vendredi 12 février 2010
Yves Saint Laurent : Mauvais garçon !
Après Gainsbourg et Sagan, Marie Dominique Lelièvre (comme le lièvre qu’on soulève?) s’est attaquée à Yves Saint Laurent, dont elle entend brosser le portrait en «mauvais garçon». Le sous-titre a au moins le mérite d’être clair. La journaliste ne va pas caresser le mythe dans le sens du poil. Tête pensante et survivante de l’aigle bicéphale que fut la maison de couture, Yves Bergé l’a sans doute senti. Jouant des pressions, il aurait interdit ses proches de parler à la dame. Le financier n’aurait peut-être pas dû. L’auteur du livre, qui vient de paraître chez Flammarion, lui décoche un coup de griffe dans presque chacune des 320 pages.
Qu’apprend le lecteur (ou plutôt la lectrice) dans cette biographie non autorisée? Pas grand-chose, si ce n’est quelques anecdotes crapuleuses. Marie-Dominique Lelièvre fouille la poubelle. La consommation de drogues, d’alcool, de médicaments et de cigarettes apparaît ainsi monstrueuse. Deux litres de whisky les mauvais jours. Celle des garçons reste plus discrète. Pris très jeune en mains, si l’on ose dire, par Yves Bergé, YSL l’a certes beaucoup trompé, avec des gens parfois peu recommandables. Mais l’adultère ressemble ici davantage à des séances de mortification, pour ne pas dire de sado-masochisme, qu’à des parties de plaisir. Yves n’aurait (conditionnel) jamais digéré son homosexualité.
Ce que le lecteur ignorera toujours, en posant l’ouvrage, c’est pourquoi YSL, jeune homme plutôt primesautier, est devenu un angoissé, puis un séquestré volontaire. Les dernières décennies, il n’abandonne plus son appartement sarcophage de la rue de Babylone que pour son bureau, et vice-versa. A Marrakech ou en Normandie, il ne quitte presque plus la maison, voire le lit. Même s’il crée pour le présent, Yves Saint Laurent ne vit intellectuellement que dans
S’agit-il au fait d’une bonne biographie? Certainement pas! De la journaliste, Marie-Dominique Lelièvre possède tous les défauts. Prétention et superficialité se mélangent dans son livre, qui ressemble davantage à une succession d’articles qu’à un bouquin. Avec ses sauts incessants dans le temps, le récit apparaît en prime très décousu, ce qui peut sembler fâcheux quand on parle de couture. L’auteure abuse surtout des mots voulant faire image, alors qu’elle accumule en fait les clichés. Le pire demeure de faire d’Yves et du bon Bergé deux provinciaux égarés dans Paris, un Paris dont Marie-Dominique Lelièvre posséderait bien sûr le ton et les clés. Comme chacun sait, il n’y a pas plus provincial que Paris…
«Saint Laurent, Mauvais garçon», de Marie-Dominique Lelièvre, aux Editions Flammarion, 320 pages.
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