mercredi 30 septembre 2009

Homo-ghetto !



"Homo-ghetto" de Franck Chaumont, qui paraît aujourd'hui aux éditions du Cherche midi, témoigne de l’enfer quotidien des lesbiennes et des gays en banlieues.

La parution du livre "Homo-ghetto; Gays et lesbiennes dans les cités : les clandestins de la République" fait évènement.

De nombreux articles ou reportages dans la presse d'information généraliste ont déjà précédé l'arrivée de ce livre - rédigé par l'ancien directeur de la communication de Ni putes ni soumises et actuel assistant de la députée PS Aurélie Fillipetti - chez les libraires.

Cet ouvrage, résultat de deux années d'enquête, rassemble des témoignages forts sur le quotidien des lesbiennes et des gays identifiés comme tels dans les banlieues de la République.

"Le livre confirme ce qu’avait constaté SOS homophobie lors de son enquête dans les banlieues en 2005, souligne l'association. Ces dernières sont de véritables zones de non droit où le fait d’être identifié comme homosexuel-le-s est passible des pires châtiments (ainsi le pourcentage d'agressions physiques émanant des banlieues s'élevait à 46% des témoignages contre 12% pour le reste du territoire)".

Le livre pointe notamment comment l'abandon par l’Etat de territoires entiers, les a placés à l'écart des principes républicains et laïques. Le sexisme, le machisme et l'homophobie, issus de traditions et d'interprétations religieuses archaïques ou de phénomènes de bandes niant les individus les ont remplacés. L'homosexualité y est désormais un crime passible des pires rétorsions parcequ'elle entre en contradiction avec la culture machiste qui domine dans les cités.

Voila pourquoi Franck Chaumont qualifie les homosexuels qui vivent dans les cités de "clandestins de la République".
Pendant deux années d'enquête, il a recueilli, non sans difficulté, leurs témoignages.
"Ils s'appellent Nadir, Sébastien, Dialo, Nadia... Ils sont blacks, blancs ou beurs. Certains rasent les murs, le regard fuyant. D'autres se la jouent viril et vont même jusqu'à casser du pédé à l'occasion. Mais tous ont en commun le mensonge et la schizophrénie liés à leur double vie et à la peur d'être démasqués", écrit-il.
"Car, en parlant, ajoute-t-il, ils risquaient tout. Leur honneur, bien sûr. Mais aussi leur vie".

Franck Chaumont s'en prend essentiellement aux politiques, mais aussi à ce qu'il nomme les "notabilités homosexuelles dans les centres-villes" qu'il tient pour co-responsables de cet "abandon" des homos des cités.

A travers la question de l'homosexualité, son livre dresse un portrait terrifiant de nos banlieues gangrenées par la misère sociale, éducative, affective et sexuelle.

"Homo-ghetto. (Gays et lesbiennes dans les cités : les clandestins de la République)", Franck Chaumont, Editions Le Cherche-Midi.

Une rencontre avec l'auteur est organisée au Centre LGBT de Paris le Samedi 24 octobre 2009 à 18h00.

> Le témoignage de Brahim, un homo dans la cité

Dans "Un homo dans la cité", Brahim Naït-Balk témoigne à la première personne de l’impossibilité de vivre son homosexualité en banlieue.
D’origine marocaine, à 22 ans il se retrouve dans les années 80 à Aulnay-sous-Bois. Sa différence éveille les soupçons et il finit violé, abusé dans une cave de la cité.
"A l’époque, je me disais, je ne suis qu’un sale pédé. Et maintenant je me demande comment j’ai pu me laisser faire", confie celui qui est désormais entraineur du Paris Football Gay.

"Un homo dans la cité", de Brahim Naït-Balk (éditions Calmann-Levy).

e-llico.com

Yoann Gourcuff pose pour Bruce Weber !



SPORT&STYLE

lundi 28 septembre 2009

Et que le vaste monde poursuive sa course folle, de Collum Mc Cann !



C'est l'un des événements de cette rentrée littéraire. L'Irlandais Colum McCann, dont les lecteurs ont encore à l'esprit les fabuleuses pages de Danseur, biographie romancée de Noureev, signe un nouveau roman, cette fois-ci inspiré de la ville où il est aujourd'hui installé : New York. Une cité qu'il aime et qu'il connaît bien, si l'on en croit les 400 pages de Et que le vaste monde poursuive sa course folle, où se croisent les destins d'une pléiade d'habitants de la Grosse pomme, dans les années 70.
Une journée ordinaire, en somme, autour d'un événement bien réel qui est resté dans toutes les mémoires: le funambule Philippe Petit marchant sur un câble tendu entre les Twin Towers, le 7 août 1974. L'homme apparaît dans le livre, sorte d'ange irréel, protégeant les protagonistes de cette histoire, de sa présence bienveillante, au-dessus d'eux. Il ya ce moine irlandais, qui voue son existence à secourir les plus faibles, prostitués, grabataires... Mais aussi ces mères qui pleurent leurs fils tombés au Vietnam, ou encore ce couple d'artistes, tout juste sorti de l'enfer de la toxicomanie. Chacun semble être une pièce du puzzle de la société américaine des années 70, et Colum McCann parvient une fois encore à nous parler en chacune des langues de ces êtres si différents, dont les destins finiront par se rencontrer.
Bien sûr ce livre fait penser au 11-Septembre, à travers la marche de Philippe Petit entre les Twin Towers, mais il se démarque de l'abondante production littéraire autour de ce thème. C'est un portrait sensible des États-Unis, qui montre toute la fragilité et les contradictions d'une société en pleine effervescence, riche de sa diversité. Et l'écriture de Colum McCann est plus que jamais au service de ce foisonnement de vies, toutes imparfaites, toutes dramatiques, mais si belles, dans leur quête de sens.

Ed. Belfond, 434p., 22€.

Marie-Cécile Bérenger

Hôtel Woodstock, par Elliot Tiber...


Il y a des gens comme ca, qui se retrouvent toujours là où ça se passe, sans le faire exprès... Allez comprendre ! Elliot Tiber est de ceux-là. Pourtant rien ne le laisser présager,.
Fils d'une famille juive modeste, ses parents ont acquis un môtel qui périclite dans l'Etat de New-York à White Lake. Elliot part à New Yorl et devient décorateur d'intérieur. Sa vraie passion est la peinture. Chaque été, il revient aider ses parents et organise un festival culturel et musical qui attire trois pelés et deux tondus ! Cet été là, les finances sont à zéro. Il faut un miracle pour sauver le motel de la faillite. Celui-ci se présente quand Elliot apprend par le quotidien local que les organisateurs du Festival de Woodstock ont été lachés par les habitants de la ville éponyme qui ne veulent en aucun cas être envahis par les hyppies ! Elliot saute sur l'occasion et entre en contact avec le producteur du Festival Michael Lang. Il lui propose sa coopération. Après bien des péripéties, et beaucoup de croche-pieds de la part de ses voisins, Elliot voit arriver le staff de la production. Mais les ennuis ne font que commencer.
A travers un récit vivant et attachant, ponctué d'anecdotes hilarantes, Elliot Tiber dépeint l'organisation téméraire et laborieuse de ce qui aller devenir le plus grand festival musical !
Son premier amant est Robert Mappelthorpe, qui va devenir un grand photographe. Il croisera Tennessee Williams, Truman Capote et draguera Marlon Brando ! Rien que ca... Et il se trouvera au bar le Stonewall, quand les homos se révolteront pour la première fois contre les descentes de police, en juin 1969, que l'on célèbre aujourd'hui à travers la Gay-Pride ! Bref, cet individu est touché par la grâce !!!
Vous l'avez compris, sous ces dehots de garçon sage, Elliot est un phénomène, certes timide et réservé, mais pourvu d' une volonté et d'un courage "hors du commun", qui va se réveler quand il devra se battre pour mettre sur pied le Festival.
C''est donc par le petit bout de la lorgnette que l'on découvre cet évènement magistral et la grande époque du flower-power !

Hotel Woodstock
Editions Alphée

samedi 26 septembre 2009

vendredi 25 septembre 2009

Une analyse très pertinente sur les égéries masculines des grands parfums !



Est-ce un hasard si les prénoms des garçons recrutés comme ambassadeurs des derniers parfums Dior, Givenchy, Armani et Gucci commencent tous par la lettre J ? Jude (Law), Justin (Timberlake), Josh (Hartnett) l'un des héros de Pearl Harbour et James (Franco) l'un des meilleurs amis de Spiderman ont bien plus que cela en commun. Proches de la trentaine, dotés d'un charme plus que certain, ils sont aussi à l'aise sur un plateau de tournage que sur une scène de théâtre ou de concert en ce qui concerne Justin Timberlake, le benjamin du quatuor. On retrouvera ces visages familiers de pages glacées des magazines de mode ces prochains jours sous la casquette de VRP VIP des nouveaux parfums masculins.
Certes nos Zidane et Johnny nationaux ont déjà prêté leur visage pour Eau Sauvage vers l'an 2000, mais la cote des stars du show-biz « roulant » pour les grandes marques de parfums d'hommes a beaucoup grimpé ces trois dernières années. Citons Olivier Martinez pour l'Homme d'Yves Saint Laurent, Matthew McConaughey pour The One for Men de Dolce & Gabbana ou encore Ewan McGregor pour Davidoff Adventure (qui ne sera pas lancé en France). La donne a véritablement changé, lorsque Lancôme, au début de l'année dernière, décide de rallier Clive Owen, moyennant 2,5 millions de livres sterling selon le Daily Mail, à son impressionnante armada d'égéries, pardon, ambassadrices. « Nous préférons employer le terme d'ambassadrice à celui d'égérie car il nous semble essentiel que Lancôme soit incarné par de vraies personnalités, des porte-parole dont les valeurs sont en adéquation avec les nôtres », précise David Souffan, directeur de la communication internationale.
Rien de très étonnant donc à voir les parfums Dior surenchérir avec une icône mâle d'envergure comparable et de même nationalité pour le lancement de Dior Homme Sport. Selon Claude Martinez, président de la société : « Jude Law représente une génération pour laquelle la masculinité est à la fois plus riche et plus subtile. Spontané, actif, doué, il exprime son talent et sa personnalité en jouant des rôles forts. Hollywood ne pourrait pas se passer de lui. » Sans oublier les valeurs qu'il incarne, qui ne sont pas négligeables : père de famille exemplaire, quoique divorcé ; homme de terrain engagé (il est allé jusqu'en Afghanistan pour défendre la Journée internationale de la paix) ; sportif passionné ; et doté enfin d'un bon sens de l'humour. Voilà de quoi faire succomber la ménagère de moins de 50 ans, prescriptrice indéboulonnable de plus de la moitié des achats de parfums pour homme.

Casting sur mesure

Chez Givenchy, le recrutement de Justin Timberlake apparaît comme une évidence tant le mix marketing de Play est réussi. Un nom original apposé à un flacon tactile, reprenant les codes d'un appareil multimédia nomade et une double proposition olfactive : une eau de toilette « commerciale » et une version intense, plus osée, destinée à la clientèle de fidèles. Le chanteur et jeune producteur, qui commence aussi à se forger une petite notoriété au cinéma, incarne parfaitement le concept : il a le rythme dans la peau, le vent en poupe grandissant depuis sa récente collaboration avec Madonna et, ce qui ne gâche rien, un enthousiasme débordant. Alain Lorenzo, président des parfums Givenchy, commente : « Justin Timberlake n'a pas besoin d'argent, loin de là. S'il a accepté de faire ce partenariat avec nous, c'est parce il a beaucoup aimé le projet, qui l'a vraiment passionné. Il lui a d'ailleurs apporté une contribution personnelle importante. »
Du côté des griffes italiennes, la rencontre humaine entre l'acteur et le créateur qui le choisit est décisive. Si, dans le cas d'Emporio Armani Diamonds for Men (57 € les 75 ml), le créateur a immédiatement pensé à Josh Hartnett plutôt qu'à un candidat « bling bling » de circonstance, c'est qu'il le connaît depuis ses 18 ans. L'élu raconte : « C'est à une vente aux enchères de guitares d'Eric Clapton que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Giorgio Armani a toujours été très gentil avec moi, en me prêtant des tenues, même au temps où personne ne savait qui j'étais. » Chez Gucci, même son de cloche quand la directrice de la création, Frida Giannini, explique : « Si j'ai décidé de travailler avec James Franco pour mon premier parfum masculin, c'est parce qu'il incarne ma vision de l'homme Gucci : élégant, cool, moderne et contemporain, avec une certaine nonchalance. Son style et son attitude reflètent un côté rebelle et sexy. » Lors de la soirée de lancement donnée en juin dernier à Milan, elle avouait même : « Il est pour moi une incroyable source d'inspiration. » Des paroles corroborées par les photos qui couvrirent l'événement.

mercredi 23 septembre 2009

Hôtel Woodstock, aujourd'hui sur les écrans !


Une comédie désopilante, par le réalisateur du "Secret de Brokeback mountain", qui relate les coulisses de l'organisation de la grand-messe hippie de 1969. Le film met en parallèle la rébellion d'une jeunesse dans un festival de rock et le coming out du héros.

Inspiré d'un livre écrit par Elliot Tiber, le film met en parallèle la rébellion d'une jeunesse dans un festival de rock et le coming out du héros.
Décorateur d'intérieur à Greenwich Village, Elliot doit retourner vivre chez ses parents, qui gèrent un motel miteux dans l'Etat de New York. Homosexuel, il n'ose affronter les préjugés de sa famille et d'un voisinage particulièrement "plouc".
Apprenant que le village voisin a refusé d'accueillir un festival de musique hippie, il appelle les producteurs, espérant profiter d'une manne inespérée.
Trois semaines plus tard, à la mi-août 1969, un demi-million d'adeptes du "flower power" débarquent pour trois jours d'un festival mythique, apogée de la contre-culture rock américaine des années 60. Drôle et bien rythmé, servi par d'excellents dialogues et une distribution sans faille - mention spéciale à Emile Hirsch, en ancien du Vietnam fêlé et surtout à Liev Schreiber, en viril transsexuel - le film est un vrai régal.

e-llico.com

Les Inrocks s'enflamment pour la ressortie de My Own Private Idaho !


My Own Private Idaho ressort en salle et ressuscite le premier âge du cinéma de Gus Van Sant : baroque, mélodramatique, halluciné, mais déjà hautement conceptuel.
C’est l’automne 1991. Les années 80 paraissent déjà un peu loin. Et pourtant la décennie à peine éclose recherche toujours ses grandes oeuvres balises, celles dont on se dit au moment même où on les découvre : ça y est, cet agencement inédit des sons et des regards, cette nouvelle façon qu’ont les choses de se présenter à nous, cet impalpable sentiment que le présent prend un nouveau visage, c’est peut-être ça, les années 90.
A peu près en même temps, à quelques semaines d’intervalle, sortent Nevermind de Nirvana et My Own Private Idaho de Gus Van Sant. Désormais, c’est certain : la grande bascule d’une décennie à l’autre se joue quelque part dans la pointe nord-ouest des Etats-Unis, entre Seattle et Portland, autour de quelques jeunes gens en guenilles, solidaires des exclus, amis des parias, en rupture avec l’âge adulte, et prêts à submerger le monde de quelque chose qui sent comme du teen spirit.
En 1991, Gus Van Sant a 39 ans. Il a déjà réalisé deux longs métrages. Le premier, Mala Noche (inédit en France et enfin distribué en octobre prochain), réalisé en 1985 avec trois fois rien, s’intéresse aux pérégrinations de deux Latinos clandestins à Portland. Le film obtient un certain retentissement dans les festivals de cinéma indépendant. Les producteurs s’intéressent à ce jeune cinéaste. Mais son projet de second film décourage jusqu’aux financiers les plus francs-tireurs : la chronique très documentée de deux garçons prostitués. Plusieurs fois éconduit, GVS y renonce provisoirement et propose l’adaptation d’un roman post-beatnik, Drugstore Cowboy, avec l’ex-idole ado Matt Dillon.
Contre toute attente, cette histoire de junkies marche, et le succès du film permet à GVS de tenter plus sereinement le coup avec son histoire de tapins à Portland. Il envisage un film à tout petit budget, autour de 500000 dollars, interprété par de vrais prostitués, mais s’amuse aussi à imaginer un casting idéal, avec de jeunes stars : Keanu Reeves pour le rôle de Scott, un bourgeois en rupture de ban, et River Phoenix dans celui de Mike, orphelin démuni affecté d’un drôle de trouble, la narcolepsie, qui le fait sombrer dans le sommeil à la moindre émotion.
Van Sant se résoud à approcher les comédiens, contre l’avis de leurs agents. Keanu Reeves, auréolé du gros score au box-office de Point Break, mais désireux de garder un pied dans le cinéma d’auteur, accepte. Rassuré par l’accord de son aîné, Phoenix, idole teenage depuis Stand by Me et jeune Indiana Jones chez Spielberg, accepte aussi. Du coup, le financement s’accélère, le budget est quadruplé (mais reste modeste : le film coûte finalement 2,5 millions de dollars et en rapportera 15).
Une des forces du film réside dans le fait que ce qu’il est devenu – le film véhicule de deux jeunes comédiens à la mode – n’a pas effacé le précédent projet, plus documentaire, sur de vrais prostitués. Les jeunes hommes dont GVS s’est inspiré pour élaborer ses deux personnages principaux jouent aussi dans le film, entourent les deux comédiens et racontent leurs expériences de prostitués face caméra, dans des scènes de café aux confins du cinéma- vérité. Ces brusques irruptions de témoignages, en rupture avec l’extrême stylisation du film, trouvent leur juste place dans un système fait d’incessantes ruptures de ton et de fractures.
Car non seulement GVS choisit d’hybrider le film avec stars et le film où les acteurs se confondent avec leur personnage, mais il décide aussi de contracter en un seul récit plusieurs de ses projets inaboutis. L’un d’eux décrit le quotidien de deux prostitués mâles et l’autre est une adaptation contemporaine du Henry IV de Shakespeare, où un jeune héritier du trône abandonne ses privilèges de souverain pour s’acoquiner à une canaille grandiose, Falstaff, qu’il trahira pour reprendre sa couronne.
A la chronique de l’amitié amoureuse de deux tapins se greffe alors une double remontée vers leurs origines respectives. Mike (River Phoenix) ne sait pas ce qu’est devenue sa mère et part à sa recherche, de l’Idaho white trash à la banlieue de Rome – c’est la veine road-movie américain du film. Scott (Keanu Reeves) est le fils du maire de Portland et s’est choisi pour mentor un Falstaff moderne, Bob, clochard mûrissant qui l’entraîne dans la fange – c’est la piste Shakespeare. Loin d’essayer de naturaliser l’adaptation shakespearienne pour la fondre dans l’ensemble, Gus Van Sant en affiche la théâtralité. Le réalisme des dialogues se dissout subitement dans des répliques de facture shakespearienne, une langue archaïque scandée comme à la Royal Company (registre dans lequel Keanu Reeves se révèle excellent).
Lorsqu’est sorti My Own Private Idaho, on a d’abord aimé les fétiches de l’Amérique auquel le film donnait un éclat nouveau : des routes à perte de vue qui ne raccordent aucun espace, des vestiges essorés d’utopies beatnik, des mobile-homes comme des tombeaux, des garçons en moto dont la rage des vétérans d’Easy Rider s’est muée en mélancolie et dont le seul horizon, loin de tout idéal, n’est plus que la survie. Tout à coup, un nouvel auteur américain majeur faisait entendre sa voix.
A cette géographie sensible se mêle quelque chose de plus singulier : la douceur du regard de Gus Van Sant sur ce monde de fauves, sa foudroyante puissance d’empathie face au dénuement d’un enfant perdu, l’intelligence de son rapport aux acteurs et l’investissement affectif qu’il obtient d’eux (le cinéaste raconte que River Phoenix, sublime de bout en bout, est l’auteur de sa bouleversante déclaration d’amour autour du feu de camp). Toutes choses qui deviendront de façon évidente le prix précieux de ses grands films à venir et qui éclate ici dans une première apothéose.
A revoir le film aujourd’hui, on est également frappé par sa logique conceptuelle, par la façon dont il anticipe aussi le geste le plus radical du cinéaste : son remake plan par plan du Psychose d’Hitchcock, qui faisait soudainement dialoguer le cinéma hollywoodien des studios avec le dernier état des arts plastiques (Douglas Gordon, Pierre Huyghe). Mala Noche, par son goût des contre-plongées, d’un certain vocabulaire expressionniste, son jeu d’ombres et de déformations en courtes focales, manifestait le goût de GVS pour les recherches plastiques d’Orson Welles. En adaptant Henry IV par fragments éruptifs, comme de subits coups d’Etat dans le régime de représentation, GVS ne fait pas seulement revenir la langue de Shakespeare mais des séquences entières du Falstaff de Welles.
A ce remake travesti (mettant à nu, au passage, les contenus d’homosexualité refoulée dans la pièce et le film de Welles), il faut ajouter une scène d’introduction sur la route où le découpage et le décor rejouent la scène de l’avion dans les champs de La Mort aux trousses d’Hitchcock, une escapade romaine où des ragazzi draguant près du Colisée rendent un hommage furtif à Pasolini, des passes comme autant de petits théâtres fétichistes proches de Belle de jour de Buñuel.
Derrière chaque plan, il y a donc déjà une autre image, pas totalement recouverte. Les souvenirs de Mike en super-8, les couvertures de revues gay qui tout à coup s’animent, en rajoutent encore dans ce grand shaker à confondre toutes les natures d’images. Quelque chose dans cet assemblage reste volontairement mal recousu, dépareillé. Ce caractère épars colle évidemment à la représentation du monde du personnage principal, Mike le narcoleptique, qui s’endort dans un endroit et se réveille toujours dans un autre, sans jamais percevoir ce qui entre ces deux lieux, ces deux images, fait le lien. De la réalité, il ne perçoit que des flashs, des bouts dispersés, qui se confondent avec de subites attaques de souvenirs ou d’images mentales.
Avec son style bigarré et hétéroclite, le film trouve donc la bonne vitesse, le mode le plus approprié pour restituer le régime de perception d’un personnage, son rapport au monde, lacunaire et troué. Mais à l’inverse, avec la narcolepsie, GVS trouve aussi le bon motif pour incarner une idée de cinéma. Quelque chose comme une vision épileptique entre deux plongées comateuses, des images prélevées à la hâte et recomposées en kaléidoscope, un instant de veille vécu dans sa plus grande intensité parce qu’il ne dure pas.

My Own Private Idaho de Gus Van Sant, avec Keanu Reeves, River Phoenix.


les inrocks

Les vraies images de Woodstock !



Hotel Woodstock, d'Ang Lee, sort aujourd'hui sur nos écrans !

Après avoir interprété Harvey Milk, Sean Pen devient un fervent défenseur des droits des gays et s'engage contre la proposition 8 !

lundi 21 septembre 2009

La reprise au Théatre de la Cage aux Folles fait débat !

EVENEMENT SUR LES ECRANS DE MERCREDI : HOTEL WOODSTOCK !




Réalisé par : Ang Lee
Avec : Emile Hirsch , Demetri Martin , Liev Schreiber , Imelda Staunton , Jeffrey Dean Morgan
Date de sortie : 23 septembre 2009


1969. Elliot, décorateur d'intérieur à Greenwich Village, traverse une mauvaise passe et doit retourner vivre chez ses parents, dans le nord de l'État de New York, où il tente de reprendre en mains la gestion de leur motel délabré. Menacé de saisie, le père d'Elliot veut incendier le bâtiment sans même en avoir payé l'assurance alors qu'Elliot se demande encore comment il va enfin pouvoir annoncer qu'il est gay...Alors que la situation est tout simplement catastrophique, il apprend qu'une bourgade voisine refuse finalement d'accueillir un festival de musique hippie. Voyant là une opportunité inespérée, Elliot appelle les producteurs. Trois semaines plus tard, 500 000 personnes envahissent le champ de son voisin et Elliot se retrouve embarqué dans l'aventure qui va changer pour toujours sa vie et celle de toute une génération.

dimanche 20 septembre 2009

My own private Idaho, en copie neuve au Latina !


Scott et Mike sont amants, toxicomanes et prostitués. Mike, homosexuel et atteint de narcolepsie, est obsédé par la recherche de sa mère qui l’a abandonné. Quant à lui Scott, fils du maire de la ville est issu d’un milieu beaucoup plus stable. Lorsque Mike confesse son amour à Scott, celui-ci affirme être hétérosexuel…

Après Drugstore Cowboy, Gus Van Sant revient sur ses thèmes de prédilection : la jeunesse et le trouble. Inspiré librement du Henri IV de Shakespeare, My Own Private Idaho est aussi un film bouleversant sur l’amitié masculine.

samedi 19 septembre 2009

Festival : l’Eté Indien des gays azuréens



L’Eté Indien est le rendez-vous culturel LGBT de fin d’été de la côte d'azur. Au programme : du cinéma, des débats, des spectacles...

Du jeudi 24 au dimanche 27 septembre 2009, cet évènement organisé par l'association Polychromes fait suite aux rencontres cinématographiques d’Un genre à l’autre (2008), et s’oriente à partir de cette année sur un programme pluridisciplinaire : performances de comédiens, spectacle de cabaret, cinéma, conférences en sciences sociales, chorale.

Coté cinéma, les questions seront "Comment chemine-t-on dans l’acceptation de soi et de sa différence ? Comment l’amour se renforce par le dépassement des traditions familiales ?". Autant de sujets pour autant de films proposés durant ces quatre jours, avec deux avants premières "Mourir comme un homme" de João Pedro Rodrigues, sélection du festival de Cannes 2009-un Certain Regard, et "Ander" (sortie 2010), film du réalisateur Roberto Castón, également président du festival LGBT de Bilbao. Ce réalisateur, animera un débat en fin de projection.

Des sociologues présenteront autour de tables rondes des livres sur la prostitution masculine et féminine et sur la transidentité.

Les artistes du cabaret "Au chat rose…" entraineront le public dans leur univers où "cris, chansons, acrobaties, effeuillages, emplumages, passions et déraisons" sont au rendez-vous. Ils égrèneront leurs différentes prestations durant la manifestation.

Plus d'infos sur : polychromes.fr

e-llico.com

Jonathan

mercredi 16 septembre 2009

LA Story, de James Frey, chez Flammarion !


L'un des auteurs les plus célèbres et controversés des Etats-Unis nous livre ici son premier roman : une chronique audacieuse du Los Angeles contemporain.
Des dizaines de personnages défilent sous les yeux du lecteur - certains ne font qu'une unique apparition - tandis que James Frey s'attache à narrer les vies dramatiques d'une poignée d'âmes perdues de Los Angeles : une jeune Latino-Américaine brillante et ambitieuse qui voit s'écrouler ses espérances dans un moment d'humiliation cuisante ; un acteur de films d'action narcissique à l'excès que la poursuite d'une passion impossible risque de détruire; deux jeunes gens de dix-neuf ans qui fuient l'atmosphère étouffante de leur ville natale et se battent pour survivre aux marges de la grande ville ; un vieil alcoolique de Venice Beach dont la vie est bouleversée par l'irruption d'une adolescente toxicomane à demi morte devant les toilettes où il a élu domicile.
Ce roman puissant résonne des millions d'autres vies qui, mises ensemble, décrivent une ville, une culture et une époque. L.A. Story, en un tour de force ébouriffant, déroule les joies, horreurs et hasards inattendus de la vie et de la mort dans la cité des Anges.

Reprise exceptionnelle du "Cabaret des hommes perdus" au profit d’Act Up-Paris


Le spectacle aux deux Molières repris au profit de la lutte contre le sida et d’Act Up-Paris, à l’occasion des 20 ans de l’association.

Date : lundi 28 septembre 2009
Heure : 20:00 - 22:30
Lieu : Le Bataclan
Adresse : 50 boulevard Voltaire

Texte et chansons : Christian Siméon
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Musique composée et interprétée par Patrick Laviosa
avec Denis d’Arcangelo, SInan Bertrand, Alexandre Bonstein, David Macquart

Le Cabaret des hommes perdus, un mélo musical gay commandé à Christian Siméon par Jean-Luc Revol et sa Compagnie du Caramel Fou. Nul besoin d’être membre pour entrer, rire et pleurer en suivant le trop court destin de Dick Teyer - un jeune paumé qu’une chasse au pédé va précipiter dans cette boîte drag queen des bas fonds new yorkais.

Il n’en est pas, Dick, mais il a de l’or entre les jambes.
Sur des airs enchanteurs de Patrick Laviosa, il sera la vedette d’une revue divaguée par quatre animaux transformistes échappés du music-hall. Lullaby, Bandolina, Marpessa, Debbie et le barman tatoueur du peep show adoptent Dick et feront de lui, avant sa chute et sa mort rock’n roll, une brève star du X gay, Gazon synthétique et robe en plumes de Zlouti compris !

> voir la bande-annonce du spectacle

JAMIE !

HUMPDAY, AU CINEMA AUJOURD'HUI !


Plus d'infos sur ce film

Sortie en salles le 16 septembre 2009 du film Humpday de Lynn Shelton avec Mark Duplass, Joshua Leonard, Alycia Delmore

Comédie américaine racontant l’histoire de deux amis qui après la fac se perdent de vue, quand un jour Andrew revient sans prévenir chez son copain Ben. Trés vite, leur complicité d’étudiant reprend le dessus et pour sortir Ben de sa petite vie bien rangée, décide de l’emmener dans une soirée aux moeurs libertines. Durant cette fête tout le monde parle du tournage d’un film érotique d’art et d’essai pour le festival local de porno amateur. Ben semble très réticent, mais Andrew lui lance le pari d’y participer. Plusieurs verres d’alcool plus tard, ils joueront un rôle et coucheront ensemble …

mardi 15 septembre 2009

HARVEY MILK EN DVD : LE CULTE CONTINUE !


Salué par les critiques lors de sa sortie en salles, «Harvey Milk» le biopic consacré au premier homme politique ouvertement gay des Etats-Unis, arrive en DVD et Blue-Ray. L'occasion d'être bluffé de nouveau par Sean Penn et découvrir pléthore de bonus passionnants.


On a longtemps cru que le film ne verrait jamais le jour. Il aura fallu vingt ans, après maintes tentatives pour que la vie de Harvey Milk, le premier homme politique américain ouvertement gay, ne soit transposée sur grand écran.

Trois versions
Inspiré du documentaire The Times of Harvey Milk de Rob Epstein (disponible chez M6 Video) sorti en 1985, le film de Gus Van Sant sait à la fois être militant et divertissant. A la clé, deux Oscars 2009, un pour l'excellent scénario de Lance Dustin Black, un second pour Sean Penn, parfait du début à la fin. `

Le DVD sort en 3 versions, simple, collector et blu Ray le 16 septembre prochain. Et pour approfondir la question, de nombreux bonus sont proposés. Dans l'édition collector, on trouve le procès de Dan White, l'assassin de Milk et une fin alternative. Dans le Blu-Ray, un entretien de qualité avec Gus Van Sant. Indispensable.

Harvey Milk – drame – DVD simple: 19,99; €, Collector: 24,99 € et Blu Ray, 24, 99 € - M6 Video. Sortie le 16 septembre.

lundi 14 septembre 2009

TROIS REPRESENTATIONS EXCEPTIONNELLES DE MAUVAIS GARCONS DE SAMUEL GANES !



Comédie Dramatique de Samuel GANES
Mise en scène par Hervé BERNARD OMNES, assisté de Christine GAGNEPAIN

Distribution par ordre alphabétique : Hervé BERNARD OMNES (Ambroise) / Lionel CECILIO (Abdel) / Frédéric CHEVAUX (Pascal) / Samuel GANES (Samson) / Guillaume GRESPINET (Nicolas) / Romain POLI (Justino) / Rémi RODRIGUEZ (Morgan) / Philippe VILLIERS (Timothy)

Synopsis : Une bande d’amis s’apprêtent à fêter l’anniversaire de l’un d’entre eux - l’extravagant Ambroise, amateur de thé et d'herbes en tout genre. La fête se tient chez le mélancolique Samson, encore en deuil de son ami Jules. Tous sont au rendez-vous - Timothy, un fleuriste aux espoirs fanés poussé à la retraite, Abdel, un jeune maghrébin en recherche de repères et d'amour, Pascal, un businessman stressé aux moeurs mystérieuses, et son ami, Morgan, le petit con immature de la bande, ainsi que Justino, petit nouveau mais qui n'est pas là par hasard. Alors que tous attendent l’arrivée de l’invité d’honneur, Nicolas, un ancien ami de Samson et inconnu des autres, arrive sur ses entrefaites. Ce dernier, va bientôt perturber la douceur de cette soirée, qui de la jovialité va basculer vers le drame humain. Un jeu dangereux de confessions intimes va se mettre en place et les tensions à l’intérieur du groupe vont éclater. Aucun ne sera épargné. Aucun n’en sortira indemne ...

Lundi 05 Octobre à 20h00 et
Mardi 06 Octobre à 14h30 et 20h00
au Vingtième Théâtre
07 rue des Plâtrières 75020 Paris - M° Ménilmontant

SAMUEL GANES

JAMIE, TA LIBERTE, C'EST MON BOOOONHEUUUUUUUUR!!!!!!

mercredi 9 septembre 2009

Les designers Antoine+Manuel signent l'affiche des Chéries-Chéris !


Voilà, la nouvelle affiche du Festival tant attendue est dévoilée !
Elle porte la signature des deux designers les plus « tendances » du moment : Antoine+Manuel. Pour les dernier-e-s d’entre vous qui ne les connaîtraient pas encore, ces deux garçons sont partout : ils ont notamment refait l’identité visuelle de Christian Lacroix, réalisé la scénographie des vitrines pour l’ouverture du magasin Maison des Galerie Lafayette, fait des affiches pour des festivals de danse… Bref ils sont les rois du logo, de la typo et de l’identité visuelle ! Mais ils n’avaient jamais exploré les univers du cinéma et de l’homosexualité. C'est chose faite !
Ils ont accepté immédiatement de travailler avec le Festival,
Festival de Films gays et lesbiens++++ de Paris !