mercredi 24 mars 2010

Bent, au Théatre du Nord Ouest !


La pièce de Martin Sherman a trente ans mais pas une ride. Il y est question de triangle rose, de déportation, d'identité et de combat. Un thème éprouvant, mais au final un hymne à la vie et à l'amour, ciselé dans l'humour noir.
Ce qu'on sait de Bent, c'est que les personnages sont homosexuels et que c'est précisément pour ça qu'ils se retrouvent à Dachau. Du coup, on l'avoue, le soir où on va découvrir la pièce, c'est avec une certaine appréhension. Peur du pathos, peur tout court.
Et puis, on se retrouve dans le Berlin des années 30 avec Max, toujours entre deux cuites et deux coups d'un soir. On est bien dans le salon de Max, il est bohème, n'a pas d'argent mais tellement d'humour. Mais non, il faut plonger dans le drame car c'est ainsi que cela s'est passé: 1934, la Nuit des Longs Couteaux, la fuite, la prise de conscience qu'«ils peuvent nous arrêter uniquement parce qu'on a des pensées de coquine».
Des dialogues qui donnent envie de vivre
Le terminus, Dachau. Max y rencontre Horst. Ensemble, ils vont transporter des pierres, parler du triangle rose et de l'affirmation de soi, s'aimer pour survivre. Dans cette pièce de Martin Sherman (dramaturge Américain, juif et homo) jouée pour la première fois en 1979 et reprise depuis dans le monde entier, tout est éprouvant, tout respire la mort. Mais les dialogues donnent envie de vivre tant ils sont vrais et ciselés dans l'humour noir. Comme Max, racontant à Horst : « J'ai revu Rosen, mon propriétaire de Berlin, un chouette gars. A l'époque, je pensais que c'était un sale juif »... «Lui devait penser que t'étais un sale pédé », lui répond Horst.
Bent n'en est pas à sa première version, loin de là. Celle-ci est épurée, servie par des jeux de lumière et de musique qui donnent la chair de poule, et surtout, par des comédiens exceptionnels. Impossible de ne pas rester bouche-bée face au jeu de Valentin Terrer (Rudy), Jean-Matthieu Erny (Horst) et de l'incroyable Michel Mora (Max). Une interprétation qui nous laisse tout chamboulé, comme un peu changé.

«Bent», au Théâtre du Nord-Ouest à Paris jusqu'au 20 juin.
tetu.com

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