dimanche 31 janvier 2010

Entretien avec Louis Ronan Choisy


Comment s’est passée la rencontre avec François Ozon ?
Je l’ai invité à un concert pour la sortie de mon troisième album. Je savais qu’il m’avait déjà vu en première partie d’un concert de Dani. Je me suis dit qu’a priori, il devait bien aimer ce que je faisais. Il est venu, on a un peu parlé, sympathisé et quelque temps plus tard, il m’a dit qu’il avait un film en tête et qu’il avait envie que je fasse des essais pour lui. J’étais curieux de voir comment il travaillait et j’ai accepté.
Quelques semaines plus tard, il m’a dit que les essais étaient pas mal et il me proposait qu’on se revoie, avec cette fois Isabelle Carré. Il voulait voir si quelque chose allait passer entre elle et moi.

Quels ont été ses conseils à l’acteur néophyte que vous étiez ?
Pour les essais, j’avais appris les textes dans une intention plutôt grave et François m’a demandé de les jouer d’une manière beaucoup plus légère. Il m’a conseillé pour la suite d’apprendre mon texte en évitant une intention de jeu et de m’y figer. Il voulait préserver ma fraîcheur, que je reste ouvert à ce qui se passe.
Je pense qu’il a écrit le personnage de Paul par rapport à ce qu’il sentait naturellement en moi. Vu que je ne suis pas comédien, François ne pouvait pas me faire jouer un rôle de composition, contraire à ma nature. Il est assez clairvoyant, analytique. Il observe beaucoup les gens, leur caractère, leurs capacités. Il m’a choisi comme une matière brute à façonner.
Il ne voulait pas que je pense trop à l’avance aux scènes, il voulait que je sois dans l’instant du jeu. Avant chaque scène, il me disait juste dans quel état, sentiment, ou émotion était Paul. Et après, il me laissait faire avec ma spontanéité. Si vraiment je me trompais de direction, il me donnait des indications... Mais toujours avec humour. Il n’y avait pas de non-dit, de malaise.
Par ailleurs, le co-scénariste, Mathieu Hippeau, m’avait donné le livre d’une femme, née sous X. Elle parlait d’un grand voile noir, un trou au fond d’elle- même, comme si elle se sentait sans racines...
J’ai essayé de me nourrir de cette sensation. Pendant tout le tournage, j’avais souvent l’impression de marcher sur des œufs, de ne jamais être à ma place. Mais c’est peut-être aussi parce que je ne suis pas comédien à la base !

Et le fait de jouer le rôle d’un personnage homosexuel ?
Ma peur aurait été que François me demande de caricaturer l’homosexualité de Paul, mais ce n’est pas le cas. De plus, ce que je trouve intéressant, c’est que Paul est un personnage en quête d’identité, que la frontière entre son homosexualité et son hétérosexualité n’est pas clairement définie...

D’où vient l’idée de composer une chanson pour le film ?
Au début, François voulait réécouter les chansons de mes précédents albums pour voir si l’une d’elles pouvait coller avec le film et puis, je ne sais plus qui de nous deux a eu l’idée de composer une chanson sur le tournage, en s’empreignant de l’ambiance. L’idée me plaisait, je trouvais ça amusant mais ça s’est avéré assez difficile. J’étais tellement crevé ! Rien que pour jouer au piano, j’avais perdu mes automatismes. François m’a beaucoup accompagné, il me disait si la direction que je prenais lui plaisait ou non.
Il voulait une chanson tendre et mélancolique, comme une berceuse. Je me suis basé sur «Mon ami Pierrot», l’ambiance nocturne, une chambre, des bougies qui vacillent... Pour les paroles, je voulais préserver un certain flou, comme dans un rêve, qui pourrait aussi bien correspondre à l’histoire d’amour de Mousse et Louis, qui trouvent leur bien-être dans la drogue, qu’à Mousse et Paul qui comblent l’absence de Louis par leur relation. Je ne voulais pas entrer dans des détails mais jouer sur quelque chose d’atmosphérique.
François m’a encouragé à aller à l’essentiel, à faire tourner cette mélodie comme une ritournelle. Il m’a aussi aidé sur les paroles à un moment. On travaillait le soir, après la journée de tournage. C’était notre récréation ! Quand nous composions, Isabelle venait parfois avec nous et je lui faisais écouter où on en était. Elle avait déjà une complicité avec la chanson. C’était important qu’elle y participe plus concrètement en l’interprétant pour le générique de fin.
François a voulu aussi m’enregistrer au piano, pendant le tournage, jouant des arpèges et des improvisations sur les harmonies du thème. Il les a ensuite utilisés au montage, ce qui m’a servi de trame pour enregistrer les parties instrumentales de la musique. L’important était de préserver la manière naturelle et spontanée dont je les avais jouées pour la première fois dans l’ambiance du tournage.

À votre avis, qu’est-ce que Paul va chercher chez Mousse ?
Il va chercher son histoire. Et chercher à la rejouer, inconsciemment. Je pense que le déclic se fait quand sa mère demande à Mousse d’avorter. Paul est ramené à un moment lointain de son histoire, il est en train de comprendre ce qui lui est arrivé. C’est à ce moment-là que le lien avec Mousse se dessine, que l’envie d’aller vers elle s’éveille en lui.
Il se sent aussi coupable de la proposition de sa mère, car il est présent mais n’intervient pas. Il est complice, mine de rien. Quand la mère propose l’aide du médecin de famille à Mousse, il ne peut s’empêcher de détourner la tête...

Paul peut-il être un bon père ?
Le connaissant un peu, je pense que oui ! Il va donner à Louise ce que lui-même n’a pas reçu... Ce don et cette présence vont sans doute combler une part meurtrie de son histoire. Je comprends que Mousse lui confie sa fille. Paul est la seule personne qui essaye de faire un chemin avec elle, de l’accompagner dans son désir de garder l’enfant, de donner la vie.

La manière dont LE REFUGE bouscule la représentation de la famille, de la maternité et du couple vous semble-t-elle très actuelle ?
Je ne suis pas sûr que ce soit propre à notre époque. Je crois que cette histoire pourrait avoir lieu à n’importe quelle période, qu’elle est universelle. Mais qu’elle puisse être racontée avec autant de légèreté et de simplicité, ça peut-être, c’est notre époque... Mais c’est surtout parce que c’est un film de François ! Je crois qu’il aime profondément l’être humain dans toute sa complexité, dans ce qu’il a de lumineux et de plus sombre. Il raconte très bien les relations conflictuelles. Il montre les choses telles qu’elles sont, avec naturel, sans jugement moral.

Le clip du film Le Refuge avec Isabelle Carré !

mercredi 27 janvier 2010

Le Refuge de François Ozon sort aujourd'hui !


En dépit du sujet – enceinte, seule et droguée-, une étrange douceur émane du «Refuge », en partie grâce à Isabelle Carré, qui tient le rôle principal et qui attendait effectivement un enfant pendant le tournage. Mousse et Louis forment un beau couple, riche, jeune et junkie. Louis (Melvil Poupaud) meurt d’une overdose dès le premier quart d’heure. Reste Mousse, qui doit se dépêtrer du mépris ostentatoire de sa belle-famille –Claire Vernet, en grande bourgeoise à la diction impeccable-, et qui trouve refuge dans une maison de rêve sur la Côte basque. Sa solitude est brisée par l’arrivée du frère de Louis. D’abord agacée par cette visite impromptue, Mousse apprend à apprécier le beau Paul, qui vit une amourette avec un garçon du coin. Les conflits sont apparemment gommés, Isabelle Carré boit sa méthadone comme du petit-lait et pourrait même donner des leçons de zen. Il n’y aurait donc rien de plus simple et de plus heureux que d’être une veuve enceinte et toxico, qui ne se projette dans aucun avenir ? Si François Ozon capte l’attention alors même qu’il plonge son film dans une machine à broyer les aspérités et à supprimer les contradictions, c’est sans doute parce que « Le Refuge » est un rêve désespéré et essentiel, où les bonnes mères sont celles qui savent renoncer.

« Le Refuge » de François Ozon
Anne Diatkine

mardi 26 janvier 2010

Les Condamnés, par Philippe Castetbon !



Dans une grande partie du monde (Afrique, Asie, Moyen-Orient, Europe de l’Est…), l’homosexualité est un délit et est puni pénalement quand elle n’est pas punie par la pendaison !
Philippe Castetbon, journaliste indépendant, s’est inscrit sur des sites de rencontre gay. Il a été surpris d’avoir accès à des profils de garçons vivant dans des pays où l’homosexualité est criminalisée.
Philippe Castetbon est entré en contact avec
les individus qui se « cachent » derrière ses profils énigmatiques et ses
photos où le visage est dérobé.

Ainsi, lui est venu l’idée de collecter avec l’accord des intéressés,
les témoignages de ces garçons qui se mettent en danger et jouent avec le feu,
en voulant à tout prix rencontrer d’autres garçons, et sont obligés de
travestir leur physique et leur identité.
Il a établi un principe rigoureux : obtenir de ses correspondants,
l’initiale de leur prénom, leur âge et leur lieu de résidence, une photo
où leur visage est caché, un court témoignage sur leurs conditions de vie, et
la phrase « Dans mon pays, ma sexualité est un crime », traduite dans la
langue de chacun.
Un cinquantaine de garçons ont accepté de témoigner pour ce projet
ambitieux qui se décline par un livre édité par H&0, l’éditeur militant du
sud de la France, et d’autres par une exposition organisée par la Mairie du
3ème ardt à paris, à partir du 28 janvier.
Sur le livre, les photos où les garçons cachent leurs visages, leurs yeux
pour certains, mais toujours la volonté paradoxalement, de se mettre en avant
pour séduire, par une mise en scène habile. Elles sont accompagnées de
l’identité tronquée du participant, et de l’article criminalisant
l’homosexualité dans la législation du pays dont l’intéressé est
ressortissant. En regard de ces pages, les témoignages de chacun, souvent
bouleversant, pour nous occidentaux habitués à la visibilité « gay ».
Ce projet qui accompagne le combat des associations qui luttent pour la
reconnaissance des étrangers dans les pays européens et pour la
dépénalisation de l’homosexualité dans ces pays beaucoup trop nombreux,
dénonce les législations homophobes mais rend aussi hommage à internet, qui
est une fenêtre ouverte sur les autres. Il est essentiel et souhaitons qu’il
rencontrera la faveur du public.

« Internet a changé heureusement leur existence. Pour eux, qui vivent
opprimés et chassés, Internet est surtout une fenêtre pour s’évader un
peu, un espace de liberté pour trouver du réconfort, discuter avec les autres,
rompre la solitude et peut-être faire des rencontres… »

Les Condamnés
Dans mon pays, ma sexualité est un crime.
par Philippe Castetbon

Edition H&O
16 euros

lundi 25 janvier 2010

Les condamnés de Philippe Castetbon !


Ils habitent le Cameroun, le Yémen, la Malaisie ou la Jamaïque. Ils n'ont pas choisi de naître là, ils n'ont pas choisi d'être gay.
Ils sont chrétiens, musulmans ou athées. Grâce aux sites de rencontres sur Internet, Philippe Castetbon a recueilli les témoignages et les photos d'hommes gay vivant dans 51 pays (de A comme Afghanistan à Z comme Zimbabwe) où l'homosexualité est interdite par la loi.
Condamnés à l'exclusion, aux violences, à la fuite, quand ce n'est pas à la mort, ils racontent la peur, le mensonge et l'humiliation. Dans ces pays où leur sexualité est un crime, chacun a réalisé un autoportrait original en se mettant en scène, le visage caché, pour ne pas être reconnu ni puni. Une exposition sur la liberté d'être et d'aimer.

Exposition du 28 janvier au 25 février
Vernissage le Jeudi 28 janvier 2010 à 18h30
Péristyle de la Mairie du 3e

TABLES RONDES :

•« Etre lesbienne aujourd'hui, ce qu'ils et elles en pensent »
Table ronde précédée d'un micro-trottoir sur l'homosexualité féminine.
En présence de Stéphanie Arc, membre de SOS Homophobie et auteure, Béranger Huguet co-réalisateur du micro-trottoir et Soeur Salem des Soeurs de la
Perpétuelle Indulgence.
Jeudi 11 février 2010 à 19h
Salle des mariages, Mairie du 3e

•« Etat des lieux de l'homophobie dans le monde : discrimination d'état et discrimination individuelle »
En présence de Mathilde Chevalier et Nicolas Loeuille, membres de la commission LGBT d'Amnesty
International, Patrick Awondo, sociologue,Thomas Fouquet-Lapar, Président de l'ARDHIS et Philippe Castetbon, journaliste et Bartholomé Girard, Président de SOS-Homophobie.
Mercredi 24 février 2010 à 19h
Salle Odette Pilpoul, Mairie du 3e

dimanche 24 janvier 2010

Le grand Roger Pierre nous a quitté...


Il était présent tout le long de mon enfance, sur la télévision qui n'avait alors qu'une chaîne en noir et blanc, avec son compère Jean-Maarc Thibault, avec Sophie Desmaret, Poiret et Michel Serault, Jacques Martin... La grande famille !

jeudi 21 janvier 2010

Les doubles vies d'Hevré Latapie


Doubles vies
Enquête sur la prostitution masculine homosexuelle

Sur un thème très risqué : la prostitution masculine, qui a été traité plusieurs fois en amont, soit sur un plan sociologique, soit par des témoignages très caricaturaux, Hervé Latapie nous livre une enquête intéressante et criante de vécu. En effet, l’auteur n’en fait pas un mystère et c’est diablement courageux, il déclare être un amateur régulier des amours tarifés et regrette la très mauvaise image qui est donné de cette prostitution toujours traumatisante et mal vécue, clandestine et souvent criminalisée.
Hervé Latapie raconte ses premières expériences de client aux Pays-Bas et explique pourquoi il est devenu « accro » à ces garçons qui l’attirent et le questionnent. D’où l’idée de mener l’enquête, après avoir dresser un état des lieux de l’évolution de l’exercice de la prostitution, de la rue, aux petites annonces et aujourd’hui au web, qui ont fait considérablement changer les conditions de travail de ces garçons qui de pute, deviennent escort !
Il rencontre et interviewe des prostitués venus de tous horizons, et (c’est nouveau et inédit), des clients afin d’avoir une vision large et cohérente de la façon dont est vécu cet échange.
Si chacun y trouve plus au moins son compte, l’auteur constate que c’est la société et la culpabilisation de l’une et de l’autre des parties en jeu, qui créent la stigmatisation.
Au final, un ouvrage très objectif, baigné de la bienveillance et du non-jugement de l’auteur, qui, il faut le noter a été obligé d’éditer son livre lui-même, faute de séduire les éditeurs.
Nous y gagnerons espérons le, une maison d’édition engagée et virulente !

mardi 19 janvier 2010

Les condamnés


Expo photo, Paris, du 28 janvier au 25 février


Ils habitent le Cameroun, le Yémen, la Malaisie ou la Jamaïque. Ils n’ont pas choisi de naître là, ils n’ont pas choisi d’être gay.
Ils sont chrétiens, musulmans ou athées.
Grâce aux sites de rencontres sur Internet, Philippe Castetbon a recueilli les témoignages et les photos d’hommes gay vivant dans 51 pays (de A comme Afghanistan à Z comme Zimbabwe) où l’homosexualité est interdite par la loi.
Condamnés à l’exclusion, aux violences, à la fuite, quand ce n’est pas à la mort, ils racontent la peur, le mensonge et l’humiliation. Dans ces pays où leur sexualité est un crime, chacun a réalisé un autoportrait original en se mettant en scène, le visage caché, pour ne pas être reconnu ni puni.
Une exposition sur la liberté d’être et d’aimer.


En +

TABLES RONDES
 « ETRE LESBIENNE AUJOURD’HUI, CE QU’ILS ET ELLES EN PENSENT »
Table ronde précédée d’un micro-trottoir sur l’homosexualité féminine.
En présence de Stéphanie Arc, membre de SOS Homophobie et auteure, Béranger Huguet co-réalisateur du micro-trottoir et Soeur Salem des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence.
Jeudi 11 février 2010 à 19h
Salle des mariages, Mairie du 3e

 « ETAT DES LIEUX DE L’HOMOPHOBIE DANS LE MONDE : DISCRIMINATION D’ÉTAT ET DISCRIMINATION INDIVIDUELLE »
En présence de Mathilde Chevalier et Nicolas Loeuille, membres de la commission LGBT d’Amnesty International, Patrick Awondo, sociologue,Thomas Fouquet-Lapar, Président de l’ARDHIS et Philippe Castetbon, journaliste.
Mercredi 24 février 2010 à 19h

Salle Odette Pilpoul, Mairie du 3e

dimanche 17 janvier 2010

jeudi 14 janvier 2010

Saint Sebastien forever, une expo collective a partir de demain !


EMMANUELE ANZALONE + DAVID MORALES ARIAS + JEAN BAPTISTE BARON + JULIEN BAUMBARTNER & LES SAINT SEBASTIEN + PASCAL BRIBA + CAROLO + DAVID CHAPEL + FRANCK CLAUDON + DAVID CRUMP + NARCISSE DAVIM + ARNAUD YVES DARDIS + DRIIAN + NATHALIE DUMAS + JUSTINO ESTEVES + FULLMANO + SEBASTIEN GALLAND + RAY PILA FEAT GATO GALORE + XAVIER GICQUEL + FRED GOUDON + JEROME HAFFNER + GLEN HILARIO + TEDDY B + THOMAS JACQUET + SEB & KONU + NICOLAS LE CARUYER + ZACHARI LOGAN + VINCENT MALLEA + LORENZO NANNI + DANIEL NASSOY + L’ARTISTE PITRE + JAY PLANK + BENOIT PREVOT + ALFREDO ROAGUI + MICHELE SIC + SISTEBANE + JAY SUPRALUMINA + SKANDER + TIMOTHEE TALARD + TAZZIO + EDNANE ZIANE +++

EXPOSITION COLLECTIVE SAINT SEBASTIEN FOREVER:
du 15 JANVIER au 29 JANVIER 2010
Vernissage vendredi 14 JANVIER 2010 à 19H30
GALERIE OBERKAMPF
103 rue SAINT MAUR Métro SAINT MAUR ou PARMENTIER
infos: www.sistebane.com

mardi 12 janvier 2010

Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan...


Après deux ans de négociations, en 2006, l'administration fiscale accordait enfin sa confiance à Denis Westhoff, 47 ans, fils unique de Françoise Sagan. Celui-ci pouvait remettre la machine Sagan en marche. Accueilli à bras ouverts par Jean-Marc Roberts des éditions Stock en 2008, Denis Westhoff, fait aujourd'hui revivre l'œuvre de sa mère. Bilan du sauvetage après trois mois de réédition.
TÊTUE: Comment se passe la réédition de l'œuvre de Françoise Sagan? Quel est votre combat aujourd'hui?
DENIS WESTHOFF: La réédition est un succès. Surtout Toxique (journal de désintoxication de Françoise Sagan) vendu à plus de 65.000 exemplaires. Quant aux deux autres romans parus en même temps, Les Bleus à l'âme et Des yeux de soie, on est à plus de 10.000 exemplaires. C'est très encourageant. Jusqu'en 2011, tous les titres des années 1970 et 1980 continueront d'être publiés chez Stock. Les romans Un peu de soleil dans l'eau froide (1969) et Le Lit défait (1977) paraîtront en mars 2010, ainsi que La Fourmi et la Cigale, célèbre fable de La Fontaine revisitée. Mon obsession était de rééditer l'intégralité de l'œuvre. À sa mort en 2004, elle était criblée de dettes, deux millions d'euros. J'ai dû convaincre Bercy que Françoise Sagan faisait partie du patrimoine français. La décision de sauver ou non son œuvre était entre les mains de personnes qui n'y connaissaient rien en littérature. Je leur ai proposé de tout reprendre en main, de relancer l'édition de façon à faire rentrer de l'argent. Après deux ans de négociations, Bercy a enfin accepté d'échelonner les remboursements. J'ai tout relu et ça m'a convaincu qu'il fallait absolument rééditer l'œuvre dans son intégralité. C'est moderne, agréable à lire, son style est percutant, on se retrouve à chaque page… J'aimerais que les jeunes s'inspirent de son goût pour la liberté. Elle considérait que les livres étaient le vecteur essentiel pour s'ouvrir l'esprit et faire appel à son imagination. Elle avait raison. J'ai rencontré quelques éditeurs avant Jean-Marc Roberts (Stock), mais aucun d'entre eux n'a accepté de rééditer tout Sagan selon mes conditions, à savoir rassembler tous ses titres: les livres orphelins, non édités ou plus édités chez d'autres éditeurs.
Que s'est-il passé avec la maison d'édition Julliard, l'éditeur historique de Sagan?
Je me suis rendu compte que Julliard, son premier éditeur, ne faisait strictement plus rien depuis quinze ans. Il n'y avait quasiment plus un seul de ses livres en librairie. J'ai monté un dossier contre Julliard pour leur demander des comptes. Selon eux, l'œuvre de ma mère serait d'une autre époque, un peu désuète, le lectorat ne serait plus au rendez-vous. Nous les avons donc amenés au tribunal en demandant de forts dédommagements. Quinze ans avant la mort de ma mère, c'était déjà la pagaille. S'ils avaient un peu plus travaillé à cette époque, ma mère n'aurait pas été aussi endettée à la fin de sa vie. Elle aurait eu la force de continuer à écrire.
Quels sont vos projets en dehors de la réédition de l'œuvre complète de Sagan chez Stock?
Beaucoup de projets de traduction à l'étranger. La Chine a déjà acheté Toxique, les Grecs s'y intéressent aussi. Les Russes adorent le théâtre de ma mère depuis toujours. Il ne se passe pas un jour sans qu'une pièce de Sagan soit jouée en Russie. L'œuvre de Sagan est beaucoup plus exploitée à l'étranger qu'en France. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle Julliard ne se fatiguait pas. Les livres se vendaient très bien à l'extérieur sans qu'ils aient rien faire. Concernant les projets d'adaptation cinéma, j'ai été contacté en 2008 par une major américaine pour les droits de Bonjour tristesse. Entre temps, la crise est passée par là. Ils ont malheureusement perdu leur enthousiasme… Je vais également sortir la plupart des titres en version pour iPhone, Blackberry et «readers». Bref, j'essaye de me débattre avec tout cela.
Pensez-vous que votre mère serait heureuse de tous les efforts déployés pour sauver son œuvre?
Elle ne s'intéressait absolument pas à sa postérité. Elle pensait qu'il n'y avait rien après la mort et se fichait pas mal de ce qu'allaient devenir ses livres. Mais bon, pour me consoler, je me dis que si elle pouvait voir tout ce que je fais pour elle, peut-être serait-elle contente…
On connaît bien la vie de Françoise Sagan, moins celle de votre père Robert Westhoff. Qui était-il? Comment se sont-ils connus? Mon père était mannequin et non sculpteur comme on a pu le dire. Il habitait à Montmartre dans un ancien atelier d'artiste et pour sauver les apparences, il a fait croire à ma mère qu'il était sculpteur. C'était un homme d'une autre époque, pas travailleur du tout, très cultivé, mais détestant les contraintes. Il avait quitté les États-Unis pour faire une séance de photo sur un paquebot en France. Charles, un ami new-yorkais, lui avait donné le numéro de Paola (ma future marraine) pour qu'il ne soit pas trop perdu en arrivant en France. Charles, qui était homosexuel, et Paola, qui avait à l'époque une aventure avec ma mère, ont décidé de se marier. Paola a demandé à ma mère de lui prêter sa maison en Normandie pour leur lune de miel. Elle lui a également demandé de venir avec eux prétextant que Bob serait là pour lui tenir compagnie. À peine mariés, Charles et Paola s'envoyaient déjà des assiettes à la figure. Quand les éclats de voix devenaient trop forts, mon père et ma mère prenaient la voiture et partaient tous les deux sur les routes. C'est à cette période que j'ai été conçu, je pense… Ils ont ensuite divorcé rapidement, ma mère ne supportant pas d'être mariée. Ce n'est que dix ans plus tard qu'ils se sont vraiment séparés.
Qui admirait-elle?
Elle avait une fascination pour Orson Welles et de l'admiration pour les écrivains de sa génération comme la romancière américaine Carson McCullers, un de ses écrivains préférés, Tennessee Williams ou Jean-Paul Sartre.
Quelques mots pour définir Françoise Sagan?
Courage. Elle n'avait vraiment peur de rien. Elle a toujours eu beaucoup de chance et elle tentait chaque jour de repousser d'en atteindre les limites. Fidélité. Elle était d'une intégrité totale, elle n'a jamais trahi personne, elle ne disait jamais du mal de quelqu'un. Et élégance. Mais ça va avec l'intégrité. Elle était d'une rare élégance morale.
Un livre pour mieux la connaître?
Un certain regard (L'Herne), une compilation d'interviews dans lesquelles elle se raconte. Et comme roman: Avec mon meilleur souvenir.

tetu.com

Rohmer...

vendredi 8 janvier 2010

Hervé Latapie, de la Boite à Frissons, mène l'enquête très intelligement sur les garçons à louer !

Une petire zone de turbulence...


Avec Michel Blanc, Miou-Miou, Mélanie Doutey, Gilles Lelouche... une comédie à priori intelligente qui sortira mercredi prochain. L'histoire : un père de famille (Michel Blanc), est proche du pétage de plomb, il découvre une tâche sur son corps et s'imagine atteint d'un cancer de la peau, sa fille va épouser un garçon surnommé bac-6, parce qu'il très con, il faudra inviter pour le mariage l'amant du fils... bref une famille très contemporaine... dépeinte avec ironie ! J'irai voir le film principalement pour le couple Yannick Regnier et Cyril Descours. Ces deux jeunes acteurs ont joué avec Ducastel et Martineau pour Yannick (Nés en 68 et Plein Sud), et dans Sa raison d'être, la fresque sur les années sida de France 2, pour Cyril.

mercredi 6 janvier 2010

Claude Montana forever !



Claude Montana démarre sa carrière au début des années 70 à Londres, dans la mouvance de Carnaby Street, où il dessine des bijoux qui connaissent un succès retentissant
De retour en France, il collabore avec Mac Douglas et découvre le travail et les techniques du cuir qui deviendra la matière de base de plusieurs de ses collections

1976 - Il présente sa première collection chez Angelina, le célèbre salon de thé parisien

1979 - La Société Claude Montana voit le jour et s’installe au 131, rue Saint Denis à Paris

1981 – Présentation de la première collection Montana Homme

1982 – Lancement d’une ligne de foulards et de cravates

1984 – Lancement d’une ligne de montures optiques et solaires ainsi que d’une ligne de chaussures pour femme

1985 – L’Oscar de la Meilleure Collection Femme de l’année lui est remis à l’Opéra de Paris

1986 – Lancement du premier parfum pour femme, le Parfum de Peau, et d’une ligne de chaussures pour homme

1987 – Claude Montana est récompensé par l’Oscar du Meilleur Créateur Européen à Munich

1988 – Sortie d’un premier parfum masculin, le Parfum d’Homme

1989 – Il reçoit le prix Cristobal Balenciaga du Meilleur Designer à Madrid

Lancement d' un deuxième parfum pour femme, Parfum d’Elle

1990 – Claude Montana reprend la création couture de la maison Lanvin et se voit attribué un premier dé d'or en juillet,

la plus haute distinction du monde de la Haute Couture

Lancement d’une collection de montres

1991 –Absolument unique, Claude Montana est à nouveau récompensé d'un dé d'or en janvier, pour la deuxième fois en six mois,

et entre ainsi à tout jamais dans l'histoire de la Haute Couture

1992 – Lancement d’une nouvelle ligne de sportswear féminin State of Claude Montana

1994 – Sortie du troisième parfum pour femme Suggestion, une combinaison de trois fragrances : L’Eau d’Or, L’Eau d’Argent et L’Eau Cuivrée

1996 – Lancement d’une collection de maroquinerie

1997 – Sortie du quatrième parfum pour femme Just me

1998 – Une nouvelle société, Montana Création, voit le jour et remplace la société Claude Montana

Lancement d’une deuxième ligne de prêt-à-porter féminin Montana Blu

2000 – Lancement du parfum pour femme Montana Blu

2001 – Lancement d’une collection de bijoux or et argent

2002 – Sortie du parfum pour homme Montana Green

Julien Baumgartner !

Marcel...


Jude for Dior Hommes Spots Intense !

M. Sylvain Norget sur Try State Magazine !


http://trystatemagazine.blogspot.com/

mardi 5 janvier 2010

Sperme noir, de Jean-Luc Hennig !



Ex rédacteur en chef du magazine Rolling Stone, journaliste, auteur d’une oeuvre littéraire abondante, Jean-Luc Hennig a beaucoup rôdé, à la fin des années 1970, dans les marges du journalisme libertaire de l’époque, plaçant ses papiers dans Libé, Samouraï, Gai Pied Hebdo et autres canards du même genre. C’était "une époque de trouble, d’effervescence, d’agit-prop qui m’a permis de faire un peu ce que je voulais, c’est-à-dire un journalisme qui était plutôt une expérience-limite", raconte-t-il en préface. Tous publiés dans ces années-là, entre 1976 et 1986, les articles réunis dans Sperme noir parlent d’un seul et même sujet : le sexe. "Mais le sexe, à l’époque, n’était pas compartimenté, enrégimenté, embastillé dans ses chimères. J’aurais tendance à dire que c’était un sexe illimité. Difficile, aujourd’hui. Oui, difficile. Alors, tant pis. Changeons d’époque". Changeons d’époque, en effet : si ces papiers ont gardé toute leur beauté littéraire (aucun ne peut être réduit à un "simple" article de journal), l’atmosphère, l’absence de barrières et la liberté (le libertarisme ?) qu’ils révèlent les datent d’une manière tout à fait étonnante, ainsi que le relève d’ailleurs Hennig dans sa préface en soulignant combien cette "époque", peut paraître lointaine, presque préhistorique au regard des interdits et des tabous d’aujourd’hui.

On trouve un peu de tout dans ce recueil qui commence avec un portrait / interview du jeune Rocco Siffredi, au milieu des années 1980, lorsque celui-ci se contentait de faire de la figuration et des défilés après avoir été serveur dans la pizzeria de son frère (titre : "L’archange de la pizza"). La galerie de portraits vaut le détour, de Hans Eppendorfer (le pape allemand de la tribu gay cuir, qui décrit calmement les moeurs sado-masochistes parfois ultra violentes de ses semblables, ainsi que les structures institutionnelles très bien foutues de leurs petits groupes à travers l’Europe) à un documentaliste anonyme du CNRS dont le grand hobby consiste à collectionner les graffitis pornographiques qu’il trouve dans les toilettes publiques du continent (il en possède plusieurs milliers, soigneusement recopiés et classifiés). On retrouve également des personnages connus, comme Jean-Paul Bourre, alors en plein trip ésotérique, ou Grisélidis Réal, à qui Hennig consacre un portrait magnifique (signalons qu’il préface également les deux livres de Réal publiés ces jours-ci chez Verticales : Les Sphinx et La Passe imaginaire). On rôde autour de l’homosexualité, du sado-masochisme, et on prend la mesure des joyeux excès auxquels parviennent certains fétichistes de l’extrême (question à Eppendorfer : "Du point de vue physiologique, c’est possible, le head-fucking ?" Réponse : "Oui, oui, on a des photos d’Amérique où on voit, avec la tête entièrement rasée").

Ce qui, bien sûr, frappe le regard contemporain à la lecture de ces articles qui n’ont même pas trente ans, c’est qu’il était à l’époque possible de publier des textes ouvertement favorables aux amours entre adultes en adolescents sans déclencher véritablement les foudres des associations de protection de la jeunesse et la réprobation générale de l’opinion publique. En novembre 1979, Hennig publie dans Autrement un texte intitulé "Le poisson bleu", dans lequel le narrateur décrit sa nuit avec un petit prostitué nommé Farid, "dans les douze ans", rencontré du côté de Pigalle. On n’ose imaginer le scandale que cela provoquerait aujourd’hui. En appelant Tony Duvert à la rescousse, Hennig défend deux fois ses positions sur la question : dans un texte paru en 1997 dans L'Infini (la revue de Philippe Sollers), d’abord, où il rappelle que la condamnation de la "pédérastie" (selon son terme) et son érection en crime absolu est extrêmement récente (à peine quelques décennies, voire quelques années) ; dans sa préface, ensuite, où il explique et réaffirme : "Je pose pour principe (comme on le faisait à l’époque) qu’un garçon ou une fille pubère doit pouvoir aimer qui bon lui semble sans encourir (ou lui faire encourir) les foudres de la justice temporelle". Par delà le fond du problème, qui nous intéresse finalement assez peu en tant que lecteur, c’est avant tout la valeur documentaire et "sociologique" des textes concernés (très troublants, répétons-le, pour un lecteur d’aujourd’hui, baigné dans la diabolisation de la pédophilie, et aussi ouvert soit-il) qui les rend passionnants, véritables témoignages sur la permissivité et l’état d’esprit de la décennie 75-85, dans la foulée de l’ébranlement de mai. Et par delà leur valeur documentaire, comme on l’a dit, c’est aussi pour leur valeur littéraire qu’ils méritent d’être lus, ou relus.

Ludovic Barbiéri

samedi 2 janvier 2010

Plein Sud...



Au rayon souvenirs de jeunesse, après Patrice Chéreau et avant l’année 2010 qui s’apprête à se pointer, voici le nouveau Sébastien Lifshitz, Plein Sud. Tout garçon sensible né avant 1980, voire 1985, a forcément vu Presque rien. Du moins j’ai du mal à envisager l’inverse. Pour moi qui, pendant un certain temps, ai contemplé les visages et les torses du couple Jérémie Elkaïm-Stéphane Rideau (poster géant bien à portée de vue, à quelques mètres de mon lit), Sébastien Lifshitz est de ces cinéastes qu’on ne rate pas. Au-delà de l’émotion érotique que certaines de ses images m’ont procuré (toujours dans Presque rien, la scène où Stéphane Rideau est embouti sur la plage vaut bien l’intégrale de Cadinot!), j’ai aimé sa mélancolie et sa noirceur, à mille lieues de l’image angélique conçue à l’époque par Pierre et Gilles pour l’affiche du film.

Plein Sud succède à Wild Side, qui mettait en scène un trio atypique composé notamment d’une transsexuelle. Cette fois, il s’agit d’un quatuor de jeunes et jolis (presque trop) évoluant dans une ambiance de road movie. Je ne vais pas faire durer le suspense (intenable) concernant ce que j’ai pensé du film. Alors oui, j’ai été en partie déçu par cette histoire bien convenue de la part de Lifshitz qui m’avait jusque-là habitué à l’étrange, la différence, l’inattendu même. Écrit à trois mains, le scénario de Plein Sud, centré sur un personnage hanté par la mort de son père, ne tient pas tout à fait la route. Comme le trio de jeunes acteurs qui finissent abandonnés sur une plage, je me suis senti laissé au bord du chemin, ni concerné ni particulièrement touché par cette histoire de vengeance un peu bancale.

Mais, il y a un mais, je dirais que Lifshitz est avant tout un garçon d’images – un peu comme James Cameron et son Avatar, toutes proportions gardées. Et, tout en passant à côté de l’histoire de Sam (Yannick Renier), j’ai été troublé plus d’une fois par la force et l’érotisme torride de certains plans. Je ne suis pas lesbienne mais la première scène avec Léa Seydoux, qui drague la caméra avec aplomb, m’a fasciné. Et, une fois encore, les plages semblent inspirer le cinéaste qui y filme ses acteurs dans une lumière flatteuse, en plein jour comme de nuit, au coin du feu. Ces images, alliées à la bande-son (John Parish, Marie Modiano…) pourraient amplement se suffire à elles-mêmes. Dommage que les dialogues et un canevas un peu trop explicite alourdissent le tableau.

Une quarantaine d'artistes exposeront sur le thème Saint Sebastien Forever !



Galerie Oberkampf
du 15 au 29 janvier 2010