’ai découvert A Single Man quand j'avais 20 ans. Plus tard, j'ai rencontré Christopher Isherwood et j'ai dévoré tous ses livres. Il y a quatre ans quand j'ai commencé à monter ma société de production, j'ai mis une option sur un ou deux livres, mais rien ne m'emballait vraiment. Et j'ai réalisé que c'étaient le livre A Single Man et le personnage de George qui me hantaient depuis toujours. C'est un ouvrage très spirituel, chose que je n'avais pas réalisée plus jeune…
Et une histoire gay…
A Single Man raconte l'histoire de quelqu'un qui ne se voit plus de futur car il a perdu l'homme qu'il aimait. Quand j'ai quitté Gucci, le vide immense qui s'est alors installé en moi m'a fait ressentir des sentiments semblables. Le message de ce livre, et du film, tourne autour des questions: qui sommes-nous? Où nous trouvons-nous? C'est à la fois personnel et c'est universel.
En 2004, vous avez quitté Gucci et presque abandonné le stylisme. Comment vous sentiez-vous?
Cela a été terrible. Comme un divorce. J'ai eu l'impression que je rentrais chez moi et que quelqu'un avait changé les serrures. Je me suis dit que je n'avais plus de voix dans la culture contemporaine. C'était dur de ne plus pouvoir m'exprimer. Ce film, c'est comme une crise de la cinquantaine...
Vous n'êtes pas un peu jeune pour vivre déjà ce type de crise?
A 33 ans, déjà, j'ai eu tout ce que quelqu'un pouvait désirer au monde: l'amour, la gloire, la fortune, cinq maisons, un compagnon adorable, deux chiens. J'avais tout ce succès matériel. Et pourtant quelque chose me manquait… le cinéma.
Vous avez toujours dit que le cinéma était votre passion. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de passer derrière la caméra?
A côté de mon travail de styliste chez Saint Laurent et Gucci, je supervisais des créateurs comme Stella McCartney ou Alexander McQueen. Je passais ma vie entre Londres, Milan, Paris et New York, je manquais de temps...
D'où vient votre fascination pour le cinéma?
C'est un monde parallèle dans lequel n'importe qui peut s'évader. J'en avais besoin enfant et j'en ai toujours besoin.
Quels cinéastes vous ont inspirés?
Antonioni, De Sica, Wong Kar Waï, Gus Van Sant et surtout Hitchcock qui est au sommet de ma liste. Si je déprime, je regarde un film de George Cukor (Le Milliardaire, My Fair Lady). Ça va beaucoup mieux après... Cette année, A Serious Man des frères Cohen et Precious de Lee Daniels m'ont vraiment emballé.
Ce sont des cinéastes très soucieux de la forme, du visuel…
On a assez de télé-réalité comme ça ! Je veux voir de la réalité fantasmée…
A Single Man se passe dans les sixties alors que vous adorez les seventies?C’est vrai, la décennie qui m'a toujours inspiré, c'est celle des seventies, celle dans laquelle j'ai grandi. Tout le monde suppose que si j'ai attaché tant d'importance au style dans ce film, c'est parce que je suis créateur. Honnêtement, je m'en fiche. Le look du film est juste un écrin pour les personnages. Rien d'autre. George veut en finir avec la vie et regarde son univers d'une façon presque idéalisée. Mais je n'ai jamais voulu faire un film sur les années 60.
Peu de gens le savent mais vous avez été acteur dans les années 70…
C'est vrai, ça marchait plutôt bien d'ailleurs. J'avais une belle gueule et je pouvais tourner des pubs. Car j'avais des tonnes de cheveux, comme Farah Fawcett (il bouge sa tête comme dans une pub de shampooing). Mais ce n'était pas un but en soi...
Pourquoi avoir choisi Colin Firth pour le rôle principal?
Dans tous ses films, Colin Firth (Bridget Jones, La Jeune fille à la perle) est très réservé à l'extérieur, mais on remarque une fêlure, une flamme dans ses yeux. C'est cela que je voulais explorer. Et cela collait parfaitement au personnage de George. Beaucoup d'acteurs ont des yeux vides. Je ne dirai pas qui… Même s'ils sont beaux et forts. Colin, lui, a une subtilité unique. J'avais quelqu'un pour le rôle, mais six semaines avant le début du tournage, l’acteur m'a fait faux bond pour tourner quelque chose qui allait lui rapporter plus. J'ai redemandé à Colin qui se trouvait être libre. Et le miracle s'est produit...
Votre nom dans la mode a souvent rimé avec «provocation». Vous ne trouvez pas que votre film est très chaste?
Je sais, il n'y a pas de sexe (rires). La mode et le cinéma sont pour moi deux moyens d'expression totalement différents. Et puis, cette image de provocateur, c'était au début des années 90, j'avais 30 ans, c'était une période différente.
Depuis que vous avez réalisé A Single Man, la presse américaine vous présente souvent comme «le plus trendy» des réalisateurs gays. Cela vous plait?
Je n'aime déjà pas être réduit au fait que je suis gay. J'apprécie peu ce type d'étiquette. Je suis un homme, qui se trouve être gay, et metteur en scène. Et alors? Je déteste définir mon travail par ma sexualité. Pourquoi ne pas dire que je suis «un réalisateur qui aime tailler des pipes!» Mon héros est gay, c'était important pour moi de le montrer le plus naturellement possible. Le meilleur moyen de lutter contre les préjugés, c'est de montrer la vérité d'une vie.
Aujourd'hui, beaucoup de metteurs en scène passent du cinéma à la télé. Cela vous tente-t-il?
Un jour peut être. Sur HBO par exemple, vous avez une liberté que vous n'avez pas au cinéma. Par exemple, vous pouvez montrez des pénis...
Vous avez d'autres projets en tête?
J'ai fini A Single Man en août. Et depuis, je suis quasiment en promotion permanente. Après tout ça, j'aurai sûrement besoin de souffler un peu, même si je caresse une ou deux idées... Je ne me vois pas livrer un film tous les deux ans, si je n'ai jamais vraiment quelque chose à dire derrière...
Vous devez être très sollicité par les acteurs aujourd'hui?
Avant je les habillais. Maintenant, je peux les habiller et peut-être leur apporter une nomination aux Oscars. Alors c'est vrai que le regard de certains acteurs sur moi a changé. Surtout celui des actrices !

Propos recueillis par Louis Maury pour tetu.com

jeudi 18 février 2010

Gouttes dans l'océan de Fassbinder au Théatre Mouffetard !


Tout commence par une scène de drague assez banale. Leopold (Julien Geskoff), la trentaine, a ramené chez lui Franz (Yann Métivier) pour coucher avec lui. Des deux hommes, nous savons juste qu’ils ont déjà eu des petites amies. Quelques instants plus tard, nous sommes transportés six mois plus tard, alors que leur couple part en vrille.
UNE ADAPTATION AU CINÉMA PAR FRANÇOIS OZON
Rainer Werner Fassbinder est un géant du cinéma allemand des années 70 et 80. Il n’en fut pas moins prolixe au théâtre. Mais Gouttes dans l’océan est surtout connue pour l’adaptation cinématographique qu’en avait fait François Ozon (Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, 2000).
UNE PIÈCE PROFONDÉMENT ACTUELLE
Dans l’interview qu’ils nous ont accordée, Yann Métivier et Julien Geskoff parlent du couple qu’ils forment sur scène, de l’écriture de Fassbinder, de la nudité. Écrite au milieu des années 60, Gouttes dans l’océan reste, par les thèmes qu’elle exploite, profondément actuelle, comme l’explique dans la vidéo Marijke Bedleem, du collectif La Querelle, qui a monté la pièce. Rapports de domination, omniprésence de la consommation, place du travail, la société est sans cesse présente dans le couple de Franz et de Leopold, avec sur le plateau des écrans de télévision qui diffusent entre chaque acte des publicités décalées.
Cette “comédie avec fin pseudo-tragique”, selon les mots de Fassbinder, a la puissance du mélodrame: quoi qu’ils fassent, nous savons d’emblée que les protagonistes sont confrontés à un système qui finira par les briser. L’entrée en scène tardive des deux personnages féminins, Anna (Émilie Beauvais), l’ancienne fiancée de Franz, puis Véra (Lætitia Le Mesle), l’ex de Léopold, ne fait que précipiter les choses.
Il y a aussi une certaine ironie dans ce spectacle alors que la reconnaissance du couple homosexuel et la revendication du mariage sont encore des combats à gagner. À en croire Fassbinder, le couple et l’amour ne seraient qu’illusion. Ou comme l’avait titré avant lui son maître, Douglas Sirk, pour un de ses mélodrames, une obsession magnifique (Magnificent Obsession, 1954). Ce qui doit revenir un peu au même, non?
Gouttes dans l’Océan, de RW Fassbinder, mise en scène de Matthieu Cruciani, avec Yann Métivier , Julien Geskoff , Laëtitia Le Mesle , Emilie Beauvais. Représentations les mercredi, jeudi, vendredi à 20h30, le samedi à 21h00, le dimanche à 15h00.
Au Théâtre Mouffetard, 73, rue Mouffetard, 75005 Paris. Tel : 01 43 31 11 99.

yagg.com

Six regards sur la ville !

mercredi 17 février 2010

L'arbre et la forêt !


Présenté à la Berlinale, "L'arbre et la forêt" des cinéastes français Olivier Ducastel et Jacques Martineau, évoque la déportation pour homosexualité, longtemps taboue et peu portée à l'écran.
Déjà lauréat du prix Jean Vigo en France où il sort le 3 mars, le film est programmé dans la section Panorama, où il concourt pour le Teddy Bear qui récompense le meilleur film à thématique gay ou lesbienne.
On y suit Frédérick (Guy Marchand), sylviculteur en Alsace.
Cet homme solitaire et bourru, amateur de Wagner à plein volume, n'apparaît pas aux obsèques de son fils aîné, suscitant l'ire du cadet (François Négret).
Réunis dans la propriété familiale plantée d'arbres, sa femme (Françoise Fabian) sa belle-fille (Catherine Mouchet), sa petite-fille (Sabrina Seyvecou) et le compagnon de celle-ci (Yannick Renier) tentent de le comprendre.
C'est alors que Frédérick révèle la vraie raison de sa déportation dans un camp de concentration, environ quarante ans plus tôt : l'homosexualité.
"Il n'y a semble-t-il, pas eu de politique de persécution des homosexuels dans la France gouvernée par Vichy : ni de la part des Allemands, ni de celle de Vichy", rappelle Jacques Martineau dans un entretien à l'AFP.
"En revanche, il existe des preuves que des Alsaciens ont été internés au nom du paragraphe 175" du Code pénal allemand, abrogé en 1969, qui punissait "la fornication entre deux hommes", précise-t-il.
Car à l'instar de la Lorraine, l'Alsace annexée par le IIIe Reich en 1940 fut soumise à la législation allemande.
"Nous avons choisi de parler d'un Alsacien pour cette raison-là. Mais les historiens ont du mal à trouver des éléments, nous n'avons eu accès à rien".
Les deux cinéastes se sont surtout basés sur le récit-témoignage de Pierre Seel publié en 1994, "Moi Pierre Seel, déporté homosexuel".
"Mais son vécu était trop romanesque et nous voulions plutôt imaginer une histoire autour de ces gens qui n'ont pas témoigné, qui n'en ont pas parlé autour d'eux pendant toutes ces années", dit Olivier Ducastel.
"Nous voulions faire un film sur le silence : pourquoi ce silence, pendant si longtemps ?" renchérit Jacques Martineau.
"Les déportés homosexuels ont tous eu la même expérience : comme les autres, ils ont été déportés pour des motifs délirants. Mais quand ils sont sortis, ils ne pouvaient pas ouvrir la bouche : il y avait encore des législations discriminatoires en Allemagne et en France", souligne Olivier Ducastel.
"Pierre Seel n'a pas pu faire reconnaître son statut de déporté : il n'y avait pas de case 'homosexualité' à cocher dans les papiers administratifs !"
Pénalisée en 1942 en France, l'homosexualité y a été classée "fléau social" en 1960. L'Etat français a reconnu pour la première fois le 26 avril 2001 les persécutions subies par les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale, dans un discours du Premier ministre d'alors, Lionel Jospin.
Selon les associations, il y aurait eu 66 cas certains de déportés pour homosexualité en France. Ils seraient 90.000 à 100.000 en Allemagne dont 10.000 à 15.000 ont péri dans les camps, estime le Mémorial américain de l'Holocauste.
e-llico.com

Ander : grand et beau film pour les Inrocks !


Découvrir un grand film d’un cinéaste inconnu reste un des grands kiffs de la vie de critique ou de spectateur attentif. C’est exactement ce qu’on a ressenti quand on a découvert Ander à Berlin l’an dernier, dans le grand bazar de premiers films que constituent les sélections parallèles de la Berlinale.
Ça se passe ainsi : on consulte la liste des cinquante films de la journée, on se détermine en fonction de paramètres aléatoires – l’emploi du temps, la proximité de la salle, l’heure de la journée. Tiens, un film hispano-basque, essayons, il n’y en a pas tant que ça, et si ce n’est pas bon, on se repliera vite sur le coréen qui passe à côté.
Sauf que le film de Roberto Castón nous a conquis, qu’on est resté jusqu’au bout de ses 2 h 08 et que ce fut notre meilleur souvenir cinéma de Berlin 2009.
Revu ce mois-ci à Paris, Ander est bien un superbe film et pas une hallu de festivalier fatigué.
La quarantaine, Ander vit avec sa mère et sa sœur dans les montagnes de Biscaye, partage ses longues journées de travail entre l’usine et les tâches à la ferme familiale. Il se lève avant les premières lueurs du jour, maman lui prépare le café, le saucisson et la tortilla. Il trait les vaches, puis part à l’usine, revient le soir où il doit encore rentrer les bestiaux ou bêcher le potager. Une existence simple, rude, sans doute pleine de frustrations.
Un jour, Ander se casse la jambe. On doit engager un travailleur saisonnier pour aider à tenir la ferme. L’arrivée de José, beau jeune homme originaire du Pérou, va bouleverser la vie et les rituels immuables de la famille.
Dit comme ça, ça n’a l’air de rien. Histoire banale, déjà vue. Mais quelle force tranquille chez Roberto Castón. Quelle simplicité et quelle précision dans ses plans sans affèterie. Quelle présence brute et dénuée de coquetterie chez les acteurs.
Quelle justesse dans les durées de scènes, le déroulé patient du récit qui se déploie comme en symbiose avec les éléments. Quel tact et quelle finesse dans la représentation des relations humaines, que celles-ci soient d’ordre filial, amical, amoureux, sexuel, conflictuel.
Car tout va bouger, insensiblement ou brutalement, dans la famille d’Ander : la mère qui approche de la fin, la sœur qui va se marier, les relations entre Ander, José, et les ami(e)s du voisinage.
Comme dans Le Secret de Brokeback Mountain, une relation homosexuelle va éclore dans ce milieu plutôt traditionnel et catholique. Et le sujet d’Ander, c’est aussi cela : comment bougent les mœurs dans des régions reculées qui évoluent plus lentement que les villes.
Comment mettre des mots sur du ressenti profond quand on ne maîtrise pas la parole et quand le ressenti semble aller à l’encontre des us de sa communauté.
Comment s’épanouissent les individus au milieu des préjugés collectifs.
Toutes ces grandes et grosses questions, qui pourraient donner lieu à d’épais dossiers sociologiques, sont traitées ici sans une once de didactisme ou de “vouloir dire”, Castón demeurant toujours en empathie profonde avec ses personnages, jamais en avance ou au-dessus d’eux ni à trop grande distance.
Il y a dans ce film un mélange d’évidence, de simplicité formelle, de complexité humaine, de rudesse et de subtilité qui évoque les très grands, de la trempe de Ford ou Straub.
Au cours du film, une famille de fermiers basques se recompose de manière assez subversive, processus qui pourrait “faire scandale” mais qui est regardé placidement par Castón comme la chose la plus naturelle du monde.
On voit bien ici que le propos n’est pas de choquer le bourgeois ou de chausser les gros sabots militants, mais de montrer que les sentiments entre les personnes passent avant les normes sociales.
Ander, c’est comme un scénario à la Fassbinder qui serait filmé par le regard calme et bienveillant d’Ozu. Oui, grand et beau film.

lesinrocks.com

lundi 15 février 2010

Howl, au Festival de Berlin !


Le film "Howl" présenté vendredi en compétition à la 60ème Berlinale tente de percer le mystère de la création littéraire en proposant un portrait original du poète gay de la Beat generation américain Allen Ginsberg.
Déjà dévoilé au Festival de cinéma indépendant américain de Sundance, ce long métrage est signé par Robert Epstein et Jeffrey Friedman, co-auteurs du documentaire "Paragraph 175" qui relatait la persécution nazie des "gays" allemands et de "Celluloïd closet", consacré à l'homosexualité à Hollywood.
Au coeur du film, le texte le plus célèbre d'Allen Ginsberg (1926-1997), un long poème en prose intitulé "Howl", est déclamé par le jeune poète interprété par James Franco (photo) devant une audience subjuguée. Découpée en séquences, cette scène de fiction en noir et blanc scande le film, enrichie par des passages où une animation naïve voire un peu kitsch, figure les fulgurances poétiques du texte : des silhouettes entrelacées montent au ciel, des volutes incandescentes s'échappent d'un saxophone...
Epstein et Friedman ont apporté un troisième niveau au récit : on y suit le procès pour "obscénité" auquel dut faire face en 1957 l'éditeur d'un texte jugé scandaleux par certains, en raison de son langage cru et explicite.
Un peu roboratif, "Howl" restitue ainsi l'ambiance électrique des lectures à hautes voix faites par Ginsberg dans les bars enfumés de San Francisco et le caractère provocateur du texte.
"Le secrétaire d'Allen Ginsberg a appelé un jour en demandant si ce projet de film nous intéressait. Nous avons répondu 'Pas qu'un peu !'," a raconté à la presse Robert Epstein, qui en 1985 a reçu un Oscar pour son documentaire "The Times of Harvey Milk" consacré au pionnier de la cause homosexuelle américaine.
"Mais nous nous sommes demandé 'Comment faire un film à partir d'un poème?'"
Pour Jeffrey Friedman, Ginsberg a été un exemple pour une génération d'homosexuels qui ne s'assumaient pas comme tels. "Il a fini par avoir une influence politique, sur le plan de la libération des moeurs. Ses amours enrichissaient sa création littéraire", a-t-il dit.

"Howl" est l'un des 20 films en lice pour l'Ours d'or décerné le 20 février.
e-llico.com

Sagat dans le prochain Honoré !


L’information, révélée par Les Inrockuptibles la semaine dernière, est fort excitante: l’acteur porno gay François Sagat va tourner à la mi-avril dans le prochain projet de Christophe Honoré, aux côtés de Chiara Mastroianni, s’il vous plaît. Le film (qui durera “entre 20 et 45 minutes”, a confié à Yagg le réalisateur), intitulé Homme au bain – en référence à l’une des œuvres de Gustave Caillebotte – est une commande du Théâtre de Gennevilliers, ville dans laquelle a vécu le peintre impressionniste. François Sagat jouera le rôle d’un gay qui multiplie les rencontres sexuelles pour se remettre d’une séparation.

“PUR PRODUIT DE SON ÉPOQUE”
Pourquoi François Sagat? “Ce qui m’intéresse, c’est François Sagat en tant qu’auto-construction de l’image de la virilité, explique Christophe Honoré à Yagg. Mais aussi comment il détourne, met en doute lui-même cette image”, via notamment ses nombreuses vidéos persos, souvent parodiques, qui alimentent son blog. “C’est un pur produit de son époque, poursuit Christophe Honoré. Il redéfinit la notion de virilité. François a un corps qui n’existe pas dans le cinéma français. Je ne l’engage pas pour ses compétences d’acteur porno, mais pour l’idée du corps porno qu’il dégage, en tant que construction”.
“RETOUR DE L’HOMOPHOBIE DANS LE MILIEU DU CINÉMA”
Voilà donc un cinéaste qui a tout compris de notre star internationale: François Sagat, c’est de l’art contemporain! Les motivations de Christophe Honoré sont multiples: “Depuis Ma Mère, la représentation du sexe est moins présente dans mes films. J’avais envie d’y revenir. Et de même que cette représentation a beaucoup évolué, je pense aussi qu’il y a un retour de l’homophobie dans le milieu du cinéma. Prendre un acteur gay qui s’assume, c’est aussi pour aller contre ça”.
Ce n’est pas la première fois que François Sagat fait une incursion dans le cinéma “traditionnel”. On l’a vu dans Saw VI, mais aussi dans Plan cul, un court métrage d’Olivier Nicklaus. Espérons que cette collaboration de choix inaugure une nouvelle et longue carrière…
yagg.com

vendredi 12 février 2010

Yves Saint Laurent : Mauvais garçon !


Après Gainsbourg et Sagan, Marie Dominique Lelièvre (comme le lièvre qu’on soulève?) s’est attaquée à Yves Saint Laurent, dont elle entend brosser le portrait en «mauvais garçon». Le sous-titre a au moins le mérite d’être clair. La journaliste ne va pas caresser le mythe dans le sens du poil. Tête pensante et survivante de l’aigle bicéphale que fut la maison de couture, Yves Bergé l’a sans doute senti. Jouant des pressions, il aurait interdit ses proches de parler à la dame. Le financier n’aurait peut-être pas dû. L’auteur du livre, qui vient de paraître chez Flammarion, lui décoche un coup de griffe dans presque chacune des 320 pages.
Qu’apprend le lecteur (ou plutôt la lectrice) dans cette biographie non autorisée? Pas grand-chose, si ce n’est quelques anecdotes crapuleuses. Marie-Dominique Lelièvre fouille la poubelle. La consommation de drogues, d’alcool, de médicaments et de cigarettes apparaît ainsi monstrueuse. Deux litres de whisky les mauvais jours. Celle des garçons reste plus discrète. Pris très jeune en mains, si l’on ose dire, par Yves Bergé, YSL l’a certes beaucoup trompé, avec des gens parfois peu recommandables. Mais l’adultère ressemble ici davantage à des séances de mortification, pour ne pas dire de sado-masochisme, qu’à des parties de plaisir. Yves n’aurait (conditionnel) jamais digéré son homosexualité.
Ce que le lecteur ignorera toujours, en posant l’ouvrage, c’est pourquoi YSL, jeune homme plutôt primesautier, est devenu un angoissé, puis un séquestré volontaire. Les dernières décennies, il n’abandonne plus son appartement sarcophage de la rue de Babylone que pour son bureau, et vice-versa. A Marrakech ou en Normandie, il ne quitte presque plus la maison, voire le lit. Même s’il crée pour le présent, Yves Saint Laurent ne vit intellectuellement que dans
S’agit-il au fait d’une bonne biographie? Certainement pas! De la journaliste, Marie-Dominique Lelièvre possède tous les défauts. Prétention et superficialité se mélangent dans son livre, qui ressemble davantage à une succession d’articles qu’à un bouquin. Avec ses sauts incessants dans le temps, le récit apparaît en prime très décousu, ce qui peut sembler fâcheux quand on parle de couture. L’auteure abuse surtout des mots voulant faire image, alors qu’elle accumule en fait les clichés. Le pire demeure de faire d’Yves et du bon Bergé deux provinciaux égarés dans Paris, un Paris dont Marie-Dominique Lelièvre posséderait bien sûr le ton et les clés. Comme chacun sait, il n’y a pas plus provincial que Paris…

«Saint Laurent, Mauvais garçon», de Marie-Dominique Lelièvre, aux Editions Flammarion, 320 pages.

mercredi 10 février 2010

Graysson, 19 ans model chez Wilémina New-York !

Alain Chanfort : Une vie Saint-Laurent !


Alain Chamfort, la cinquantaine classique et chic en chemise blanche et ras le cou anthracite, reçoit dans une résidence du quartier des Abbesses, qui, d’anciennes fresques explicites en témoignent, fut un bordel. Entre thé vert et madeleine au chocolat, quoi de plus propitiatoire qu’une maison de rendez-vous pour écouter le récit de sa rencontre en musique avec le grand monde d’Yves Saint Laurent.

Comment ce disque est-il né ?
D’une proposition du parolier Pierre-Dominique Burgaud, à un moment où j’étais dans l’inertie la plus totale. Mais ce projet n’a pas éveillé immédiatement mon intérêt. Je connaissais la vie d’Yves Saint Laurent comme tout le monde, c’est-à-dire très peu et mal. J’avais des images, des silhouettes associées entre autres à Catherine Deneuve. Donc, je ne trouvais pas que chanter la vie de Saint Laurent était une idée très populaire. Or la chanson, à mes yeux, doit avoir au départ cette vertu-là. Ensuite, je me suis plongé dans une biographie et là, ce fut un puits sans fond : un destin incroyable, une influence inouïe, un patrimoine.

Votre plus grande surprise ?
Ce qui m’a le plus étonné, c’est l’âge où tout lui est arrivé. J’ai toujours vu Saint Laurent comme un aîné et quand il a débuté chez Dior, en 1955, j’étais un enfant. Sur les photos de l’époque, je le vois comme un vieux jeune homme ; si sérieux, presque sévère. Sauf que non : quand après la mort brutale de Dior, dont il était l’assistant, il présente sa première collection en 1958, il a 22 ans. Et lorsqu’il écrit«YSL» sur la porte de sa première maison de couture, rue Spontini, il a à peine 25 ans - c’est quand même dingue. La force de son âge.

Et vous, idéalement, vous vous aimez à quel âge ?
La période minet en brushing des années 70, ma proximité avec Claude François, qui a inventé mon nom et fut mon mentor. C’était une période d’apprentissage qui, à ce titre, m’a le plus marqué mais qui, dans le fond, me ressemble le moins.

Comment qualifiez-vous cet album ? Opérette ? Opéra pop ? «Emilie Jolie» raconte YSL ?
Emilie Jolie, ce serait la preuve que c’est très réussi. Je pense que la suite logique de cet album serait un spectacle sur scène. Quelque chose comme une revue, d’autant que Saint Laurent avait travaillé pour Zizi Jeanmaire et son Truc en plumes. Je vois des tableaux avec des girls et des boys, une évocation avec ce que cela comporte de décalages et d’interprétations. Mais un type maquillé et perruqué qui incarnerait Saint Laurent, ça par contre, je ne le vois pas du tout.

Dans On dit, vous chantez : «On dit que le bonheur ne tiendrait qu’à un fil, ce fil est l’un des seuls que je n’aie su tisser.» Vous vous sentez proche de cette maxime ?
Ce n’est pas de moi, mais cette phrase me convient, tellement élégante, si juste. Je sais que Saint Laurent, lors de la cérémonie de ses adieux, en 2002, a cité «la race des nerveux» telle que décrite par Proust dans la Recherche. Nerveux, cela veut dire mélancolique. C’est chez moi un sentiment permanent, une compagnie de tous les jours qui n’a rien à voir avec la tristesse mais qui relativise et modère toute expression exaltée du bonheur. On me dit souvent : «Tu ne t’exprimes pas, tu ne dis rien. Ça ne va pas ?» Je crois au contraire que dans ces instants de réserve, je vais bien. C’est lorsqu’on me somme de donner mon avis que je me sens mal.

La mode est un souci ?
Une préoccupation qui remonte à l’enfance. J’ai eu une jolie maman qui, quoique modeste, était inquiète du regard des autres. La présentation était une valeur et sa fierté. Le Petit Nicolas, c’était moi. Bien coiffé, bien joli, bien élevé. J’ai perpétué ce goût de l’apparaître. Vers 1964, j’étais capable de prendre la Flèche d’argent, le train pour Londres, uniquement pour acheter une certaine paire de boots.

Et aujourd’hui : Brummel ? Dandy ? Vieux garçon ?
Pas du tout. Mais j’aime les artistes qui projetaient une image d’élégance glamour. Astaire, Kelly, les danseurs des années 50, les bien-habillés.

Chantre des amours princières homosexuelles Bergé/Saint Laurent ?
J’ai vécu des grandes amitiés homosexuelles - je fus même courtisé -, mais pas des amours. Cela dit, je ne vois pas pourquoi je ne chanterais pas cet amour-là.

Pierre Bergé (1), un ami ?
Un soutien. Il a donné son accord dès le début du projet, quelques mois avant la mort de Saint Laurent. Il a corrigé des erreurs de chronologie. C’est lui qui nous a suggéré le titre sur le Jardin Majorelle, à Marrakech, parce que c’est un endroit où, je crois, ils ont été heureux tous les deux. Quand l’album a été terminé et qu’il l’a écouté, Pierre Bergé m’a fait un cadeau : le piano d’Yves Saint Laurent

(1) Actionnaire de Libération.

Photo Patrick Swirc
libé.com

Edouard Collin



Vous l'avez peut-être vu comme moi dans Panique au Ministère, une vraie pièce de boulevard. Il a déjà beaucoup joué de rôles très audacieux, mais il faut bien reconnaître que c'est souvent la superbe plastique qu'il s'est forgé en fréquentant avec assiduité les salles de sport, que les réalisateurs utilisent. Il y a peu de films ou de pièces où on ne l'y voit à poil. Ce corps façonné par tant de volonté et de déterminisme est à l'image de la faon dont il donne tout pour interprêter ses rôles !

mardi 9 février 2010

A single man, le premier film de Tom Ford !



Ciné Gay : "A Single Man" (Film Tom Ford)
envoyé par GayClic. - Court métrage, documentaire et bande annonce.
Los Angeles, 1962. Depuis qu’il a perdu son compagnon Jim dans un accident, George Falconer, professeur d’université Britannique, se sent incapable d’envisager l’avenir. Solitaire malgré le soutien de son amie la belle Charley, elle-même confrontée à ses propres interrogations sur son futur, George ne peut imaginer qu’une série d’évènements vont l’amener à décider qu’il y a peut-être une vie après Jim. D'après le roman de Christopher Isherwood.

jeudi 4 février 2010

Pour la diffusion du Baiser de la Lune !


Syndicats enseignants, fédérations de parents d'élèves, associations de lutte contre l'homophobie et pour les droits LGBT... De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l'opposition de Luc Chatel à la diffusion du dessin-animé sur le thème de l'homosexualité en primaire. Compte-rendu.
C'est le tollé dans une grande partie du monde éducatif, et parmi les associations de lutte contre l'homophobie. Motif? Le refus opposé ce matin par le ministre de l'Education nationale à la diffusion dans les écoles du dessin-animé qui aborde poétiquement le thème de l'homosexualité.
Luc Chatel a estimé sur RMC que ce court-métrage d'animation en cours de fabrication, «Le baiser de la lune», une histoire d'amour entre un poisson-chat et un poisson-lune destinée par ses auteurs à devenir un outil pédagogique, n'avait «pas vocation à être projeté en primaire» (lire notre article).
«Il faut agir très tôt»
Aussitôt, le Collectif éducation, composé des fédérations syndicales enseignantes FSU, Sgen-CFDT, Unsa-Education et Ferc-CGT, des parents d'élèves de la FCPE, des lycéens de l'UNL et de la Fidl et des étudiants de l'Unef, a «appelé solennellement le ministre à revenir sur ses déclarations». Pour eux, la lutte contre l'homophobie et les discriminations doit commencer «dès l'école primaire», car «tout montre que c'est très tôt, avant que les stéréotypes et les comportements discriminatoires soient intériorisés, qu'il faut agir».
De leur côté, les associations SOS-Homophobie et Inter-LGBT ont qualifié de «regrettable» le discours de Luc Chatel qui «s'aligne ainsi sur celui tenu par des mouvements de droite ultraconservateurs». Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, ainsi que le Collectif pour l'enfant, une association de «défense de la famille» avaient en effet interpellé le ministre au début de la semaine, pour qu'il interdise ce projet de sensibilisation, destiné aux enfants de CM1 et CM2. L'une invoquait «la neutralité de l'Education nationale», l'autre dénonçait «une intrusion dans l'intimité de jeunes enfants» (lire notre article). Et le ministre semble leur donner raison à travers sa prise de position. Christine Boutin s'est d'ailleurs réjouie de cette décision, car, selon elle, «ce film n'est pas un film de lutte contre les discriminations, mais un film idéologique».
Fort taux de suicide chez les jeunes homos
SOS-Homophobie et l'Inter-LGBT en appellent donc au ministre «pour qu'il affirme la nécessité d'aborder les relations amoureuses dans leur diversité dès l'école primaire, et soutienne le projet "Le baiser de la lune" ainsi que toute autre action, privée ou publique, qui aiderait à une meilleure acceptation de l'homosexualité à l'école».
Toutes ces organisations soulignent que le fort taux de suicides et tentatives des adolescents homos s'explique, notamment, par les comportements homophobes et par l'intériorisation par ces jeunes d'un «déni voire un dégoût d'eux-mêmes».

tetu.com
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Photos de Philippe Castetbon...