jeudi 4 mars 2010

L'arbre et la forêt !


"L'arbre et la forêt" d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau, avec Guy Marchand et Françoise Fabian, évoque la déportation pour homosexualité, longtemps taboue et peu portée à l'écran.

Présenté à la Berlinale et déjà lauréat du prix Jean Vigo, ce film suit Frédérick (Guy Marchand), sylviculteur en Alsace, un homme solitaire et bourru, amateur de Wagner à plein volume.
Il n'apparaît pas aux obsèques de son fils aîné, suscitant l'ire du cadet. Réunis dans la propriété familiale, sa femme, sa belle-fille, sa petite-fille et le compagnon de celle-ci tentent de le comprendre.
Frédérick révèle alors la vraie raison de sa déportation dans un camp de concentration, environ 40 ans plus tôt : l'homosexualité.
Les deux cinéastes se sont surtout basés sur le récit-témoignage de Pierre Seel publié en 1994, "Moi Pierre Seel, déporté homosexuel".
"Mais son vécu était trop romanesque et nous voulions plutôt imaginer une histoire autour de ces gens qui n'ont pas témoigné, qui n'en ont pas parlé autour d'eux pendant toutes ces années", dit Olivier Ducastel.
"Nous voulions faire un film sur le silence : pourquoi ce silence, pendant si longtemps ?" renchérit Jacques Martineau.
"Les déportés homosexuels ont tous eu la même expérience : comme les autres, ils ont été déportés pour des motifs délirants. Mais quand ils sont sortis, ils ne pouvaient pas ouvrir la bouche : il y avait encore des législations discriminatoires en Allemagne et en France", souligne Olivier Ducastel.
"Pierre Seel n'a pas pu faire reconnaître son statut de déporté : il n'y avait pas de case 'homosexualité' à cocher dans les papiers administratifs !"
Pénalisée en 1942 en France, l'homosexualité y a été classée "fléau social" en 1960. L'Etat français a reconnu pour la première fois le 26 avril 2001 les persécutions subies par les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale, dans un discours du Premier ministre d'alors, Lionel Jospin.
Selon les associations, il y aurait eu 66 cas certains de déportés pour homosexualité en France. Ils seraient 90.000 à 100.000 en Allemagne dont 10.000 à 15.000 ont péri dans les camps, estime le Mémorial américain de l'Holocauste.
e-llico.com

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