mardi 15 décembre 2009

Le Velvet Underground est vivant !


Toujours de son époque quarante ans plus tard, le Velvet Underground fait plus que jamais l’actualité avec trois livres, dont un recueil prodigieux, et trois pirates inédits sur le net.
En 1967, il existe deux façons de découvrir l’Amérique : en minibus à fleurs ou en métro, en compagnie d’un gang de pâles esthètes (de lard). Dans le subway de Manhattan, les téméraires en voient de toutes les couleurs : quarante ans plus tard, les stupéfiantes (à tous les sens du terme) chansons du Velvet Underground continuent d’offrir au rock son meilleur bad trip.
En témoigne aujourd’hui la parution de trois ouvrages à fort potentiel hallucinogène. Sous couverture néo-warholienne, le The Velvet Underground – An Illustrated History of a Walk on the Wild Side de Jim DeRogatis (par ailleurs biographe de Lester Bangs) opte pour une approche kitsch, colorée et canaille ; initié par un conservateur de musée, Johan Kugelberg, le monumental The Velvet Underground – Un mythe new-yorkais entend offrir au groupe souterrain une monographie digne de Picasso. Truffé de photos rares, de reproductions d’affiches, de documents divers et d’interviews, ce livre incroyable retrace le parcours du Velvet, du Cafe Bizarre (où, dandy en diable, le John Cale de décembre 65 arbore une mèche à la Jean-Pierre Léaud) aux ultimes concerts du groupe. Il offre aussi son lot de surprises – le Velvet se produisant sous les candélabres d’une convention de psychiatres, Nico dansant en minirobe transparente ou Moe Tucker maternant Lou, Sterling Morrison et un Doug Yule déguisé en Syd Barrett. Pour tout savoir sur les (mé)faits et gestes du Velvet, on consultera également White Light/White Heat – The Velvet Underground Dayby- Day, mine d’informations collectées par Richie Unterberger, limier d’élite qui se glisse, par exemple, dans un recoin de la Factory où, le 3 janvier 66, le Velvet étrenne sa nouvelle chanteuse – et révèle que le fruit de ces répétitions a été piraté.
De fait, In 1966 There Was… The Velvet Underground met en évidence les racines africaines du plus urbain des groupes : sur un Venus in Furs méconnaissable, Lou emprunte le galure de Bo Diddley, qu’il conserve durant les douze minutes de Miss Joanie Lee, avant, pour There She Goes Again, de plonger l’iceberg Nico dans la fournaise soul. Trois mois plus tard, lors des sessions de l’album à la banane (lesquelles circulent sous le titre d’Acetate), Lou a changé de dealer et carbure à l’électricité ulcérée. Pour la came la plus pure (et dure), on choisira toutefois un album live au son inouï : en avril 67, le Velvet investit à New York le Gymnasium ; sur le bootleg du même nom, quatre terroristes soniques montent le son à 12, pour dégoupiller titres inédits (I’m Not a Young Man Anymore) et futurs classiques du stupre (Sister Ray).

Livres : The Velvet Underground – Un mythe new-yorkais de Johan Kugelberg (Rizzoli/ Flammarion, 320 pages, 45€),
The Velvet Underground – An Illustrated History of a Walk on the Wild Side de Jim DeRogatis (Voyageur, 192 pages, 30€),
White Light/White Heat – The Velvet Underground Day-by-Day de Richie Unterberger (Jawbone, 368 pages, 21€)
Albums : In 1966 There Was… The Velvet Underground (2 vinyles, Velvet Records),
Live at the Gymnasium (vinyle, Velvet Records),
Acetate (www.blog.wfmu.org)

Les Inrocks

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