lundi 7 juin 2010

When you're stange, LE documentaire sur les Doors !


Il est toujours agréable d'avoir des nouvelles de Tom DiCillo, auteur de Ça tourne à Manhattan et plus récemment Delirious. Cinéaste atypique, toujours là où on ne l'attend pas, il présente cette fois When You're Strange, un documentaire qui pourrait bien devenir le document audiovisuel ultime sur les Doors.
"When you're strange / Faces come out of the rain / When you're strange / No one remembers your name"
Dès les prémices du voyage, on pense à Sur la route de Jack Kerouac où Jim Morrisson apparaitrait comme un guide spirituel, ivre de femmes et de musique. Un road trip où le désert révèlerait ses secrets. Sous le sable, sexe, drogue et perception. Tom DiCillo prévient : inspiré des vers d'un poème de William Blake, le nom du groupe résonne comme un laisser passer au paradis perdu, au paradis confus, au paradis infernal. Chronologiquement, le cinéaste propose un portrait d'une Amérique en fusion à travers un groupe qui a permis la fusion entre rock et jazz et que les frasques de son leader ont fait rentrer dans la légende. N'utilisant que des images d'archives tournées entre 1966 et 1971, le réalisateur livre une oraison funèbre sans concessions, un hymne empli de grâce et de crasse, une ode à la joie de hurler sa liberté pendant qu'on vous fustige, les battements de coeur d'un groupe qui a atteint l'infini.
Tom DiCillo tente, en fil conducteur, de faire partager le plane de Jim Morrison qui pousse The Doors au spleen autant qu'à la poésie. Il ne nous épargne ni les frasques du chanteur qui asphyxia sa bande ni comment John Densmore, Robby Krieger et Ray Manzarek sortirent leur ami du gouffre. Le parti pris du réalisateur - des images brutes, les États-Unis qui suivent leur cours en parallèle du groupe - amène le documentaire à devenir un espace d'incantation et de mystère, où s'entremêlent la voix d'un crooner fatigué (dixit Jim Morrison sur lui-même), le besoin d'amour et le refus systématique de politisation. Le cinéaste propose en point d'orgue une séquence d'anthologie où The Doors interprète This Is The End sous un faisceau rouge incandescent pendant que les images de Richard Nixon et des manifestations de la contre culture s'enchaînent. Un instant unique où un ange trop vite disparu semble s'inviter au bal du diable.

Nicolas SCHIAVI

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