mercredi 7 avril 2010

Un homme au singulier, chef-d'oeuvre signé Christopher Isherwood !


Le film de Tom Ford utilise la trame romanesque du génial roman de Christopher Isherwood, un ouvrage important du grand auteur qui livre ici une critique sociale enfiligranne et installe son intrigue dans l’amérique puritaine du début des années 60 !
L’un des avantages du film de Tom Ford A Single Man, outre sa photographie léchée, l’interprètation parfaite de Colin Firth, et le stylisme outré des figurants du film, sera peut-être de faire découvrir ou relire ce texte, indéniablement magistral du grand Christopher Isherwood, écrivain britannique du 20ème siècle, exilé à Berlin, avant de voyager en Chine puis de s’installer aux Etats-Unis.
Edité en 1964, A single Man met en scène un professeur de littérature d’une cinquantaine d’années, à Los Angeles, dont le compagnon vient de mourir. Entre difficultés quotidiennes à entreprendre son existence, devenue vide, une vie professionnelle vaine qui le met aux prises avec des étudiants "autistes", des voisins qui l’acceptent tout juste et une voisine, amie de longue date, amoureuse de lui et alcoolique... on comprendra aisément que la route de Georges semble sans issue. Et pourtant, celui-ci parait hésiter entre profond désespoir, lucidité, aigreur face à un environnement hostile et un espoir diffus d’un avenir radieux ou tout au moins d’une nouvelle rencontre , passant par le deuil de son partenaire disparu...
En effet, nous sommes au début des années 60. L’auteur fait référence à la guerre du Vietnam. Si le décor de l’intrigue se situe dans la société de consommation naissante, on perçoit nettement les moeurs étriquées, la suspicion et la peur de la rumeur. Pourtant, Georges a choisi indéniablement la visibilité dans sa vie sexuelle et sociale. Mais, en 1960, cette posture s’accompagne indubitablement d’un isolement affectif et d’une existence en marge, d’autant plus que l’âge de la cinquantaine l’isole doublement, on le comprend facilement !
Georges a fait ce choix certes courageux, mais il a accumulé aussi une aigreur contre la société, qui encombre ses pensées. Il semble se livrer un combat intérieur, qui ne lui apporte que peu de repos !
Isherwood mène avec brio cette intrigue où il met beaucoup de ses propres expériences, on peut l’imaginer, et réussit brillament à nous passionner pour ce héros terriblement humain avec ses failles, ses doutes et ses faiblesses.

Bien avant d’être un scénario pour le premier film d’un designer à qui tout réussi, cet Homme au singulier est un grand roman !
Un homme au singulier
de Christopher Isherwood
traduit en français par Léo Dilé
15 €
Fayard

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