samedi 29 novembre 2008

NES EN 68 : LA FRESQUE SUR 40 ANS DE NOS VIES, PAR LES GRANDS DUCASTEL ET MARTINEAU !


1968. Catherine, Yves et Hervé ont vingt ans, sont étudiants à Paris et s’aiment. La révolte du mois de mai bouleverse leur existence. Gagnés par l’utopie communautaire, ils partent avec quelques amis s’installer dans une ferme abandonnée du Lot. L’exigence de liberté et la recherche de l’accomplissement individuel les conduisent à faire des choix qui finissent par les séparer. 1989. Les enfants de Catherine et Yves entrent dans l’âge adulte et affrontent un monde qui a profondément changé : entre la fin du communisme et l’explosion de l’épidémie de sida, l’héritage militant de la génération précédente doit être revisité.
Réaliser une fresque sur 4O ans de lutte, d’espoir et d’amour, en presque 3 heures, c’est le pari réussi (avec quelques réserves), par le nouveau film du duo Ducastel et Martineau. C’est en entendant, en mai 2007, le discours de campagne de Nicolas Sarkozy sur les méfaits de mai 68, que le duo de réalisateurs a été convaincu de la nécessité de ce film qui retrace 40 ans d’un formidable espoir, qui a débouché sur une grande désillusion, caractérisée par le retour de la droite au pouvoir (après la parenthèse de la présidence Mittérand) en France et l’arrivée de l’épidémie du sida. La première partie est consacrée à la génération 68 : Catherine, Yves et Hervé participent activement aux évènements de mai. Ils décident de partir créer une communauté dans le Lot, avec d’autres volontaires. Ils investissent une ferme abandonnée, qu’ils retapent, sous les regards curieux ou réprobateurs des voisins. La vie en communauté s’installe, ponctuée par les premières difficultés, les jalousies et les rancoeurs. Catherine a deux enfants avec Yves, une fille qui rapidement va se rebeller contre l’anticonformisme de sa mère et un garçon, Boris. Mai 1981 : François Mitterrand est élu Président de la République Française. Boris est gay est vit une histoire avec le fils des voisins proches de la communauté. Le sida arrive... Tout va très vite, trop vite dans le film. Pour le reste, les acteurs sont excellents et parfaitement crédibles (mention spéciale à Laetitia Casta qui est juste, sobre et émouvante). La photo est magnifique, les décors et le stylisme très réussis (la mode hippie-chic est à l’honneur). Ducastel et Martineau ont réussi à inscrire le parcours singulier de personnages attachants, dont les vies sont intimement mêlées aux grands évènements de 40 ans de notre histoire. et qui deviennent du coup universels !Film engagé, militant, profondemment vivant et désanchanté (ce qui n’est pas incompatible !), Nés en 68 a malheureusement souffert d’une sortie trop discrète en... mai 2008, sans aucune promo et est resté une semaine à l’affiche à Paris. On peut soupçonné que ce chef d’oeuvre n’est pas du goût de Sarko... y aurait-il il eut manipulation ? Je n’engage que moi ! Mais je suis très en colère contre cette censure qui ne dit pas son nom ! Il a été diffusé à l’automne sur Arte, et reviens enfin en DVD, mais sans aucun bonus. On aurait pourtant aimé connaître les dessous du tournage, le travail epoustouflant qui a été réalisé pour reconstituer les années 70 et 80, un making-off s’imposait et le couple de réalisateurs avit certainement beaucoup à dire sur les raisons du tournage de ce film. TF1 Vidéo a été très chiche, mais faut-il s’attendre à autre chose de leur part ! Cette fresque magnifique et bouleversante se suffit à elle même, c’est sans doute le parti-pris de l’éditeiur... En tout cas, elle nous faire réflechir sur le sens de nos vie et de l’histoire !


Un interview des réalisateurs à propos de leur rencontre, rien à voir avec le film !

jeudi 27 novembre 2008

JULIEN BAUMGARTNER DANS LE PLAISIR DE CHANTER





Dans le casting du nouveau film d'Ilan Duran Cohen, on retrouve avec plaisir le sensible et tourmenté Julien Baumgarner, qui avait joué dans les Amants du Flore, du même réalisateur, tourné pour la télévision, qui explorait d'une très belle manière la relation singulière qui unissait Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Dans le Plaisir de chanter, il joue un escort-boy futile, égocentrique et narcissique, autour duquel se cristallisent les désirs de beaucoup de monde... Il est faible, lâche, mais tellement enjoleur et sexy (il faut dire qu'il est nu la plupart du temps ) ! Il réussit diaboliquement à créer un personnage détestable mais dont on ne demande qu'à comprendre les failles...

C'est l'occasion de revenir sur le talent de ce treentenaire, acteur surprenant et atypique qui est aussi photographe/plasticien. Un garçon authentique qui prend son temps et n'accepte pas à priori les concessions.
Julien Baumgartner a fait ses débuts dans ce qui était sensé être le American Pie français : Sexy Boys. On l'a ensuite vu dans Chat Bleu, Chat Noir, Comme Une Image et A Cause D'Un Garçon.
Extrait de Sexy Boys



Court-métrage



A cause d'un garçon, le télefilm qui a révélé Julien au grand-public, qui traite de l'éducation sentimentale d'un jeune ado.
Julien Baumgartner incarne avec une grâce extraordinaire ce garçon timide, au seuil de sa vie adulte. Il a encore un sourire d’enfant quand commence l’épreuve de vérité qu’il doit affronter.Puis peu à peu son sourire se fait méfiant, ses yeux se creusent, son sourire se fait méfiant. La souffrance de Vincent est mise à nu, avec cette angoisse propre à l’adolescence, mais ici particulièrement cuisante : "Qu’est ce que je vais faire de ma vie ?"

mercredi 26 novembre 2008

APRES LA CONFUSION DES GENRES, LE PLAISIR DE CHANTER, LE NOUVEAU ILAN DURAN COHEN !

Par le choix d'une "comédie anti-romantique", Ilan Duran Cohen souhaitait aborder le thème de jeunes adultes à la recherche de leur innocence perdue. "Dans mon film, des personnages épuisés par l'isolement urbain se croisent dans un même lieu, là où l'innocence est obligatoire, un lieu d'apprentissage symbolisé par le cours de chant lyrique, confie le réalisateur. Par la recherche de la voix juste [...]

A la base, Ilan Duran Cohen souhaitait faire un film musical intitulé Happy Meal. Les premières versions du scénario se déroulaient dans le milieu de la variété. "Mais j'ai préféré le lyrique, qui donnait au film une dimension beaucoup plus... lyrique et filmique, moins terre-à-terre, plus éloignée de la télé, confie le réalisateur. Le chant aussi parce que je suis quelqu'un à qui on a toujours dit qu'il chantait faux - à cet égard, Muriel est vraiment mon alter ego dans le film. Comme les comédiens, j'ai pris des cours de chant avec Evelyne Kirschenbaum qui joue aussi la professeur de chant, et on a réécrit le scénario avec l'acquis de cette expérience. Apprendre à chanter est fascinant, surtout quand on n'est pas à l'aise avec sa voix. La travailler, voir ce qu'il en sort... C'est très difficile d'utiliser sa voix correctement, de chanter juste. Tout le corps est engagé, ça ne pardonne pas. Le chant lyrique est un art et un sport. C'est un combat pour la justesse qui doit paraître toujours facile et aérienne. Les chanteurs travaillent la note des heures et des heures pour arriver à bien placer leur voix. Il n'y a pas de mensonge possible avec la voix."

lundi 24 novembre 2008

JOHN MALKOVICH AIME LE MEXIQUE !



John Malkovich devrait réaliser un second long métrage après Dancer Upstairs en 2002. Il s’agirait d’un documentaire qui expliciterait la situation critique des enfants mexicains qui traversent clandestinement la frontière tex-mex pour se rendre aux Etats-Unis. Le documentaire s’intitulerait Triple Crossing et tendrait, selon Malkovich, à humaniser la question de l’immigration clandestine. Le film sera produit par Canana Films, une compagnie qui appartient aux acteurs mexicains Diego Luna et Gael Garcia Bernal. John Malkovich est actuellement à Mexico où il monte une pièce de théâtre intitulée Burn After Reading dans laquelle il met notamment en scène son futur producteur Diego Luna (Y Tu Mama Tambien).

On retrouvera l’acteur à l’affiche en ce moment dans L’Echange, le 10 décembre dans Burn After Reading des frères Cohen et le 14 janvier dans un film français Et après. L’actualité de Malkovich est extrêmement chargée car en plus de ces apparitions, il devrait figurer à l’avenir aux côtés de Tom Hanks dans The Great Buck Howard, en professeur de poésie dans Disgrace, dans un prochain film de Raoul Ruiz intitulé Love and Virtue et dans The Mutant Chronicles, un film de science fiction.


Alexandre Muhr
21 novembre 2008
Les Inrocks

samedi 22 novembre 2008

FLESH AVEC JOE DALLESANDRO LE 27 HOVEMBRE SUR CINECINEMA CLUB

En 1968, à New York, Paul Morrissey tournait Flesh, en 12 heures, pour 2400 dollars, sous l'égide d'Andy Warhol. Avec un acteur qui allait devenir une icône gay absolue: Joe Dallesandro. Quarante ans plus tard, le réalisateur (devenu limite réac à force de renier l'importance de la liberté sexuelle des sixties) revient sur la genèse du film dans Paul Morrissey, in the Flesh, un documentaire signé Karim Zériahen, à 20h45, sur Cinécinéma Club. À noter que Flesh est diffusé le jeudi 27 novembre, à 22h25, sur la même chaîne. Voici la bande-annonce originale du film:



vendredi 21 novembre 2008

DAMIEN GUILLAUME EXPOSE A PHOTO COLLECTION, LE OFF DU MOIS DE LA PHOTO
















Jusqu'au 23 novembre à la Galerie du Centre Iris, 238 rue St Martin dans le 3ème.
Né le 21 juin 1978, à Besançon, il vit et travaille à Paris. Photographe professionnel depuis quelques années, il a contribué à la création de la revue L'atelier de Photographie Magazine et prépare actuellement un livre sur Istanbul. Il est l’auteur des photographies du livre « Besançon, Nature intime du temps » co-signé avec Nedim Gürsel et à également réalisées les photographies du livre « La Turquie Biblique » à paraître courant 2009 aux éditions Empreinte,.(http://www.editions-empreinte.com)
La série Mythes décisifs, qu'il expose à l'occasion de Photo Collection, est une alchimie de l'intimité de ses modèles et de la sienne. Les tirages sont exceptionnellement beaux et expriment la douceur et la bienveillance, qui sont certainement les attributs du photographe !

jeudi 20 novembre 2008

L'INTEGRALE JACQUES DEMY : TOUTE LA MAGIE D'UN CINEASTE EXCEPTIONNEL !




Jacques Demy, scénariste réalisateur, est une personnalité incontournable du cinéma français. Son premier long métrage Lola, en 1961, scelle une rencontre déterminante avec le compositeur Michel Legrand, qui restera dès lors lié à la filmographie de Demy.
C’est avec Les Parapluies de Cherbourg en 1963 (Prix Louis-Delluc, Palme d’Or au Festival de Cannes et sélectionné aux Oscars) et avec Les Demoiselles de Rochefort en 1966 qu’il rencontre un succès international.
Jacques Demy a tourné avec Anouk Aimée, Richard Berry,Danielle Darrieux, Danièle Delorme, Catherine Deneuve, Donovan, Françoise Dorléac, Françoise Fabian, John Hurt, Francis Huster, Gene Kelly, Gary Lockwood, Claude Mann, Jean Marais, Marcello Mastroianni, Marc Michel, Yves Montand, Jeanne Moreau, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Marie-France Pisier, Dominique Sanda, Delphine Seyrig, Jean-François Stévenin, Jean-Louis Trintignant…
Ciné-Tamaris Vidéo, qui depuis plusieurs années met en valeur son catalogue des films d’Agnès VARDA et de Jacques DEMY, et ARTE VIDEO , éditeur de cinéma patrimonial (Louis Malle, Jacques Rivette, Alain Resnais, Robert Bresson...) se sont associés pour rendre un bel hommage à ce cinéaste qui, de Lola à Trois Places pour le 26 a marqué plusieurs générations.
Les longs métrages mais également l’ensemble de ses courts métrages de Jacques Demy sont enfin disponibles dans des copies pour la plupart restaurées.


AU PROGRAMME DE L'intégrale JACQUES DEMY


Les courts métrages :
Le sabotier du Val de Loire
Le bel indifférent
Ars
La luxure

Les long métrages :
Lola
La baie des anges
Les parapluies de Cherbourg
Les demoiselles de Rochefort
Model shop
Peau d’Ane
The Pied Piper
L’évènement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune
Lady Oscar
La naissance du jour
Une chambre en ville
Parking
Trois places pour le 26

Coffret 12 DVD, 1 CD audio + un livret de photos

mardi 18 novembre 2008

LE FRERE PREFERE, DE TIERY BOURQUIN


A vingt-trois ans, fils modèle, il porte en lui une fêlure. Au point de rupture, il retrouve son jeune frère à Paris.
Ce seront sept jours uniques, une bulle hors du temps, arrachée au quotidien et à la morale. Entre les nuits passées dans la chambre miteuse de l’hôtel et les promenades dans la capitale, sublimées par la photographie, ce séjour est le théâtre de leurs rapprochements incestueux.

Thiery Bourquin nous livre ici un premier roman dérangeant, difficile, exigeant de lui-même autant que de son lecteur. Le sujet, l’amour incestueux d’un frère aîné pour son cadet, est périlleux tant le tabou est fort, ancré irrémédiablement.
Le risque aurait été de s’en détourner, effarouché, révolté, choqué. Et pourtant, il ressort de ce livre une émotion particulière, une grande force. Les mots transcendent ce qui mis à plat aurait pu paraître trivial ou malsain et nous éloignent résolument du sordide pour toucher le plus profond de l’âme et de ses tourments, ses déchirements, ses espoirs, ses bonheurs suivis de désespoirs. La liberté de l’écrivain ne se monnaye pas, elle est une, entière, redoutable.
Le bien et le mal, tels que nous l’entendons, n’ont rien à faire là-dedans.
J’ai été touchée par ce texte, souvent lyrique et poétique, parfois cru et dérangeant, sans concession envers qui que ce soit. Les mots se pressent sous la plume de Tiery Bourquin, donnent parfois l’impression de tourner en rond, blessés, hurlant leur rage, pour revenir apaisés, sûrs de leur fait, du but à atteindre, l’art et rien d’autre sous l’égide des maudits, Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, et le reste n’a finalement que peu d’importance. Et puis, Tiery Bourquin écrit sur Paris avec des mots très singuliers, qui renouvellent totalement le genre. Au final, un livre résolument atypique, qu'on aime ou qu'on rejette ! Moi, j'ai adoré !

Extraits :
« Ecrire puis partir : ce serait l’idéal, ou du moins courageux. Un écrivain c’est quelqu’un qui pense son temps à partir et le passe à retarder l’heure du départ. (…).
De là, l’exigence de rester un enfant, dans sa vie comme en littérature, car l’enfant ne craint pas d’être déshabillé. »

« Je ne sais pas si en marchant je planais au-delà de l’espace et du temps, dans un second Paris au-dessus du premier, ou si au contraire tout était plus souterrain. J’avais en tous les cas le sentiment d’entrer pour la première fois dans Paris, dans un Paris historique et de légende.
(…)
Les murs des maisons semblaient avoir été blanchis et recouverts de plâtre, et la lumière des réverbères s’être affaiblie et changée en la flamme d’un flambeau de cire ou d’une lanterne portés dans l’obscurité. Les rues rétrécissaient, leurs trottoirs avaient disparu, et l’on ne rencontrait plus aucun piéton sur le pavé. J’entendais le grincement d’enseignes, alors que je cherchais en vain le nom des rues, pour me situer. Les habitations ne portaient pas de numéro. Des statues de plâtre ou de bois nous regardaient passer du fond de leur niche et guidaient les pas de l’être mystérieux que je suivais, au cœur d’un domaine en apparence paisible et sans danger, et qui semblait contenir Paris tout entier. »

Editions Héloïse d’Ormesson, parution le 2 octobre 2008

Au sujet de l’auteur :
Tiery Bourquin est né en 1973 dans l'Est de la France. Après des études de philosophie, de nombreux voyages l'ont amené à la photographie. Sa première exposition s'est tenue au début de l'année 2008 à la galerie Pierre-Alain Challier, dans le même temps que paraissait aux éditions Cercle d'Art un porte-folio ("Tiery B."). Son travail s'oriente maintenant vers la vidéo.
Source, Gilles Paris.

dimanche 16 novembre 2008

RUE DE LA PEAU, DE NEIL BARTLET


Monsieur F. travaille dans une entreprise de fourrures, à Londres. Nous sommes en 1967. C’est un homme paisible, ordonné, maniaque... on pourrait dire ordinaire. Sa vie est un long fleuve tranquille, que rien ne saurait perturber... jusqu’à ce qu’un cauchemar récurrent vienne secouer sa vie ronronnante et l’oblige à adopter de nouveaux comportements...
Neil Bartlet excelle dans ce récit de la vie terriblement solitaire et routinière d’un quinquagénaire morne et sans histoire. Monsieur F. est désespérément seul, mais sans avoir conscience de cet état. Il s’est enfermé dans cette routine, par fatalité suppose t-on. Il a acquis une grande maîtrise dans son métier : la coupe et l’assemblage de fourrures et est respecté pour ses compétences. Sa vie professionnelle occupe la majeure partie de sa vie, pour ne pas dire la totalité. Il n’existe à priori que par et pour son métier. Notons que l’auteur décrit avec précision une activité traditionnelle, et ce quartier industrieux proche de la City, qui a depuis disparu C’est ce monde qui va disparaître qui sert de décor à l’intrigue, le monde suranné des ateliers de couture avec ses troupes de jeunes ouvrières "gardées" par une hiérarchie paternaliste.

Tout bascule dans la vie de Monsieur F. et par rebond dans son monde douillet et sécurisant, quand celui-ci est bouleversé par un cauchemar qui va se reproduire toutes les nuits : M. F. rentre chez lui et découvre dans son cabinet de toilette le cadavre d’un jeune homme brun, totalement nu, pendu par les pieds. L’existence de M. F. se fissure., car le cauchemar revient de façon de plus en plus précise si bien qu’il pénètre sa réalité et qu’il parvient à pénétrer dans ce rêve ... à la limite de la folie. Un malheur (ou un miracle) n’arrivant jamais seul, débarque dans l’atelier de fourrures le jeune neveu du patron, qui devient l’apprenti de M. F. Tout d’abord ignoré par le taciturne M. F., le jeune homme, à force de manigances, réussit à l’apprivoiser... jusqu’à ce que le paisible M. F. constate que le jeune homme ressemble étrangement à .... Fidèle à son inspiration déjà expérimentée avec talent dans ses deux précédents romans, proche de l’univers d’Oscar Wilde, Bartlett fait aussi référence au conte La Belle et la Bête, qui a été lu pendant son enfance par un père qui a oublié de terminer l’histoire.... à M. F. de l’inventer !

Neil Bartlet se révèle comme un orfèvre du détail, des choses anodines de l’intimité, et de la folie qui s’empare progressivement d’un homme très effacé, qui devient un monstre !

Extrait : "En réalité, cette image de solitaire, Monsieur F. l’avait toujours eu. Enfant, l’explication avait été des plus évidentes et les voisines aimaient à revenir sans cesse sur le fait qu’il n’était pas aussi exubérant que ses frères. Bien-sûr, vous savez, ce petit n’a jamais connu sa mère..."

ADRIEN JOLIVET : BIEN PLUS QUE LE FILS DE SON PERE !





Adrien Jolivet retrouve dans La grande grande entreprise, son père qui l'avait dirigé précédemment dans Zim and co.. "C'est toujours un immense plaisir de travailler avec son père, confie l'acteur. C'est comme prendre des vacances entre amis. En même temps, faut bosser, il ne vous passe rien. ça a été moins stressant que sur Zim and co.. D'abord, parce qu'on avait déjà tourné ensemble. Et puis après Zim, j'ai tourné avec d'autres réalisateurs, je me sentais plus à l'aise. Enfin, ici, je n'avais pas le rôle principal, j'étais donc plus tranquille. En revanche, je me suis retrouvé en compagnie de gens qui ont beaucoup tourné, et avec de grands cinéastes. Essayer d'être à la hauteur du film et de ces acteurs-là m'a pas mal angoissé."
Adrien Jolivet a baigné dans le cinéma. Petit-fils de Arlette Thomas, fils du réalisateur Pierre Jolivet, et neveu de l'acteur Marc Jolivet, Adrien a grandit sur les plateaux. Il commence sa carrière en 2004 par un court-métrage Bébé Requin de Pascal-alex Vincent. Il fait ses premiers pas sur le grand écran la même année dans deux longs-métrage : La Première Fois Que J'Ai Eu 20 Ans de Lorraine Lévy puis Zim And Co. de Pierre Jolivet, où il sera également compositeur.
ll faut attendre trois ans pour le retrouver dans le film de Micha Wald Voleurs De Chevaux. L'année d'après, il retrouve son père dans La Très Très Grande Entreprise. Un film familial puisqu'il joue avec sa grand-mère.
En 2009, Adrien est à l'affiche de L'Armée Du Crime de Robert Guédiguian.

vendredi 14 novembre 2008

mercredi 12 novembre 2008

SEVENTIES, LE CHOC DE LA PHOTO AMERICAINE, JUSQU'AU 25 JANVIER A LA BNF !


La Bibliothèque nationale de France met en lumière plus de trois cents
photographies en noir et blanc des années 70, travaux de quelque trente
auteurs américains. « La BnF ne possède pas moins de trois mille tirages
d’époque, fruits d’acquisitions et de donations généreuses, rassemblés
grâce aux liens noués depuis près de quarante ans avec les auteurs. Une
riche collection qui nous permet aujourd’hui de rendre hommage à cette
génération de photographes américains, artisans de la rupture qui mirent
leur talent au service d’une esthétique inventive et subversive », déclare
Bruno Racine, président de la BnF.
En 1971, la Bibliothèque Nationale consacrait une exposition au travail
de jeunes Américains alors peu connus. Leurs photographies rompaient
avec la conception du médium qui prévalait en Europe, où régnait la
photographie humaniste. Diane Arbus, Lee Friedlander, Garry Winogrand,
entre autres engageaient chacun à leur manière une évolution singulière
et audacieuse. Ils interrogeaient sans a priori les multiples possibilités du
médium photographique. Loin du pictorialisme, à distance du pur document,
ils ne marquaient pas pour autant la rupture avec la riche tradition établie par
Walker Evans, Harry Callahan ou Aaron Siskind, dont ils avaient parfois reçu
l’enseignement.



Le portrait, autour de vingt photographies de Diane Arbus, le paysage saisi à
travers les objectifs si différents de Paul Caponigro, Lee Friedlander ou Joe
Deal, les expérimentations narratives de Duane Michals ou Les Krims font
écho dans l’exposition à la street photography de Garry Winogrand, William
Klein, Bruce Gilden, aux vies marginales des modèles de Larry Clark, à la vision
décalée du rêve américain de Bill Owens, aux recherches graphiques raffinées
de Ralph Gibson.
L’ensemble offre la part belle à la tradition très anglo-saxonne de l’onirisme
et du fantastique interprétée par Ralph Eugene Meatyard, Arthur Tress ou
Joel Peter Witkin. Cette exposition entend mettre en évidence l’audace et la
vigueur des formes, montrer la confondante liberté qui, à cette époque, balaya
les stéréotypes et exerce encore son emprise sur la conception post-moderne
de la photographie. Il n’est que de songer au nombre de photographes qui,
de par le monde, admirent et se réclament de Diane Arbus, à ceux qui ont
regardé et appliqué les partis pris de William Klein, qui cherchent la vérité dans
la prise de vue urgente de Garry Winogrand ou de Bruce Gilden, ou dans les
recherches plastiques de Joel Peter Witkin...
Exposition dans le cadre du Mois de la Photo.

samedi 8 novembre 2008

LE PETIT PRINCE DE LA RUE !








Keith Haring a cinquante ans cette année ! Toujours proche de nous, bien vivant avec ses petits bonshommes que l'on trouve sur plein d'objet de notre vie courante, cet artiste n'est pourtant pas reconnu aux Etats Unis, où l'on remet en cause sa frénésie créatrice et ses modes de production sur de multiples supports. 'L' art est destiné à tous ', affirmait Keith Haring pour expliquer la signification des silhouettes stylisées qui étaient sa marque de fabrique et qu'il dissémina, au cours de sa fulgurante carrière, des couloirs du métro new-yorkais au Mur de Berlin en passant par les plus prestigieuses galeries. Artiste majeur du XXe siècle inspiré par le pop art, la BD et l'art graffiti,



Haring a révolutionné le monde de l'art entre 1980 et 1990 en le démocratisant. Cela explique certainement sa popularité aujourd'hui encore, 18 ans après sa mort du sida. Le documentaire franco-italien réalisé par Christina Clause, qui a été présenté hier après-midi au Rex, dans le cadre du Festival du Film Gay et Lesbien da Paris, est composé de très nombreux entretiens (avec sa famille, ses amis ou des stars comme Yoko Ono, David LaChapelle, Madonna ou Junior Vasquez) mais aussi d'images d'archives où l'on voit Haring au travail, ce documentaire extrêmement exhaustif, est un complément indispensable pour tous ceux qui se sont déplacés à Lyon cette année pour y découvrir la grande rétrospective qui lui a été consacrée. La Fondation créée par Haring lui-même, a beaucoup aidé à sa réalisation.

vendredi 7 novembre 2008

ET LE PRIX DE FLORE 2008 EST ....TRISTAN GARCIA !

Je vous avez parlé dans un article précédant du livre de ce normalien toulousain qui ne m'a guère emballé ! En tout état de cause, il vient d'obtenir le prix de Flore. C'est l'occasion de (re)faire connaissance avec ce jeune homme singulier et... ambitieux !




jeudi 6 novembre 2008

PRIX MEDICIS DU ROMAN ETRANGER : UN GARCON PARFAIT !


Ernest travaille dans le restaurant d’un palace à Giessbach, en Suisse. C’est un garçon parfait, aussi strict dans le travail que dans la vie. Mais cette dignité imperturbable cache la blessure jamais guérie de la violente passion qu’il a vouée à Jacob, un garçon parfait comme lui, Jacob qui l’a abandonné pour suivre en Amérique Julius Klinger, le grand écrivain allemand. Cela se passait en 1933, avant la deuxième guerre mondiale.

Ce beau roman qui n'est pas sans rappeler par le thème et l'écriture Stephan Zweig, nous entraîne sur deux époques : en 1960 et en 1935 environ, période trouble, qui trahit l’anxiété de la tempête qui va survenir. Dans un décor de rêve - un palace au milieu des montagnes suisses - se retrouve la Haute Bourgeoisie internationale pour un repos bien mérité ! Là, entre luxe et volupté, vit aussi dans l’ombre toute une armée de serviteurs, cuisiniers, femmes de chambre... qui se fondent dans le décor, même si, de temps en temps, ces deux mondes étrangers se rencontrent brièvement... C’est ici que travaille Ernest, un jeune homme un peu servile, profondément honnête, qui fait son travail consciencieusement. Jusqu’à ce que débarque Jacob, garçon sublime de son âge, mais plus tortueux. Sûr de son charme, Jacob fait succomber Ernest et parvient rapidement à être le favori des serveurs. Ils vivent une passion physique quand ils ne travaillent pas, jusqu’à ce que Jacob séduise Julius Klinger, un célèbre écrivain qui séjourne à l’hôtel avec femme et enfants. L’écrivain va engager Jacob comme secrétaire particulier et l’emmener loin d’Ernest, à New-York. 30 ans après, la blessure n’est pas cicatrisée pour Ernest, qui retrouve l’écrivain... Sulzer rend palpable la peur obscure qui hante ces salons trop rassurants et tisse avec subtilité les fils des drames intimes et ceux de la tragédie historique. Il faudra la fin de la guerre et le retour d’exil de Klinger pour que s’affrontent deux mémoires dans l’ultime combat d’une rivalité amoureuse. C’est ce qui prête au roman une tension dramatique qui va crescendo et tient jusqu’au bout le lecteur en haleine. L’anbiance générale du livre et la cruauté de la passion vécue par le personnage principal peuvent faire penser également au cultissimme Mort à Venise, de Thomas Mann.


Extrait :
Peu après que Klinger eut quitté la pièce, Ernest s’en alla à son tour, en disant peut-être, j’ai besoin d’air car il lui fallait réellement de l’air, mais il ne s’en souvenait pas. Quant à Jacob, il avait gardé le silence , il n’essaya pas de trouver des mots pour expliquer son comportement, celui-ci s’expliquait de lui-même.

mercredi 5 novembre 2008

MON VOYAGE EN HIVER, DE VINCENT DIEUTRE A 16H AU LATINA !



Une buée légère qui monte de la neige tassée en bordure des routes voile d’une mélancolie très douce les paysages du film de Vincent Dieutre Mon voyage en hiver. C’est à retrouver, dans ce brouillard des souvenirs, celui qu’il fut que s’attache le cinéaste dans ce film à la première personne, journal d’un voyage mais aussi roman d’éducation puisque le narrateur (et " filmeur ") quadragénaire est accompagné de son filleul, adolescent à qui il voudrait apprendre le monde. Ainsi se croisent, sur les mêmes routes, deux regards : l’homme cherche l’Allemagne qui enchanta sa jeunesse, musique, littérature, forêts et intérieurs chauds, et les Allemands qu’il y aima, le garçon apprend à mieux connaître celui qu’il accompagne.

Les amants que Vincent Dieutre retrouve ont vieilli, leurs corps sont marqués, le désir éteint, mais ils se retrouvent dans ce qu’ils avaient autrefois partagé, l’amour, la musique, la poésie, la conversation ou un repas préparé pour celui qu’on attend. Toute la beauté du film est là, dans la pudeur avec laquelle celui qui a entrepris cette remontée dans le temps de sa jeunesse se met à nu, lui pour qui, aussi, la jeunesse est passée. Pudeur jusque dans la rencontre avec un prostitué dans une chambre minable : après l’étreinte des corps que la caméra n’a pas montrée mais dont on aura eu l’écho sonore, le narrateur demande à son compagnon d’un moment de lire une page qu’il lui tend, d’un poème. Refus : pour le prix, pour l’argent, on peut avoir, bien sûr, les gestes de l’amour, mais quant au partage d’un poème, d’une émotion autre que mécanique, il n’en est pas question.

De ces rencontres, l’adolescent est bien sûr absent. Tout dans le film dit que l’homme manifestement l’aime trop, d’un amour de père, pour qu’on puisse un instant croire que ce voyage puisse avoir pour but son initiation sexuelle. Simplement il voudrait que le garçon le voie comme il est : homosexuel et respectueux des autres, et aimant la musique, la vie. La musique et la poésie en effet portent le film, d’étape en étape, de rencontre en rencontre, lieder de Schubert essentiellement, du Roi de Thulé, sur un poème de Goethe, aux Voyages d’hiver, et cela se termine pour les deux grands enfants, le quadragénaire et l’adolescent, à Euskirchen, avec les musiciens qui ont, de leurs interventions, ponctué, structuré le film. Ils jouent Gute Nacht (bonne nuit), de Schubert, et le narrateur peut s’endormir, Itvan, son filleul, écoute la musique.

On peut trouver plus " forts " d’autres films de Vincent Dieutre, plus à l’écoute directe des bruits du monde, comme Bonne Nouvelle, moment de la vie d’un quartier qui s’éveille autour de la station de métro qui donna son titre au film, fragiles romans s’esquissant en trois rencontres, ou Bologna Centrale où, autour de la gare de la métropole italienne, se tissent les souvenirs amoureux de l’auteur et tout un pan de l’histoire italienne de ces dernières années. Il reste que Mon voyage en hiver est un peu un film limite pour ce cinéaste de l’intime, chroniqueur attentif de sa vie, une tentative risquée, cette histoire de passage de relais d’un quadragénaire homosexuel à un adolescent pouvant facilement tomber dans le scabreux. Il n’en est rien, pour cette pudeur dans le dévoilement qu’on a dite, mais aussi, sans doute, parce que le cinéaste est d’abord un " gourmand de vie " et qu’il sait superbement le dire.

Après Bologna Centrale, il avait noté : " On écrit, on filme en vidéo, on va voir de la danse, du théâtre, on écoute de la musique. Il est devenu impossible, je pense, de parler exclusivement ’’depuis le cinéma’’, ’’depuis la littérature’’, etc. Notre époque a ceci de passionnant qu’elle est faite de citations, de recyclages, d’allers-retours ou d’interpénétrations des disciplines. " Il n’aurait su mieux le dire que par la musique grave de ce film confidence.

Mon voyage d’hiver, de Vincent Dieutre, France, 1 h 43.